Tome I - Chapitre 6 : La maison des serpents
Après être revenu de leur escapade à l'infirmerie, James voulu parler des révélations que Bertha Jorkins avait fait mais un regard à ses amis l'en dissuada. Ils étaient tous exténués et tombaient de fatigue. Peter alla carrément se coucher tout habillé, s'écroulant pratiquement dans son lit, tandis que Sirius baillait à s'en décrocher la mâchoire. Seul Remus eut le courage de passer par la salle de bain, sachant qu'il était quand même 2h du matin.
- Bonne nuit, lança James dans le noir.
Il ne se formalisa pas quand personne ne lui répondit, se doutant que les autres devaient déjà être à moitié endormis.
Le lendemain matin, ce furent les rayons du soleil qui tirèrent James du sommeil. Il ouvrit un œil difficilement, grommelant en enfouissant la tête dans son oreiller. Ça lui apprendrait à se coucher tard comme ça. Heureusement que c'était dimanche sinon les professeurs ne l'auraient pas vu avant midi au moins.
Remus, habillé et les cheveux mouillés, passa devant lui sur la pointe des pieds mais s'aperçut qu'il était déjà réveillé.
- Bonjour, dit-il.
-Salut...Il est quelle heure ?
- 11h30. J'ai préféré vous laisser dormir vu l'heure à laquelle on est rentrés hier soir.
James apprécia silencieusement l'attention. Le corps raide, il se leva, se réveillant doucement. Ce qui chez lui voulait dire en débordant d'énergie.
- Debout les gars ! Claironna-t-il à la cantonade.
- La ferme ! Répliqua Sirius.
- Mais...
- Tais-toi ! Je faisais un super rêve.
Alors que James ouvrait la bouche pour répondre, un oreiller venu de nulle part le frappa en pleine tête et il entendit le rire de Peter.
- Bien visé, le félicita Remus.
- Ouais ça lui apprendra à nous réveiller en hurlant, ajouta Sirius.
- Bande de traître !
James renvoya son oreiller à Peter puis reprit comme si de rien était.
- Levez-vous, on a une journée chargée !
- Comment ça ? C'est dimanche...
- Oui, peut-être, mais il faut qu'on découvre qui est le traître chez les Gryffondor. D'ailleurs je compte bien interroger tous les élèves un par un. Croyez-moi je vais démasquer cet imbécile et vite.
Remus soupira, l'ayant venu venir à des kilomètres.
C'était la façon de fonctionner de James après tout. Agir, foncer dans le tas quitte à prendre quelques coups et réfléchir ensuite. Il avait appris depuis longtemps que ça ne servait rien d'essayer de raisonner James quand il avait une idée en tête. Il valait mieux le laisser se tromper, se casser la figure, puis être là ensuite pour recoller les morceaux. C'était d'ailleurs ce qui arrivait la plupart du temps avec Lily Evans. Parce que James était incapable de freiner, il fallait toujours qu'il appuie à fond sur l'accélérateur. Rester en retrait n'était pas dans ses habitudes, quelle que soit la situation. C'était comme ça qu'il avait découvert son secret en deuxième année. James ne l'avait pas cru quand Remus lui servait comme excuse qu'il partait une fois par mois voir sa mère malade. Et évidemment, il avait vite compris pour sa lycanthropie. Pourtant, loin de le repousser, James s'était contenté d'éclater de rire en disant que c'était vraiment la classe d'avoir un ami loup-garou.
- James, dit-il pour tenter de le calmer, tu ne peux pas interroger tous les élèves comme ça...
- Pourquoi pas ?
- Parce que tu vas te rendre suspect, le traître va se braquer et on aura perdu notre élément de surprise.
- Sauf que si on attend il risque d'y avoir encore des agressions, protesta-t-il.
Remus se tourna vers Sirius, cherchant un peu d'aide. S'il y avait bien quelqu'un capable de raisonner James un minimum, c'était Sirius.
- Bon écoute Cornedrue, tu me connais. Je suis avec toi. Si tu veux arrêter le traître, j'en suis aussi.
