Tome I - Chapitre 35 : Les survivants
Il n'y avait pas eu énormément de blessé durant l'attaque au final. Une dizaine d'élève, dont Lily, avait juste quelques coupures superficielles provoquées par les éclats de verre des vitrines et Madame Pomfresh arrangea ça facilement. Parmi les blessés plus graves, on comptait Sirius et une fille de Serdaigle. Ils restaient pour l'instant tous les deux à l'infirmerie, inconscients. Tiberius Ackerley, le commentateur, et Lucinda avaient quant à eux été transportés à St-Mangouste pour deux jours par mesure de sécurité étant donné la nature plus sérieuse de leur blessure.
L'attaque s'était déroulée en trente minutes. Trente minutes de pure terreur pour tout le monde. Il était presque 18h désormais et l'agitation était légèrement retombée dans le château. Les Maraudeurs étaient encore à l'infirmerie malgré le fait que Pomfresh soit déjà venu au moins trois fois leur dire que les heures de visites étaient bientôt finies. A vrai dire, James refusait obstinément de bouger et Remus avait l'impression qu'il n'entendait même pas quand on lui parlait.
Au bout d'un moment, la porte en bois s'ouvrit en grinçant et les filles entrèrent. Elles étaient restées pendant près d'une heure avec les professeurs pour qu'ils recueillent leurs témoignages et s'assurent qu'elles allaient bien, mais dès qu'elles avaient été libres de partir elles s'étaient précipitées ici.
Le regard de Lily tomba sur les garçons immédiatement. Remus était assis à côté du lit, la tête dans les mains, et il se tourna vers elles en les voyant arriver. Perché sur le rebord de la fenêtre, Peter semblait regarder le parc d'un air vide. Quant à James... Son cœur se serra dans sa poitrine. Il était lui aussi assis près du lit, l'air hagard et très pâle. Il ne lâchait pas Sirius des yeux, ne paraissant même pas les avoir entendu entrer.
- Salut, chuchota Marlène. Ça va ?
- On est tous un peu fatigué mais oui...
- Et...pour Sirius ?
Remus haussa les épaules.
- Il est inconscient pour l'instant, l'infirmière a dit qu'il se réveillerait quand son corps aura suffisamment récupéré. Ça peut prendre une ou plusieurs journées.
Un lourd silence pesa quelques secondes.
- Qu'est-ce...qu'est-ce qui s'est vraiment passé ? Demanda finalement Alexia.
Elle tremblait sans pouvoir s'en empêcher. Elle n'avait jamais vu Sirius comme ça, aussi pâle et immobile. Paradoxalement, il avait aussi l'air paisible pour une fois, mais son sentiment de malaise ne disparut pas. Si elle avait pu elle aurait étranglé James d'avoir demandé à Matthew Bones de la forcer à rester au Trois Balais alors qu'elle aurait pu venir avec lui mais il avait l'air trop abattu pour qu'elle puisse s'y résoudre.
Remus mit du temps à répondre puis inspira.
- Je... Je ne sais pas trop. On était tous dans le magasin quand l'attaque a commencé, plusieurs personnes blessées sont arrivées pour se cacher. Sirius faisait le guet près de la vitrine. Avec Peter, je m'occupais de la cheville d'Anaïs et puis d'un coup il était partit. Je ne sais pas pourquoi. Un peu après, James a débarqué. Quand il a vu que Sirius n'était pas là, il est ressorti pour le chercher. Ils sont tombés sur un mangemort...On les a rejoints juste après la blessure de Sirius. Ensuite les médecins et les Aurors sont arrivés. Il y avait Mr Potter aussi mais il a dû repartir gérer ses équipes... C'est McGonagall qui nous a ramener au château. Sirius a été pris en charge tout de suite mais pas de changement depuis...
Alexia haleta en s'imaginant la scène, les larmes aux yeux.
- Il...
- C'est ma faute.
Tout le monde se tourna vers James, surpris. Il était tellement silencieux depuis tout à l'heure qu'ils l'avaient presque oublié, ce qui était très inhabituel. Pourtant James semblait toujours occulter les autres autour de lui et gardait son attention fixée sur son meilleur ami.
