Tome II - Chapitre 1 : Un été surprenant
Le mois d'août 1977 était particulièrement chaud. Une vague de chaleur s'était abattue sur l'Angleterre depuis plusieurs semaines maintenant et le soleil tapait si fort qu'on ne pouvait même plus sortir dehors quand il était à son zénith.
James avala d'une traite le verre de citronnade posé sur la table, exténué. Il avait passé la matinée à travailler dans le jardin avec Sirius pour avancer sur sa moto et il devait avouer que la mécanique n'était pas vraiment son fort. L'idée de Sirius de construire sa propre moto lui avait paru excellente en début d'été, maintenant il se demandait s'ils arriveraient au bout un jour. Malgré tout, la moto prenait forme doucement, elle serait sans doute terminée juste avant la rentrée. Il ne resterait plus à Sirius qu'à trouver le moyen de la faire voler, comme il le voulait, et ça c'était un peu plus compliqué. Peter était venu les aider plusieurs fois tandis que Remus se contentait de les observer, assis à l'ombre d'un arbre en train de lire ou d'écrire des lettres -sûrement pour Anaïs même s'il ne voulait pas l'avouer- affirmant qu'il ne voulait pas « encourager un projet illégal ». Ses amis avaient levé les yeux au ciel, se retenant de lui faire remarquer qu'ils s'étaient déjà transformés en animagus pour lui, alors une moto volante en comparaison n'était pas grand-chose.
Distraitement, James jeta un coup d'œil aux courriers que sa mère avait déposé sur le bord du comptoir avant de partir prendre le thé chez Bathilda, une voisine qui habitait à l'autre bout du village. La liste des fournitures était arrivée de Poudlard ce matin. Ça lui faisait étrange de se dire qu'il retournait au château dans deux semaines pour sa septième année... Il avait à la fois hâte de retrouver tout le monde et en même temps le simple fait que ça soit sa dernière année lui serrait le ventre.
James secoua la tête. Les vacances n'étaient pas encore terminées et ce n'était pas le moment de penser à ça. Mécaniquement, il ouvrit l'enveloppe puis grimaça aussitôt. La pile de livres à lire pour les Aspics semblait très longue ! Il faudrait qu'il aille au Chemin de Traverse demain pour tout acheter, car Remus avait sûrement prévu d'y aller le plus vite possible comme d'habitude et ils faisaient toujours leurs achats de rentrée tous ensemble. Alors qu'il allait reposer la lettre et retourner dehors, quelque chose attira son attention. Apparemment l'enveloppe n'était pas encore tout à fait vide.
Curieux, il en sortit une autre feuille de papier, plus fine et calligraphiée.
Cher Mr J. Potter,
Le corps enseignant et moi-même avons l'honneur de vous annoncer que vous avez été nommé au poste de Préfet-en-Chef cette année. Vous trouverez ci-joint le badge associé à votre nouvelle fonction, à porter dès votre montée dans le Poudlard Express le 1er septembre.
Une réunion sera organisée avec tous vos condisciples dans le premier wagon du train à 11h30 précises ainsi qu'une autre le soir même après le banquet de rentrée.
Votre fonction représente un honneur pour un élève et nous espérons tous que vous l'effectuerez avec le sérieux qu'elle requiert. Vos tâches constitueront à faire respecter le règlement avec assiduité, à faire des rondes plusieurs soirs par semaine, et à être un modèle pour vos camarades. Nous comptons sur votre sérieux tout au long de l'année.
Encore félicitations,
Nos meilleurs sentiments,
L'équipe pédagogique.
PS : Mr Potter, j'ai conscience que cette nomination doit vous surprendre. Sachez que c'est moi qui ait insisté pour que vous ayez ce poste car je vous en crois amplement capable, malgré vos antécédents. J'espère que vous ferez honneur à votre maison et que vous montrerez à tous que je ne me suis pas trompée.
Bonne fin de vacances.
Minerva McGonagall, directrice de Gryffondor.
James relu la lettre trois fois histoire d'être bien sûr. Il envisagea une seconde que ça soit une blague de Sirius mais le tampon officiel de Poudlard et la signature de Dumbledore en bas de la page ne pouvaient pas être imités.
Dire qu'il était surpris était un euphémisme. C'était confirmé, les profs avaient dû attraper une insolation à cause du soleil cuisant ou McGonagall était finalement devenu sénile (il fallait dire qu'elle n'était plus toute jeune). Ayant encore du mal à y croire, il retourna l'enveloppe. Un badge en or frappé d'un P-e-C majuscule tomba au creux de sa paume et acheva de le convaincre.
