Tome I - Chapitre 32 : Révélations
La bibliothèque de Poudlard était étonnement calme pour un mardi après-midi. Il était encore tôt, à peine 16h, mais les élèves qui avaient fini les cours se trouvaient pour la plupart dans le parc à cause de la rumeur qui avait circulé au déjeuner. En effet, Tiberius Ackerley, le commentateur de Quidditch, avait parié qu'il pouvait nourrir le calmar géant et des dizaines de personnes avaient misé de l'argent dessus. Si ça remontait aux oreilles des professeurs, il risquait d'avoir des ennuis...
Toujours est-il que la bibliothèque était donc assez vide. Les chaises et les tables s'alignaient au travers des différents rayonnages vides, et seuls les coups de tampons intensifs de Mrs Pince venaient troubler le calme du lieu. Ah...et les Maraudeurs aussi accessoirement. Les quatre garçons étaient au fond de la section Histoire Générale, l'air concentré.
Remus avait la tête plongée dans un énorme manuel, les coudes sur la table et les manches relevées tandis que ses yeux ambrés parcouraient les pages à grande vitesse, comme d'habitude. A côté de lui, Sirius épluchait avec assiduité une pile de journaux et les classait un par un selon leurs informations. Juste en face, James, la cravate dénouée, s'ébouriffait les cheveux en soupirant comme si rester inactif lui était insupportable. Enfin, Peter était debout et parcourait les étagères afin de trouver de nouvelles ressources de travail. Chacun semblait absorbé par sa tâche malgré la fatigue qu'on pouvait lire sur leur visage, preuve de leur temps long passé ici, juste assis à lire.
- Alors ? Demanda James, mal à l'aise du long silence qui régnait. Quelqu'un a trouvé quelque chose ?
- Rien de plus qu'il y a dix minutes, Cornedrue.
- Mais ça fait des heures qu'on est là !
- Seulement 45 minutes, rétorqua Remus. Et je te signale que Griselda Lynch n'est pas la personne la plus connue de l'univers. A part sa victoire au tournoi de Bouchon Baveux en 1961, elle n'a pas fait grand-chose.
- C'est déjà pas mal...
- Je t'en prie, si tu as envie d'abandonner le Quidditch pour te lancer dans une carrière de joueur de Bouchon Baveux, réalise ton rêve ! Ironisa Sirius.
James prit un air horrifié à la simple idée. Alors qu'il allait répondre, ils entendirent soudain un bruit sourd et un glapissement de douleur. Ce n'était que Peter qui avait visiblement fait tomber un énorme ouvrage intitulé La guerre des gobelins entre 1678 et 1743, la corrélation des empires face au destin, tome I, nouvelle édition.
- Peter...
- Désolé, marmonna-t-il.
- Evans serait choquée si elle te voyait traiter un livre comme ça, dit James avec un sourire.
Il se balançait sur sa chaise qui tenait en équilibre précaire sur deux pieds, les mains derrière la tête telle une incarnation parfaite de la nonchalance. Peter grommela en reposant le bouquin :
- C'est lui qui me maltraite plutôt que le contraire...
- Ne te victimise pas ainsi, je suis sûr qu'un jour tu arriveras à le battre !
- Oui et un jour Evans te trouvera supportable, lança Sirius goguenard.
La chaise retomba normalement sur le sol.
- Eh ! Je te ferais remarquer qu'Alexia et toi... commença James avant de s'interrompre.
- Oui ? Qu'est-ce que tu voulais dire ?
- Bah...
- Tout va bien entre moi et Alex, mais vas-y trouve autre chose.
Remus crispa ses doigts autour du bord de la table à cette affirmation et intervint en sentant la conversation partir sur un terrain glissant.
- Déjà on dit Alex et moi, c'est plus correct d'un point de vue grammatical ; et ensuite arrêtez de vous comporter en enfant, on a du travail à faire.
- Oui papa ! Dirent-ils en cœur.
- Bande d'idiot...