- C'est ma faute, répéta-t-il d'une voix atone. Le sort était pour moi, il m'a écarté à temps...je...
- James, ça suffit ! Dit Remus. Tu n'es pas responsable !
Cette inversion des rôles entre eux était étrange pour Remus. D'habitude, c'était James qui tentait de le convaincre que le poids de l'univers n'était pas sur ses épaules.
- Ah oui ? Alors pourquoi est-ce que ce n'est pas moi qui suis allongé dans ce lit ? J'aurais dû...j'aurais pu...
- James, vous étiez face à un mangemort.
- Et j'ai été complètement inutile...
- C'est faux !
Lily regarda longuement le jeune homme puis s'avança vers lui. Perplexe, il releva la tête en la voyant se mettre à sa hauteur et prendre sa main dans le sienne. Il remarqua qu'elle avait encore quelques coupures sur le visage à cause des éclats de verre de la vitrine.
- Tu n'as pas été inutile, souffla-t-elle avec ferveur.
- Mais...
La lueur de pure détermination dans ses yeux vert émeraude le fit taire.
- J'étais morte de peur là-bas. Je n'arrivais même plus à bouger ! Tu m'as pris la main, exactement comme ça, dit-elle en resserrant sa prise, et tu m'as dit de courir. Tu t'inquiétais pour tes amis mais pourtant tu as pris le temps d'aller me mettre en sécurité, tu m'as défendu contre les mangemorts...
- C'est toi qui en stupefixié un, coupa James.
- Laisse-moi finir, Potter. Peut-être que c'est moi qui a lancé le stupefix mais je n'en aurais jamais été capable si tu n'avais pas été avec moi. Sans toi, je pourrais moi aussi être dans ce lit en ce moment ou même à St-Mangouste.
- Ne dis pas ça...
- C'est la vérité. Tu m'as fait revenir à moi et sans toi je ne sais pas si je m'en serais sorti. C'est facile d'apprendre des sortilèges en cours, de réussir des tests. Toi, tu as fait plus. Tu es un grand sorcier.
- Mais Sirius...
Il s'étrangla sur le prénom, son regard déviant une seconde sur le lit. Lily secoua la tête.
- Sirius a fait son choix. Il ne l'aurait pas fait s'il ne tenait pas à toi.
Remus observa la scène, sidéré. Il le savait bien sûr. Lily avait toujours les bons mots, la douceur qu'il fallait. Il l'avait découvert quand elle avait appris sa lycanthropie. Elle pouvait remonter le moral d'une personne avec un sourire et lui montrer le meilleur en elle. C'était un don qui le fascinait.
Les autres devaient partager son sentiment car ils regardaient la jeune fille, émerveillés. Peter avait carrément l'air sur le point d'applaudir ou de faire une standing ovation à lui tout seul. Mais le plus touché était sûrement James qui fixait Lily avec admiration, un petit sourire aux lèvres.
**
*
Le lendemain matin, dès 9h, ils étaient tous de retour à l'infirmerie au chevet de Sirius. Madame Pomfresh n'avait même pas paru surprise de les voir et s'était contenté d'apporter des chaises supplémentaires. Malgré le fait qu'on soit lundi, les cours avaient été exceptionnellement annulés. Les Aurors étaient toujours à Poudlard et interrogeaient plusieurs témoins de l'attaque. Ce matin, la rumeur avait couru dans les couloirs que certains élèves seraient d'ailleurs impliqués. Cela faisait tellement échos aux agressions de ses derniers mois qu'un vent de panique et d'excitation se répandait parmi les personnes.
A ce moment même, une réunion se tenait entre les Aurors et les professeurs, attisant la curiosité. James n'avait pas eu de nouvelle de son père, probablement de retour à Londres, mais il lui avait envoyé une lettre tard hier soir et ne doutait pas de recevoir une réponse dans la journée, comme d'habitude.
- Dorcas ? Est-ce que tu as des nouvelles de Lucinda ? Demanda Marlène.
Elle culpabilisait un peu de ne pas avoir posé la question avant puisque leur inquiétude s'était un peu cristallisée sur Sirius. Adossée contre le mur, Dorcas parut blêmir.
