Tome I - Chapitre 28 : Quand la maladie vous rattrape


Assis sur sa chaise à la bibliothèque, Remus essayait tant bien que mal de se concentrer. Ça allait faire une heure qu'il était là avec Anaïs pour l'aider sur son devoir de métamorphose mais il devait avouer qu'il commençait à vraiment être fatigué. La pleine lune devait avoir lieu ce soir.

On était déjà début février et il n'avait pas vu le temps passer depuis le retour des vacances. Il faut dire que ça avait été assez mouvementé dernièrement, surtout la semaine passée. Non, il n'y avait pas eu de nouvelle agression mais leur chambre avait accueilli une cinquième personne. Alexia. La jeune fille était déterminée à remporter son pari idiot avec ses amies et avait donc investit leur dortoir (de force évidemment). C'était un miracle que l'administration n'est pas encore remarquée ce déménagement.

En tout cas, l'arrivée d'Alexia avait bouleversé un grand nombre de chose. Déjà il avait fallu lui trouver un lit, tâche assez compliquée quand on manquait déjà de place à la base. Au début, James avait proposé qu'ils dorment ensemble, puisqu'il considérait la jeune fille comme une petite sœur, ce à quoi Sirius avait protesté fortement. Puis sa seconde idée était que Peter dorme par terre pour lui laisser son lit, idée étrangement rejeté par le principal intéressé. Remus observait les négociations depuis son bureau, la tête dans les mains, et il s'était dit que franchement ses amis étaient complètement fous. Au final Alexia s'était installée avec Sirius, ce qui semblait le plus logique en fait. Et là était arrivé l'enfer. Toute la nuit, on pouvait entendre leur voix avec notamment les « tu prends toute la couverture » « rend-moi mon oreiller » « tu me donnes des coups de pied là ! » ou encore les rires qu'ils pensaient silencieux alors que pas du tout. Le pire du point de vue de Remus c'était que malgré tout ça, quand il se réveillait le matin avant les autres, ils trouvaient ces deux imbéciles qui dormaient profondément, blottis l'un contre l'autre.

Mais il n'y avait pas eu que cela comme problème, sinon ça aurait été trop simple. Parce que le but de ce défi à la base était quand même de montrer à quel point Alexia était bordélique (même si elle prétendait le contraire). Bon il fallait avouer que leur dortoir n'était déjà pas très bien rangé –quand on vivait avec Sirius et James depuis presque six ans on commençait à s'y faire- mais alors là l'état de la chambre battait des records. Surtout de la salle de bain à vrai dire. D'ailleurs la salle de bain donnait lieu à un véritable casse-tête. Remus n'oublierait jamais la fois où, mardi dernier, James était rentré dans la salle de bain et en était ressorti tout aussi vite, rouge pivoine en balbutiant des excuses tandis qu'Alexia le jetait dehors, serrant sa serviette contre elle. A partir de là, Sirius avait décrété qu'ils devaient bien vérifier avant d'entrer sinon il y aurait des représailles. Oh et puis le plus grand moment restait celui où Peter avait trouvé une boîte de tampon dans un tiroir en-dessous du lavabo et avait devenu aussi rouge qu'un souaffle.

Remus souriait en repensant à tous les souvenirs mouvementés quand il sentit soudain une main sur son bras.

- A quoi tu penses ? Demanda Anaïs avec douceur. Tu regardes dans le vague en souriant depuis tout à l'heure.

- Hein ? Oh désolé. Je... je pensais à mes amis.

- C'est marrant que tu dises ça parce qu'il y en un qui est venu me parler hier.

- Quoi ? Oh non, j'excuse d'avance...

Anaïs éclata de rire.

- Non, il a été très gentil. C'était James Potter. Il est assez sympa quand il ne drague pas Evans en fait.

- James... James est James, répondit-il faute de mieux. Et qu'est-ce qu'il voulait alors ?

- Ne sois pas nerveux, rit-elle. Ça s'est bien passé, vraiment. Il m'a même fait un éloge de ta personne en me disant que tu étais un ami formidable. Il m'avait demandé de ne rien te répéter mais j'ai trouvé ça tellement touchant...

Remus resta muet une seconde.

- Il a réellement fait ça ?

- Ouais.

- C'est... Il...

- Tu as de la chance Remus. Tes amis sont formidables.

- Je sais.

