Le lendemain matin, le réveil fut difficile. James avait passé deux mois à se lever tous les jours vers onze heures, aussi, quand il ouvrit les yeux à sept heures ce lundi matin il maudit celui qui avait décrété que les cours devaient commencer tôt. Malgré tout, sécher dès le premier jour aurait sûrement été mal vu donc il se força à sortir du lit.

Il entendit le bruit de l'eau qui coulait dans la salle de bain, signe que Remus était déjà sous la douche. C'était toujours lui qui prenait sa douche en premier. Assis sur son lit, Peter essayait d'émerger difficilement, les cheveux en bataille, et donnait à manger à leurs hiboux d'un air groggy. Apparemment, le retour à la vie du château était aussi dur pour les volatiles qui ne voulaient pas encore quitter leur maître et retourner à la volière.

Enfin, James se tourna vers le lit voisin au sien, celui de Sirius. Il retint un éclat de rire en voyant son meilleur ami encore profondément endormi, le visage enfoui dans son oreiller, un bras pendant dans le vide. Franchement, il aurait adoré avoir un appareil photo sous la main.

- Il faudrait peut-être le réveiller, non ? Suggéra-t-il.

- La dernière fois que j'ai essayé, il m'a balancé un sort qui m'a donné de l'urticaire pendant une semaine, dit Peter. Hors de question que je retente l'expérience.

James comprit le message implicite.

-Très bien, soupira-t-il, je m'en occupe.

D'un coup de pied, il repoussa ses couvertures, s'arrachant à la chaleur de son lit. Il s'approcha sans bruit de celui de Sirius, avisant le verre d'eau posé sur sa table de nuit. L'idée lui traversa l'esprit une demi-seconde mais il renonça. Pas assez original.

Soudain il trouva la solution. Attrapant sa baguette magique, il la pointa sur sa gorge et murmura :

- Sonorus.

James s'approcha ensuite de Sirius, tout près de son oreille, un grand sourire aux lèvres. Derrière lui, Peter observait attentivement, impatient de ce qui allait se passer.

- DEBOUT !!!!!!!! Hurla James brusquement.

- Ahhhhh !!!!!!!!

Bondissant pratiquement du matelas, Sirius se redressa en vitesse, l'air complètement perdu. En voyant ses trois amies éclater de rire, il reprit ses esprits et se renfrogna.

- Espèce de crétin ! J'aurais pu faire une crise cardiaque !

Mais James était dans l'impossibilité de lui répondre, trop occupé à s'étouffer de rire.

Le bruit avait dû alerter Remus car le jeune homme sortit de la salle de bain en catastrophe, vêtu d'un simple caleçon et ses cheveux châtains encore humide.

- Quoi ? Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

Il parcourut la chambre du regard, reconstruisant le scénario des dernières secondes en voyant un Sirius bouillonnant de rage et les autres hilares.

- Et le tact, James ? Le tact ! Dit-il, secouant la tête. On en avait déjà parlé pourtant...

- Désolé, j'ai pas pu résister. T'aurais dû voir sa tête, Lunard !

Remus leva les mains en l'air comme s'il priait Merlin de lui venir en aide.

Une fois que tous les garçons furent enfin prêts ils descendirent prendre leur petit-déjeuner. En arrivant dans la Grande Salle, ils s'assirent à la table de Gryffondor et James n'eut pas le temps de se saisir du paquet de céréale qu'un jeune garçon blond et mince au visage anguleux lui sauta pratiquement dessus.

- Capitaine ! Comment ça va ?

- Salut Adrian. Bien et toi ?

- Génial ! Quand est-ce qu'auront lieu les sélections ?

James se donna une claque mentale. Il n'avait pas encore fixé de date pour les sélections de Quidditch. Adrian Connelly, un quatrième année, était l'attrapeur de l'équipe. Sirius jouait au poste de batteur tandis que lui-même était poursuiveur avec comme coéquipiers Alexia et Mary McDonald. Matthew Bones, un troisième année, était le gardien. Encore jeune, Mais James devait organiser des sélections car son second batteur n'étant plus à l'école cette année, il faudrait bien le remplacer tôt ou tard.

