Tome I - Chapitre 29 : Balade qui tourne mal
- Je viens de me faire menacer juste pour venir te voir, tu réalises la chance que tu as ?
Alexia se retourna dans son lit au son de la voix de Lily. Elle soupira de soulagement. Ce n'était pas qu'elle s'ennuyait toute seule, séquestrée à l'infirmerie, mais un peu quand même. Remus était parti récupérer quelques affaires dans son dortoir ainsi que pour bouger un peu elle soupçonnait, et il n'était pas encore revenu étant donné qu'il était encore très tôt, à peine 8h30. Même les cours n'avaient pas commencé mais elle savait que ce n'était pas ça qui aurait empêché Lily de venir la voir.
- Des menaces ?
- Ouais, Pomfresh m'a dit qu'elle me jetterait dehors si je faisais trop de bruit. Mais on s'en fiche. Comment tu te sens ?
- Fatiguée, c'est tout. Je devrais sortir dans la journée, ce n'est qu'une simple grippe.
Le mensonge lui montait aux lèvres si facilement désormais qu'Alexia se demanda quand est-ce que c'était devenu une habitude si simple...
- C'est vrai ? Génial ! Tu manques à tout le monde.
- Vraiment ?
- Oui, même si Dorcas ne veut pas l'avouer.
Alexia éclata de rire.
- Je reviendrais vous embêter assez vite. Il ne me reste qu'une semaine chez les garçons pour le défi.
- Ah c'est vrai... Je continu à dire que tu vas perdre, affirma Lily, hésitante à poursuivre. Et en fait... avec Sirius ? C'est réglé votre dispute ?
- Oh... Non, pas vraiment. On n'a pas eu le temps de parler et il n'est pas venu me voir...
Elle sentit son estomac se tordre à ces mots. James et Peter étaient passés hier après le dîner pour prendre des nouvelles de Remus, ils devraient sans doute revenir dans la journée, mais aucune trace de Sirius. Elle se doutait qu'il avait voulu l'éviter ou bien qu'il était sûrement encore en colère. A vrai dire, cette situation la dépassait un peu et elle ne savait pas quoi faire pour la résoudre, la scène de leur dispute étant déjà assez gênante comme ça.
Lily dû remarquer son expression car elle posa une main réconfortante sur son bras.
- Ca va s'arranger tu verras, dit-elle.
- Tu ne connais pas Sirius, il peut être très buté quand il le veut.
- Je te rappelle que je peux l'être encore plus. Si je dois le forcer à venir te parler, crois-moi je le ferai.
Alexia sourit. Elle ne doutait pas une seule seconde que ça soit vrai, surtout si Dorcas venait lui donner un coup de main. Quiconque s'enfuirait en courant.
- Je sais bien, soupira-t-elle, mais c'est tellement compliqué parfois avec lui. Quand il se referme sur lui-même, j'ai l'impression de parler à un mur. Je le connais, je l'aime, seulement on manque cruellement de communication.
- Bon... Je ne prétends pas connaître Black, honnêtement, mais je pense qu'il faut juste que tu lui laisse du temps. Sirius ne sait pas aimer parce qu'il ne l'a jamais été.
- Comment ça ?
- Disons seulement que son enfance n'a pas dû être des plus joyeuses, répondit Lily sobrement.
Un souvenir jaillit dans l'esprit d'Alexia. Le premier jour des vacances, à la descente du train, elle avait vu Walburga Black sur le quai de la gare. Un frisson lui parcourut le dos en repensant à cette femme horrible, habillée entièrement en noir et à l'air austère, qui avait hurlé le nom de ses fils. Elle n'imaginait pas l'enfer que ça pouvait être de vivre avec une mère pareille. Certes, la sienne n'était pas parfaite, sa famille avait explosé au divorce de ses parents, mais ils s'aimaient tous sincèrement.
- Le cours de métamorphose ne va pas tarder, il faut que j'y aille. On se retrouve dans la salle commune en fin d'après-midi quand Pomfreh te laisse sortir ?
- Ouais, à tout à l'heure.
Lily la serra dans ses bras une dernière fois puis s'en alla rapidement.
