Tome I - Chapitre 23 : L'enquête avance


Tout était identique, comme si rien n'avait bougé depuis son départ. Son lit avec sa couverture lilas était parfaitement fait, une pile de livre en équilibre précaire s'entassait sur son bureau et ses vinyles s'alignaient sur son étagère. Lily tourna sur elle-même une fois de plus, englobant sa chambre du regard et ne put s'empêcher de sourire. Certes, ça n'avait rien à voir avec son dortoir à Poudlard mais c'était sa chambre d'enfance, celle où elle avait grandi. En quelques enjambées, elle alla se planter devant la fenêtre et écarta les rideaux. Même la rue n'avait pas changée.

La petite banlieue de Carbone-les-Mines, ville ouvrière dans la région des Midlands, était composée de lotissement, de maisons en briques et d'une rivière qui coupait le quartier en deux. Lily avait appris à faire du vélo dans ces rues, observant ses voisins, les pelouses bien entretenues ainsi que les demeures toutes semblables au charme typiquement britannique. C'était chez elle. En réalisant cela, un sentiment de chaleur se répandit dans sa poitrine.

- Lily ! Descends ! C'est l'heure de dîner.

- J'arrive maman !

La jeune fille repoussa sa lourde valise pas encore défaite dans un coin de la chambre et se précipita dehors. Ses pas raisonnèrent dans l'escalier puis elle entra dans le salon, haussant un sourcil en voyant que ses parents et Pétunia s'y trouvaient déjà tous ensemble assis autour de la table.

- T'aurais dû m'appeler pour aider à mettre la table...

- Mais non ! Dit Mrs Evans en souriant. Tu dois être fatiguée avec le voyage, reposes-toi.

- Ca sent bon ! Qu'est-ce qu'on mange ?

- Poulet et riz à la crème. Je sais que tu aimes ça.

Lily sourit. Etre à la maison à nouveau paraissait presque étrange. D'habitude elle mangeait entourée d'un brouhaha permanent en surveillant du coin de l'œil que Potter ne renverse pas la cruche de jus de citrouille sur la tête de quelqu'un. Pourtant, pendant deux semaines, elle allait pouvoir être une fille normale, sans magie ni baguette. Et surtout elle pourrait enfin écouter la radio ou regarder la télévision. Retour au monde moderne !

- Bon appétit.

- Merci, dit Mr Evans en se servant une aile de poulet. Alors Lily, raconte-nous. Comment ça se passe à l'école ?

- Oh bien, comme d'habitude. Les cours, les profs, les devoirs...

- Vous avez été à Pré-au-Gard ?

- Pré-au-Lard, corrigea-t-elle doucement. Oui, on a eu une sortie il y a deux semaines. J'ai ramené des bonbons.

Son père eu l'air ravi. Cependant, Lily remarqua que sa sœur s'était légèrement crispée à la mention de toutes ces choses « bizarres » et elle tenta de changer de sujet.

- Et toi Tunie ? Tout va bien ?

- Hum ? Oui... J'ai obtenu un poste de secrétaire dans l'entreprise du Dr Hurtnell. Tu te souviens de lui ?

- Bien sûr. Il te donnait toujours des sucettes à la cerise après une consultation quand on était petite.

Pétunia hocha la tête, se rappelant elle aussi ce souvenir. Elle allait bientôt fêter ses dix-neuf ans et avait terminé ses études l'année dernière.

- Chérie, parle-lui de Vernon, intervint leur mère avec entrain.

Aussitôt, les joues de sa sœur s'empourprèrent et elle se mordit la lèvre en jouant nerveusement avec sa fourchette.

- Je... C'est mon nouveau petit ami. On s'est rencontrés à un bal en septembre, sur la grande place. Il s'appelle Vernon, Vernon Dursley.

- Vraiment ? S'exclama Lily. C'est génial ! Je pourrais le rencontrer ?

Pétunia eu l'air paniqué.

- Ce n'est peut-être pas une bonne idée...

- Pourquoi ?

- Il pourrait te trouver étrange. Je ne veux pas qu'il pense qu'on est une famille de fou.

- Pétunia ! Cria Mrs Evans tandis que Lily se tassait sur sa chaise. Ne sois pas méchante.

- Quoi ? C'est vrai non ? Je ne veux pas que Vernon prenne peur parce qu'il y a aura une chouette dans la maison ou que la conversation dérive sur des formules magiques !

Un silence lourd de tension plana au-dessus de la table jusqu'à ce que Lily ne décide de le briser, se forçant à sourire pour masquer son malaise.

- Ce n'est pas grave, assura-t-elle, je comprends. C'est ton choix.