Découragé, Remus ouvrit la bouche pour les dissuader une nouvelle fois mais Sirius reprit d'un air nonchalant, appuyé contre la colonne de son lit à baldaquin.
- Mais il faut qu'on soit discret, qu'on montre que ça ne nous intéresse pas vraiment et chercher sans que personne ne s'en rende compte. Bref, subtilement. Remus a raison, si on débarque en criant dans la salle commune tu peux être sûr que le traître va nous filer entre les doigts. Crois-moi, l'idée qu'il y ait de nouvelles agressions ne m'enchante pas non plus mais on peut espérer que les profs arrivent à les empêcher. On aura qu'à commencer en faisant une liste de tous les Gryffondor et d'éliminer les personnes au fur à mesure.
Quand Sirius eut terminé, ses amis le regardèrent avec étonnement. D'habitude c'était Remus qui proposait des plans censés et logiques dans la bande.
- Faites pas cette tête ! Ça m'arrive de dire des trucs intelligents parfois.
- Avoue que c'est plutôt rare, dit James en souriant.
- Dis celui qui était prêt à foncer dans le tas il y a deux minutes !
Peter rigola avant de dire :
- Mais sérieusement, comment est-ce que tu as eu cette idée de génie ?
- Oh c'est ce que je faisais avec...commença Sirius sans réfléchir avant de se stopper brusquement.
Regulus. C'était le nom qu'il ne pouvait se résoudre à prononcer. Quand ils étaient petits, avec son frère, ils s'amusaient à apprendre des secrets ou des rumeurs lors des interminables fêtes de sangs-purs. Mais c'était une époque révolue. Son frère avait choisi son camp.
- Rien, désolé, reprit-il en secouant la tête. Bon allez, on va manger. Je meurs de faim.
Avec un sourire un peu trop crispé pour être entièrement sincère, il sortit du dortoir en vitesse, Peter sur les talons. Un peu derrière, James et Remus échangèrent un regard éloquent. Le voile de tristesse qui était tombé sur les yeux de Sirius il y a quelques secondes ne leur avait pas échappé et ils savaient pertinemment qu'une seule chose pouvait le provoquer. Pourtant, ils n'osèrent pas commenter. Sirius ne parlait jamais de son frère, c'était le sujet tabou.
Ils descendirent finalement dans la Grande Salle, déserte à cette heure-ci puisque la plupart des élèves avaient déjà pris leur petit-déjeuner. Le dimanche, le repas du midi n'était servi qu'à 13h donc ils devraient patienter encore un peu.
- Enfin réveillés ? Lança Alexia quand ils s'assirent à leur table.
- Salut princesse.
- Tu t'es coiffé Sirius ?
- Non mais on est dimanche, on s'en fiche.
- James déteint trop sur toi, commenta Marlène avec un sourire.
James releva la tête, l'air indigné.
- Ce n'est pas de ma faute, dit-il. J'essaye vraiment de les coiffer !
- Avec quoi ? Un pétard ? Rétorqua Dorcas.
- Très drôle Meadowes, vraiment. En fait, où est Evans ?
Dorcas et Marlène échangèrent un regard amusé tandis qu'Alexia levait les yeux au ciel.
- Je me demandais quand est-ce qu'il allait le demander.
- Il a quand même tenu trente secondes, dit Remus.
- Nouveau record ! Ajouta Sirius.
Il donna un coup dans l'épaule de James alors que celui-ci affichait une moue boudeuse.
- Elle est à la bibliothèque pour commencer son devoir de métamorphose.
- Mais c'est à rendre pour dans deux semaines.
- Tu connais Lily, dit Dorcas. Elle aime bien prendre de l'avance.
James le savait pertinemment. Parfois la tendance de Lily d'être toujours si sérieuse l'agaçait, surtout quand ils étaient plus jeunes. Elle avait cette façon de froncer les sourcils dès qu'une chose la dérangeait ou lorsqu'elle ne comprenait pas quelque chose. Or, Lily Evans détestait ne pas comprendre. Par conséquent, la bibliothèque était vite devenue son refuge favori du château.