L'heure suivante lui parut interminable jusqu'au retour de Remus. Il était soutenu par l'infirmière et tenait à peine sur ses jambes, le visage excessivement pâle. Alexia bondit sur ses pieds.
- Vous voulez de l'aide ?
- Ce n'est pas de refus, ce garçon est de plus en plus lourd chaque année.
- Merlin, il n'a vraiment pas l'air bien, s'inquiéta Alexia en passant son bras par-dessus son épaule pour le soutenir.
- C'est normal, il lui faudra une journée de repos pour s'en remettre. J'ai quelques potions en guise de vitamines également. Voilà, posez-le sur le lit, doucement.
Remus émit un gémissement fatigué alors que sa tête retombait contre l'oreiller et l'infirmière s'empressa de tirer les rideaux autour de son lit au cas où un élève rentrerait inopinément. Alexia resta une bonne heure à ses côtés, incapable de s'éloigner tant qu'il était encore endormi. Elle le trouvait plus jeune ainsi. Pour une fois, il avait l'air détendu et calme. Malgré tout, elle repéra de nombreuses griffures le long de ses bras et une sur sa joue. Il avait dû se les infliger lui-même durant la nuit.
- Alex ?
Elle sursauta.
- Eh Remus, murmura-t-elle. Enfin réveillé ?
- Ouais... Mais qu'est-ce que tu fais encore là ?
- Je voulais te voir avant de partir, m'assurer que tu allais bien. Les garçons devraient passer après les cours.
Remus hocha la tête. Ses amis passaient toujours, ce n'était pas une nouveauté.
- Il y a quelque chose d'autre ?
- En fait oui. Je... Tu me promets que tu ne diras rien pour ma maladie, pas vrai ?
- Je te le jure, dit-il. Et je serais mal placé de révéler ton secret alors que tu connais le mien.
Elle souffla de soulagement.
- Merci... Vraiment, merci.
- Pas de quoi, souffla-t-il, les yeux fermés.
- Tu veux que j'aille chercher Pomfresh ? Ou un médicament... ?
- Non, c'est bon, je vais juste dormir un peu.
Alexia lui serra la main.
- Bien sûr. Je reviendrai ce soir.
Sans faire de bruit, elle se leva et commença à rassembler ses affaires. Elle avait eu l'autorisation de partir depuis déjà une heure, il était temps qu'elle retourne dans la salle commune. Dans les couloirs, elle croisa plusieurs premières ou deuxièmes années qui avaient déjà terminé les cours et elle se demanda ce qu'elle allait bien pouvoir faire en attendant que ses amis la rejoignent.
A contre cœur, elle s'installa à une table pour faire son devoir de divination qui portait sur l'interprétation des rêves. Etant donné que ça faisait une semaine qu'elle dormait avec Sirius, ses rêves n'étaient pas vraiment appropriés pour un projet scolaire. Elle finit par adopter la technique de tous bons élèves : l'invention. Généralement, leur professeur aimait les choses qui finissaient bien et elle inventa plusieurs symboles idiots comme le soleil et les licornes en disant qu'elle vivrait heureuse et aurait beaucoup d'enfants, ce qui ne pouvait pas plus être éloigné de la réalité. Elle espérait sincèrement que leur prof ne connaisse pas les contes de fées moldus.
- Alexia !
Elle n'eut pas le temps de se retourner que Marlène lui sauta dans les bras et elle fut aveuglée par des mèches de cheveux blonds. Alexia éclata de rire avant de lui rendre son étreinte tandis que Lily et Dorcas arrivèrent plus sobrement.
- Alors cette grippe ? Tu vas mieux ?
- En pleine forme ! Tout va bien !
- Alex ! Hurla James, arrivant à son tour. Tu étais à l'infirmerie ?
- C'est maintenant que tu le remarques ? Je n'étais pas dans le dortoir hier soir tu sais...
James se figea. Il avait oublié que même si Remus lui avait avoué sa lycanthropie, elle n'était pas au courant pour les animagi et donc qu'il n'avait pas passé la nuit dans le dortoir. Quand son ami lui avait annoncé qu'il avait avoué son secret à la jeune fille, il en était presque tombé par terre et Sirius avait presque voulu se précipiter à l'infirmerie. Remus leur avait expliqué qu'il n'avait pas eu le choix quand elle l'avait surpris et lui avait posé des questions, bien qu'il soit resté assez vague sur les circonstances de cette révélation.
