Tome I - Chapitre 24 : Nouvel an sous la pleine lune
Noël passa en clin d'œil chez tout le monde mais toujours dans la bonne humeur. Les vacances faisaient vraiment du bien après la masse de travail de Poudlard. Comme chaque année, les Maraudeurs s'étaient envoyé des cadeaux, généralement le plus ridicule possible. Ainsi, Remus avait reçu un magnifique poncho de la part de James. Il s'était empressé de l'appeler via le miroir à double sens pour avoir une explication.
- Tu m'as offert un poncho ? Sérieusement ? C'est le pire crime contre la mode qui a été inventé !
- Vois le bon côté, tu ressembles à un chanteur d'un groupe de folk péruvien.
- Mon rêve effectivement...
- Te plains pas, intervint Sirius en apparaissant brusquement dans le champ, j'ai eu un bouchon de bière au beurre peint en rose pailleté de la part de Nymphadora.
- Je trouve ça mignon, dit Remus pragmatique.
La communication avait ensuite coupé. Fixant le miroir à double-sens, le jeune homme hésita un instant à rappeler mais sa mère l'appela à ce moment-là pour le petit déjeuner. Les jambes raides, il se leva de son lit en baillant. La pleine lune avait lieu ce soir et il se sentait épuisé malgré les vacances. En descendant l'escalier, il s'accrocha fermement à la rampe en bois pour éviter de trébucher, guidé par les bruits de casserole venant de la cuisine.
En entrant dans la pièce, il vit sa mère se retourner en lui souriant. Esperance Lupin était une femme d'une quarantaine d'année aux yeux doux, de la même couleur ambrée que son fils, et à la peau marquée par l'inquiétude. Elle faisait plus âgée que son âge, notamment à cause de ses cheveux châtains striés de mèches blanches.
- Bonjour mon chéri. Ça va ?
- Un peu fatigué mais sinon oui.
Esperance hocha la tête, les lèvres pincées. Il savait que sa mère détestait quand la pleine lune tombait pendant les vacances, que ça la rendait nerveuse, pourtant il ne pouvait pas lui cacher son état.
- Où est papa ?
- Il est sorti chercher du bois au fond du jardin. Il va revenir dans quelques minutes. Des pancakes ?
- Oui s'il te plait.
Elle lui tendit une assiette pleine ainsi que le pot de sirop et Remus contempla son petit déjeuner piteusement, se demandant s'il arriverait à en avaler ne serait-ce que la moitié. En plus, son pancake avait une ressemblance troublante avec la grand-mère de Peter, ce qui le perturba intensément.
- Quelque chose ne va pas ?
- Hein ? Oh non, dit-il en coupant un bout qu'il s'empressa d'avaler.
Par la fenêtre, il constata que la neige s'était remise à tomber. Ça avait commencé la veille de noël et le temps ne s'était pas calmé depuis, les températures descendant toujours plus bas, mais Remus ne s'en plaignait pas plus que ça. Il aimait la neige durant les fêtes, ça renforçait l'ambiance.
Brusquement, la porte derrière lui s'ouvrit en laissant entrer son père et une bourrasque de vent glacial par la même occasion. Esperance frissonna, claquant aussitôt le battant.
- Ah Remus, enfin réveillé !
- Ouais... Désolé d'avoir mis du temps à descendre, je parlais avec James et Sirius.
- J'ai appris qu'il était parti de chez lui. Pauvre gamin.
- Il habite chez les Potter pour l'instant.
- En même temps, intervint sa mère, je ne peux pas lui reprocher. J'ai déjà croisé Orion Black plusieurs fois et il n'a pas l'air d'un homme particulièrement charmant.
- Non pas vraiment... confirma Remus dans un souffle.