Ils éclatèrent de rire ensemble. Tandis qu'ils retournaient tous au travail, Remus les observa à la dérobée. Un rayon de soleil éclaira la pièce au même moment, soulignant les traits fins de Sirius, l'expression espiègle de James et les cheveux blonds pailles de Peter. Ils étaient tous ses amis, voire plus, il n'aurait jamais imaginé qu'une telle amitié soit possible, surtout pour lui au vu de sa condition mais ils n'avaient pas cessé de lui prouver le contraire depuis toutes ces années. Ça allait au-delà des mots.
Au bout de quelques minutes, James se leva d'un bond frénétiquement. Ils sursautèrent et se tournèrent vers lui, perplexes.
- Bon sang ! S'exclama Sirius. Qu'est-ce qui se passe ? Tu viens de...
- J'ai trouvé !
- Trouvé quoi ?
- Griselda Lynch !
Il leur tendit une coupure de journal tandis que ses amis se rassemblaient autour de Sirius pour pouvoir lire par-dessus son épaule. C'était un petit article en page 8 de la Gazette du Sorcier qui datait de 1964, soit sûrement trois ans après la naissance de l'enfant de Griselda, le traître de Gryffondor. Il était sous forme d'un paragraphe et ne faisait qu'une dizaine de ligne dans un encadré au bas de la page, coincé entre une publicité pour du savon à bulle magique et une promotion de -10% chez Ollivander. C'était un miracle que James l'ait repéré...
- Qu'est-ce que ça dit ?
- Lisez ! Ordonna-t-il.
Remus se pencha et commença sa lecture.
L'histoire tragique de Griselda Lynch
Il y a trois ans, nous vous faisions part les fiançailles de Gridelda Lynch, championne en titre de Bouchons Baveux avec son équipe lors du championnat national. Aujourd'hui, c'est avec tristesse que nous apprenons son décès la semaine passée et nos condoléances vont naturellement à sa famille.
L'histoire avait pourtant bien commencée jusqu'à ce que l'époux de Griselda Lynch, un moldu, ne découvre sa condition de sorcière alors qu'elle attendait leur deuxième enfant. D'après les témoignages, elle refusait de mentir plus longtemps à son mari à la suite de cette seconde grossesse mais ce dernier l'a visiblement quitté après sa révélation. Eperdue de chagrin, Griselda a alors mis fin à ses jours dans la nuit du samedi à dimanche. Le petit garçon de Griselda a été placé chez son oncle jusqu'à nouvel ordre.
Hier, nous avons rencontré le père de la jeune femme, Wilfred Lynch, qui a accepté notre interview pour nous livrer son ressentie. Il s'avoue très affecté, naturellement, par la perte de sa fille unique et rejette la faute sur son gendre en expliquant que cette situation n'est pas inédite dans le monde sorcier.
En effet, on se rappelle d'un cas similaire l'an passé. Le débat sur le secret magique et la perception des moldus sont à nouveau au cœur des débats, n'hésitez pas à nous envoyer vos opinions.
Thomas Sander, reporter à la Gazette du Sorcier
L'article terminé, Remus releva la tête, bouleversé. Il n'aurait jamais imaginé que l'histoire de Griselda se terminerait ainsi. Une photo d'elle accompagnait le bas de page et la jeune femme souriait à l'objectif, portant dans ses bras un trophée. A sa main, on pouvait toujours voir la fameuse bague ancienne surmontée d'une pierre verte ainsi qu'une alliance. Elle avait dû être prise un peu plus tard que celle du tournoi national de Bouchon Baveux. Il n'arrivait pas à croire qu'elle se soit suicidée enceinte après une rupture quand elle avait avoué la vérité à son mari...
Un long silence s'installa pendant plusieurs secondes puis Peter reprit la parole :
- Au moins, on sait que son enfant était bien un garçon. Ça confirme le témoignage de Pandora.
- C'est vrai, acquiesça James. Il faut vraiment qu'on se renseigne sur les garçons en cinquième année, parce qu'à part Kevin Mells on n'en connait aucun...
- Ça ne devrait pas être trop compliqué. Par contre de savoir qui parmi eux est le traître...
Remus laissa sa phrase en suspens puis regarda l'horloge. La bibliothèque n'allait pas tarder à fermer et ils allaient devoir partir s'ils ne voulaient pas se faire jeter dehors par Mrs Pince à coup d'encyclopédie. Oui c'était déjà arrivé...