Ils continuèrent à discuter avec les filles, profitant de leur dimanche.
**
*
Lundi soir, Severus observait l'effervescence qui régnait dans la salle commune de Serpentard. Contrairement aux autres maisons, la sienne avait été moins bouleversée par l'attaque contre Bertha Jorkins. A vrai dire plusieurs personnes trouvaient que c'était tout à fait justifié. Pas tout le monde, certes, mais la voix traînante d'Evan Rosier, entouré de sa cours, dominait fortement le bruit ambiant.
- Cette sang-de-bourbe n'a eu que ce qu'elle méritait ! Disait-il.
- Je ne comprends pas comment ces gens-là peuvent même être acceptés à Poudlard, ajouta Elizabeth Yaxley, sa petite amie.
- C'est la faute à cet imbécile de Dumbledore. Cet amoureux des nés-moldus pourrait accepter n'importe quoi dans sa fichue école.
Evan Rosier était un septième année arrogant, autour de qui gravitait un petit groupe de sang-pur tout aussi prétentieux. Parmi eux se trouvait Elizabeth Yaxley, en sixième année. Ensemble ils formaient le couple parfait. Tous les deux issus d'illustres familles fortunées, ils partageaient les mêmes idéaux et les mêmes exaspérants cheveux blonds ors qu'ils arboraient telles des crinières. Ils étaient fiancés depuis l'année dernière, renforçant encore leur espèce de légende malsaine au sein du château.
Caché derrière son livre de potion, Severus se contentait d'observer sans intervenir. Même si son amitié avec Lily était peu à peu tombée dans l'oubli, il valait mieux qu'il ne donne pas son avis sur la question des nés-moldus au risque de subir une remarque désobligeante. D'ailleurs, à côté de d'Evan, Marius Avery lui jeta un coup d'œil torve mais s'abstint de tout commentaire. Severus serra les poings sans oser bouger. A vrai dire, il essayait le plus possible de se faire oublier. Il préférait de loin la solitude.
- Regarde-le ce crétin, dit soudain une voix sur sa gauche. Assis dans son fauteuil comme un prince !
- Livia ! Parle moins fort !
Tournant légèrement la tête, Severus repéra la jeune fille qui venait de parler. Elle se tenait parmi un groupe de cinquième année, assise entre les jumelles Zabini. Il l'avait déjà croisé de temps en temps dans la salle commune. Elle s'appelait Livia Fawley.
- Je m'en fiche qu'il m'entende. Rosier ne me fait pas peur.
- Tu devrais pourtant, rétorqua Regulus Black, assis en face d'elle. Crois-moi, il vaut mieux éviter de le contrarier.
- Il a raison, renchérit Dymphna Zabini (à moins que ça ne soit Phyllida, impossible de les différencier). Sa famille a des relations haut placées.
- La mienne aussi. On peut tous jouer à ce jeu-là. Nos familles sont les plus puissantes d'Angleterre.
- Tu te trompes, celle de Rosier a pris de l'importance ces derniers temps.
Severus tendit l'oreille, de plus en plus intéressé. C'était un des avantages à être un solitaire. Personne ne faisait attention à vous, ce qui lui laissait l'opportunité d'écouter les conversations comme bon lui semblait. Et parfois, il apprenait des choses vraiment utiles.
- Comment ça de l'importance ? Répéta Livia Fawley. Tu veux dire...
Il ne pouvait pas distinguer l'expression de son visage à cet instant mais elle devait avoir les yeux écarquillés, doublé d'un haussement de sourcil lui donnant une expression hautaine.
- Ma mère me l'a confirmé par lettre, dit Regulus. Le père de Rosier aurait soutenu publiquement le seigneur des Ténèbres. Ça veut tout dire.
- D'après les rumeurs, il s'entourerait de partisans. Des mangemorts. On peut parier que Rosier ira grossier les rangs dès sa majorité, affirma Dolohov.
- Mais...c'est en janvier ! S'exclama l'une des sœurs Zabini. Dumbledore ne le laisserait pas revenir à l'école s'il portait la marque.
