Tome I - Chapitre 38 : Le dénouement après la bataille


Chapitre XXXVIII : Le dénouement après la bataille

Lily gigota sur sa chaise inconfortable, fatiguée. Ça allait faire plus de deux heures qu'elle parlait avec les Aurors, faisant un récit détaillé de son enlèvement. Maugrey lui avait fait répéter les faits une bonne dizaine de fois et n'arrêtait pas de lui dire que désormais, par les temps qui courent, il fallait qu'elle applique une « vigilance constante » lors de tous ses déplacements, ce qui avait fait rouler des yeux à Gemma Ackerley. La sœur du présentateur avait une présence rassurante dans ce chaos ambiant.

Comme promis, James était resté avec elle tout le long. Il n'avait pas eu l'autorisation d'être dans la salle quand Maugrey lui avait fait subir son interrogatoire mais il avait patienté dans le couloir, implacable. Quand elle était enfin sortie, il l'avait accompagné au bureau de Dumbledore et était actuellement assis à côté d'elle, le regard tourné vers la fenêtre à observer le terrain de Quidditch en contre-bas.

Lily resserra sa prise sur la couverture enveloppée autour de ses épaules, grelottante. La sensation de froid ne la quittait plus depuis la tour d'Astronomie.

- Tu vas bien ? Chuchota James.

- Hum ? Ouais...

- Evans...

Il ne continua pas car la porte s'ouvrit, les faisant sursauter. Ils étaient tous les deux sur les nerfs au moindre bruit. Cependant, ce n'était que Dumbledore qui revenait avec deux tasses de chocolat chaud et un sourire aimable. Il vint s'assoir derrière son bureau.

- Désolé pour cette attente, je devais régler quelques affaire urgentes avec les Aurors.

- Ce n'est rien, assura Lily avec politesse.

- Buvez, miss Evans. Ça vous fera du bien.

- Je ne...

- Allez-y, le chocolat a des vertus apaisantes incroyables. Je pense que Mr Lupin pourra vous le confirmer.

James sourit. Il avait toujours trouvé sidérant le nombre de tablette de chocolat noisette que Remus pouvait engloutir après les pleines lunes.

Avec un semblant de sourire, Lily se saisit donc d'une tasse, les mains tremblantes. Elle enroula ses doigts autour et se détendit imperceptiblement grâce à la chaleur qui s'en dégageait. Elle n'arrivait pas à se détendre depuis tout à l'heure, entre les questions des Aurors, les regards inquiets de James, les tableaux des anciens directeurs qui chuchotaient aux murs... Pourtant, Dumbledore avait une présence apaisante.

- Je me doute bien que vous êtes extrêmement fatigué, miss Evans, mais j'aurais encore quelques questions à vous poser.

- J'ai déjà tout dit aux Aurors, souffla-t-elle.

- Je sais bien et si je pouvais faire autrement je le ferais, croyez-moi.

Lily hocha la tête.

- A vrai dire, ça ne sera pas long. Il n'y a qu'une seule chose qui me reste à éclaircir dans cette histoire : pourquoi vous miss Evans ?

- Comment ça ?

- Vous avez dit lors de votre témoignage que monsieur Mells avait pris peur en entendant monsieur Potter dire qu'il était proche de retrouver l'élève de Gryffondor impliqué dans les attaques, pourtant c'est vous qu'il a enlevé et à qui il a posé des questions alors que, si j'ai bien compris, vous n'étiez pas au courant de cette affaire...

James se crispa. Il s'était douté que Kevin l'avait entendu au petit déjeuner et il culpabilisait. S'il avait été plus prudent, rien de tout cela ne serait arrivé à Lily. Malgré tout, le directeur soulevait un point important. Alors qu'il attendait la jeune fille dans le couloir pendant son interrogatoire avec Maugrey, il s'était posé également la question. Ça aurait été plus logique que Kevin s'en prenne directement à lui ou aux Maraudeurs.

- Je ne sais pas vraiment, avoua lentement Lily, comme si elle essayait de se rappeler de sa matinée en haut de la tour d'Astronomie dans les moindres détails. Il...il était juste effrayé, il ne savait pas trop ce qu'il faisait. Je pense qu'il a cru que Potter m'avait révélé ce qu'il avait découvert puisqu'il en avait parlé à tout le monde au petit déjeuner. En plus, Black et les autres blessés venaient de revenir, peut-être qu'il s'est dit que l'un d'entre eux l'avait vu à Pré-au-Lard avec les mangemorts pendant l'attaque. Quand il est venu me parler avant les cours, il voulait juste des informations et c'est comme ça que j'ai compris. A partir de là, il ne pouvait pas me laisser repartir. Le fait que je sois née-moldu a dû jouer aussi...