- Je n'y ai pas encore pensé, sûrement en fin de semaine je dirais. Mary est dans ta classe n'est-ce pas ?

- Non, elle est en cinquième année. On a un an d'écart. 

- Ah... Mais tu peux lui faire passer le message ?

- C'est comme si c'était fait capitaine !

Adrian attrapa une pomme dans le panier de fruit, pivota sur ses hanches et s'enfuit à toutes jambes en sifflotant. Parfois ce gamin était vraiment trop survolté. Et pour que James pense ça, c'était qu'il fallait y aller fort quand même.

Alors que les Maraudeurs continuaient leur petit-déjeuner, Alexia et Marlène se laissèrent tomber sur le banc devant eux, l'air ensommeillé.

- T'as une tête à faire peur princesse, commenta Sirius en guise de bonjour.

- Waouh, tu sais parler aux filles, dit Marlène.

- T'inquiète pas pour moi McKinnon, les filles ne peuvent pas me résister.

Marlène leva les yeux au ciel et se servit un bol de café.

- Où sont les autres ? Demanda Remus.

- Dorcas et Lily sont parties poster des lettres pour leurs parents. Et vous ? De quoi vous parliez ?

-Des sélections de Quidditch, dit James. D'ailleurs Alex, elles sont prévues pour la fin de semaine. Ça te va ?

Alexia ne répondit pas, mal à l'aise. Elle s'agita légèrement, triturant nerveusement une mèche de ses cheveux bruns entre ses doigts et détourna obstinément le regard en voyant Sirius relever la tête vers elle face à son silence.

- Princesse ? Qu'est-ce qui se passe ?

- Ben... En ce qui concerne l'équipe de Quidditch...

- Quoi ? Dit James. Tu as peur de ne pas être reprise ? Tu n'as pas à t'en faire, tu es excellente, c'est plus une formalité qu'autre chose et...

- Ce n'est pas ça.

- Alors quoi ?

Inspirant fortement, Alexia planta ses yeux bleus dans ceux noisette de James.

- Je ne reprends pas mon poste de poursuiveuse cette année. J'arrête.

- Pardon ?

- Tu m'as bien entendu. J'arrête, James. Vraiment désolée.

- Non ! Tu ne peux pas me faire ça ! On a besoin de toi, j'ai besoin de toi Alex.

- Ce n'est plus possible. Il faut que je me concentre sur mes études et le Quidditch me prend trop de temps. Mais tu trouveras quelqu'un d'autre, ne t'inquiète pas. Il y a plein de joueurs prometteurs qui n'attendent que ça.

James l'observa un instant et finit par soupirer, hochant la tête. Après tout il ne pouvait pas non plus la forcer à rester dans l'équipe, c'était sa décision. Il fallait que ses joueurs soient motivés et s'investissent pleinement sinon ça ne servirait à rien. Peter lui adressa un sourire réconfortant et Remus lui tapota l'épaule.

- Bon, tu viens Marlène ? On doit aller jusqu'à la serre n°3, autant ne pas être en retard.

Marlène acquiesça et se leva à son tour. Alors que les deux filles commençaient à s'éloigner, Sirius retint Alexia par le poignet.

- Tu mens, déclara-t-il sûr de lui.

- Comment ça ?

- Je ne sais pas pourquoi tu veux quitter l'équipe mais ce n'est certainement pas pour ta réussite scolaire.

- Tu ne peux pas le savoir.

Un sourire moqueur se glissa sur le visage de Sirius et il la lâcha d'un air nonchalant.

- Je le sais, c'est tout. Je te connais princesse.

Alexia hésita une seconde mais renonça à argumenter en secouant la tête. Si Sirius voulait être énigmatique, libre à lui. Elle attrapa Marlène par le bras, l'entraînant à sa suite.

Finissant leur petit-déjeuner consciencieusement, Peter finit par sortir son emploi du temps déjà froissé de son sac et l'étala sur la table.