- C'est là que tu as tort. Ce vieux fou voit la bonté partout. Tu peux être sûre qu'il laisserait Rosier rentrer en lui tendant les bras.
Curieux, Severus abaissa son manuel de potion pour pouvoir mieux épier le groupe de cinquième année. Ils avaient tous l'air grave, penchés par-dessus la table comme s'ils complotaient un secret d'état. Livia Fawley pinçait les lèvres de colère et elle ressortait fortement parmi ses amis à cause de ses longs cheveux blonds qui tranchaient avec les chevelures sombres des jumelles, d'Antonin Dolohov et de Regulus. Ce dernier était le seul qui arborait une expression nonchalante, presque comme un masque figé sur ses traits fins aristocratiques. C'était sûrement dû au fait qu'il était habitué à entendre le même genre de discours dans sa famille.
- Mais de toute façon, reprit Dymphna, qu'est-ce que tu as contre Rosier ? Ne me dis pas que tu soutiens les sangs-de-bourbe ?
Livia émit une espèce de feulement de chat furieux comme si l'idée était une insulte à elle seule.
- Tu me prends pour qui ? Bien sûr que je pense que les sangs-purs sont au-dessus des nés-moldus, ça me paraît une évidence. Mais ce n'est pas pour cela que j'approuve la violence gratuite sur une gamine dans un couloir sombre. Il y a une manière de faire.
- Et tu penses que Rosier est impliqué ?
- Ça m'étonnerait qu'il ne le soit pas. Qu'est-ce qui échappe à sa surveillance omniprésente ?
- Je...
Mais Severus n'eut pas l'occasion d'entendre la prochaine phrase.
Brusquement tout le monde sursauta quand Darren Mulciber, furibond, débarqua dans la salle commune en hurlant de rage. Plusieurs personnes s'écartèrent dans un réflexe de survie acquis avec les années. Il fallait dire que Mulciber était un type à la carrure d'armoire à glace avec des poings énormes dont il n'hésitait pas à se servir. Actuellement, il était recouvert de peinture jaune et de plumes multicolores, ce qui cassait légèrement son aura menaçante, et Severus retint un ricanement moqueur.
A l'autre bout de la pièce, Evan se leva de son fauteuil.
- Merlin ! Qu'est-ce que...
- Les Maraudeurs ! Rugit Mulciber.
Severus se crispa à la mention des quatre garçons de Gryffondor. Evidemment. Ça ne pouvait qu'être une blague idiote de cet imbécile de Potter et de sa bande.
- Ce sont eux qui t'ont fait ça ?
- Ils m'ont piégé au deuxième étage. Je ne les ai pas venu venir.
- En même temps, le jour où ce crétin comprendra quelque chose, commenta Livia en chuchotant.
Heureusement pour elle, personne ne l'entendit hormis ses amis et Severus. Toute l'attention de la salle commune était dirigée vers Mulciber qui continuait à hurler au centre de la pièce.
- Ils vont me le payer !
- Oh ça oui, dit Evan Rosier. Ils vont le regretter. Les Serpentard ne resteront pas comme ça à se faire humilier ! Les Maraudeurs pensent qu'ils peuvent agir sans subir de conséquences. Mais la donne a changée.
- Comment ça ? Demande Avery, se plaçant à côté de son meilleur ami toujours recouvert de peinture jaune et de plumes multicolores.
- Disons seulement que j'ai des contacts en dehors du château. Les Gryffondor feraient mieux d'être sur leur garde, particulièrement les sangs-de-bourbe et les sangs-mêlés. On verra si Potter et sa bande rigoleront toujours en retrouvant l'un des leurs dans un couloir sombre.
La preuve dont Severus avait besoin venait d'être dite. Même si Rosier n'avait pas avoué explicitement qu'il était à l'origine de l'attaque, ou du moins qu'il faisait partie du groupe qui l'avait mené, ce n'était pas difficile de le déduire. De toute façon, Rosier n'aurait pas permis qu'une telle chose s'organise dans sa propre maison sans avoir le contrôle dessus. Et connaissant les gens qui l'entouraient habituellement, ça n'avait pas dû être bien dur de les enrôler.