- Je vois, murmura Dumbledore.

Il avait les mains croisées sous son menton, l'air concentré. Lily se doutait qu'il en savait plus qu'il ne voulait bien l'avouer mais elle ne chercha pas à demander. A vrai dire, elle avait l'impression d'être déconnectée des évènements depuis ce matin. Le directeur parut s'en apercevoir car il lui adressa un sourire bienveillant.

- Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, miss Evans. Allez donc retrouver vos amis.

Lily se leva aussitôt de sa chaise au cas où quelqu'un aurait encore la bonne idée de lui poser plus de question. Immédiatement, James l'imita et ils sortirent tous les deux du bureau après avoir souhaité une bonne soirée à Dumbledore. Ils restèrent une seconde devant la porte close, comme s'ils n'arrivaient pas à réaliser qu'ils pouvaient enfin retourner à la salle commune.

- On y va ?

- Je...oui...

Lily tenta de se reconnecter un peu à la réalité. Elle devait avoir l'air idiote depuis tout à l'heure. Pourtant, James ne fit aucune remarque et se contenta d'ouvrir la voie en silence. Le voir si silencieux, si calme, la perturba presque plus que les souvenirs qui lui tournaient dans la tête de sa mésaventure avec Kevin. Alors qu'elle marchait à ses côtés en essayant d'occulter les chuchotements des tableaux sur leur passage, elle se sentit soudain obligé de dire quelque chose.

- T'avais raison...

James haussa un sourcil, surpris par cette entrée en matière pour le moins inédite.

- A propos de quoi ?

- De Maugrey. Il fait vraiment peur, surtout quand tu te retrouves seule avec lui dans une pièce.

- Je te l'avais dit ! Sirius se moque de moi depuis des années mais imagine le rencontrer à huit ans, y'a de quoi être traumatisé !

Voilà, la tendance à exagéré de James semblait être de retour. Lily sourit.

- Je te l'accorde, dit-elle.

- Evans...

- Ouais ?

Il se tourna vers elle complètement.

- Je suis désolé...

- Désolé ? Répéta-t-elle. De quoi ?

- De tout ça, répondit James comme si c'était évident. L'histoire avec Kevin...

- Mais...

- Les autres m'avaient dit de laisser les professeurs faire leur boulot mais j'ai quand même voulu mener mon enquête...c'était idiot, tu as failli être blessée à cause de ça et...

- Potter ! Coupa Lily.

Il leva les yeux, perplexe.

- Tu n'as rien à te reprocher, assura-t-elle.

- Tu dis ça pour ne pas que je me sente coupable...

- Parce que je le pense, Potter. Kevin était juste effrayé, il aurait forcément craqué à un moment sous la pression.

- Mais à cause de moi c'est toi qui a été...

- Ce n'est pas...je veux dire...je préfère que ça soit moi plutôt quelqu'un d'autre. Et puis je vais bien, promis.

James la regarda un instant, un petit sourire jouant sur ses lèvres. Il secoua la tête.

- Lily Evans, toujours courageuse et optimiste hein ? Déclara-t-il avec fierté.

- J'essaye, répondit-elle, les joues rouges.

Il parut aller un peu mieux alors qu'ils reprirent leur route vers la tour de Gryffondor. La Grosse Dame hoqueta en les voyant arriver et s'empressa de leur demander si tout allait bien, même si Lily se doutait que c'était plus pour pouvoir avoir des ragots à raconter que par véritable inquiétude.

En tout cas, dès que la porte du passage se referma dans leur dos, ils eurent à peine le temps de faire un pas dans la pièce avant que tous les autres ne leurs tombent dessus.

Lily eut l'impression d'être prise dans un tourbillon, passant de personne en personne sans vraiment comprendre. On lui demandait comment elle se sentait, ce qui s'était passé, où est-ce qu'était Kevin ? Elle perdu James de vue au bout d'un moment puis brusquement elle sentit une main se poser sur son bras pour la sortir de la foule. Elle trébucha sur ses pieds avant que James ne la tire derrière lui pour échapper à leurs camardes.

- Merlin...