Jamais il n'aurait pu imaginer être nommé préfet. Remus oui, évidemment ! Mais lui ? Il avait enfreint le règlement à de trop nombreuses reprises pour que ça soit possible.
- Cornedrue ? Tu m'abandonnes avec la moto ?
- Hein ?
Sirius entra par la porte vitrée du salon pour venir le rejoindre. Il était torse nu et une tache d'huile de moteur s'étalait sur sa joue, ce dont il ne paraissait pas se soucier outre mesure.
- Qu'est-ce que tu fais ? Ça fait quinze minutes que j'attends dehors tout seul...
- Bah...
- Tu vas bien ? C'est une lettre d'Evans qui te déclare son amour éternel ?
James releva la tête à la simple mention du nom de Lily et cligna des yeux.
- Je pense que ça aurait été plus vraisemblable que ça !
- De quoi tu parles ?
Sans un mot, il tendit à son meilleur ami la lettre de Poudlard. Sirius la balaya du regard avant de froncer les sourcils. Il relu avec plus d'attention et sa mâchoire manqua de se décrocher quand il comprit enfin.
- Tu déconnes ? S'exclama-t-il. Préfet-en-Chef ?!
- Me regardes pas comme ça, j'y suis pour rien !
- Mais... McGo s'est cognée la tête ou quoi ?
- J'ai pensé à un Imperium, dit James, à moitié sérieux.
- Ça serait la seule explication... Et t'as eu le badge ?
James hocha la tête en lui montrant l'objet qui étincelait au soleil.
- Ah ouais carrément !
Sirius s'empara du badge, le retournant entre ses mains comme pour s'assurer que ce n'était pas une contrefaçon. Il regarda à nouveau la lettre, incapable de réaliser.
- Et Remus ?
- Comment ça ?
- Je veux dire, j'aurais parié que c'est lui qui serait Préfet-en-Chef ! Il est déjà préfet, il a des notes exemplaires et les profs l'adorent !
- On l'appelle avec le miroir ? Proposa James.
- Ouais !
James se précipita dans sa chambre pour aller chercher le miroir à double-sens. C'était une invention qu'ils avaient mis au point en cinquième année pour pouvoir communiquer même pendant les heures de colles. D'habitude, Sirius en gardait un et James avait l'autre, mais pour l'été puisqu'ils étaient ensemble chez les Potter ils avaient passé le second miroir à Remus.
Evidemment, sa chambre n'était ce qu'on pouvait qualifier de « rangée » et il dû fouiller dans le bazar qui s'étalait sur son bureau pour le retrouver. Dès qu'il eut mis la main dessus, il s'empressa de redescendre dans la cuisine où Sirius était en train de boire une citronnade, tapant des doigts en rythme sur la table.
- Tu l'as ?
- Ici, dit James en lui donnant le miroir.
Sirius se pencha et clama d'une forte voix :
- Remus Lupin !
Il y eut un moment de flottement, puis, brusquement, le visage de leur ami apparut. Si les yeux ambrés de Remus n'avaient pas changé, ses journées passées dehors avaient rendu ses cheveux châtains encore plus clair et sa peau plus bronzée. On ne voyait presque pas la cicatrice sur sa pommette ni ses habituels cernes.
- Salut les gars !
- Eh Remus ! Ça va ?
- Très bien... Pourquoi est-ce que vous m'appelez ? Je dois venir samedi !
James et Sirius échangèrent un regard.
- Oh non... Vous avez fait exploser quelque chose c'est ça ? Ou un truc illégal ?
- Quoi ? Pas du tout ! Aie un peu confiance, Lunard !
Remus sembla rester suspicieux malgré tout.
- En fait, reprit James, j'ai reçu...une lettre. De Poudlard...
- Et ?
- J'ai été nommé Préfet-en-Chef.
A leur surprise, Remus se contenta de sourire.
- Je sais, souffla-t-il.
- Hein ? Comment ça tu sais ?
- Je le sais parce que McGonagall m'a envoyé une lettre il y a deux semaines pour me soumettre son idée. Elle a dit qu'ils avaient pensé à moi pour le poste, mais que ça serait sûrement compliqué à cause des pleines lunes et des Aspics. J'ai répondu qu'elle avait parfaitement raison, que de toute façon je ne voulais pas être Préfet-en-Chef, seulement préfet ça me va très bien, et que tu serais parfait pour le rôle !
- Mais...
- Sérieusement James, je ne le voulais pas. Tu vas y arriver.
La foi dans la voix de Remus rassura soudain James. Ce n'était pas une erreur mais une décision murement réfléchit par McGonagall et approuvé par l'un de ses meilleurs amis. Alors certes ça paraissait toujours complètement fou, mais après tout pourquoi pas ?