Alors qu'il allait ranger les livres et les journaux dont ils avaient eu besoin tandis que les autres commençaient à avancer, Remus sentit soudain une présence derrière lui. Ce n'était que Sirius qui l'avait visiblement attendu, adossé contre une étagère avec son éternel air nonchalant et ses cheveux noirs qui encadraient son visage.
- T'es pas partit avec...
- Qu'est-ce qui s'est passé avec Anaïs hier ?
- Qu...quoi ?
- Je vous ai vu discuter à la fin du cours de Transplanage et elle est partit avec une tête de six pied de long pendant que toi tu t'enfuyais à toute jambe.
- Ce n'est pas ça, tenta-t-il de protester.
L'expression de Sirius se fit concernée et il fronça les sourcils.
- Alors qu'est-ce que c'est ?
- Elle m'a juste proposé qu'on aille à Pré-au-Lard ensemble, avoua Remus en soupirant. J'ai dit non.
- Quoi ?! Mais pourquoi ?
- Parce que... parce que... Oh tu sais très bien pourquoi Patmol.
- Justement, non. Et si tu me sors ta...enfin je veux dire « ton problème de fourrure » je te jure que je vais tout raconter à James pour qu'il te fasse la morale.
- Sirius...
- Tu sais que j'ai raison !
- Silence ! Cria Mrs Pince. Nous sommes dans une bibliothèque, jeunes gens. De toute façon, ça ferme, allez dehors !
Ils grimacèrent. Remus s'empressa de ramasser ses affaires, attrapa son sac puis ils sortirent de la salle en adressant un au revoir pressé à la bibliothécaire. Pourtant, Sirius ne laissa pas tomber et dès qu'ils se furent un peu éloignés dans le couloir il s'arrêta pour poursuivre leur conversation.
- Sérieusement, tu ne peux pas repousser Anaïs juste à cause de ça...
- Juste ? Répéta-t-il avec un rire sans joie. C'est plutôt important quand même !
- Et alors ? Ça ne peut pas t'empêcher de vivre !
- Tu ne comprends pas...
- Explique-moi dans ce cas !
La voix de Sirius avait pris de l'ampleur tandis qu'il s'énervait un peu plus à chaque seconde. Ce n'était pas nouveau, que ça soit pour lui, Peter ou James. Remus ne comptait plus les fois où ses amis lui avaient rabâchés les mêmes arguments contre les siens, qui étaient d'ailleurs toujours pareils également. Cependant, cette fois Remus fit volte-face et répliqua fortement :
- Je ne veux pas Sirius, d'accord ? Je ne veux pas avoir de relation avec elle, sortir avec elle, même être ami avec elle me coûte ! Tu sais pourquoi, ça ne sert à rien de le nier ! Je ne suis pas normal et je ne le serai jamais, ma vie ne sera jamais normale !
- Mais...
- Mais quoi ? Coupa-t-il, les bras écartés. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Que j'accepte de sortir avec Anaïs pour lui mentir tout le temps ? Que je lui serve la même excuse de ma mère malade chaque mois, que je ne sois pas sincère avec elle pour qu'un beau jour elle découvre tout en tombant sur moi à l'infirmerie par hasard ou en regardant les calendriers de pleine lune ? J'ai assez de respect pour elle pour ne pas lui faire ça.
- Tu n'as jamais pensé qu'elle pourrait aussi t'accepter comme tu es, si tu lui avouais ? La franchise ça peut être bien aussi !
- Honnêtement, tu es bien la dernière personne dont j'ai envie d'entendre parler de franchise, surtout dans un couple !
Silence perplexe.
- Comment ça ?
Remus savait qu'il aurait dû s'arrêter là, faire marche arrière, mais maintenant qu'il était lancé il avait l'impression qu'il ne pouvait plus interrompre le flot de parole qui se bousculait contre ses lèvres.
- Disons que tu n'es pas la personne la plus communicative au monde. Je dois rappeler le nombre de fois où tu t'es contenté de garder le silence sur ta famille, même avec James ? Le nombre de fois où tu nous as dit « ça va, je suis juste tombé » alors que tu avais des bleus partout sur le corps ?