- Je t'avais dit que je serais ton chevalier servant un jour !

- Potter, souffla-t-elle, les yeux au ciel.

Il rit.

- Pardon, c'était plus fort que moi. Les filles t'attendent là-haut, vas-y.

- Et toi ?

- Je vais retrouver les Maraudeurs, ils doivent s'inquiéter. Je suis un peu parti précipitamment.

Lily baissa la tête.

- Merci, dit-elle. Pour être venu pour moi je veux dire.

- Ah Evans ! Je viendrais toujours pour toi.

C'était le genre de phrase idiote qu'il lui sortait tout le temps et pour lesquelles elle avait l'habitude de lui répliquer « la ferme, Potter » automatiquement mais juste pour cette fois elle laissa passer sans savoir pourquoi.

**

*

Alexia tenta tant bien que mal de ne pas détourner le regard ni de rougir quand Sirius arriva au point de rendez-vous qu'ils s'étaient donné mais elle échoua lamentablement. Lui, évidemment, avait l'air tout à fait serein, les mains dans les poches et une mèche de cheveux noirs lui barrait le visage avec grâce. Malgré tout, Alexia le connaissait trop bien. Il avait les épaules tendues ainsi qu'une moue contrariée aux lèvres, comme toujours quand il était anxieux. Elle savait que ça lui avait demandé beaucoup d'effort pour venir lui parler, lui donner une chance de s'expliquer, et qu'elle ne le méritait probablement pas mais elle n'allait pas laisser tomber. Elle était déterminée à réparer les choses entre eux.

Il arriva finalement à sa hauteur.

- Hé, souffla-t-elle. Merci d'être venu.

- Tu en doutais ?

- Non mais comme tu avais disparu ce matin...

Elle laissa sa phrase en suspens. Avec la disparition de Lily, elle n'avait même plus repensé à la volatilisation de Sirius dans la matinée. A vrai dire, elle avait juste eu le temps de s'assurer que la rousse allait bien et de lui faire promettre de tout lui raconter plus tard avant de partir en courant du dortoir pour venir ici.

- Ouais, désolé, dit-il. J'avais...un truc à faire.

Alexia n'insista pas. Il lui avouerait quand ils auraient parlé, quand tous les non-dits entre eux seraient résolus.

- Comment va James ?

- Bien, il est revenu tout à l'heure. Apparemment, les Aurors ont prévu de garder Kevin encore un moment. Et Evans ?

- Elle avait l'air secoué mais je n'ai pas eu le temps de lui parler.

Sirius hocha la tête. Il se sentait juste épuisé après cette journée complètement dingue et il se laissa glisser contre le mur, histoire de s'assoir un peu. Alexia l'imita, épaule contre épaule. Elle se mordit la lèvres, incertaine de la façon dont commencer cette conversation. C'était étrange puisqu'elle n'arrêtait pas d'y penser depuis plusieurs semaines mais maintenant qu'ils étaient là, tous les deux, son esprit tournait à deux à l'heure.

Finalement, ce fut lui qui reprit d'une voix neutre.

- Alors ?

- Alors quoi ? Répéta-t-elle.

- Explique. Je t'écoute...

Alexia détourna les yeux, le cœur battant. C'était le moment ou jamais.

- Je ne sais même pas par où commencer...

- Le début ? Suggéra-t-il, sarcastique.

- Ouais... Hum...J'avais treize ans quand on a diagnostiqué la maladie...

- Quelle maladie ? Coupa Sirius, la voix tremblante.

Elle n'osa pas tourner la tête pour voir son expression mais elle le vit serrer les poings.

- Un nom étrange que j'arrive à peine à prononcer, répondit-elle honnêtement. C'est d'origine sorcière et peu de personne en souffre, elle est très rare, surtout chez les enfants ou les adolescents. Elle affecte les poumons principalement. Je...J'ai dû arrêter le Quidditch parce que je ne peux pas pratiquer d'activité physique. J'ai aussi des maux de têtes et des crises de fatigue, même si les fioles de potion que je prends aident contre ça.

- Tu veux dire que la grippe que tu as eue il y a plusieurs mois...

- Ce n'était pas la grippe non. Je me suis évanoui à cause d'une crise. La première fois que ça m'est arrivé, c'était pendant les vacances de noël de notre troisième année. Ma mère m'a emmené à l'hôpital mais les moldus n'ont rien trouvé donc on a été à St-Mangouste. Après plusieurs consultations et une batterie de test, on m'a annoncé que je souffrais d'une maladie incurable. Elle ne peut pas se soigner, seulement être ralentie. Les fioles de potions limitent les effets. Ça s'est dégradé depuis quelques mois...