Elle sourit en le voyant détourner les yeux, ému. Alors qu'elle recommençait à écrire son devoir, elle le vit poser sa tête dans ses bras quelques minutes plus tard et l'inquiétude la gagna. Il n'avait pas eu l'air bien de toute l'après-midi mais ça paraissait s'aggraver à mesure que le temps passait.

- Remus ? Tu es sûr que ça va ?

- Oui oui...

- Tu es tout pâle. J'ai entendu dire qu'il y avait une épidémie de grippe en ce moment tu sais.

- Ce n'est rien, assura-t-il. De toute façon je vais passer deux jours chez moi, je vais me reposer.

Anaïs acquiesça, inquiète malgré tout. Elle savait que la mère de Remus était malade et qu'il avait une autorisation spéciale pour rentrer la voir une fois par mois pendant deux jours. C'était ses amis qui lui prenaient ses cours, on ne les voyait d'ailleurs jamais autant impliqués et assidus que pendant cette période.

- Je... Si tu as besoin de parler à propos de ta mère et tout ça... je suis là, d'accord ?

Touché par sa sollicitude, il culpabilisa immédiatement de lui mentir de la sorte. Remus se leva brusquement, chancelant sur ses pieds, et ramassa ses affaires.

- Remus ?

- Je dois y aller, dit-il précipitamment, mon portoloin ne va pas tarder. Tu connais McGonagall, si j'arrive en retard...

Il laissa la phrase en suspens, la laissant imaginer. Anaïs lui adressa un signe de la main tandis qu'il s'éloignait. Il devait se rendre à l'infirmerie dans la journée, comme d'habitude quand la fatigue était trop forte. Généralement, ça dépendait de la pleine lune. Dès fois il arrivait à tenir jusqu'à la fin des cours, aujourd'hui par exemple, même si la plupart du temps il abandonnait vers midi. Remus hésita à retourner à son dortoir pour prévenir les Maraudeurs mais il supposa qu'ils devineraient eux-mêmes et que de toute façon ils viendraient le voir ce soir avant d'aller le retrouver dans la cabane hurlante.

Arrivé devant la porte de l'infirmerie, il prit une profonde inspiration puis entra sans toquer. Mme Pomfresh sortit tout de suite de son bureau.

- Bonjour Mr Lupin, venez.

**

*

James ouvrit la porte de son placard, tentant d'enfiler sa cape en même temps. Il manqua bien évidemment de se ramasser par terre. Enervé, il termina d'abord de s'habiller et essaya ensuite de trouver son sac.

- On peut savoir pourquoi tu es si pressé ? Demanda Sirius dans son dos.

- J'ai rendez-vous avec Peter. Il faut qu'on aille bosser pour un devoir de sortilège. Tu veux venir ?

Sirius jeta un coup d'œil à Alexia qui était assise en tailleur sur le sol en train de lire un livre, adossée contre le pied du lit. Ils pourraient être tous les deux pour une fois.

- Non, c'est bon.

- Hum... D'accord. Et Alex ?

- Quoi ?

- Je crois que ça t'appartient.

Elle releva la tête pour voir James qui tenait une robe violette contre lui, sourire aux lèvres.

- Oh désolée. J'ai dû la ranger là par erreur.

- Rappelle-moi pourquoi on a accepté ce défi déjà ?

Il lui envoya la robe en pleine figure et elle éclata de rire. La colocation s'avérait être assez surprenante en fin de compte.

James boucla son sac puis se tourna vers eux.

- Bon les amoureux ! Lança-t-il sur le seuil. J'y vais.

- A tout à l'heure !

- Soyez sages !

Les sous-entendus dans sa voix étaient tellement évidents qu'Alexia se mit rougir. Dès que la porte claqua, elle sentit quelque chose lui frôler l'épaule et elle sursauta en se tournant vers la droite. Ce n'était que Sirius, allongé à l'envers de tout son long sur le lit, la tête renversée en arrière. Ses cheveux noirs formaient un halo autour de son visage fin et il souriait avec amusement.

- Viens là au lieu de rester par terre, dit-il.