Après cette scène, l'ambiance retomba légèrement, tout le monde retournant à ses occupations. Mulciber finit par arrêter de hurler pour aller prendre une douche et les conversations se remirent à bourdonner partout. Quand l'horloge sonna 19h, Severus se résolut à refermer son livre de potion et à se lever de son fauteuil. Ce soir devait avoir lieu le premier Club de Slugh de l'année. Il en faisait partie depuis deux ans, ayant été invité à la base pour son talent en potion que le professeur n'avait pas manqué de voir. Et même s'il détestait y assister, c'était une occasion pour voir Lily, chose qu'il ne manquerait pour rien au monde.
Il traversa le château, descendant dans les sous-sols en direction des cahots, là où se trouvait le bureau du professeur de potion.
- Ah, monsieur Rogue ! S'exclama le professeur Slughorn en le voyant arriver. Ravi que vous ayez pu venir !
Severus se contenta d'un hochement de tête poli et pénétra dans le bureau. La plupart des personnes étaient déjà arrivées. Parmi elles, Evan Rosier évidemment, Regulus Black, Tessie Ryan, Xenophilius Lovegood, Pandora Van Houten et surtout Lily. Elle détourna le regard en le voyant entrer et il sentit son cœur se serrer. Par Merlin, il aimerait pouvoir tout arranger, que tout redevienne comme avant. Son rire lui manquait plus que tout. Mais il l'avait perdu. A cause de cet imbécile de Potter !
Lentement, il rejoignit sa place qui se trouvait en face de Lily. Pour une fois, elle avait relevé ses cheveux auburn en un chignon sur le dessus de sa tête, ce qui lui permit d'observer son visage. Elle rougit en sentant son regard et lui décocha une œillade de mise en garde.
- Bien alors commençons ce dîner, dit Slughorn, son ventre bedonnant raclant le bord de la table.
- Il n'y a pas plus d'invités ?
- Hélas non, miss Evans. Ceux de l'année dernière ont désormais quitté Poudlard, nous laissant en petit comité pour ce soir. Bien que, je l'avoue, il manque encore une personne...
Au moment où le professeur prononça ses mots, on toqua à la porte. Un jeune garçon, sûrement en cinquième année et portant les couleurs de Gryffondor entra, la respiration haletante comme s'il avait couru pour arriver jusqu'ici.
- Désolé pour le retard, professeur.
- Oh mais ce n'est rien voyons, monsieur Mells. Entrez, entrez ! Voici donc notre nouvel recru, ajouta-t-il en se tournant vers les autres. Je l'ai croisé hier en train d'envoyer un sortilège de furoncle à un garçon. Vraiment très réussi ! Evidemment, je ne vous encourage pas à recommencer, n'est-ce pas monsieur Mells ?
- Bien sûr professeur.
- J'ai également appris que vous faisiez partie de l'équipe de Quidditch de votre maison ! Mes félicitations.
Kevin rougit au compliment et balbutia :
- Merci professeur.
Agacé, Severus pinça les lèvres. Encore un qui était déstabilisé par les remarques flatteuses de Slughorn mais qui irait s'en vanter à peine sortit du bureau. Pourtant Lily lui adressa un sourire réconfortant et rassurant, ce qui eut le don de l'exaspérer encore plus si possible.
- Et sinon, monsieur Mells, reprit Slughorn comme si de rien était, vous ne savez pas si monsieur Black compte se joindre à nous ? Je l'avais invité également.
- Euh...je ne crois pas...
- Bien dommage ! Depuis des années que j'essaye de le faire venir, il refuse à chaque fois. Tant de potentiel pourtant.
Lily renifla dédaigneusement, croisant les bras sur sa poitrine.
- Oh ce n'est pas une grande perte, marmonna-t-elle.
- Vous n'auriez pas d'information à ce sujet, monsieur Black ? Sur votre frère j'entends.