Sirius soupira, sa tête retombant en arrière contre le mur. Il se rendit compte qu'il ne se sentait pas mieux même après avoir appris toutes ses informations. La simple vision d'Alexia allongée sur un lit d'hôpital lui donnait la nausée.

- Je suis tellement désolé, souffla-t-elle doucement.

- Princesse...

L'entendre utiliser son surnom lui fit l'effet d'un coup de poing dans le ventre et elle se résolut à se tourner vers lui pour lui faire face.

- Je...je sais que ça n'excuse rien mais je suis vraiment désolé. Dorcas m'a fait comprendre que...qu'aucun de vous ne méritait ça, de découvrir la vérité de cette façon. J'ai été horrible avec Remus...

- Bon sang, qu'est-ce qui t'as pris de l'impliquer là-dedans ?

- Il voulait tout te dire et j'ai paniqué ! S'exclama-t-elle, les larmes aux yeux. Je...je n'aurais jamais parlé à Anaïs de sa lycanthropie, je le jure !

Sirius garda le silence un instant. Il savait qu'elle était sincère et même si ça ne suffisait pas, c'était déjà un début. Il plongea son regard dans le sien. Parfois, il oubliait à quel point ses yeux étaient bleus et combien elle était belle, même alors qu'elle venait de pleurer.

- Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?

- Rien...dit-il lentement. Rien.

- D'accord... Euh... Qu'est-ce que tu veux encore savoir ? Demanda-t-elle, perdue.

- Est-ce que ça va aller ? Pour toi ?

Alexia eu un sourire désabusé.

- Je ne peux pas en être sûre mais je dois passer des examens bientôt et pour l'instant les fioles font effet. Donc oui, ça ira.

- Bien...Parce que je ne compte pas te perdre maintenant.

Il fallut une seconde à Alexia pour comprendre ce qu'il venait de dire et elle resta figée.

- Qu'est-ce que... ?

- Je ne dis pas que tu es totalement pardonné, tu as intérêt à aller voir Remus aussi, mais on a assez perdu de temps tous les deux.

- Vraiment ?

- Quoi, tu voulais que je te dise le contraire ?

- Non ! S'écria-t-elle immédiatement.

Sirius sourit, amusé, tandis qu'elle rougissait. Sans autre forme de procès, il ouvrit ses bras en signe d'invitation et elle se blottit contre lui sans attendre. Merlin ça lui avait manqué ! Elle pressa son corps un peu plus contre lui, ses émotions nouant son ventre. Elle n'avait plus envie de bouger à vrai dire, tellement elle se sentait bien, surtout quand il resserra sa prise autour d'elle. Presque inconsciemment, elle chercha sa main et il entremêla leurs doigts ensemble. Il l'embrassa sur le front.

- Donc on se jure de se dire la vérité maintenant ?

- Oui, promis, dit-elle, la voix étouffée contre son torse.

- Bien

Alexia releva la tête et sourit, les yeux brillants.

- Justement...autant commencer tout de suite. Tu te souviens de ton balai préféré en troisième année ?

Il fronça les sourcils, pas certain de savoir où est-ce qu'elle voulait en venir.

- Evidemment, je l'adorais !

- Bah...il se pourrait que ça ne soit pas vraiment le saule cogneur qui l'ai cassé...

- Quoi ?!

- Je suis désolé, je voulais juste l'essayer et j'ai perdu le contrôle...

Sirius secoua la tête, consterné, puis l'attira contre lui à nouveau.

- Heureusement que je t'aime, lâcha-t-il sans réfléchir.

Cette fois, Alexia se figea véritablement et son souffle se bloqua. Lui-même parut se rendre compte de ce qu'il venait de dire car elle le sentit se tendre. La gorge sèche, elle sentit son ventre se serrer encore plus. En fait, une myriade d'émotions tourbillonnait en elle.

- Je t'aime aussi, murmura-t-elle.

Sirius relâcha sa respiration, sans même s'être aperçu qu'il l'avait retenu jusqu'à ce qu'elle réponde.

Ils restèrent juste comme ça, dans les bras l'un de l'autre et assis par terre, pendant de longues minutes. Finalement, Alexia reprit, sa curiosité revenant au galop maintenant que la situation s'était arrangée entre eux.