Pâle, Sirius ne répondit rien et fixa le sol obstinément.
- Donc franchement, je pense que je n'ai pas de conseil à recevoir de ta part Patmol.
Remus réajusta sa prise sur son sac avant de se remettre en marche, le corps tremblant. Alors qu'il pensait en avoir terminé, Sirius reprit :
- Qu'est-ce que tu voulais dire « surtout dans un couple » ?
- Quoi ?
- Ne fais pas l'innocent, tu viens de dire ça il y a deux minutes...
- Je... je... bégaya-t-il.
- Oui ?
- Tu devrais parler avec Alexia, se contenta de dire Remus, fatigué.
- Alex ? Qu'est-ce qu'elle vient faire là-dedans ?
Voilà, on y était, songea-t-il. Il avait réussi à tenir sa langue pendant un mois mais il ne pouvait plus. Tout comme il se refusait de mentir à Anaïs sur sa lycanthropie, il ne voulait pas avoir à regarder son meilleur ami dans les yeux et à lui cacher la vérité continuellement.
- Je pense que c'est à elle de te le dire, Patmol.
- Non, visiblement tu sais quelque chose alors vas-y. Elle est... elle est encore en colère contre moi pour la dernière fois ?
Sirius ne voyait réellement pas ce qu'elle pouvait lui cacher, mais il savait qu'elle s'était rapprochée de Remus depuis qu'elle avait appris pour son « problème de fourrure » et qu'ainsi elle lui avait peut-être confié quelque chose.
- Allez Lunard, dis-moi ! S'il te plait...
Une main sur le visage, Remus soupira. Ça ne devrait pas être à lui de le faire mais en même temps il devait prendre ses responsabilités. Inspirant un grand coup, il commença, la voix tremblante :
- Je... Je ne t'ai pas vraiment tout dit quand je t'ai raconté la façon dont elle a découvert que j'étais un loup-garou... Elle ne m'a pas juste surpris à l'infirmerie, il y avait plus. Elle n'avait pas réellement la grippe...
- Qu'est-ce que... comment ça ?
Alors Remus lui avoua tout. Comment Alexia l'avait trouvé, leur pacte de se révéler chacun leur secret du moment qu'ils gardaient le silence. La maladie de la jeune fille, les fioles de potion qu'il gardait désormais sur lui pour éviter un accident, la dissimulation à tout le monde même à ses amies. Puis vînt la question un peu plus délicate...
- Je voulais te le dire, assura-t-il. Dès le lendemain...
- Pourquoi est-ce que tu ne l'as pas fait ?!
Sirius était appuyé contre le mur comme s'il n'était plus très sûr de pouvoir tenir debout et ses yeux jetaient des éclairs, la colère et l'abasourdissement inscrit sur ses traits.
- Alexia ne voulait pas...
- Et alors ? Tu es mon ami non ?
- Evidemment ! Je voulais te le dire, Sirius, je te le jure, mais elle...
- Elle quoi ? Cria-t-il.
- Elle m'a dit que si je faisais ça, elle irait révéler ma lycanthropie à Anaïs, murmura Remus.
Il y eu un moment de flottement pendant lequel ils se regardèrent l'un l'autre, face à face.
- Alex n'aurait jamais fait ça...
- Elle... elle était vraiment terrifiée que tu le saches, il faut la comprendre et...
Mais Sirius ne paraissait plus l'écouter. Il avait besoin de trouver Alexia, de lui parler, de mettre les choses au clair. Ça devait être un malentendu, ça ne pouvait être que ça. L'expression désolée de Remus lui retournait l'estomac, c'était celle qu'il détestait et que son ami avait quand il parlait de lui-même, quand il pensait être un monstre.
Toutes les informations tournaient à toute vitesse dans son esprit et il avait l'impression d'être immergé sous l'eau, les oreilles bourdonnantes.
- Les gars ! Lança soudain une voix toute proche. Vous êtes là ?
D'un coup, James débarqua, le pas léger et l'air de bonne humeur. Il ne parut pas se rendre compte immédiatement du problème.