**
*
Une heure plus tard, Mrs Potter revint à la maison. La première chose qui la frappa fut le silence, ce qui l'alerta immédiatement. Quand on vivait avec deux adolescents hyperactifs sous son toit, on apprenait vite que la tranquillité n'était pas envisageable bien longtemps. Certes, elle avait passé plus de temps que prévu chez Bathilda, n'ayant pas vu l'heure filée, mais il n'était pas si tard que ça.
Quand elle entra dans la cuisine, elle eut la surprise de voir son mari derrière les fourneaux, la table déjà dressée.
- Fleamont ?
- Ah ! Enfin là, s'exclama-t-il en la voyant. On t'attendait.
- Mais...qu'est-ce que tu fais à la maison ? Je croyais que tu ne rentrais pas pour déjeuner ce midi !
- J'ai pris mon après-midi, James m'a envoyé un message.
Mrs Potter se servit un verre d'eau et vint rejoindre son mari, intriguée.
- Pourquoi ? Ils ont encore cassé ou mis le feu à quelque chose ?
- Non, ne t'inquiète pas, rassura-t-il avec amusement. Il avait juste une nouvelle à m'annoncer.
- Oh laisse-moi deviner ! La moto est terminée ?
- Toujours pas, mais Sirius ne désespère pas de la finir avant la rentrée.
C'était un pari entre eux ; savoir si les garçons allaient réussir à fabriquer leur moto avant de repartir pour Poudlard. Ils devaient avouer qu'au début l'idée leur avait semblé un peu farfelue, mais Sirius et James ne s'étaient pas laissés abattre et travaillaient sérieusement sur ce projet à leur grande surprise.
- Hum... James sort enfin avec la fille dont Peter nous parlait ? Lily Evans c'est ça ?
Mr Potter éclata de rire.
- Non, ce n'est pas ça non plus. Crois-moi tu n'arriveras pas à trouver !
- A ce point ?
- Oh oui !
Euphemia se creusa la tête. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer entre ce matin et ce midi pour que son mari qui croulait sous le travail rentre à la maison et soit si enthousiaste au sujet d'une nouvelle concernant leur fils ?
Brusquement, Sirius et James débarquèrent à leur tour, se poussant mutuellement pour arriver les premiers à la bouteille d'eau fraîche. Ils étaient tous les deux torses nus, ce qui n'avait rien d'étonnant compte tenu du fait qu'ils aient passé plusieurs heures sous le soleil.
- Salut m'man !
- James... tout va bien ?
- Ouais, on a bien avancé sur la moto ! Dit-il. Bathilda va bien ?
Mrs Potter hocha la tête.
- Elle te passe le bonjour. Dis-moi, tu as quelque chose à me dire ?
Son fils reposa lentement son verre d'eau et échangea un regard avec Sirius qui souriait, goguenard.
- Maman...tu ferais mieux de t'assoir.
- Arrêtez tous, vous me faites peur !
- Je vous jure que vous n'allez pas le croire, intervint Sirius. Moi-même je me demande encore si ce n'est pas une blague.
James attrapa la pile de courrier qu'elle avait laissé ce matin avant de partir et lui tendit l'enveloppe de Poudlard avec solennité.
- Quoi ? C'est la liste des fournitures et alors ?
- Ouvre la !
Avec précaution, elle ouvrit donc la lettre. La signature de McGonagall se détachait nettement en bas de page à l'encre émeraude et Euphemia parcourut son contenu du regard. Quand elle comprit enfin la raison de l'excitation de tout le monde, elle manqua de lâcher le bout de papier de surprise.
- Merlin !
- Non, moi c'est James maman. C'est toi qui a choisis le prénom, tu te souviens ?
- Tais-toi ! Merlin ! Tu...tu es Préfet-en-Chef ?
- De toute évidence, rit-il.
Euphemia releva la tête vers son fils.
- Si c'est une blague...
- C'est authentique, chérie, j'ai vérifié, lui assura son mari.
- James Charles Potter, souffla-t-elle. Viens dans mes bras !
James éclata de rire. Il semblait beaucoup s'amuser de sa surprise tandis que Sirius était en train de se moquer de l'état mental de McGonagall pour avoir pris une telle décision.
Alors qu'elle le serrait contre elle, elle réalisa soudain à quel point son petit garçon turbulent avait grandi. Elle ne s'en était même pas rendu compte. Il n'était pas souvent à la maison à cause de Poudlard et lui manquait tous les jours, mais elle n'avait pas pris conscience jusqu'ici qu'il était maintenant presque adulte.
- Je suis fière de toi, murmura-t-elle à son oreille. Tu le sais n'est-ce pas ?