- Sirius ? Où est-ce que tu étais ce matin ?

- Ce matin ?

- Ouais... On était tous occupé à chercher Lily et tu avais l'air contrarié quand je suis venue toquer à votre porte.

- Hum...

Son manque de réponse lui fit lever les yeux.

- Sirius...

- Ce n'est pas grand-chose, juste...juste une dispute avec mon frère.

Dire qu'elle ne s'attendait pas à ça était un euphémisme.

- Tu as été parlé avec ton frère ? Répéta-t-elle, surprise.

Sirius hocha la tête. Alors qu'il ouvrait la bouche pour commencer à lui raconter, les souvenirs lui revinrent à l'esprit.

« Sirius chuchota à James qu'il devait aller faire quelque chose puis tourna les talons sans attendre la réponse. Il ne prêta pas attention à Alexia qui le suivait des yeux et franchit la porte de Grande Salle au plus vite. Une fois dans le hall, il s'arrêta dans une alcôve pour regarder la carte du Maraudeur. La plupart des élèves étaient actuellement en train de prendre leur petit déjeuner, il repéra aussi Dorcas et Lucinda qui se baladaient dans le parc, visiblement très proches, mais il eut besoin de quelques secondes de plus pour trouver son frère qui était encore près des cachots. La ponctualité n'avait jamais été le fort de Regulus après tout et il se souvenait que leur père criait souvent quand son fils cadet arrivait en retard pour le dîner.

Chassant les souvenirs de Square Grimmaurd, Sirius s'engagea dans les escaliers. Il avait passé la nuit à se retourner dans son lit d'infirmerie pour savoir s'il devait aller parler à son frère et le confronter sur sa présence avec Rosier durant l'attaque. Il avait beau avoir martelé qu'il ne voulait plus rien avoir à faire avec les Black, il ne pouvait pas juste ignorer que Regulus risquait de s'engager chez les mangemorts.

A mesure qu'il avançait dans le couloir, il commença à stresser. Il n'avait plus adresser la parole à son frère depuis sa fugue et il n'avait aucune idée de ce qui allait se passer. Il n'avait pas dit aux autres ce qu'il avait l'intention de faire, même pas à James, tout simplement parce qu'il n'était pas sûr de lui.

Soudain, il vit une silhouette un peu plus loin.

- Regulus ! Appela-t-il sans réfléchir.

Son frère se retourna et il ne réussit pas à cacher sa surprise derrière son habituelle expression froide. Evidemment, son masque se remit en place une seconde plus tard mais quand même.

- Sirius... Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je devais te voir.

- Oh quel changement, je pensais que m'ignorer était ton activité préférée.

- Ne commence pas, dit Sirius, agacé.

- Toi ne commence pas, répliqua-t-il. Qu'est-ce que tu veux ?

- Te parler de tes fréquentations.

Cela eu le mérite de faire rire Regulus, bien que ce dernier fût clairement ironique.

- Depuis quand est-ce que tu t'en soucie ?

- Depuis que tu fréquentes Rosier et des mangemorts !

- Ne parle pas de ce que tu ignores...

Sirius s'avança et serra les poings. Si son petit frère voulait jouer à ce jeu, il allait vite se rendre compte que lui aussi avait des années d'expérience concernant le fait de cacher des choses.

- J'en sais assez pour t'avoir vu en plein milieu de la rue avec Rosier en train de terroriser un village !

- Je n'ai rien fait, nia-t-il.

- Arrête de me prendre pour un imbécile, Reg' !

Regulus se demanda combien de fois il allait avoir cette conversation. Entre Livia, Marlène et Sirius, il avait envie de tous les envoyer balader. C'était sa vie, non ? Pourquoi personne ne voyait le poids qu'il avait sur les épaules ? On ne pouvait pas dire non éternellement au Seigneur des Ténèbres, surtout quand celui-ci s'intéressait de près à votre famille. Il ne prétendait pas être contre tous ses idéaux, comme Marlène, ni condamner l'usage de la violence, comme Livia, mais il se laissait plus porter par le cours des évènements qu'autre chose. Certains diraient que c'était de la facilité, lui y voyait plus de l'intelligence. Ça ne servait à rien de lutter contre l'inéluctable.

- Crois ce que tu veux Sirius, mais laisse-moi tranquille. On s'en portera mieux tous les deux.