- Mais...

- Non maman, vraiment, ce n'est rien. Peut-être que je pourrais le voir plus tard, c'est juste encore un peu tôt.

- Exactement, approuva sa sœur. Plus tard sera mieux.

Le repas continua, chacun racontant des anecdotes pour détendre l'atmosphère, mais Lily n'écoutait que d'une oreille distraite. Prétendre que l'attitude de sa sœur ne la blessait pas aurait été un mensonge sauf qu'elle refusait de le montrer. Elle n'avait pas besoin d'inquiéter ses parents. Mécaniquement, elle avala son assiette en prenant part à la conversation de temps en temps. Elle ne comprenait sincèrement pas comment sa relation avec Pétunia avait pu se détériorer à ce point. D'autant plus que ça semblait empirer chaque année. Instinctivement, elle repensa aux paroles que Potter lui avait dites quand elle avait douze ans, en haut de la volière par une journée brumeuse.

« Ce jour-là elle avait reçu une lettre de sa sœur, la dernière qu'elle ne lui ait jamais envoyée au château, lui disant qu'elle n'était qu'un monstre dans une école de monstre. C'était après une violente dispute pendant les vacances et visiblement Pétunia avait encore des comptes à régler. Potter était arrivé à ce moment précis, la trouvant en larmes assise contre le mur. Ils ne s'entendaient déjà pas et c'était encore l'époque où il n'avait pas commencé à la draguer à chaque coin de couloir. Pourtant, il avait pris le temps de s'assoir près d'elle pour la réconforter. Ils ne s'étaient pratiquement rien dit, restant dans un silence paisible, mais au moment de partir il s'était arrêté juste avant de descendre les marches pour se tourner vers elle.

- Tu sais Evans, ça va s'arranger. Tu peux ne pas choisir ta famille mais tu ne peux pas non plus arrêter de l'aimer. Ta sœur s'en rendra compte un jour.

Du haut de ses douze ans, la conviction qu'il mit dans sa voix fit frissonner Lily.

- Qu'est-ce que tu en sais ? Tu es fils unique.

- C'est faux, répliqua James avec un petit sourire en coin. J'ai trois frères.

D'un signe de tête, il désigna la cours en contrebas et la rousse se pencha par-dessus la balustrade pour apercevoir les Maraudeurs qui attendaient leur ami. »

Lily n'avait jamais oublié cette après-midi. Evidemment, sa guerre avec Potter avait repris le lendemain comme si de rien était mais ces mots étaient restés gravés dans son esprit en lettres de feu. Si trois amis pouvaient être aussi proches alors cela voulait bien dire qu'elle retrouverait Pétunia, sa propre sœur, un jour.

**

*

- Ah les garçons, vous êtes arrivés. Entrez !

- Bonjour madame Potter.

- Remus, combien de fois je devrais te répéter de m'appeler Euphemia ?

- Une fois de plus madame.

Mrs Potter soupira et cassa un œuf dans son saladier. Dans l'embrasure de la porte, Peter se hissa sur la pointe des pieds pour mieux voir la cuisine, curieux.

- Oui Peter, je fais mon fameux gâteau au chocolat. Promis il sera prêt pour le goûter.

- Vous êtes géniale madame !

- Hum... Allez, montez tous les deux. James et Sirius sont à l'étage.

- Merci madame.

- C'est Euphemia !

Sans répondre, les deux garçons s'élancèrent dans les escaliers.

La maison des Potter était réellement énorme et Remus se rappelait que son jeu préféré lors de ses premières visites était de parcourir le manoir de fond en comble. Généralement, James était plus que ravi de faire le guide, lui révélant toutes les cachettes secrètes. La famille possédait également une résidence secondaire, un cottage à Godric's Hollow. A vrai dire, Mr Potter avait fait fortune dans sa jeunesse en inventant la potion capillaire Lissenplis puis il avait gravi les échelons du bureau des Aurors jusqu'à en devenir le second en chef.

Alors qu'ils arrivèrent devant la porte, ils entendirent un grand bruit fracassant. Peter haussa un sourcil, hésitant à pousser la porte.

- Euh...

- Je pense qu'il faut intervenir, déclara Remus l'air grave.

Il poussa le battant, révélant lentement la chambre. James et Sirius étaient figés au milieu de la pièce, côte à côte, et une grande trace de brûlure noire s'étalait sur le mur.

- C'est moins grave que ça en a l'air, assura James tout de suite.

- Vous savez quoi ? Je crois que je ne veux même pas savoir. Mais nettoie ça avant que ta mère arrive.

- Ouais...