La respiration d'Alexia se bloqua dans sa gorge et pour une fois ça n'avait rien à voir avec sa maladie. Elle réalisait à cet instant qu'elle n'avait jamais été réellement seule avec Sirius, encore moins dans une chambre. Priant pour avoir l'air décontracté, elle vint le rejoindre, la main crispée sur son livre. Après tout, ils avaient commencé à sortir ensemble quelques jours avant les vacances puis ils ne s'étaient plus vus pendant deux semaines. La rentrée datait peut-être d'un mois mais ça ne changeait pas grand-chose. Elle avait l'impression qu'ils n'avaient jamais eu de moment rien que pour eux, ni de retrouvailles, sans les amis autour.

- Pousse-toi, tu prends toute la place.

- Tant de délicatesse pour une fille, railla-t-il.

- Si tu sors avec moi pour ma délicatesse ou ma féminité, tu vas être déçu. Mais je peux toujours aller chercher Tessie Ryan si tu veux.

Sirius retint un frisson d'horreur à la mention de la Poufsouffle.

- Ses gloussements me hantent encore.

- Je ne comprends toujours pas ce que tu avais pu lui trouver...

- Jalouse ?

- Moi ? S'exclama-t-elle. Non !

Il haussa un sourcil en souriant.

- Peut-être un peu, mais avoue qu'elle était idiote. James ne la supportait pas non plus. Même Remus ! Et tu sais qu'il faut y aller fort pour que Remus n'aime pas quelqu'un.

- C'est vrai, consentit-il.

Lentement, il leva une main et remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille, s'attardant sur sa joue.

- Tu m'as vraiment manqué... murmura-t-il. Pendant les vacances.

- Réellement ?

- Ouais. J'ai pensé à venir chez toi ce soir-là... mais...

Alexia ne demanda pas de quel soir il parlait, ce n'était pas la peine. Elle serra sa main dans la sienne et reprit doucement :

- Mais ?

- Je... je ne voulais pas t'impliquer dans tout ça...

- Sirius...

- Je ne voulais que tu sois exposé à eux, à leur haine, à tout ce qu'ils représentent.

- Ca m'est égal. Sirius, je suis là si tu en as besoin. Ne cherche pas à me protéger, je peux très bien le faire toute seule. Fais-moi juste confiance.

Il eut un sourire en coin mais hocha quand même la tête, lui montrant qu'il comprenait. C'était nouveau pour lui. Depuis toujours, il refusait de parler de sa famille, à part avec James peut-être. Certes, il était ami avec Alexia depuis leurs douze ans mais ils n'en avaient jamais vraiment discuté ensemble. Il estimait que les autres n'avaient pas à subir ses problèmes. Seulement, Alexia ne se laisserait pas mettre à l'écart comme ça.

Sous une impulsion, il l'attira contre lui, un bras autour de sa taille. Elle se laissa faire, le visage enfoui dans son cou et il se raidit en sentant son souffle sur sa peau.

- Je suis sérieuse, reprit-elle. Tu n'as pas à supporter ça tout seul.

- Princesse... Tu dis ça mais tu n'as jamais rencontré ma mère. De toute façon c'est terminé maintenant.

- Il n'y a pas qu'eux. Regulus...

- Non ! Coupa-t-il. Arrête.

- Sirius...

Il planta son regard dans le sien.

- Comment est-ce que tu peux vouloir parler de ça ? Dit-il avec force. Après tout ce qu'ils ont pu dire sur les nés-moldu ou les sangs-mêlés ?

- Sur des gens comme moi en somme ? Tu crois que je ne sais pas que ta famille mépriserait sûrement la mienne si elles se rencontraient ? Evidemment que j'en suis consciente. Mais je pensais que James te l'avait assez répété, tu es différent. Et personne ne te tient responsable pour ta famille ou pour ses propos.

Sirius déglutit. Il n'avait jamais vraiment eu conscience de cette peur. Il réalisa à cet instant que la fille dans ses bras était incroyable. Sans réfléchir, il écrasa sa bouche contre la sienne et elle ferma les yeux. Son baiser était à la fois dur et désespéré et elle se demanda depuis combien temps il s'inquiétait à cause de ça. Elle essaya de le rassurer en l'embrassant en retour avec ferveur, passant sa main dans ses cheveux. Il resserra sa prise sur sa hanche puis la tira contre lui. Pendant un instant, Alexia repensa à leur premier baiser quand il l'avait délivré du placard. A ce moment-là, c'était elle qui était terrifiée, par la maladie bien sûr mais aussi par son enfermement. Elle voulait lui faire oublier ses peurs comme il l'avait fait avec elle.