- Non... Je...On m'a dit qu'elle avait transféré à St-Mangouste avec Tiberius Ackerley mais rien d'autre. Je suppose qu'elle ne va pas tarder à revenir...
- Je suis sûre que oui, rassura Alexia. Elle va traumatiser les infirmières avec son insolence et revenir en un clin d'œil.
- Ouais, c'est bien son genre...
- Et puis pareil pour Tiberius, je ne veux pas assister à un seul match sans ses commentaires ! Je m'ennuierai trop !
- Je croyais que tu venais aux matchs pour voir mon talent époustouflant, lança James.
- Même pas en rêve Potter !
Les petites disputes entre James et Lily semblaient avoir repris, ce qui fit lever les yeux au ciel à Remus. Ils étaient impossibles !
- Chut ! Vous allez réveiller Sirius...
- Trop tard mon pote, vous faites autant de bruit qu'un troupeau de centaure en colère.
Ils manquèrent tous de tomber de leur chaise et Dorcas trébucha sur ses pieds en sursautant. Peter émit même un couinement de surprise, ce qui fit rire Sirius.
- Vous devriez voir vos têtes !
- Sirius ! Hurla James. Bon sang ! Tu vas bien ? Tu veux un oreiller ? De l'eau ? Tu dois avoir faim...Tu veux que j'aille te chercher à manger en cuisine ? Du chocolat ? Ou alors...
- James, James !
- Quoi ? Tu as mal quelque part ?
- James, je vais bien.
Cette phrase parut faire s'arrêter James d'un coup.
- Tu...tu vas bien ?
- J'ai des courbatures et je suis un peu fatigué, c'est tout. Rien de grave. Pomfresh a bien fait son boulot.
- Oh merci Merlin alors, tes cheveux n'ont rien, lança Dorcas avec sarcasme. Je m'inquiétais pour ta coiffure parfaite, tu comprends.
- Ta sollicitude me touche, Meadowes.
Elle lui adressa un petit signe de tête. Ils éclatèrent tous de rire.
Pourtant, les deux plus bouleversés étaient sans nul doute James et Alexia. Ils le regardaient comme s'ils avaient peur qu'il retombe inconscient d'une seconde à l'autre. La jeune fille avait juste envie de se précipiter vers lui, de le serrer contre elle pour sentir son corps s'ajuster au sien comme avant et de l'embrasser à en perdre le souffle. Il y a encore une semaine, elle aurait sûrement agi comme ça mais aujourd'hui c'était impossible et elle en aurait crié de rage.
James n'eut pas sa retenu évidemment. Il se précipita vers son meilleur ami et l'engloutit dans une étreinte toute masculine dont seuls les garçons avaient le secret, nota Lily mentalement. Le temps qu'elle cligne des yeux, les Maraudeurs s'étaient joint à eux en riant.
- Tu es un inconscient, Patmol ! Cria Remus de sa plus belle voix de préfet. Qu'est-ce qui t'as pris de ressortir dehors ?
- Tu me connais...j'ai pas réfléchit...
Remus plissa les yeux. Il savait que Sirius ne lui disait pas la vérité sur les raisons qui l'avaient poussé à retourner à l'extérieur mais il n'insista pas.
- Vous êtes là depuis longtemps ?
- Depuis une heure à peu près...Les cours ont été annulé pour la journée.
- Sérieux ?
- Le monde s'arrête de tourner quand tu n'es pas là, Black, dit Dorcas.
- C'est une évidence !
- Ton ego, Sirius, rappela Remus.
- Il va très bien, merci !
- Tu aurais dû rester inconscient, tiens, ça nous aurait fait des vacances, se moqua Lily.
Ils continuèrent à discuter de banalité pendant une dizaine de minute avant que le sujet inévitable ne revienne dans la conversation.
- Sinon, vous avez eu des infos sur ce qui s'est passé à Pré-au-Lard ?
- Pas beaucoup non. On sait que ce sont des mangemorts qui ont attaqué, une dizaine apparemment. L'un deux a mis le feu à la poste mais des habitants ont réussi à l'éteindre. Les Aurors sont encore ici.
- Vraiment ?
- Ouais, ils sont en réunion avec Dumbledore. Il était furieux quand il a appris pour l'attaque !
- Ca ne m'étonne pas...Ton père est là aussi ?