Penaud, James attrapa sa baguette et l'agita distraitement. La marque s'effaça, ne laissant aucun indice de l'incident.

Ils s'assirent tous sur le lit comme d'habitude. Inconsciemment, tous les regards se dirigèrent vers Sirius.

- Alors... commença Peter. Tu vis ici maintenant ?

- Ouais, je suppose. J'ai pris la chambre d'ami. C'est juste en attendant de trouver de l'argent pour avoir mon propre appart'.

- Tu restes autant que tu veux, on te l'a déjà dit.

- Et moi que je ne veux pas abuser de votre hospitalité.

Remus sourit en voyant James hausser les épaules, balayant la phrase de la main.

Il avait appris la nouvelle il y a deux jours par lettre et même s'il en avait été choqué il ne pouvait pas dire que ça le surprenait non plus. Il savait pertinemment qu'un jour Sirius ne supporterait plus les remarques de ses parents, que les disputes iraient trop loin. Ce jour était visiblement arrivé.

- En fait, s'exclama Peter, j'ai des infos sur la bague.

- La bague ?

- La bague du traître ou de la traîtresse de Gryffondor. Je sais qu'on avait un peu laissé l'enquête de côté mais je suis tombé par hasard sur une vieille photo dans un numéro de la Gazette.

- Comment t'as eu l'idée d'aller chercher là ?

- Oh tu sais bien, ma grand-mère fait la collection des journaux. Elle en a des piles entières chez elle et comme je m'ennuie ça m'arrive d'y jeter un coup d'œil.

James frissonna à la mention de la vieille dame, se remémorant la fois où elle l'avait pratiquement menacé de coups de balai parce qu'il était mal coiffé.

- Regardez, j'ai découpé l'article.

De la poche de son pantalon, Peter sortit en petit morceau de papier froissé et jauni. Le titre annonçait « Tournoi national de Bouchon baveux : deuxième victoire consécutive pour l'équipe de Bristol ». Juste en dessous il y avait une photo d'un groupe de personne, l'air heureux qui se prenait dans les bras. Une jeune femme se tenait au premier plan, brandissait fièrement un trophée à bout de bras. En plissant les yeux, Remus remarqua alors qu'elle avait une bague en or surmontée d'une pierre verte glissée à l'annuaire. La bague qu'ils avaient trouvée il y a un mois et qui appartenait certainement au traître ou à la traîtresse de Gryffondor.

- Vous croyez que c'est la même ?

- Sûrement, répondit Sirius. Après tout il ne doit pas y en avoir des tonnes, c'est un vieux bijou, probablement de l'art de gobelin. C'est le genre de truc qu'on se transmet de génération en génération dans une famille.

- En tout cas la photo date de 1961, c'était il y a un sacré bout de temps...

- Hum... marmonna Remus. Et on a son nom à cette fille ?

- C'est marqué dans l'article, dit James. Elle s'appelle Griselda Lynch. Mais elle porte une bague de fiançailles à l'autre main donc elle a sûrement changé de nom.

- Ça serait bien notre veine...

Alors que James parcourait une fois de plus l'article des yeux, la porte de la chambre s'ouvrit soudain sur Mrs Potter.

- Maman ! On toque avant d'entrer !

- Pourquoi ? C'est encore chez moi à ce que je sache. Et puis je venais juste vous dire que mon gâteau est prêt, c'est l'heure du goûter.

- Chouette ! Cria Peter en se levant d'un bond. On arrive.

Mrs Potter sourit, amusée. Apercevant la coupure du journal, elle se pencha avec curiosité.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Rien, c'est pour l'Histoire. On doit trouver un vieil article de la Gazette pour le commenter.

- Oh c'est une bonne idée, dit-elle. Même si vous auriez pu prendre un évènement plus important que le tournoi national de Bouchon baveux.

- C'est très intéressant, protesta James.

- Si tu le dis... En tout cas, la fille sur la photo est enceinte.

Silence.

- Quoi ? S'exclama Sirius. Vous êtes sûre ?

- Certaine. Pas plus de trois mois je dirais mais c'est visible. J'étais un peu pareille quand j'étais enceinte de James.

- On se passera des détails...

- Pourquoi ? Tu ne veux pas un récit détaillé de ta naissance ? Parce que c'était les huit heures les plus longues de ma vie...

- Je vais manger, se contenta-t-il de dire en fuyant hors de sa chambre sous les rires de ses amis.

Un peu tard, une fois installé autour de la table pour manger, Remus repensa à leurs découvertes sur le traître de Gryffondor. Si Griselda était enceinte en 1961, son enfant devait avoir 15 ans aujourd'hui et donc être en cinquième année, ce qui réduisait considérablement la liste des suspects. Il y a avait en tout une dizaine d'élèves seulement qui pouvait correspondre à la description, filles et garçons compris.