Il savait que Sirius avait une mauvaise relation avec sa mère et qu'il ne manquait jamais une occasion de la critiquer à voix haute mais il s'était toujours fait plus discret sur son père. Il soupçonnait que ce dernier avait d'autres types de punition sur ses fils. En effet, si Mrs Black avait un net penchant pour les sortilèges, il n'était pas rare de voir Sirius ou Regulus revenir de chez leur parent en boitant ou avec des bleus sur le corps. En deuxième année, Remus lui avait demandé ce qui s'était passé mais son ami avait seulement haussé les épaules sans répondre avant de lancer une blague pour détourner l'attention. Comme toujours au fond.
Une fois qu'il eut terminé son petit déjeuner, il remonta dans sa chambre, prétextant vouloir se reposer un peu. Ses parents le suivirent d'un regard inquiet alors qu'il quittait la cuisine.
Dans sa chambre, il hésita une seconde a effectivement dormir encore un peu avant de finalement s'installer à son bureau. Et pour une fois ce n'était même pas pour faire ses devoirs. Il attrapa la pile de lettres soigneusement rangée dans son tiroir et qui venaient toutes d'Anaïs Delan, la jeune fille de Serdaigle à qui il donnait des cours de métamorphose. Il avait été surpris quand au début des vacances elle avait installé une correspondance entre eux mais il aimait plutôt ça en fin de compte. A part les Maraudeurs, il n'avait jamais eu d'ami avec qui parler et encore moins des filles. Pourtant, il avait peur. Une petite voix dans son esprit ne pouvait pas s'empêcher de lui rappeler qu'il ne pouvait pas devenir plus proche d'elle sans lui mentir.
Avec un soupir, il finit tout de même par lui écrire une réponse, incapable de résister. Au bout d'une demi-heure à rédiger sa lettre, la fatigue commença à lui peser lourdement et il s'allongea un peu, histoire de se reposer quelques minutes. Evidemment, quand sa mère le secoua pour le réveiller, elle lui annonça que plusieurs heures avaient passé et qu'il était presque 17h.
- Remus, souffla-t-elle. La nuit ne va tarder à tomber.
- Déjà ?
- Oui, je n'ai pas voulu te déranger, tu étais épuisé et tu as dormi toute la journée.
Elle avait elle-même les traits tirés et il remarqua que ses mains tremblaient.
- Maman ? Tout va bien ?
- Bien sûr... C'est juste que... ça faisait longtemps que la pleine lune n'était pas tombée pendant les vacances. Je n'ai plus l'habitude.
- Ce n'est rien, ça sera bientôt fini, la rassura-t-il.
- Je sais mon cœur, je sais.
Elle déglutit en regardant par la fenêtre. Remus suivit son regard, constatant qu'il faisait de plus en plus noir et il se leva lentement, le cœur battant à tout rompre. Si sa mère n'était plus habituée au fait qu'il soit à la maison pendant ses transformations, lui-même s'était accoutumé à la présence de ses amis et il se sentait nerveux à l'idée d'être seul ce soir.
Il se souvenait encore de leur première pleine lune ensemble. Il faisait les cents pas dans la cabane hurlante, attendant le début de la transformation avec appréhension quand il avait entendu des bruits de pas. Au début il avait cru que c'était l'infirmière qui revenait pour une raison quelconque mais il avait eu le choc de sa vie en voyant James, Sirius et Peter débarquer tout sourire, l'air fier d'eux. Les imbéciles. Ils s'étaient dit que ça serait drôle de lui faire la surprise. Inutile de préciser que Remus avait frôlé la crise cardiaque !
« - Merlin qu'est-ce que vous foutez là ?
- On vient visiter la cabane hurlante évidemment, répondit Sirius avec nonchalance.
- Ouais, c'est un monument historique après tout.
- Tu vois, tu nous as dit de nous cultiver, continua Peter. On t'écoute !
Comment ne pouvaient-ils pas prendre la situation au sérieux ?
- Les gars, sérieusement ! Ce n'est pas une blague, vous devez vous en allez. Maintenant !