Il était encore plus chargé que l'année précédente mais au moins les garçons avaient pu abandonner certaines matières comme la botanique par exemple. Pour une raison inconnue, James et Sirius avaient préféré garder divination comme option mais Remus soupçonnait que c'était plus parce que c'était une des seules matières où ils pouvaient raconter n'importe quoi qu'autre chose. Peter avait pris l'étude des runes et lui-même continuait l'arithmancie puisqu'il avait obtenu un Optimal à ses BUSE. Comme seconde option, ils faisaient tous soins aux créatures magiques, s'assurant ainsi une bonne moyenne pratiquement sans effort, excepté Sirius qui avait choisi l'étude des moldus. Remus savait pertinemment qu'il n'avait pris cette option au départ que pour embêter sa famille même si ça avait étonnement fini par lui plaire.

- Alors ? On commence par quoi ?

- Métamorphose, répondit sombrement Peter.

- Ah ! Cette bonne vieille McGo m'avait manqué pendant les vacances, s'exclama Sirius.

- Allons-y, la sonnerie ne va pas tarder.

James se leva et attrapa un muffin et un pancake, histoire de compléter son petit-déjeuner sain et équilibré avant d'emboîter le pas à ses amis.

En arrivant dans la salle de classe de métamorphose, il prit place à côté de Sirius tandis que Remus et Peter s'installaient un rang devant eux. Quelques minutes plus tard, les chuchotements cessèrent et la porte s'ouvrit à nouveau.

Le professeur McGonagall entra, traversant la classe d'un pas raide avant de se planter devant ses élèves qui n'osaient pas bouger d'un cil. Ils avaient appris avec les années qu'il valait mieux ne pas la contrarier sous peine de subir son fameux regard noir. La légende voulait qu'elle ait un jour livré un élève au calamar géant parce qu'il n'avait pas rendu un devoir.

Tandis qu'elle commençait son traditionnel discours de début d'année en décrivant ses exigences, les pensées de James se mirent à errer. Au premier rang, Lily était assise à côté de Marlène, écoutant attentivement tout en prenant des notes. Elle avait relevé ses cheveux auburn en queue de cheval, révélant les taches de rousseur qui parsemaient sa nuque. Il se rappela de la soirée de la veille où ils avaient passé un repas entier ensemble sans que ça ne tourne en troisième guerre mondiale. C'était une chose nouvelle et James n'avait pas l'habitude. Il ne comptait plus les disputes entre eux, principalement à cause de Servilus. Merlin ce qu'il pouvait détester ce type mais qu'importe. Car comme d'habitude Lily Evans avait vu de la bonté, aussi absurde cette idée soit elle, dans ce personnage bizarre au nez crochu, aux cheveux gras et plongé dans la magie noire. En fait, Lily voyait la bonté chez tout le monde. Elle était d'une gentillesse incroyable et c'est ce qu'il aimait chez elle. Malgré toutes les fois où il l'avait poussé à bout, la jeune fille ne cessait de lui donner des secondes chances. Même après leur énorme dispute l'année dernière après l'examen des BUSE, Lily avait trouvé la force de passer outre et de revenir lui parler sur le quai de la gare avant le début des grandes vacances. James se souvenait encore de cette drôle de conversation.

« - Potter !

James se retourna, surpris d'entendre cette voix héler son nom. Il vit Lily slalomer dans la foule pour l'atteindre, essoufflée. Un peu plus loin, Dorcas l'attendait en tapant du pied. James hésita une seconde, incertain, avant de se tourner vers Sirius.

- Vas-y, je vous rejoins dans deux minutes.

- Sûr ?

- Si elle me tue, je te lègue mon balai, dit-il en souriant.

Levant les yeux au ciel, Sirius éclata de rire, si semblable à un aboiement de chien et s'éloigna sans protester. Quand James dirigea à nouveau son attention vers Lily, elle avait réussi à l'atteindre. Les joues rouges à cause de la chaleur, elle le fixa un moment sans briser le silence comme si elle-même ne savait pas trop pourquoi elle était là.

James se racla à la gorge.

- Tu voulais quelque chose ?

-Euh...oui. En fait oui. Je sais qu'on ne s'est pas beaucoup parlé depuis quelques semaines...

C'était un euphémisme. Après le fiasco de leur dispute qui avait suivi l'épreuve de Défense Contre les Forces du Mal, Lily avait été glaciale avec lui. Déjà que ce n'était pas l'amour fou entre eux, la situation était devenue intenable. Il avait bien essayé de s'excuser mais Lily l'avait royalement ignoré.