Il ramassa son sac et amorça un geste pour s'éloigner, seulement son frère le saisit par le bras. Quand sa manche remonta, il vit clairement un éclair de soulagement passer sur son visage en constatant qu'il ne portait pas la marque...

- Je ne te laisserais pas gâcher ta vie sans rien faire, dit Sirius.

- Pourquoi ? Répliqua-t-il avec hargne. Ça n'a pas paru te déranger quand tu es parti !

- Qu'est-ce que je suis supposé comprendre ?

- Rien...

- Non, vas-y je t'écoute !

Regulus serra la mâchoire.

- Je trouve ton accès d'inquiétude assez hypocrite c'est tout...

- Ne te place pas en victime ! Personne ne t'a forcé à rejoindre Rosier !

- Et comment est-ce que tu pourrais le savoir ? Tu n'es plus à la maison et tu ne me regardes plus dans les yeux quand tu me croises dans un couloir !

- Je t'ai proposé de venir ce soir-là, souffla Sirius. Tu aurais pu me suivre.

Regulus écarta les bras tellement il trouva la réponse absurde.

- Pour aller où Sirius ? Chez James Potter ?

- Oui !

- Oh je vois ça d'ici, railla-t-il.

- Qu'est-ce que tu attendais de moi alors ?

- Que tu sois mon frère ! Que tu ne tournes pas vers le grand Potter en m'oubliant au passage !

Les yeux de Sirius lancèrent des éclairs.

- James est mon frère, plus que tu ne le seras jamais !

La phrase claqua plus forte que les autres, les mots semblant rebondir contre les murs comme un écho infini. Les deux frères se figèrent face à face, la respiration haletante, puis Regulus recula d'un pas.

- Je crois que tu as tout dit, Sirius.

- Mais...

- Pour quelqu'un qui prétend se soucier encore de moi tu as une drôle de façon de le montrer, ajouta-t-il cyniquement. Mais après tout, c'est toi le meilleur entre nous deux, pas vrai ?

- Reg'...

- Remballe tes leçons de moral de Gryffondor et va te regarder dans un miroir. Je ferais ce qu'il faut pour devenir l'héritier que tu n'as pas su être par lâcheté.

Sirius garda le silence tandis que son frère s'éloignait, sa cape battant derrière lui dans un mouvement sinistre. Il aurait pu le rattraper, le forcer à l'écouter, lui assener une multitude d'argument... Pourtant, il savait que ça ne servirait à rien. Si Regulus pouvait être détourner de la pente sur laquelle il s'était engagé, ce n'était certainement pas par lui. Ils avaient trop de rancœur entre eux et Sirius n'était pas prêt à faire marche arrière pour revenir vers sa famille, pas après s'être enfin échappé de l'enfer.

Finalement, il se remit en marche et retourna au dortoir. Il n'était pas d'humeur à aller en cours ».

Alexia se contenta de le fixer, les larmes aux yeux. Elle n'avait jamais voulu s'immiscer dans la relation conflictuelle qu'entretenait Sirius avec son frère, elle laissait ça à James. Cependant, si Sirius lui racontait cette dispute c'est qu'il avait assez confiance en elle sur ce sujet et elle en ressentit une certaine fierté.

- Tu vas bien ?

- Honnêtement ? Oui je pense... Je ne peux plus aider Regulus, plus maintenant.

- Il s'en rendra compte un jour, tu sais, dit-elle avec douceur. Il t'aime malgré tout...

Sirius haussa les épaules. A vrai dire, il ne voulait pas continuer à en parler. Sans lâcher la main de la jeune fille, il se remit debout et elle suivit le mouvement sans protester. L'heure tournait et ils devaient retourner à la salle commune, James et Lily avaient besoin d'eux ce soir après leur aventure éprouvante de la journée.

Cependant, il avait envie de faire quelque chose depuis la seconde où ils s'étaient réconciliés.

- Sirius tu viens... ?

Alexia ferma les yeux instantanément en sentant les lèvres de Sirius sur les siennes. C'était un baiser lent, un baiser doux, un baiser de retrouvaille et elle laissa échapper un soupir de bien-être à la sensation familière. Ses mains vinrent se perdre dans ses cheveux noirs tandis qu'il resserrait sa prise autour de sa taille. Il l'embrassa jusqu'à ne plus pouvoir respirer et elle éclata de rire quand ils se séparèrent.

- Merlin ce que ça m'avait manqué ! Dit-elle, heureuse.

- Moi aussi...

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