- Bien sûr que si je l'avais remarqué, c'était nettement plus silencieux et presque rangé ce matin !
- Hé ! Protesta Alexia. Je ne suis pas bordélique.
- Si ! Répliqua Lily. Et tu vas perdre ton pari.
- N'importe quoi...
A peine sa phrase achevée, James et Lily se lancèrent dans une liste de tous ses défauts en ce qui concernait le rangement. C'était un comble que pour une fois que ces deux-là soient d'accord sur quelque chose, ça devait être sur ce sujet.
Soudain, elle sentit une main se poser sur son épaule et elle se retourna, sachant déjà qui se trouvait derrière elle. Sirius.
- On peut parler ? Demanda-t-il.
- Je... oui...
Alexia lui emboita le pas. Elle était sûre d'avoir rougi en repensant à ce qui s'était passé la veille mais il fit semblant de ne pas le remarquer. Ils s'éloignèrent dans un coin de la salle commune, près d'une fenêtre qui formait une alcôve et donnait une vue imparable sur le côté ouest du parc.
La brune inspira avant de lever les yeux pour croiser son regard gris et sa gorge se noua une seconde tandis que les mots se bousculaient dans sa tête.
- Excuse-moi, s'exclama-t-elle. Pour hier je veux dire...
- Non, c'est moi, coupa Sirius. Je n'aurais pas dû m'énerver. Alex, c'était complètement idiot, je ne veux pas que tu te sentes mal à l'aise ou forcée de le faire. Je suis désolé.
- Je t'ai encouragé à continuer et...
- Et tu as voulu arrêter. Je comprends. C'est de ma faute, je me suis mis en colère contre toi alors qu'il n'y avait aucune raison. En plus tu étais malade. Adrian m'a raconté comment il t'avait trouvé dans le couloir.
Sirius déglutit, pâle.
- Imagine s'il n'avait pas été là. J'aurais dû être...
Elle le prit dans ses bras pour le faire taire. Elle ne supportait pas qu'il culpabilise pour ça alors qu'il n'y était pour rien, qu'elle n'avait même pas vraiment eu de grippe. Ils restèrent dans les bras l'un de l'autre un moment jusqu'à ce James vienne vers eux, un sourire en coin aux lèvres et les mains dans les poches.
- Réconciliés ?
- Oui !
- Génial, je peux récupérer Sirius maintenant ? On a des trucs à faire.
Alexia haussa un sourcil.
- Certainement pas, c'est mon jour de garde.
- Quoi ? Non, c'est le mien.
- Tu l'as eu hier puisque j'étais à l'infirmerie !
- Tu n'avais qu'à te couvrir au lieu de tomber malade, répliqua James.
Sirius faillit leur faire remarquer qu'il n'était pas un ours en peluche dont on se partageait la possession mais il laissa tomber. Ils étaient vraiment timbrés.
**
*
Il était presque 22h30 quand James sortit de la salle de bain, une serviette dans la main pour s'essuyer les cheveux qui devaient se dresser en épis sur sa tête. En fait il ressemblait sûrement à un hérisson géant. Près de son lit, il manqua de trébucher puisqu'il voyait toute la chambre floue et une main secourable apparue devant son visage pour lui tendre ses lunettes.
- Merci Patmol...
- De rien. J'avais peur que tu te fasses mal tout seul en te prenant la porte du placard.
- Très drôle... marmonna-t-il.
James se laissa tomber sur son lit, la tête dans son oreiller. Il aurait pu s'endormir sur place si la voix de Peter ne s'était pas manifestée.
- Les gars... Est-ce qu'on va parler de ce qui s'est passé hier soir ou pas ?
- Je ne vois pas de quoi tu veux parler.
- James !
- Laissez tomber. On n'a pas besoin d'aborder le sujet.
- Il n'a pas tort, intervint Sirius, les yeux dans le vague. Ça a vraiment dégénéré hier soir. C'est un miracle que Lily n'ait pas dit un mot.