- Ecoute, reprit-elle, je voulais te dire que malgré ce que j'ai dit ce jour-là je ne te hais pas, Potter. Ça ne signifie pas que je te pardonne mais je voulais que tu le saches.

- Evans, écoute... Je suis vraiment désolé. C'était stupide ce que j'ai fait à Servi...à Rogue. Je sais que ça t'as blessée et je m'en excuse.

Lily eut un sourire triste et amer à la fois. Visiblement les mots que son meilleur ami avait eu à son égard lui restaient cruellement en mémoire. En voyant la sincérité sur le visage de Potter, elle ne put s'empêcher de lui adresser un petit sourire.

- Merci, dit-elle avant de jeter un coup d'œil par-dessus son épaule. Bon, je dois y aller. Dorcas m'attend et mes parents vont s'inquiéter.

- Pas de problème. Bonnes vacances, Evans.

- Toi aussi, Potter.

Puis elle s'était mêlée à la foule et James l'avait perdu du vu, toujours aussi incrédule d'avoir eu cette conversation avec la jeune fille. »

Revenant à la réalité, James détacha son regard de Lily en sentant un coup de coude dans ses côtes. Il se tourna vers Sirius qui souriait d'un air goguenard.

- Arrête de la fixer comme ça, on dirait un psychopathe.

- N'importe quoi...

- Je t'assure. Je sais que t'es amoureux d'elle mais là ça fait peur.

- Je ne suis pas amoureux de Lily, protesta James.

- James, dit Sirius, tout le monde sait que tu es amoureux de Lily. Même ton elfe de maison le sait, c'est dire.

Alors que James ouvrait à nouveau la bouche, il fut coupé par le professeur McGonagall, visiblement exaspérée.

- Messieurs Potter et Black, je ne vous dérange pas trop ? Dit-elle sèchement.

- Euh...

- Ca ne sera pas utile de répondre ! Allez, séparez-vous. J'aurais dû le faire dès le début.

- Quoi ? S'insurgea Sirius. Vous ne pouvez pas faire ça.

- Bien sûr que si, monsieur Black. Pour la simple et bonne que je vous connais et que j'aimerais finir le programme sans incident.

Sirius soupira et rendit les armes. Attrapant ses affaires, il se dirigea vers la table d'Alexia qui était toute seule puisque Dorcas s'était mise à côté d'un garçon de Serdaigle, mais le professeur l'arrêta.

- Certainement pas. Vous êtes tout aussi infernal avec miss Cassidy. Venez plutôt au premier rang, je pourrai ainsi vous garder à l'œil.

- Admirer ma beauté à votre guise vous voulez dire, répliqua-t-il avec un sourire charmeur.

McGonagall pinça les lèvres sans répondre puis continua son cours.

La fin de la journée arriva rapidement. Quand le dernier cours se finit enfin, Lily ressortit de la classe d'arithmancie, épuisé. Les professeurs ne semblaient pas être au courant que c'était seulement la première journée de cours et avaient englouti les élèves sous les devoirs. Parfois elle regrettait vraiment d'avoir pris autant d'option.

- Fatiguée ? Lui demanda Remus, son sac sur l'épaule.

- Oh que oui ! En plus je n'ai rien compris aux calculs d'aujourd'hui.

- Toi aussi ? Je ne suis pas le seul ?

- Non, rassure-toi, dit-elle en souriant. On peut aller réviser nos notes à la bibliothèque si tu veux ?

Remus secoua la tête d'un air désolé.

- J'ai mes rondes de préfet ce soir.

- Pas de chance. Les miennes ne commencent que mercredi.

Elle lui adressa un dernier sourire tandis qu'il s'éloignait, les épaules voûtées. Remus n'avait jamais l'air en pleine forme de toute façon, elle l'avait remarqué. Il paraissait souvent fatigué comme s'il portait un fardeau trop lourd pour lui et il n'était pas rare que des cernes soulignent ses yeux ambrés. Lily savait que sa mère était malade, ce qui l'obligeait à lui rendre une visite chaque mois. Elle supposait donc qu'il avait hérité de sa santé fragile.