- Où est-ce que vous étiez ? Peter est déjà retourné à la salle commune et... Sirius ? Tu vas bien ?
- Il faut que j'y aille, dit-il brusquement.
- Quoi ? Où ça ?
Sirius ne répondit pas et lui passa devant sans un regard, courant presque vers la tour de Gryffondor.
- Mais... Qu'est-ce qu'il a ? Remus ?
- Je crois que je viens de faire une connerie, James...
**
*
- Dorcas...
- Hum ?
- C'est à toi ce pull ?
Dorcas releva la tête à la question de Marlène. Elle tenait un pull bleu dans sa main, perplexe. Il faut dire qu'après presque six ans à partager une chambre, les filles connaissaient les affaires des autres sur le bout des doigts et ce pull était bien trop petit pour appartenir à Dorcas.
- Oh... euh, une amie me l'a prêté...
- Une amie ? Quelle amie ?
- On est tes seules amies ! Lança Alexia depuis son lit.
- Eh !
- Il en faut de la patience pour supporter son sale caractère, renchérit Lily.
Les filles éclatèrent de rire à l'expression outrée de Dorcas.
- Non sérieusement, qui te l'a prêté ? Il est sympa !
- Bah...
- Oui ?
Dorcas savait qu'elle pourrait mentir, là maintenant. Elle pourrait inventer une histoire simple, ses amies ne poseraient pas plus de question et on ne reparlerait plus jamais de ce satané pull. Pourtant, elle se dit que c'était peut-être l'occasion qu'elle attendait depuis plusieurs semaines.
- Dorcas ? Appela Lily. Ici la terre ! Tu vas bien ?
- J'ai quelque chose à vous dire.
- Si c'est pour nous avouer que tu as triché au test de Sortilège, on est déjà au courant tu sais, intervint Marlène.
- Non, rit-elle, ce n'est pas ça. Venez là !
Elles échangèrent toutes un regard perplexe mais obtempérèrent et une seconde plus tard, elles furent toutes assises sur le même lit. C'était d'ailleurs un miracle qu'elles arrivent toutes à tenir dessus...
- Je... Je sors avec quelqu'un.
- Quoi ?
- Depuis plusieurs semaines, j'attendais juste le bon moment pour vous le dire.
- C'est génial Dorcas ! S'exclama Lily. Alors comment est-ce qu'il s'appelle ?
- Pitié, dis-moi que ce n'est pas encore Amos Diggory !
- Il était très gentil !
- Trop gentil, son sourire à fossettes m'exaspérait à la fin.
Dorcas secoua la tête.
- De toute façon Alex, ce n'est pas « il » mais « elle ».
Grand silence, le temps que l'information leur monte au cerveau. Les réactions furent différentes selon les filles. Marlène resta bouge-bée, bouche entre ouverte, tandis que Lily afficha un grand sourire et qu'Alexia bondit sur ses pieds en criant « Oh par Merlin ! ».
- Attends... elle ? Comme... une fille ?
- Ouais...
- Mais c'est... c'est...
- Trop bien ! Hurla Alexia brusquement.
Elle serra Dorcas de toutes ses forces.
- Et c'est qui alors ?
- Lucinda, Lucinda Talkabot.
- La capitaine de Serpentard ?
- Elle-même...
- Alor ça si je m'y attendais, souffla Marlène. Je ne sais même plus quoi dire !
- On est juste trop contente pour toi, Dorcas !
Dorcas sentit son cœur battre follement dans sa poitrine tandis qu'elles plongèrent toutes dans un câlin collectif. Ça n'avait pas été si difficile que ça en fin de compte et elle était heureuse que les autres soient au courant désormais. Lucinda en avait marre de se cacher aussi. Maintenant qu'elles étaient sûres que leur couple fonctionnait, elles pourraient se montrer en public sans craindre les conséquences et ceux qui auraient quelque chose à y redire auront à faire ça au mauvais caractère de Dorcas !
- Elle embrasse bien ?
- Alexia !
- Quoi ? Je veux des détails !
Lily leva les yeux au ciel.
Brusquement, la porte de leur dortoir s'ouvrit à la volée, ce qui les fit sursauter. Ce n'était que Sirius qui venait de débarquer.