- Elle est bonne actrice, répondit James. Et je sens qu'elle m'a laissé souffler aujourd'hui mais que je vais avoir le droit à une longue conversation demain.
Les souvenirs de la nuit dernière lui revinrent en mémoire et il frissonna. Ses amis avaient raison, bien entendu. Tout aurait pu être bien pire. Il s'était demandé toute la journée pourquoi les choses étaient parties en vrille et il était arrivé à la conclusion que le loup devait s'ennuyer dans l'espace restreint de la bordure de la forêt. Ils ne pouvaient pas le laisser librement dans le parc, c'était trop dangereux et quelqu'un pourrait les voir.
- Il faudrait aller repérer une clairière pour la prochaine pleine lune. On pourra mieux maîtriser le loup. Je crois qu'il y en a une à une dizaine de minute dans la Forêt Interdite, on avait été cherché des champignons en quatrième année, tu te souviens ?
- Je me souviens surtout que tu étais tombé dans un buisson d'orties, répliqua Sirius en riant.
Peter éclata de rire.
- Je ne prendrai même pas la peine de répondre à ça. Bref, il faudra aller faire du repérage.
- Ça ne va pas plaire à Remus.
- Mince, j'y avais pas pensé. Déjà qu'il n'aime pas quand on va dans la forêt, si en plus il sait qu'on y va pour lui...
- On n'est pas obligé de lui dire.
- Ouais, dit James, regardant le plafond. Et n'oubliez pas, vous ne lui dites rien sur ce qui s'est passé hier soir. Pas besoin de le culpabiliser.
Ses amis hochèrent la tête.
- Comment va ta jambe ? Demanda Sirius malgré tout.
- Bien. Evans a fait du bon boulot.
James se pencha pour observer sa blessure de la veille. Elle n'était même pas douloureuse. Presque inconsciemment, il repensa à comment tout ça était arrivé.
« Ils étaient tous dans le parc, près de l'entrée du saule cogneur quand l'accident s'était produit. Le loup était plus agité que d'habitude et James avait essayé de le calmer en tournant autour de lui pour le faire retourner dans la cabane hurlante. Le cerf était celui qui pouvait le mieux le maîtriser grâce à sa taille mais James n'avait pas dû faire attention et une seconde plus tard une douleur fulgurante fusa dans sa jambe (ou sa patte en fait). Il ne savait pas vraiment ce qui s'était passé ensuite, juste que Sirius avait réussi à faire rentrer le loup et qu'il était ensuite revenu avec Peter. Ils s'étaient tous alors retransformés et James se serait effondré si ses amis ne l'avaient pas soutenu.
- Merde ! Tu vas bien ?
- Franchement ? Non !
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Glapit Peter, les yeux écarquillés.
James serra les dents.
- Une griffure, c'est tout.
- Ce n'est pas... enfin je veux dire...
- Non, il faudrait une morsure pour qu'il y ait contamination, répondit Sirius. En plus il était sous forme animal, ça ne marche pas dans ce cas-là. C'est une juste une griffure normale.
- Juste une griffure ? Répéta James. Bah ça fait sacrément mal !
Ses amis échangèrent un regard, visiblement inquiets. Son pantalon commençait à être imbibé de sang et la douleur devenait de plus en plus forte. Finalement, Sirius prit la décision en le voyant pâlir.
- Il faut qu'on te ramène au château. Tu peux marcher ?
- A cloche-pied sans doute.
- Bon d'accord... Passe tes bras autour de nos épaules, on va te soutenir, ok ?
- Ouais. On a juste à espérer que Rusard dorme profondément.
Peter regarda sa montre.
- Il est 2h du matin, il doit dormir comme tout le monde. Il faut juste qu'on fasse attention. Quelqu'un a la carte ?
- Elle est restée au dortoir.
- On fera sans alors, décida Sirius. Allez on y va.
James manqua de tomber à plusieurs reprises et il dû se mordre la lèvre jusqu'au sang pour éviter de crier dans les escaliers tant la douleur devenait insupportable. Sirius essayait de le réconforter en lui disant de tenir, qu'ils étaient presque arrivés, mais James voyait bien qu'il n'en menait pas large non plus.