- Non, répondit James, il est rentré à Londres. Je ne l'ai même pas vu. Mais je lui ai envoyé une lettre, peut-être qu'il m'a répondu. Je vais aller voir et je reviens après, d'accord ? Tu veux quelque chose de la cuisine ?
Lily faillit lui faire remarquer que c'était interdit avant de se raviser. Ce n'était pas le moment de leur faire la morale, elle reprendrait son rôle de préfète plus tard.
- Tout est mieux que le pudding à la fraise de l'infirmerie, dit Sirius.
- C'est sûr...je te ramène un pain au chocolat, promis !
- J'y vais aussi, intervint Marlène. J'ai un truc à faire.
Ils attrapèrent leurs affaires tous les deux avant de quitter la salle.
**
*
- Où est-ce que tu étais ?
Regulus se figea. La voix venait de claquer dans son dos et il savait qu'il ne pourrait pas y échapper.
- Livia...
- Non. Je ne veux pas t'entendre dire que tu as autre chose à faire. Tu restes là et tu me réponds, Regulus Black. Où est-ce que tu étais ?
Soupirant, il se retourna lentement. Livia était à quelques mètres de lui, les bras croisés sur la poitrine. Les cheveux tirés en arrière, ses yeux verts eau semblaient lui manger le visage. Elle avait l'air mortellement sérieuse en cet instant.
- Où est-ce que j'étais quand ?
- Ne fais pas l'imbécile, ça ne te va pas, dit-elle. Pendant l'attaque. Où est-ce que tu étais pendant l'attaque ?
- J'étais avec les jumelles...
Livia émit un rire sec qui ne lui allait pas du tout.
- Arrête.
- Quoi ?
- Arrête de me mentir comme ça. Tu n'étais pas avec les jumelles !
- Bien sûr que si...
- Alors explique-moi au nom de Merlin pourquoi est-ce que je ne t'ai pas vu étant donné que moi j'étais avec elles !
La puissance de sa voix résonna contre les murs et Regulus ferma brièvement les yeux.
- Livia...
- Je vais te tuer. Non en fait je vais d'abord tuer Rosier et ensuite toi !
- Tu ne sais même pas...
- Oh j'en sais assez ! Tu me crois idiote ? Tu crois que je n'ai pas compris ? Ce matin, il n'y avait personne du club de Rosier et comme par hasard tu n'étais pas là non plus. Tu étais avec eux, pas vrai ? Tu étais aussi avec eux pendant l'attaque, à faire exploser des vitrines pour terroriser des pauvres gens dans un village sorcier ?
Elle accentua le dernier mot, ce qui n'échappa pas à Regulus. Le message était clair.
- Tu ne comprends rien !
- Ne me sors pas cette excuse à la con !
Voilà. Là c'était mauvais signe. Livia n'était jamais vulgaire, si elle l'était maintenant c'est qu'elle devait être sacrément en colère et malheureusement c'était contre lui que sa colère était dirigée.
- Ne me sors pas cette excuse, répéta-t-elle. Ça marche peut-être avec McKinnon mais pas avec moi.
Long silence.
- Quoi ? Comment... ? Tu...
- Tu croyais vraiment que ça aussi je ne m'en rendrais pas compte ? Tes petites escapades avec une Gryffondor ? Réfléchis un peu Reg', on a les jumelles Zabini comme amies.
- Mais...
- Mais rien du tout. Si tu crois que je ne comprends pas alors tu te trompes sur toute la ligne. J'ai eu la même éducation que toi, j'ai entendu les mêmes discours sur les sangs-pur et leur suprématie. Sauf que contrairement à toi je ne compte pas me cacher derrière un mage noir ni des attaques pour me faire entendre. Tu es un lâche !
- Un lâche ? C'est ce que tu penses ? C'est toi qui est lâche à ne rien faire, à seulement débiter de grands discours. Ça ne fait pas bouger les choses !
- Et alors ? Je préfère être une lâche qu'un tueur dans ce cas.
- C'est n'importe quoi...
- Tu as tort. Merlin Regulus, comment est-ce que tu peux ne pas le voir ? Des gens ont été blessés ! Lucinda Talkabot, Serpentard et sang-pur je précise, est à l'hôpital. Ton propre frère est à l'infirmerie en ce moment même !