Quand Remus eu disparu de son champ de vision à l'angle du couloir, Lily reprit sa route. Elle était toute seule puisqu'aucune de ses amies n'avaient pris arithmancie comme option. Dorcas et Alexia n'auraient certainement pas eu la patience, quant à Marlène elle avait préféré prendre soins aux créatures magiques.

Brusquent, alors que Lily allait tourner au prochain couloir elle poussa un cri en manquant de percuter quelqu'un.

- Potter ! S'écria-t-elle. Fais un peu attention !

- Désolé mais ça t'arrive souvent de surgir comme ça sans prévenir ?

- C'est toi qui est apparu d'un coup.

James eut un sourire contrit. Ça lui apprendra à prendre des passages secrets pour aller plus vite.

- Tu n'aurais pas vu Remus ? Interrogea-t-il. Je le cherchais.

- Trop tard, il est déjà partit faire ses rondes de préfet.

- Mince ! Du coup ça veut dire que je te raccompagne à la salle commune ?

- Ce n'est pas...

Mais elle n'eut pas le temps de protester car James lui saisit le bras, l'entraînant à sa suite. Parfois elle se disait qu'elle était trop gentille et qu'elle devrait apprendre à dire non. Et puis elle se rappela qu'elle était en compagnie de Potter. S'il y avait bien une chose qu'elle savait faire c'était l'envoyer balader.

- Lâche-moi immédiatement !

- Oh Evans, arrête de toujours râler comme ça.

- Je te réserve cet honneur, ce n'est pas de ma faute tu m'énerves.

- Je pourrais me plaindre aussi tu sais. On ne peut pas dire que tu sois la personne la plus aimable au monde.

Lily se stoppa brusquement, le forçant par conséquent à faire de même.

- Si c'est ce que tu penses, pourquoi tu ne me laisses pas tranquille Potter ? Demanda-t-elle énervée.

- A croire que je ne peux pas me passer de toi...

La sincérité de sa réponse frappa Lily en pleine poitrine. Elle garda le silence quelques secondes avant de secouer la tête. Il se moquait d'elle, comme d'habitude. Potter ne pouvait pas être sérieux deux minutes après tout.

- Ridicule, murmura-t-elle.

- Evans, écoute, je...

- Lily ! Qu'est-ce que tu... Appela une voix dans son dos avant de se stopper net. Toi !

Lily se retourna pour découvrir Severus qui visiblement ne s'attendait pas à la trouver en compagnie de Potter. Il fixait le Gryffondor avec un air de dégoût, tremblant presque de rage. James lui renvoya son regard, immédiatement tendu. La simple vue de Rogue suffisait à le mettre en colère.

- Qu'est-ce que tu fais là Potter ? Cracha Severus.

- Je pourrais te retourner la question. Ce n'est pas l'heure du rituel en l'honneur de la magie noire chez les Serpentard ?

- Tais-toi ! Tu te crois plus intelligent pas vrai ? Tu es pitoyable !

- Pitoyable ? Répéta James. Regarde-toi dans un miroir Servilus et profites en pour aller te laver les cheveux !

- Stop ! Hurla Lily, s'interposant entre eux. Vous êtes aussi idiot l'un que l'autre. Et Potter, merci bien mais ça ne te concerne pas. Laisse-nous.

- Mais Evans...

Face aux yeux émeraude de sa camarade qui lui lançaient des éclairs, James préféra battre en retraite. Pour cette fois. Décochant un dernier regard noir au Serpentard, il tourna les talons, fulminant. Il avait détesté ce type à la seconde où il l'avait rencontré dans le Poudlard Express, lors de son premier voyage. Rogue représentait tout ce qu'il détestait. La solitude, le pessimisme, et surtout la magie noire. James n'arrivait pas à comprendre qu'on puisse être fasciné par quelque chose d'aussi maléfique. Et qu'on ne vienne pas lui dire que Rogue agissait comme ça à cause de son éducation. A vrai dire, il ne savait rien de la vie personnelle du Serpentard mais il ne pouvait qu'imaginer ce qui l'avait conduit à devenir ce personnage obscur. Parce que si son amitié avec Sirius lui avait bien appris quelque chose c'était qu'on pouvait toujours rejeter les ténèbres pour la lumière. Or, Rogue avait choisi son camp quoi qu'il puisse dire.