James sourit, son sourire en coin qui le représentait tellement. Celui qui annonçait qu'il venait de faire quelque chose de potentiellement dangereux et interdit.
- James...
- Arrête de t'inquiéter Lunard.
- Vous êtes devenus timbrés ou quoi ? La transformation ne va plus tarder, vous ne pouvez pas rester !
- C'est là que tu te trompes, répliqua Sirius.
- Bordel, sortez d'ici immédiatement !
Il attrapa le bras de Peter, commençant à le traîner vers la porte, mais James lui barra le passage.
- Attends ! Laisse-nous t'expliquer.
- On n'a pas le temps. Je vais devenir un monstre dans une minute alors barrez-vous par Merlin !
- Tu n'es pas un monstre, dit Peter d'une voix sourde.
- Si vous le croyez vraiment c'est que vous êtes encore plus fous que je ne le pensais.
- Remus !
- Non ! Je ne veux pas vous blesser ! S'il vous plait, les gars... partez...
Il sentait déjà son corps trembler, signe que la transformation arrivait. Il pouvait le sentir jusqu'au fond de son ventre.
- Remus, écoute-moi, dit James en le prenant par les épaules. On... on a réussi un truc. Un truc de dingue.
- Et en parlera demain...
- Non je...
- On est des animagi ! Cria brusquement Sirius.
Remus se figea sur place tandis que James rejeta la tête en arrière, les yeux fermés, avant de se tourner vers son meilleur ami, l'air consterné.
- Sérieusement ? Et mon super discours alors ?
- Il ne t'aurait pas écouté donc...
- Génial Patmol, vraiment. Il va nous faire une attaque.
La respiration haletante, Remus regarda ses amis un à un.
- Pitié dites-moi que c'est juste une blague.
- Euh... non, dit Peter d'une petite voix.
- Vous êtes inconscients ! C'est illégal, dangereux, risqué, illégal, vous auriez pu...
- Respire, coupa Sirius. En plus tu as dit illégal deux fois.
Il n'arrivait pas à y croire. Ses amis étaient devenus des animagi. Pour lui. Pour ne plus qu'il souffre seul durant les pleines lunes. Le loup ne s'en prendrait pas à des animaux, c'était une certitude acquise scientifiquement. Une boule se forma dans sa gorge en réalisant ce que cela signifiait, en prenant conscience que leur amitié n'avait pas de limite. En face de lui, les garçons attendaient qu'il reprenne la parole, plein d'espoir.
- Remus... ?
- Merci, murmura-t-il. Merci. »
Le souvenir s'effaça de son esprit tandis que le visage de sa mère réapparaissait devant ses yeux. Elle lui semblait encore plus pâle que ce matin.
- Je vais y aller. A demain.
Esperance hocha la tête et serra son fils contre elle, lui caressant les cheveux doucement avant de l'embrasser sur la joue.
- A demain, dit-elle.
Remus redescendit les escaliers, hésitant à aller voir son père qui devait être dans le salon mais il n'eut pas le courage de l'affronter ni de voir la pitié sur son visage. Attrapant son gilet en laine que la mère de James lui avait offert pour son anniversaire l'année dernière, il ouvrit la porte et s'enfonça dans la nuit. Heureusement qu'il connaissait son jardin par cœur sinon il se serait cassé la figure plus d'une fois. Dès que sa vision se fut accoutumée à la semi-obscurité, il discerna la cabane au bout du terrain qui lui servait pour ses transformations. Dumbledore lui-même y avait jeté des sortilèges pour la renforcer et les murs étaient recouverts de poudre d'argent au cas où.