- Ce n'était pas nous, les mangemorts...
- Vous serez bientôt dans leurs rangs, ça ne fait aucune différence !
Il la regarda, la respiration haletante. Cependant, Livia n'avait pas l'air prête à abandonner.
- Tu te rends compte que ça devrait être toi auprès de ton frère, pas Potter ?
- On ne va pas aller sur ce terrain-là, Liv'.
- Pourquoi pas hein ? Potter a...
- Je me fiche de James Potter !
Elle plissa les yeux, consciente d'avoir trouvé un point sensible.
- On sait tous les deux que c'est faux.
- Arrête.
- Pourquoi est-ce que tu le déteste autant ?
- Il m'a volé mon frère ! Cria-t-il brusquement.
Livia resta sans voix face à la colère soudaine de Regulus. L'expression de douleur sur son visage contrastait tellement avec son masque de froideur habituelle qu'elle mit quelques secondes à reprendre, hésitante.
- Comment...comment ça ?
- Tu crois qu'avec mon frère on s'est toujours détesté ? C'est faux. Il fut un temps où il était mon grand frère, mon héros, où on partageait nos jeux d'enfants. Il me protégeait contre la colère de nos parents quand j'avais fait une bêtise. Et puis il a été à Poudlard. Je pensais le revoir pour noël mais ma mère était tellement en colère qu'il ait été réparti à Gryffondor qu'elle lui a interdit de remettre les pieds à la maison. Quand je l'ai enfin revu plusieurs mois plus tard, ce n'était plus le Sirius que je connaissais. Il avait changé. Il n'arrêtait pas de parler de James Potter, Potter par-ci, Potter par là. Tu aurais dû entendre l'admiration dans sa voix. Il rejetait toutes les valeurs de notre famille en bloc, moi y compris. La rupture a été définitive quand j'ai rejoint Serpentard.
Livia retint un frisson en entendant l'amertume dans la voix de Regulus. Ce dernier détourna les yeux, soudain conscient d'en avoir trop dit avant d'ajouter si doucement qu'elle faillit ne pas entendre
- Il s'était trouvé un autre frère tout simplement.
- Reg'...
- Quoi ? Tu veux encore me faire la morale ? Parce que franchement je ne suis pas d'humeur. C'est ma vie Livia. Je fais ce que je veux, tu n'as pas à me dire ce qui est juste ou non parce que non tu ne comprends dans quelle situation je me trouve. Tu es ma meilleure amie et ça ne changera pas mais seulement si tu acceptes ça, d'accord ?
Il n'attendit même pas la réponse et claqua la porte dans son dos, tremblant. Il avait l'impression d'être vidé de son énergie. Sans réfléchir, il se précipita en direction du troisième étage en courant. Il savait qu'elle serait là car ils s'étaient fixés rendez-vous et qu'elle viendrait malgré l'annulation des cours ainsi que tout ce qui s'était passé hier.
A vrai dire, il aurait dû se douter que Livia lui tomberait dessus comme ça, c'était à prévoir. Par contre, ce qu'il n'avait pas vu venir fut ce qu'il trouva en poussant la porte de la salle de classe vide.
Marlène était là, bien sûr. Néanmoins elle l'accueillit froidement.
- Désolé pour le retard, je...
- Tu y étais, n'est-ce pas ? Coupa-t-elle
- Pardon ?
- Tu étais à Pré-au-Lard avec les mangemorts.
- Bon sang, je ne vais pas ravoir cette conversation !
- Tu y étais ou non ? Répéta-t-elle.
- Non !
Ce mot parut la faire exploser.
- N'essaye pas de me mentir ! Je t'ai vu dans cette ruelle parler avec Rosier avant le début de l'attaque !
- Marlène...
- Je te faisais confiance. Tu m'avais promis que tu ne les rejoindrais pas !
- Tu ne comprends pas, ce sont des idéologies qui te dépassent, McKinnon.
Elle renifla dédaigneusement, les yeux embués de larmes.
- Peut-être que je ne suis pas issu d'une famille riche ou que mon père ne connait pas le ministre en personne, Regulus, mais je sais encore ce qui est bien ou mal. Il y a eu des blessés, des gens sont presque mort !