Il crut qu'ils n'allaient jamais réussir à réveiller la Grosse Dame qui ronchonna pendant plusieurs minutes avant de leur accorder l'entrée à la salle commune, mécontente d'avoir été dérangée à une heure pareille.
Cependant, dès qu'ils entrèrent dans la pièce, un cri de surprise s'éleva et James sentit son cœur s'arrêter en constatant que la salle commune n'était pas vide. Lily Evans se tenait devant eux, bouge-bée.
- Evans ?
- Merlin ! Cria-t-elle. James, qu'est-ce que... ?
Elle devait être hautement perturbée pour l'appeler par son prénom, pensa-t-il. Elle écarquilla les yeux en voyant les garçons porter James jusqu'au canapé où il se laissa tomber avec un grognement de douleur.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Une balade dans la Forêt Interdite qui a mal tourné c'est tout... C'est une griffure d'une bestiole non-identifiée, mentit Sirius.
- Quoi ? Ça pourrait être dangereux ! Il faut aller à l'infirmerie ou demander de l'aide à un professeur !
Lily commençait déjà à s'éloigner quand Peter lui barra brusquement le passage et elle manqua de lui rentrer dedans. Il semblait ne pas revenir lui-même de sa propre audace.
- Tu ne peux pas faire ça...
- Pardon ?
- Ils ne doivent pas savoir qu'on était dehors cette nuit, dit James.
Les professeurs n'étaient pas idiots, ça serait trop suspect que le soir de la pleine lune les Maraudeurs soient dehors. Dumbledore avait placé sa confiance en Remus et sa tolérance avait des limites. Personne ne devait savoir pour les animagi.
- On ne peut pas laisser Potter dans cet état ! Il lui faut des soins !
- Elle a raison... marmonna Sirius, la main dans les cheveux. Evans, tu avais fait un stage chez un médicomage l'été dernier, non ?
Lily se mordit la lèvre.
- Oui mais... je ne sais pas si je saurais...
- S'il te plait ! Il perd du sang...
Elle sembla hésiter une seconde mais la note de supplice dans la voix de Sirius acheva de la convaincre. Respirant un bon coup, elle hocha la tête.
- Très bien, dit-elle. Il me faut du matériel.
- On t'écoute.
- Black, tu t'occupes de trouver des bandages et du désinfectant et toi Pettigrow du fil et une aiguille. Peut-être aussi des compresses et un bol d'eau pour nettoyer la plaie...
- Tu as tout ça dans dix minutes. Par chance, on sait exactement comment forcer la réserve de Pomfresh !
- Je ferais semblant de ne pas avoir entendu... Allez, dépêchez-vous !
Ils ne se le firent pas dire deux fois et décollèrent de la salle commune en courant. Lily se tourna vers James, toujours assis sur le canapé, la tête renversée en arrière contre le dossier. Il était excessivement pâle.
- Tu tiens le coup ?
- Hum hum...
- Comment tu t'es fait ça, Potter ?
- On n'a juste pas fait attention, la bête est arrivée de nulle part.
Elle aurait aimé poser plus de question mais il paraissait tellement fatigué qu'elle abandonna le sujet. James lui jeta un coup d'œil en biais.
- Et toi ? Pourquoi est-ce que tu es debout à 2h du matin ?
- Comme la dernière fois, je n'arrivais pas à dormir... Je ne m'attendais pas à tomber sur vous en descendant ici.
- On est toujours plein de surprise, plaisanta-t-il.
- Un peu trop...
James décida de prendre ça pour un compliment.
- Tu veux faire une bataille d'eau ?
- La première m'a suffi, et puis je ne crois pas que tu sois en état cette fois. Bien que pour le coup j'aurais enfin une chance de te battre.
- Même blessé je te battrai à plat de couture, Evans.
- Tiens, ton égo est revenu.
- Ce n'était pas mon égo mais la pure vérité.
Lily rit malgré elle. Ce gars allait la rendre folle. Heureusement, comme promis, Sirius et Peter revinrent au bout d'une dizaine de minute, les bras chargés de fourniture médicale. Ils installèrent tout près de la jeune fille qui sentit soudain son cœur s'accélérer en prenant conscience de ce qu'elle allait devoir faire.