Tremblant, il rentra à l'intérieur. Rien n'avait bougé depuis la dernière fois. Sa mère avait laissé une bougie et une boîte d'allumette étant donné qu'il n'apportait jamais sa baguette avec lui de peur de l'endommager. Conformément à son rituel familier, il se déshabilla, ne gardant que son caleçon et ses chaussettes avant de s'envelopper dans une couverture en grelottant. Ses cheveux lui retombaient sur le front et il les repoussa d'un geste impatient, le corps tendu par l'appréhension. La première vague de douleur arriva une minute plus tard. Il avait l'impression que chacun de ses muscles se nouaient, comme une dizaine de crampes à la fois. Mais le pire restait quand ses os commençaient à craquer, ce qui se produit dans les secondes qui suivirent, comme d'habitude. Il poussa un hurlement de douleur, tombant à genoux. Les visages de ses parents, de James, de Sirius, de Peter, même d'Anaïs, flottaient dans son esprit et il tenta de s'y accrocher comme un noyer à sa bouée. Il eut un haut le cœur quand sa colonne vertébrale se brisa et que des tâches noires dansèrent devant ses yeux. Il savait qu'il n'allait pas tarder à perdre connaissance puis il se réveillerait le lendemain matin sans aucun souvenir. Pourtant, pour le moment, il ne ressentait que la douleur des griffes perçant ses ongles ou des crocs qui lui coupaient les lèvres.
La gorge roque à force de crier, il s'évanouit. Enfin.
**
*
La tête lourde, Remus cligna des yeux. Il avait l'impression d'avoir mal partout mais au moins il était au chaud et vraisemblablement dans son lit. Alors qu'il tournait la tête, il vit sa mère dans l'embrasure de la porte, portant un plateau. Quand elle s'aperçut qu'il était réveillé, elle sursauta.
- Oh ! Tu te sens bien mon cœur ?
- On peut dire ça... Pourquoi est-ce que je suis ici ?
- Je me suis réveillée tôt ce matin, impossible de dormir, expliqua-t-elle. Je suis allée à la cabane et tu étais inconscient sur le sol. Je t'ai fait léviter jusqu'à ta chambre.
Remus devina tout ce qu'elle ne lui avouait pas, étant devenu assez doué avec les années pour lire entre les lignes, à savoir qu'elle l'avait sûrement rhabillé ou que si elle n'avait pas pu dormir c'était à cause des hurlements du loup. Il culpabilisa en voyant les cernes qui soulignaient ses yeux ambrés, ceux dont il avait hérité.
- Je suis désolé maman...
- Non, coupa-t-elle fermement. Tu n'as pas besoin de t'excuser.
- Mais...
- Mon petit garçon... Je suis si fier de toi tu sais ? Mon Remus.
Il sentit les larmes lui monter aux yeux et il lui saisit la main, la serrant fortement. Elle lui sourit.
- Je t'aime, mon cœur.
- Moi aussi maman. Moi aussi.
Il passa la moitié de la journée dans son lit à récupérer, avalant des fioles de potion et se goinfrant de crêpe au chocolat que son père avait préparé. En fin d'après-midi, quand il arriva à tenir sur ses pieds sans voir le monde tourner autour de lui, il rejoignit ses parents au salon. Sur la table basse trônait un exemplaire de la Gazette du sorcier qui annonçait des disparitions ou des meurtres de nés-moldu en première page. Il ravala la rage qui lui rongeait le ventre et s'assit dans le fauteuil pour enfiler ses chaussures.
Son père fronça les sourcils.
- Où est-ce que tu vas ?
- Chez James.
- Remus... Tu es encore faible, peut-être que tu devrais...
- Ne t'inquiète pas, ça ira. J'ai promis que je passerais.
Sans attendre, il fonça vers la cheminée et cria l'adresse des Potter avant d'être enveloppé dans des flammes vertes. Quand il réapparut, Mrs Potter se trouvait devant lui. Elle se retourna en l'entendant sortir de l'âtre.
- Bonjour Remus. Tu vas bien ?
- Oui madame et vous ?
- Euphemia, corrigea-t-elle. Mais oui, très bien. Je te trouve un peu pâle non ?