- C'est une guerre Marlène ! Hurla-t-il. Il n'y a pas de méchant ni de gentil, ce n'est pas blanc ou noir ! Je me bats pour ce que je crois juste !
- Te battre ? Te battre ? Tu te caches derrière un sorcier dont on ne connait pas le vrai nom, entouré de partisans aux visages masqués. C'est ce que j'appelle de la lâcheté.
Ces mots ressemblaient tellement à ceux de Livia que Regulus en resta sans voix un instant.
- Par Merlin, Regulus ! S'exclama-t-elle avec hargne. Tu vaux mieux que ça !
- Ce n'est pas vrai. Toute ma vie, depuis ma naissance, Marlène, j'ai été élevée comme ça. Si tes parents t'apprenaient à respecter les autres, les miens me disaient que les sorciers étaient supérieurs aux moldus. Je n'ai pas d'autres voies. Je ne peux pas aller à l'encontre de siècle de tradition
- Bien sûr que si... Sirius l'a bien fait.
Un éclat de colère s'alluma dans les yeux gris du jeune homme.
- On y revient toujours hein ? Sirius le courageux, Sirius le provocateur, celui qui a réussi à braver les convenances. Personne n'a jamais pensé que c'était moi qui avais eu le courage de rester ? Réfléchis-y McKinnon. J'ai vu mon frère claquer la porte sans se retourner et j'aurais pu le suivre mais je ne l'ai pas fait ? Tu sais pourquoi ? Parce que je tiens encore à ma famille. Ils ne sont pas parfaits, seulement ça reste la mienne. Il n'y a rien de plus précieux que les liens du sang. Il fallait un héritier, quelqu'un qui endosse le rôle que ma mère avait voulu et j'étais là. J'aime mes parents malgré tous leurs torts. Sirius n'a fait que se sauver, fuir, moi je suis resté. Alors Marlène ? Qui a été le plus courageux de nous deux au final ?
Il y eu un très grand moment de flottement. Puis Marlène traversa la pièce en deux enjambées et jeta ses bras autour de son cou, la tête contre son épaule. Mécaniquement il referma ses bras sur elle alors qu'elle commençait à pleurer.
- J'ai eu peur, avoua-t-elle doucement. J'ai eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose.
- Marlène...
- Ne te pas fait pas d'illusions, je suis toujours en colère contre toi, Regulus Black ! Et ça risque de durer un moment, je te préviens.
- Mais...
- Non, ne dit rien. Tiens moi juste fort.
Regulus obéit sans discuter, épuisé. Ces deux filles allaient l'achever.
Après quelques minutes, Marlène se dégagea lentement et sans un regard, elle sortit de la salle, la porte se refermant sinistrement derrière elle. Il sut à cet instant qu'il venait de changer les choses entre eux de manière irrévocable.
**
*
James referma la porte dans son dos et s'avança dans le couloir, puis se sépara de Marlène qui partit dans une autre direction. La volière n'était pas très loin, à peine dix minutes. Les mains dans les poches, il repensa à la journée d'hier qui était assez flou dans son esprit. L'attaque lui avait semblé à la fois rapide et incroyablement longue, comme si le temps s'était dérèglé pendant trente minutes. Cette nuit, après avoir été jeté dehors par Madame Pomfresh, il avait à peine fermé l'œil. La voix glaciale et moqueuse du mangemort lui restait en tête malgré ses tentatives pour l'oublier. Pourtant, le fait que Sirius se soit réveillé l'apaisait un peu.
Dès qu'il entra dans la volière, il repéra sa chouette qui l'accueillit en lui mordillant affectueusement le doigt. Aucune lettre n'était attachée à sa patte et James supposa que son père n'avait pas encore eu le temps de lui répondre avec tout le travail supplémentaire à cause de l'attaque.
Ensuite, il fit un crochet par la cuisine. Les elfes se précipitèrent vers lui immédiatement. James crut un instant qu'il allait ressortir avec assez de nourriture pour nourrir tous les animaux de la Forêt Interdite pendant au moins un an. Heureusement, il réussit à négocier de ne prendre qu'un pain au chocolat et une pomme, ce qui serait toujours mieux que le pudding à la fraise.