- Alex...

Il passa sa main dans son dos et elle s'accrocha à ses épaules, pressant son corps contre le sien. Il gémit avant de se dégager. Alexia pouvait voir ses lèvres entre-ouvertes ainsi que sa respiration laborieuse mais elle devait après tout être dans le même état. Ils se regardèrent durant de longues secondes en silence.

- Est-ce que je peux... ? Souffla-t-il.

Elle hocha la tête et attrapa sa nuque, ramenant bouche contre la sienne. Cette fois le baiser était plus passionné, moins brutal, et Alexia sentit son sang chauffer dans ses veines. Sirius la fit basculer sur le dos, s'appuyant sur ses coudes pour ne pas peser sur elle. Il émit le même bruit de gorge que la dernière fois et elle ressentit une certaine fierté à en être la cause. Ils avaient sûrement des choses à faire, James ou Remus pouvaient revenir pour n'importe quelle raison, mais pour l'instant il n'y avait qu'eux. Alexia et Sirius. Accentuant le baiser, il joua une seconde avec l'ourlet de son pull avant que sa main ne remonte vers sa poitrine. Il l'embrassa dans le cou puis revint s'emparer de ses lèvres.

Jamais Alexia n'aurait pu se douter qu'elle arrêterait l'action si quelque chose comme ça se passait avec Sirius. Pourtant, avec le contact de peau contre peau, elle eut brusquement l'impression d'avoir une prise de consciente. Il y avait encore trop de non-dits entre eux et surtout trop de mensonges. Elle savait qu'elle devrait lui parler de sa maladie tandis que lui devrait sans doute lui révéler ses secrets aussi un jour mais ils n'étaient visiblement pas prêts, du moins elle savait qu'elle ne l'était pas.

Elle ne pouvait pas le faire. Elle voulait mais pas comme ça, pas sur tous ces non-dits.

Alexia détourna la tête, brisant le baiser. Cependant, Sirius sembla mal interpréter son geste car il détourna à nouveau sa bouche vers son cou et son souffle se bloqua dans sa gorge tandis qu'elle gémissait en fermant les yeux. Elle faillit changer d'avis mais en sentant sa main frôler son ventre, elle le repoussa doucement quoiqu'avec assez de fermeté pour le faire reculer.

Sirius s'écarta légèrement en relevant la tête, la respiration haletante.

- Alex qu'est-ce que... ?

- Je...je ne peux pas...je...

Sa main quitta sa hanche comme s'il venait se brûler et il détourna les yeux.

- Ouais, désolé... Je ne voulais pas... désolé, balbutia-t-il avant de rouler sur lui-même, se remettant sur ses pieds.

Avant qu'elle ne puisse ajouter quelque chose, il était déjà au milieu de la pièce et elle se redressa rapidement.

- Non Sirius attends ! Laisse-moi t'expli...

- Rien à expliquer, dit-il sèchement, le regard fixé n'importe où sauf sur elle. C'est normal. Je vais juste... je vais y aller, rejoindre James. A plus tard.

- Non ne...

Mais il était déjà à la porte.

-...pars pas, termina-t-elle, seule.

Elle regarda le battant et le couloir, espérant qu'il reviendrait. Pourtant, après deux minutes, elle dû se rendre à l'évidence. Alexia se passa une main dans les cheveux, le ventre noué et cligna des yeux. Elle n'aurait jamais cru que ça allait se terminer si brusquement. Les mains de Sirius semblaient encore parcourir ses courbes tandis que son cœur battait furieusement dans sa poitrine.

Rageusement, Alexia se releva et se précipita à son tour hors du dortoir. Dans la salle commune, elle chercha son petit ami mais il devait effectivement être parti retrouver les garçons car il n'était nulle part en vue.

- Alex ? Appela Marlène, assise avec les autres près de la cheminée. Tout va bien ?

- On vient de voir Sirius passer. Tu... ça va ?

Lily l'observait, l'air inquiet, et elle devina qu'elle devait être dans un piètre état avec ses cheveux en bataille, les larmes aux yeux ou encore ses vêtements froissés.

- Sans commentaires.

- Mais... commença Marlène.

- Ce n'est rien, juste une dispute idiote.

- Qu'est-ce qu'il a encore fait ? Dit Dorcas.