- C'est l'hiver.
- Hum... Les garçons sont à l'étage si tu veux.
Remus la remercia puis se précipita vers les escaliers. Il ne prit même pas la peine de toquer à la porte et rentra dans la chambre de James directement. Ce dernier était assis sur son lit en train de lire un magazine de Quidditch tandis que Sirius se trouvait près de la fenêtre en train d'écrire une lettre apparemment.
- Ah Lunard! Pas trop tôt! Ça va ?
- J'ai l'impression qu'on m'a posé cette question vingt fois aujourd'hui.
- On s'inquiétait juste pour la pleine lune...
- Vous en faites pas, je vais bien. Qu'est-ce que tu fais Sirius ?
- J'écris à Alexia.
James roula des yeux.
- Ce qu'il peut être ennuyeux quand il est amoureux.
- Dit celui qui fait une obsession sur la même fille depuis ses onze ans.
- Evans et moi on est fait l'un pour l'autre, rétorqua-t-il.
- Une évidence qu'elle ne partage pas.
- La ferme !
Sirius éclata de rire et se baissa juste à temps pour ne pas se recevoir un coussin en pleine tête. Amusé, Remus secoua la tête et se laissa tomber sur le lit.
- Et toi Remus ? Des nouvelles de... mince c'est quoi déjà son nom ?
- Anna ?
- Anaïs, dit-il en soupirant. Et oui on s'envoie des lettres.
Sa réponse fit sourire ses amis comme des idiots.
- Ne commencez pas à vous imaginer des choses.
- Oh allez Lunard ! Cette fille est faite pour toi !
- Carrément, approuva Sirius. Elle est intelligente, préfète, calme et jolie. C'est ton double au féminin !
- Tu me trouves jolie ?
- Ne fais pas celui qui n'a pas compris.
Cette conversation commençait véritablement à glisser vers un terrain dangereux. Mal à l'aise, le jeune homme se tordit les mains et essaya de changer de sujet mais James ne fut pas dupe.
- Qu'est-ce qui te dérange ? Tu n'aimes pas Anaïs ?
- Ce n'est pas ça...
- Alors qu'est-ce qui ne va pas ?
- Tout va bien...
Sirius se rapprocha pour venir s'assoir avec eux et planta son regard gris dans celui de son ami.
- C'est le même « je vais bien » que je vous sors quand ce n'est pas le cas. Allez, raconte.
- Ce n'est pas si simple.
- Remus...
- Je suis un loup-garou ! Explosa-t-il. Vous pouvez prétendre que ça ne change rien à ma vie autant que vous voulez mais on sait tous que c'est faux. Je ne peux pas lui imposer ça.
Un long silence plana dans la chambre jusqu'à ce que James reprenne la parole.
- Tu n'es pas obligé de lui dire.
- Ouais génial, une relation basée sur le mensonge. Le rêve !
- Dis-lui que tu l'aimes, elle comprendra !
- Je ne peux pas !
- Pourquoi ?
- Parce que je l'aime
Silence perplexe.
- Donc tu ne peux pas lui dire que tu l'aimes parce que... tu l'aimes ? Récapitula Sirius.
- C'est ça.
Remus se donna une claque mentale. Ça sonnait quand même mieux dans sa tête. Parfois il fallait qu'il évite de dire ses pensées à voix haute.
- Ecoutez, soupira-t-il, je ne suis pas prêt à révéler mon secret à quelqu'un d'autre d'accord ? Je ne connais pas Anaïs depuis longtemps et c'est une décision que je ne peux pas prendre à la légère. Donc pour l'instant le sujet est clos, c'est clair ?
- C'est toi qui vois, dit James. Mais je t'interdis de penser que tu n'es pas assez bon pour elle juste à cause de ta lycanthropie.
- Ok... Oh et les gars ?
- Ouais ?
- Bonne année !