- Hé ! Héla une voix.
James mit une seconde à comprendre que c'était lui qu'on appelait.
- Hé toi ! Attends !
Surpris, il se retourna. Une jeune femme arrivait vers lui à grands pas. Elle n'était pas de Poudlard, ça il en était sûr car il ne l'avait jamais vu et elle n'avait pas d'uniforme, et pour cause elle devait avoir vingt-cinq ans à peu près. Elle portait une robe de sorcière noire toute simple, sa baguette à portée de main contre sa hanche. Ses cheveux bruns, coupés courts en dégradé, entouraient son visage couvert de tâches de rousseurs avec un nez retroussé qui lui donnait un air rieur. Elle était jolie, comme un mélange de femme assurée et d'enfant espiègle. Etrangement, elle lui rappelait quelqu'un mais il n'aurait pas su dire qui.
- Excuse-moi de te déranger, je vois que tu as à manger avec toi. Tu sais où je peux en trouver aussi ?
- Euh...aux cuisines.
- Sans blague ?
Elle rigola.
- J'ai beau avoir passé sept ans dans ce château, je n'ai jamais su où étaient les cuisines.
- Juste un peu plus loin, indiqua-t-il, il suffit de chatouiller la poire du tableau accroché là-bas. Tu n'as qu'à demander aux elfes.
- Génial, merci ! Je meurs de faim !
- Tu n'as pas pris de petit-déjeuner ?
James réalisa que cette question était un peu étrange en face d'une inconnue mais qu'importe.
- Non, je n'ai pas eu le temps, répondit-elle, je devais aller à la réunion.
Cette phrase le fit dresser l'oreille. Il la regarda plus attentivement, curieux. C'est alors qu'il remarqua l'insigne violette épinglée sur le devant de sa robe.
- Tu es une Auror !
- Apprentie Auror, corrigea-t-elle. C'est Alastor Maugrey qui m'a amené aujourd'hui pour que je vois ce qu'est vraiment le terrain.
Elle avait l'air assez enthousiaste à cette idée, même si elle conservait une certaine retenue. James lui en fut reconnaissant. L'attaque n'était pas quelque chose dont on pouvait se réjouir et elle semblait parfaitement le comprendre.
- Et les Aurors ne te nourrissent pas ? Plaisanta-t-il.
- Oh si, Dumbledore m'a gavé de bonbon au citron pendant la réunion. Tu crois que c'est ça sa stratégie face au mangemorts ? Les bombardés de sucreries jusqu'à ce qu'ils meurent de carries ?
James éclata de rire.
- Il en serait capable...
- Ouais. En fait, je m'appelle Gemma Ackerley, dit-elle en lui serrant la main.
- Ackerley ? Comme...comme Tiberius ?
- C'est mon petit frère.
Son sourire vacilla.
- Je...Je sais qu'il a été blessé hier et qu'on l'a transféré à St-Mangouste. Avec tous les trucs des Aurors, je n'ai pas eu le temps d'appeler mes parents pour prendre des nouvelles. Tu...tu sais quelque chose ?
- Non désolé. Mais je connais Tiberius, il est génial.
- Tu dis ça parce que tu n'as jamais eu à vivre sous le même toit que lui, répliqua Gemma en riant. Il n'arrête pas de commenter tous mes faits et gestes quand je rentre à la maison, soi-disant pour s'entraîner pour ses matchs.
- C'est bien un truc qui lui ressemble ! Oh et je suis James, James Potter.
Elle haussa un sourcil.
- Potter hein ? Un lien avec mon patron ?
- C'est mon père, avoua-t-il.
- Je me disais aussi... Tu lui diras que je suis une employée géniale, pas vrai ?
- Je lui dirais surtout que ces stagiaires meurent de faim.
- Si tu arrives à m'obtenir une machine à café, je te béni !
James ria. Cette fille lui plaisait beaucoup, au moins elle avait le sens de l'humour de son frère.
- Bon, je dois y aller. Si je veux avoir le temps d'aller manger avant que la réunion ne reprenne, je dois me dépêcher.
- Pas de problème.
- Ça a été un plaisir, James.
- Au revoir Gemma.
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