- Black ? Qu'est-ce que tu fais dans notre chambre ?
- Je dois parler à Alex.
- Tout de suite ? Demanda Dorcas. Ça ne pouvait pas attendre que...
- Non, ça ne peut pas !
Marlène fronça les sourcils en entendant le ton de sa voix, accompagné d'un air sérieux qui ne lui ressemblait pas. Doucement, elles descendirent du lit et se dirigèrent vers le couloir.
- On va vous laisser alors... On sera dans la salle commune, Alex.
- Pas de problème, dit-elle.
Elle referma la porte dans le dos de ses amies puis se tourna vers Sirius, inquiète. Il avait l'air extrêmement agité et regardait obstinément le mur en face de lui comme s'il refusait de croiser son regard.
- Sirius ? Ça va ?
- Non !
Alexia sursauta.
- Calme-toi, je...
- A vrai dire j'ai assez de mal à rester calme, princesse !
- Je ne comprends pas...
- Remus et moi, on a eu une petite conversation ensemble.
Un sentiment de terreur pur s'empara du corps de la jeune fille.
- Qu'est-ce que...
- Pourquoi est-ce que tu ne me l'as pas dit, Alex ?!
- Je...
- Pourquoi ?!
- J'avais peur, dit-elle précipitamment, je ne voulais pas que les gens sachent...
- Tu es ma meilleure amie, on sort ensemble ! Ça ne t'ai jamais venu à l'esprit que j'avais le droit de savoir !
Alexia déglutit, les larmes aux yeux.
- Les gens changent de comportement quand ils savent...
- Arrête tes conneries, coupa-t-il. « Les gens » par-ci, « les gens » par-là ! Je ne suis pas tout le monde, Alex ! Un de mes meilleurs amis est un loup-garou, je ne l'ai jamais traité différemment !
- Il se transforme une fois par mois et le reste de sa vie sera à peu près normale ! Je vais mourir dans quelques années ! Répliqua-t-elle.
- Ne dis pas ça...
- Il n'y a pas de traitement ! J'ai dû arrêter le Quiddicth parce que je n'arrive plus à respirer !
Sirius pensa une seconde qu'il avait finalement eu raison sur le fait qu'elle mentait à propos de son départ de l'équipe, mais sa colère reprit le dessus bien vite.
- J'aurais quand même voulu la vérité...
- Sirius...
Elle fit un pas en avant et tendit la main vers lui. Il recula instinctivement.
- On peut en parler, murmura-t-elle, s'il te plait calme-toi.
- Je crois au contraire qu'on n'a plus rien à se dire.
Il commença à avancer vers la porte mais elle lui bloqua le passage, les larmes dévalant ses joues.
- Tu ne peux pas...
- Pousse-toi.
- Je t'aime ! Cria-t-elle.
Sirius se figea. Il avait l'impression que son corps entier tremblait et que sortir de ce dortoir était encore plus dur que de quitter Square Grimmaurd il y a tous ces mois. Pourtant, l'image de Remus, culpabilisant, s'imposa dans son esprit
- S'il y a bien une ligne à ne pas franchir, ce sont mes amis, dit-il d'une voix dure. Tu as fait la plus grande erreur que tu pouvais faire en t'en prenant à lui.
- Sirius je suis désolée...
- Non. C'est fini Alex. Parce qu'entre mes amis et une fille, je les choisirai toujours. Ils sont ma famille.
Alexia regarda Sirius s'éloigner, les sanglots l'empêchant de respirer. Elle resta plusieurs minutes à fixer la chambre vide puis se laissa glisser contre le mur, les genoux contre la poitrine.
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En pleine correction/réécriture de ce chapitre, je voudrais ajouter une note : j'ai conscience que le coming out de Dorcas est idéal et très peu réaliste, surtout à cette époque. Je suppose que je voulais quelque chose de feel good à l'époque, même si ça aurait été sans doute intéressant à traiter plus profondément. Je ne changerai pas la scène pour laisser cette ambiance parce que je pense qu'on a besoin de temps en temps de voir des coming out comme ceux-là, mais je traiterai davantage le sujet dans mon autre histoire, L'héritage d'Ilvermorny.
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