Il mordit dans une autre part de gâteau au chocolat avant de se pencher pour attraper son sac.

- J'ai une nouvelle les gars.

- Quoi ?

- J'annonce officiellement que notre classement a changé. On n'avait pas compté les points du voyage de retour au début des vacances.

- Donc tu n'es plus premier au bavboules ?

- Ne sois pas ridicule, James, bien sûr que si.

Ils rirent.

- Mais Sirius a perdu sa deuxième place.

- Impossible !

- Désolé mais avec les deux victoires de James, il en est à trente-neuf points contre trente-sept pour toi, Patmol.

- Oh ! Je suis génial !

- Et tellement modeste, maugréa Sirius.

Mais James ne parut pas l'entendre car il bondit sur ses pieds et se mit à faire le tour de la cuisine, les mains en l'air, en chantant à tue-tête un hymne à sa gloire. Remus se demanda un instant ce qu'il aurait fait si on lui avait annoncé qu'il était premier (chose bien évidemment irréalisable puisqu'il était imbattable aux bavboules mais quand même...).

Alertée par le bruit, Mrs Potter revint dans la pièce et haussa un sourcil en voyant son fils.

- Merlin, est-ce que j'ai mis quelque chose qu'il ne fallait pas dans la pâte à gâteaux ?

- Mais maman, tu comprends pas ! Je suis deuxième aux bavboules !

- Je vois...

Elle n'eut pas le temps d'ajouter quelque chose car on sonna à la porte.

- Tiens, ton père rentre tôt aujourd'hui.

James regarda sa mère s'éloigner pour aller ouvrir et revint s'assoir à table. Il avala le reste de son gâteau avant qu'un de ses amis ne lui prenne.

- A votre avis, Griselda Lynch serait la mère du traître ou de la traîtresse de Gryffondor ?

- En tout cas elle possédait la bague. Et si c'est elle on peut être sûr que ce n'est pas un né-moldu.

- On s'en doutait un peu, dit Remus, après tout ce sont eux les cibles donc ça aurait été bizarre. Mais effectivement ça réduit le nombre de suspect. Qui est-ce qu'on connait en cinquième année dans notre maison?

- Pas grand monde, répondit James en comptant mentalement. Il y en a deux dans l'équipe de Quidditch ; Kevin Mells et Mary McDonald.

- Et les autres ?

- Aucune idée, je ne leur ai jamais vraiment parlé.

- On verra bien au retour de vacances.

- Ne parle pas de malheur, bougonna Peter.

Remus lui donna une tape réconfortante sur l'épaule au moment où Mrs Potter revenait vers eux, l'air à la fois surprise et incertaine.

- Tout va bien madame ?

- Euphemia, corrigea-t-elle machinalement. Et il y a quelqu'un pour toi Sirius.

Sirius fronça les sourcils, relevant la tête. Mrs Potter s'effaça et dans l'encadrement de la porte apparut alors Andromeda, les joues rougies par le froid hivernal, tenant sa petite fille dans ses bras. Pour l'occasion, elle avait transformé ses cheveux en un blond éclatant assortis de taches de rousseur absolument adorable.

- Remus ! Pépia-t-elle.

- Salut Dora. Tu vas bien ?

- Oui !

- Elle a insisté pour venir, expliqua Andromeda. Je passais pour te voir Sirius. Encore désolée d'arriver sans prévenir.

- Pas du tout, ce n'est rien, déclara Mrs Potter chaleureusement. Donnez-moi la petite, on va tous au salon pour vous laisser discuter. Allez les garçons !

Aussitôt, ils lui emboitèrent le pas et quittèrent la cuisine. Toujours assis, Sirius but une longue gorgée de jus de citrouille histoire de se donner une contenance.

- Je me demandais si tu viendrais...

- Evidemment que je suis venu et d'ailleurs je l'aurais fait plus tôt si tu m'avais prévenu que tu étais parti.

- J'avais autre chose à penser.

- Sirius ! Répliqua Andromeda sérieusement. Est-ce que tu te rends compte de que tu as fait ? De la décision que tu as prises ?

- A ton avis ?

- Honnêtement je ne sais pas. Je ne sais pas si tu réalises les conséquences. Je l'ai vécu avant toi. Ce ne sont pas des simples vacances, Sirius. Tu ne pourras plus revenir chez toi, ta propre maison, ni revoir ta famille.

Il bondit sur ses pieds, son calme de façade se fissurant lentement. Le cœur battant à tout rompre contre ses côtes, il eut un rire désabusé.