- Rien c'est... c'est de ma faute. Je vous laisse, faut que je le rattrape.

Elle s'empressa de tourner les talons, passant le trou du passage sans prêter attention à la Grosse Dame qui discutait et buvait de l'hydromel avec son amie Violette. Le couloir contenait plusieurs élèves mais Alexia ne s'arrêta pas. Elle tenta de se rappeler si James avait précisé l'endroit où il était censé rejoindre Peter, sans succès. Le premier lieu logique qui lui vint pourtant à l'esprit fut la bibliothèque et elle se mit à courir vers le passage secret caché derrière une tapisserie qui y menait en quelques minutes.

Alors qu'elle dégringolait les marches de l'escalier principal, elle se demanda soudainement ce qu'elle pourrait bien dire à Sirius. Il était hors de question qu'elle lui révèle pour sa maladie, du moins pas pour l'instant. Ce n'était pas le bon moment. Dire qu'elle n'était pas prête ? Ça pourrait passer, même si elle n'était plus vierge depuis cet été, elle savait pertinemment qu'il lui laisserait le temps qu'elle voudrait. Après tout ils ne sortaient ensemble que depuis un peu plus d'un mois, c'était encore tôt.

Au troisième étage, elle croisa Adrian Connelly et Mary McDonald qui passaient en riant. Elle avait toujours soupçonné qu'ils finiraient ensemble un jour même si pour l'instant ils semblaient plus occupés à se moquer de tout le monde (particulièrement de leur capitaine, à savoir James). Ses pensées repartirent vers Sirius. Elle avait l'impression que tout était à la fois simple et compliqué avec lui. Elle le connaissait par cœur mais il était parfois tellement renfermé, tellement inaccessible, que c'était difficile de gérer.

Brusquement, alors qu'Alexia allait tourner à l'angle, elle chancela sur ses pieds. Une main sur le mur pour se stabiliser, elle cligna des yeux et inspira. La sensation familière d'une vive douleur dans la poitrine se rependit dans son corps. Non, pensa-t-elle, pas maintenant s'il vous plait. Elle avait oublié de prendre sa fiole ce midi et ce n'était visiblement pas la meilleure idée qui soit. La tête lui tourna tandis que sa vue se brouillait brusquement, et elle se laissa glisser au sol, incapable de tenir sur ses jambes.

- Cassidy ? Héla une voix. Tu te sens bien ?

- Non...

Elle bascula en position allongée, les yeux fermés pour éviter de voir le couloir bouger et tourner autour d'elle. Aussitôt, une main se posa sur son épaule.

- Cassidy ?

- ...

- Alexia, c'est Adrian. Allez accroche-toi, ça va aller. Je t'emmène à l'infirmerie, ok ?

Il passa un bras sous ses genoux et l'autre dans son dos avant de la soulever comme si elle ne pesait rien. C'était légèrement vexant compte tenu du fait qu'Adrian n'avait même pas encore quinze ans. La lumière des torches fut la dernière chose qu'elle distingua avant de sombrer dans l'inconscience.

**

*

Quand Alexia se réveilla, elle reconnut immédiatement l'infirmerie. Elle était couchée dans un lit entre les draps blancs et la première chose qu'elle ressentit fut sa gorge sèche. Difficilement, elle tenta de se redresser mais son corps protesta de prime abord. Alors qu'elle allait faire une seconde tentative, Mme Pomfresh arriva en courant.

- Ah Miss Cassidy, enfin réveillée !

- Je... Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Une crise, comme d'habitude, répondit-elle. Vous avez pris une fiole ce matin et ce midi ?

- Pas ce midi...

- Evidemment. Vous avez de la chance que votre ami ait été là.

Alexia se souvint vaguement de la voix d'Adrian et se fit une note mentale pour aller le remercier plus tard.

- Quelle heure est-il ?

- Bientôt 17h, vous êtes restée inconsciente pendant deux heures. Vos amies sont passées.

- Quoi ? Paniqua-t-elle. Mais...

- Je leur ai dit que vous aviez la grippe et que vous sortirez demain.

Un immense soulagement l'envahit puis elle comprit la deuxième information de la phrase.

- Demain ?

- Oui, je préfère vous garder encore un peu, on ne sait jamais. Et ne vous plaigniez pas !

- Bien madame, dit-elle, amusée.