Toujours dans le couloir, Lily fit volteface vers son ancien meilleur ami, furibonde.

- Tu ne peux pas t'en empêcher, n'est-ce pas ? Jeta-t-elle avec colère. Il fallait évidemment que tu le provoques !

- Ne me dis pas que tu prends sa défense à lui ?!

- Je prends la défense de personne, Sev ! Mais ce que vous venez de faire était puérile et immature !

Severus sursauta en l'entendant employer son ancien surnom, une lueur d'espoir s'allumant dans ses yeux noirs. Après tout, peut-être que tout n'était pas perdu.

- Lily...dit-il doucement. Je suis désolé.

- Pour quoi ? Pour ce qui vient de se passer avec Potter ou pour m'avoir traité de sang-de-bourbe ?

- Je n'ai jamais voulu dire ça, Lily !

- Alors quoi ? Ça t'a échappé c'est ça ? Oh et puis je ne sais pas pourquoi on continu de débattre là-dessus, on a déjà eu cette conversation cent fois.

- C'est faux, protesta Severus. Tu ne me laisses jamais l'occasion de finir. Lily, si tu savais comme je regrette. J'aimerais que les choses redeviennent comme avant...

- Mais les choses ont changé, Sev. J'ai changé et toi aussi. On n'est plus les enfants qui jouaient près de l'étang en découvrant leurs pouvoirs magiques. On a grandi.

- On pourrait quand même rester amis...

Lily secoua tristement la tête, les larmes aux yeux. Elle détestait avoir à faire ça mais elle avait besoin de lui faire comprendre ce qu'elle ressentait. Pourtant en voyant le remord sur son visage elle n'avait qu'une envie : lui pardonner. Parce que Severus était celui qui était à ses côtés depuis le début. C'était lui qui lui avait ouvert les portes du monde de la magie, qui pour la première fois lui avait dit qu'elle n'était pas un monstre. Malgré tout, à chaque fois qu'elle le voyait, elle ne pouvait s'empêcher de se souvenir de sa voix pleine d'amertume et de rage qui la traitait de sang-de-bourbe. Severus avait changé. Il n'était plus le petit garçon de onze ans qu'elle avait connu. Ou qu'elle avait cru connaître du moins.

- Non, Sev, dit-elle dans un souffle. On ne pourrait plus être amis pour la simple raison que mes amis ne s'amusent pas à pratiquer la magie noire pour le plaisir. Je n'ai pas oublié ce que Mulciber et Avery ont fait à Mary McDonald l'année dernière.

- Je n'avais rien à voir avec ça, je te le jure !

- Mais tu ne désapprouves pas complètement non plus, n'est-ce pas ?

Le silence de Severus était la plus éloquente des réponses. Lily soupira, la poitrine prise dans un étau qui semblait se resserrer à mesure que les secondes s'écoulaient.

- Lily, tu ne sais pas ce qui se passe dehors, dit-il, angoissé. Le Seigneur des Ténèbres gagne en puissance. J'entends les conversations dans ma salle commune. Ce n'est pas sûr pour les gens comme toi en ce moment. Je pourrais te protéger.

- Les gens comme moi, hein ? Répéta Lily. Tu t'entends, Sev ? Je ne suis pas différente de toi parce que mes parents sont moldus !

- Bien sûr, je le sais mais...

- Mais quoi Severus ? Cria-t-elle brusquement. Ça serait mieux si j'étais née sang-pur, c'est ça ?

- Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire...

- Ca n'a pas d'importance, coupa-t-elle. J'ai pris ma décision. Donc je te le demande une dernière fois Severus. Sors de ma vie.

Lily n'attendit pas de voir l'expression peinée sur le visage du Serpentard et se retourna sans un mot de plus, fuyant le plus vite possible. Elle aurait presque eu envie qu'il lui court après, qu'il la retienne mais en même temps elle fut également soulagée qu'il s'abstienne. D'un battement de paupière, elle chassa les larmes qui menaçaient de couler, relevant la tête. Elle devait être forte et assumer sa décision. Pourtant ça ne rendait pas les choses moins douloureuses. Car Lily Evans venait de perdre son meilleur ami. Une fois de plus. Une fois de trop.