- Ma maison ? Ma famille ? Répéta-t-il avec hargne. Sois un peu réaliste Andy ! Ça ne l'était plus depuis longtemps ! Ils me haïssaient autant que je les haïssais ! Rien que le Square Grimmaurd me faisait horreur.

- N'exagère pas...

- Tu te moques de moi ? Est-ce que tu as oublié pourquoi t'es parti ? On n'en pouvait plus ! Ma mère, ton père, Bellatrix !

- Tu aurais pu ne pas commettre la même erreur que moi ! Tu aurais pu encore arranger les choses !

- Non... souffla-t-il. Qu'ils aillent tous au diable, j'en ai fini avec les Black !

Andromeda l'observa, la respiration haletante, essayant de calquer l'image du petit garçon qu'elle avait gardé à l'esprit à celle du jeune homme plein de rage qui se tenait maintenant dans cette cuisine. Comment était-elle passée à côté du drame qui se jouait au sein de sa propre famille ? Son cousin avait toujours été le plus rebelle d'entre eux, certes, mais elle n'aurait jamais cru que la situation avait dégénéré à ce point. Un violent sentiment de culpabilité lui tordit le ventre en voyant le bleu sur la pommette de Sirius, sûrement le résultat d'une énième dispute avec ses parents. Quand elle avait claqué la porte il y a toutes les années elle n'avait plus cherché à prendre de leurs nouvelles. Elle avait construit sa vie avec Ted et sa fille, évoluant dans sa bulle de bonheur sans rien voir.

- Sirius... Je...

- Non, coupa-t-il, ne dis pas que tu es désolée.

- Mais je le suis ! J'aurais dû t'aider, faire quelque chose...

- Tu n'aurais pas pu.

- Peut-être que si, protesta-t-elle, peut-être que si j'avais été là, toi et Regulus vous...

- Regulus est un cas à part. Crois-moi, ça concerne mon frère et moi, personne d'autre.

La jeune femme garda le silence, comprenant au ton de sa voix qu'il valait mieux abandonner. Avec un soupir, elle se rapprocha de Sirius et le serra dans ses bras de toutes ses forces. Elle faillit fondre en larmes en constatant qu'il la dépassait désormais d'une bonne tête. Son cousin resta quant à lui figé une seconde avant de lui rendre son étreinte prudemment, comme s'il n'avait plus l'habitude.

- Tu sais que tu peux venir à la maison quand tu veux, chuchota-t-elle à son oreille. On t'accueillera la porte grande ouverte.

- Je sais... merci, Andy. Merci.

- On devient un peu pathétique, tu crois pas ?

Il rigola.

- Si mais ça me dérange pas pour une fois.

Andromeda posa sa tête sur son épaule, laissant un léger silence s'installer avant de se dégager avec douceur.

- Oh en fait ! J'allais presque oublier, si tu pouvais passer voir l'oncle Alphard. Il était malade dernièrement et il s'inquiète pour toi.

- Promis.

Ils discutèrent encore près d'une heure, savourant le simple fait de se retrouver. La dernière fois, à Pré-au-Lard, ils avaient surtout parlé de leur problème et de la nouvelle vie de la jeune femme mais aujourd'hui ils pouvaient retrouver la complicité qu'ils avaient enfants.

Au bout d'un moment, Nymphadora revint pour voir sa mère, tirant fièrement Remus dans son sillage. Sirius éclata de rire en le voyant avec des chouchous rose plein les cheveux.

- Pas. Un. Mot.

- Je n'allais rien dire... Mais bon cette couleur te va bien au teint tu sais.

- Sirius !

- Ma chérie, je t'avais dit d'être sage ! Dit Andromeda, l'air catastrophé. Oh je suis désolée Remus.

- Ce n'est rien, marmonna-t-il. James est dans un pire état.

Sirius se précipitait déjà dans le salon en hurlant :

- Je veux voir ça !

- Moi aussi, pépia la fillette en lui emboîtant le pas.

Andromeda et Remus, restés seuls dans la cuisine, échangèrent un regard consterné.

- Oui, dit-il, je les supporte depuis six ans.

- J'ai été la première victime des blagues de Sirius, rétorqua-t-elle.

- Aïe...C'est dur.

Elle rit en rejetant la tête en arrière puis plongea les yeux dans ceux ambrés du loup-garou, un sourire aux lèvres.

- Merci d'être là pour lui. Il a besoin de vous.

Remus haussa les épaules nonchalamment mais une sincère émotion pouvait se lire sur son visage.

- On a besoin de lui aussi.

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