- Ça va ? Demanda Sirius.
- Hein ? Oh oui... Je...
- Quoi ?
- Je ne suis vraiment pas sûre de pouvoir y arriver. Et où est Remus ? Peut-être qu'il...
- Il est rentré chez lui voir sa mère.
- J'avais oublié... Tu parles d'un timing !
Sirius s'agenouilla en face d'elle, une main sur son bras.
- Ecoute Evans, je sais que la situation n'est pas vraiment réjouissante mais on ne peut pas aller prévenir les professeurs. S'il te plait, on a besoin de toi.
- Et si je le blesse encore plus ?
- Ça n'arrivera pas.
- Je te fais confiance, ajouta James. Juste, ne me fais par perdre ma jambe.
Lily s'étrangla de rire, à mi-chemin entre la panique et l'amusement.
Elle aligna toutes les fournitures, essayant de ne pas trembler. Certes, son stage avait été très intéressant mais elle n'avait pas pratiqué énormément non plus et avait passé la majorité de son temps à regarder ainsi qu'à prendre des notes. Terriblement consciente du regard des deux autres, elle commença par passer de l'eau sur la griffure pour enlever le sang autour puis elle appliqua le désinfectant avec précaution. James siffla de douleur et recula par réflexe.
- Arrête de gigoter ou je demande à Black de te tenir.
- Ça fait mal...
- Tu auras un bonbon à la fin comme les enfants si tu es courageux, répliqua Sirius goguenard.
Une fois que la plaie fut propre, Lily hésita. Elle avait demandé du fil et une aiguille au cas où elle aurait eu besoin de recoudre mais la blessure ne paraissait pas si profonde que ça. Alors qu'elle allait mettre le bandage, Peter l'arrêta.
- Je ne sais pas si ça peut t'aider mais on a trouvé ça dans la réserve...
Elle attrapa le petit pot qu'il lui tendait et plissa les yeux pour déchiffrer l'étiquette. « Crème pour les coupures, griffures ou piqûres d'origine magique ». Son visage s'éclaira.
- C'est parfait ! Merci !
Lily dévissa le bouchon et étala la crème aussi doucement qu'elle le pu. Une odeur d'eucalyptus flottait dans l'air quand elle banda finalement la jambe de James, faisant bien attention à ne pas trop le serrer.
- Et voilà !
- Evans, tu es parfaite...
Elle rougit.
- Bon ce n'est pas du travail de professionnel non plus... Si tu sens que ça s'infecte ou que ça devient bizarre, tu vas à l'infirmerie, d'accord ? Je ne veux pas avoir ta mort sur ma conscience !
- Je savais que tu te souciais de moi au fond...
- Non, c'est juste que je ne veux pas finir en prison pour meurtre seulement à cause de toi.
James sourit et se remit debout, chancelant. Il testa sa jambe en mettant son poids dessus mais pas plus de quelques secondes. Ça ne servait à rien d'aggraver la situation après tous les efforts de la jeune fille pour le soigner.
- Tu n'as qu'à refaire le bandage demain, voire une fois par jour pendant une semaine on ne sait jamais. Et applique la crème, elle aidera la plaie à cicatriser plus vite.
- Bien médicomage !
- Oh ! Une dernière chose... Je te jure que si j'apprends que vous êtes retournés dans cette maudite forêt McGonagall fera pâle figure en comparaison de ce que je vous ferai subir. C'est clair ?
Les garçons déglutirent et s'empressèrent d'acquiescer. Mettre Lily Evans en colère n'était jamais une bonne idée.
- Bon, je retourne me coucher. Bonne nuit.
- Bonne nuit Evans.
Lily fit un pas en avant puis se ravisa. Rapidement, elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa un léger baiser sur joue de James qui fit un bruit étranglé. Quand elle se recula, elle faillit éclater de rire en le voyant la bouche entre-ouverte, l'air sidéré.
- C'est pour te féliciter de ton courage... même si tu restes un imbécile imprudent.
- Tu ne pouvais pas me faire de plus beau compliment !
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