- Ouais... merci maman.
Mr Potter tapa dans ses mains.
- Bon aller ! On va manger tous ensemble pour fêter ça, à table !
Ils s'installèrent dans un concert de raclement de chaise, tous de bonne humeur.
- J'ai tellement hâte de voir la tête d'Evans quand elle va apprendre la nouvelle, lança Sirius. Elle va en faire une crise cardiaque.
- Tu crois qu'elle a été nommé Préfète-en-Chef aussi ?
- A ton avis ? Est-ce que tu vois quelqu'un d'autre qui pourrait respecter le règlement aussi bien que miss-parfaite ?
- Sirius...
- Quoi ?
James leva les yeux au ciel.
Ils avaient passé tout leur temps ensemble cet été, le premier depuis l'emménagement de Sirius chez les Potter. Ça n'avait pas été facile au départ, il avait fallu que toute la famille s'adapte à être quatre désormais, pourtant James ne changerait la situation pour rien au monde. Enfant, il s'ennuyait souvent car étant fils unique il jouait tout seul. Avoir Sirius ici, c'était un peu comme avoir un frère. Les étés précédents, les Maraudeurs étaient évidemment venus régulièrement, mais seulement quelques jours. Là c'était totalement différent. Bon, il y avait bien quelques meubles cassés au début, quand ils mettaient leurs nouvelles blagues au point. Ses parents n'avaient pas été très enchantés de retrouver leur table en bois d'acajou avec un pied en moins...
- En fait, le travail s'est bien passé ce matin ?
- Pas vraiment, avoua Mr Potter. Les mangemorts n'arrêtent pas de nous échapper, ils se cachent aux quatre coins du pays et dans la haute société. Certains sont intouchables.
- Vous n'avez pas de contacts qui pourraient vous aider ?
- Ce n'est pas si simple, ils sont très prudents. Leur cercle est restreint mais s'élargit quand même toujours plus... On suspecte même des jeunes à peine sortit de Poudlard...
James pensa immédiatement à Evan Rosier, le Serpentard qui était à l'origine des agressions de l'année dernière avec tout son groupe. La plupart avait carrément participer à l'attaque de Pré-au-Lard. Rosier avait obtenu ses Aspics et il n'était pas difficile d'imaginer ce qu'il devenait maintenant. Son père était déjà suspecté d'être un partisan de Voldemort.
- Et... il y en a qui sont mineurs ? Demanda Sirius, la mâchoire crispée.
Un silence s'installa quelques secondes et Mr Potter hésita à répondre. Le sous-entendu qui impliquait Regulus était évident.
- Peut-être, on ne sait pas trop, répondit-il finalement avec sincérité.
- Hum...
- Eh Sirius, intervint James d'un ton jovial pour détourner l'attention, Dorcas m'a dit qu'avec Alex et Lily elles allaient peut-être aller à la fête du village de Carbones-les-Mines, ça te tente ? Alexia voulait te voir !
Sa tentative était certes minable mais elle eut le mérite d'apaiser la tension.
- On verra, je voudrais avancer sur la moto...
- Comme tu veux... Alors maman, Bathilda a terminé son nouveau livre d'histoire ?
- Oui, je pense que ça sera le manuel de l'année prochaine pour les BUSE. Elle en a parlé avec Dumbledore.
La conversation s'orienta donc naturellement sur leur voisine et ses lubies d'écriture. Au moment du dessert, la sonnette de la porte d'entrée retentit brusquement.
- On attend quelqu'un ?
- C'est peut-être le voisin qui a encore oublié ses clés...dit Mrs Potter. Je vais ouvrir.
James regarda à peine sa mère se diriger vers la porte, concentré sur sa tarte au citron. Il distingua une voix dans le hall, trop basse pour qu'il puisse la reconnaître ou entendre distinctement ce qui se disait. Néanmoins, il n'eut pas à attendre longtemps car sa mère revint quelques secondes plus tard.
Il sut tout de suite que quelque chose n'allait pas. Sa mère était pâle, l'air agité et mal à l'aise, ce qui ne lui arrivait jamais. Mr Potter sembla le remarquer aussi car il amorça un geste pour se lever.
- Euphemia ?
- Je... Sirius, il y a quelqu'un pour toi, souffla-t-elle.
Surpris, ils se tournèrent tous en direction du couloir en entendant des bruits de pas. Une femme pénétra dans la cuisine, sa longue robe noire frôlant le sol gracieusement. Elle avait le visage inexpressif, les lèvres pincées et ses cheveux étaient tirés en un chignon noire impeccable.
- Bonjour Sirius. Il faut qu'un parle.
James frissonna.
Walburga Black était de retour.
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