**
*
Lily fixait son plafond, comptant inlassablement les fissures qui le parcouraient. Depuis hier, elle retournait son idée dans sa tête encore et encore sans arriver à se décider. On était le 9 janvier, les cours reprenaient le lendemain. Sa valisé était déjà bouclée, attendant d'être chargée dans la voiture demain matin. Comme tous les dimanches, ses parents et sa sœur étaient parti à l'église mais elle avait prétexté un mal de ventre pour rester à la maison.
On était le 9 janvier et c'était l'anniversaire de Severus. Et Lily ne savait pas quoi faire. C'était la première fois qu'elle ne serait pas avec lui pour ce jour-là et elle se sentait terriblement triste pour lui. Elle savait pertinemment que ses parents, ou du moins son père, oublierait certainement de lui souhaiter. A bout de patience, elle se passa une main dans les cheveux en se redressant.
- Oh et puis merdre ! Cria-t-elle toute seule.
Elle repoussa sa couverture d'un coup de pied, attrapa ses baskets et sa baguette puis dévala les escaliers en manquant de trébucher. Dans la cuisine, elle ouvrit le frigo à la volée pour s'emparer des cookies qu'elle avait préparés avec sa mère hier. Une fois qu'elle eu enfilé sa veste, elle se précipita dehors et enfourcha son vélo, son sac à dos lui cognant les épaules. La ville était silencieuse et paisible, aucun habitant n'ayant eu le courage de braver le froid. Lily se demandait même s'il n'allait pas neiger. Le vent lui fouettant le visage, elle arriva devant la maison de Severus en dix minutes à peine. Le quartier lui avait toujours fichu la frousse avec toutes ses petites allées obscures et les gens étranges qui vous observaient depuis leurs fenêtres.
- Lily ?
Surprise, elle se retourna. Severus était assis sur un muret, à une dizaine de mètres sur sa gauche. Il avait l'air tout bonnement sidéré de la voir ici aujourd'hui.
- Salut Sev'.
- Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu fais là ?
- Je ne pouvais pas te laisser passer ton anniversaire tout seul, pas vrai ?
Severus resta interdit plusieurs secondes. Ses cheveux noirs avaient encore poussé, lui arrivant désormais presque aux épaules, et son teint était toujours aussi blafard que d'habitude. Il fixa la jeune fille puis, brusquement, se leva d'un bond pour venir la serrer dans ses bras. Lily manqua d'en faire tomber sa boîte de cookies mais se laissa faire.
- Tu me manques, Lily, chuchota-t-il contre son cou. Je veux que tu reviennes.
- Severus...
- Si tu savais à quel point je suis désolé !
- Je sais, murmura-t-elle, mais on ne peut pas revenir en arrière.
Il se raidit et se dégagea lentement.
- Pourquoi tu es là dans ce cas ?
- Je te l'ai dit. C'est ton anniversaire et tu ne dois pas être seul.
- Je ne veux pas de ta pitié Lily !
- Ce n'est pas de la pitié, contesta-t-elle, c'est juste en souvenir de mon meilleur ami.
- Il est toujours là !
- Non... Non je te l'ai déjà dit aussi, il a pris une voie où je ne peux pas le suivre. Ça ne m'empêche de m'inquiéter pour lui. Pour toi.
Doucement, elle lui tendit les cookies et il les attrapa d'une main tremblante.
- Tu aimes encore ça... ?
- Evidemment.
Lily sourit.
- Génial. Alors je vais y aller. Encore bon anniversaire Severus.
Elle se hissa sur la pointe des pieds et lui déposa un léger baiser sur le front avant de lui glisser à l'oreille, luttant contre les larmes.
- Tu me manques aussi.
- Lily...
Elle était déjà à nouveau sur son vélo, commençant à s'éloigner à toute vitesse. Planté au milieu de la rue, Severus la regarda s'éloigner, la boîte de cookies dans les mains.
- Lily ! Lily !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top