- Hum... Bon restez là, je vais chercher une fiole de médicament dans la réserve. Ça ira ?

Alexia hocha la tête. Tandis que la porte claquait derrière l'infirmière, elle s'adossa contre ses oreillers, énervée. Il fallait que ça lui arrive précisément aujourd'hui ! Elle supposait qu'elle devrait aller parler à Sirius demain et peut-être que ce n'était pas si mal, la tension serait retombée d'ici là.

Elle parcourut la pièce du regard, même si elle la connaissait par cœur. Des dizaines de lit s'alignaient le long des murs, tous vides. Pourtant l'un d'entre eux était entouré par des rideaux et attira son attention. C'était rare qu'un lit soit caché ainsi. Cependant, un détail lui sauta aux yeux. Au pied du lit se trouvait un sac familier et sur la table de nuit elle repéra une baguette. Elle dû creuser dans sa mémoire pour se souvenir pourquoi tout ça lui évoquait ce sentiment de déjà-vu.

- Remus ?

Un bruit paniqué lui parvint et elle fronça les sourcils. Elle était persuadée que les affaires près du lit lui appartenaient.

- Remus c'est toi ?

Curieuse, elle se leva puis s'avança vers le lit. Elle hésita une seconde avant de tendre la main pour écarter les rideaux. Assis sur le lit se trouvait bien Remus, l'air terrifié, et son incompréhension redoubla.

- Mais... Qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu devais rentrer chez toi pour aller voir ta mère ?

- Et moi je croyais que tu avais la grippe pourtant d'après ce que j'ai entendu ça n'y ressemble pas...

Alexia écarquilla les yeux. Elle ne pensait pas qu'il avait entendu la conversation et Pomfresh avait dû penser qu'il dormait, sinon elle n'en aurait jamais parlé à voix haute.

- Je...Je... C'est compliqué...

- Toi aussi hein ?

- Ne retourna pas la situation Remus ! Est-ce que les autres savent que tu es là ?

- Les Maraudeurs le savent, oui, murmura-t-il. Tu n'étais pas censée le savoir par contre.

- Désolée...

Remus regarda la jeune fille, le ventre noué. Il ne voyait absolument pas comment se sortir de cette situation mais de toute évidence, Alexia avait l'air d'avoir aussi peur que lui. Elle inspira profondément et s'assit à côté de lui, jouant avec ses mains nerveusement.

- J'ai un secret, avoua-t-elle doucement.

- Tiens, ça nous fait un point commun.

Sa tentative d'humour tomba à plat. Ils gardèrent le silence durant de longues secondes et une connexion sembla passer entre eux, comme une promesse tacite.

- Tu promets que tu ne diras rien à Sirius ?

- Oui, si tu me jure de ne rien révéler au reste de l'école

- Ok, alors en même temps ?

Remus acquiesça et inspira fortement pour se donner du courage. Il n'arrivait pas à croire qu'il s'apprêtait à faire ça. Il avait l'impression qu'il pouvait lui révéler sa lycanthropie justement parce qu'elle cachait également un secret qui lui pesait et qu'ils pouvaient s'aider mutuellement.

- Je suis un loup-garou.

- Je suis atteinte d'une maladie mortelle

Alexia resta bouche-bée.

- Bien, on peut dire qu'on n'est pas les personnes les plus chanceuses du monde alors..., dit-elle finalement.

- Ouais... Attends, tu... Une maladie ?

- Une maladie, confirma-t-elle. Les médicomages disent qu'elle est d'origine magique mais il n'y a pas de remède définitif. Ma santé se dégrade juste avec le temps.

- Alex...

- Non, ne me dis que tu es désolé. Ça m'énerve quand les gens font ça.

Remus comprit.

- Un loup-garou hein ?

- Oui. Je suis un monstre.

- Je ne prétends pas être une experte, Remus, mais si tu es un monstre alors je n'en ai plus peur.

- Tu ne sais pas...

- Peut-être pas mais tu es mon ami et ce que je viens d'apprendre n'y change rien. Mais j'ai quand même une question...

- Laquelle ? Demanda-t-il, anxieux.

- T'as changé de nom après pour coller au personnage ou bien... ?

Il éclata de rire.

- Non le destin a juste un drôle d'humour.

Liés par leur secret, ils restèrent à parler toute la soirée. 

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