A l'autre bout de la table, Regulus se crispa à la question du professeur. C'était de notoriété publique que la relation entre les deux frères était plus que tendu et il valait mieux éviter de parler de l'un quand l'autre était présent si on voulait éviter une scène explosive. Personne ne savait exactement ce qui s'était passé entre eux, ils n'avaient jamais été très proches, du moins au sein de l'école, et la plupart des élèves supposaient que leur animosité venait du fait qu'ils étaient de maisons rivales. Pourtant, ils ne se doutaient pas d'à quel point ils avaient tort. La relation entre les frères Black était d'une complexité rare, liée à une enfance douloureuse enfermée entre les murs du Square Grimmaurd. Et ce n'était certainement pas une simple rivalité entre maisons qui allait la résumer.
- Non professeur, je ne sais pas, répondit-il d'une voix neutre après quelques secondes.
- Tant pis ! Peut-être une prochaine fois. Pour l'instant, commençons ce repas. Miss Ryan, pouvez-vous me passer les pommes de terre.
Tessie Ryan, une Poufsouffle à la peau sombre et au rire s'approchant plus de celui d'une poule que d'une humaine, s'empressa d'obéir, manquant de renverser son verre au passage. Severus retint un ricanement méprisant. Pas étonnant que cette idiote soit sortie avec Sirius Black. Il le sentait, cette soirée allait encore être très longue.
- Alors, dites-moi, votre été s'est bien passé ? Miss Van Houten ?
- Très bien professeur. J'ai fait un stage de deux semaines au ministère, c'était très intéressant. Encore merci pour votre lettre de recommandation d'ailleurs !
- Oh mais c'était tout à fait naturel. Vous êtes une élève brillante Pandora, comme le prouve votre nomination au poste de préfète-en-chef. Félicitation en passant. Qui est votre homologue cette année ?
- Amos Diggory.
- C'est un jeune homme de votre maison, n'est-ce pas miss Ryan ?
- Oui professeur. Il est très gentil.
- Nous l'inviterons une prochaine fois dans ce cas. Et vous monsieur Rosier ? Comment va votre père ?
- Il va très bien et il vous passe ses amitiés.
- Très aimable à lui, dit Slughorn en se servant une généreuse part de faisan juteux. Vous le remercierez d'ailleurs, il m'a envoyé de l'ananas confit cet été comme chaque année. Oh il n'a pas oublié que c'était mon pêché mignon !
Comme à peu près tout ce qui se mangeait, pensa Severus avec ironie.
A sa droite, Xenophilius Lovegood releva la tête de son assiette, les yeux un peu hagards comme à son habitude. C'était un espèce d'illuminé que les élèves avaient appris à apprivoiser, s'amusant de ses remarques loufoques et décalées.
- Il faut faire attention, professeur, il y a souvent des joncheruines dans les ananas.
- Vraiment ? Voilà qui est intéressant, déclara Slughorn du ton poli de celui qui n'en croyait pas un mot. Miss Evans, racontez-nous votre été !
- Ce n'est pas très passionnant professeur. J'ai retrouvé le monde moldu.
Lily avait dit ça avec une innocence qui lui était coutumière, son beau sourire éclairement son visage pâle. Malgré tout Severus ne manqua pas de remarquer la grimace fugace de Rosier et il se tendit légèrement. Il ne permettrait à personne de toucher à sa précieuse amie mais il savait qu'en ces temps troublés cela allait être assez compliqué.
Il ne comprenait pourtant pas comment le monde entier ne pouvait pas voir Lily de la même façon que lui. Car quand il posait ses yeux sur elle, il avait l'impression de voir un ange roux descendu du ciel. Oublié sa solitude, oublié les cris de ses parents qui hurlaient toujours plus fort, oublié les nuits blanches à entendre sa mère pleurer. Lily avait cet effet sur les gens. Elle voyait ce que les autres n'étaient pas capables de voir, elle révélait la bonté en chacun en leur adressant un sourire. Un simple sourire. Mais un simple sourire, pour un enfant perdu comme Severus, c'était le trésor le plus inestimable du monde. Elle lui avait offert son amitié sans limite, sans compromis.
Cependant, cette époque était révolue désormais. Rien que d'y penser, son cœur se serra mais il ne laissa rien paraître. Cette soirée allait encore être très longue.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top