Tome I - Chapitre 22 : Quitter le diable

Avec une grimace, Sirius observa son reflet dans le miroir de la salle de bain. L'image lui renvoya la même que d'habitude, un jeune homme de dix-sept ans aux yeux gris et aux traits aristocrates, à la seule exception près du bleu qui fleurissait sur sa pommette. Doucement, il porta la main à sa joue et retint un cri de douleur. Ses doigts se crispèrent sur le bord du lavabo tandis qu'il inspirait fortement, essayant de retrouver son calme. Il ne savait même plus ce qui lui avait valu ce coup au départ, le plus probable était qu'il avait encore poussé son père à bout. Orion n'était pas connu pour sa patience. Généralement, il se contentait de faire taire son fils aîné quand le ton montait avec un coup de ce genre. Sa mère préférait utiliser la magie. A chacun son style.

Le souffle haché pendant que sa colère retombait un peu plus chaque seconde, il retourna dans sa chambre en traînant des pieds. En bas, il pouvait entendre les invités arriver les uns après les autres mais il retardait au maximum le moment de descendre les rejoindre. Foutue réunion de famille ! Ce n'était même pas encore noël, cependant sa grand-mère Irma avait décidé de réunir tout le monde pour une occasion «surprise » avec une semaine d'avance. Sirius avait ricané en entendant cela. Surprise, tu parles ! Ce n'était un secret pour personne que Bellatrix avait enfin reçu son tatouage et intégrer les rangs du Seigneur des Ténèbres.

Soupirant, le jeune homme se laissa basculer en arrière sur son lit, fixant le plafond, l'humeur maussade. Il aurait aimé pouvoir s'échapper ce soir, aller chez un de ses amis ou même chez Alexia mais sa mère avait précisé que sa présence était exigée. Tout était question d'apparence dans cette famille. Sirius apparentait plus cela à une mascarade et il était la marionnette dont ses parents tiraient les ficelles. Il pourrait toujours clamer haut et fort son indépendance, il n'en restait pas moins qu'il était prisonnier dans sa propre maison.

Soudain, une voix déchira le silence.

- Sirius ! Regulus !

- La harpie entre en jeu, murmura-t-il. C'est parti.

En roulant sur lui-même il se remit sur ses pieds avant de sortir de sa chambre. Juste en face, la porte de son frère s'ouvrit également et Regulus eu un mouvement d'arrêt en le voyant. Ils se dévisagèrent une seconde puis, sans un mot, descendirent les escaliers tandis que les têtes d'elfes décapités semblaient les suivre sur leur passage.

- Ah ! Les voilà. Asseyez-vous les garçons.

- Tu aurais pu faire un effort sur ta coiffure, marmonna son père quand il s'assit.

Il se contenta de lui adresser un sourire insolent, fixant son regard sur sa cousine Narcissa, juste en face de lui. Immédiatement, il songea à Andromeda. Merlin ce qu'il aurait aimé qu'elle soit là. Peut-être que la soirée aurait été un peu plus supportable.

Immédiatement, l'attention générale fut capturée par Bellatrix qui ne cessait de parler avec révérence de son précieux mage noir. Sirius en était écœuré. Las, il se servit un autre verre de vin, espérant que ça l'aiderait à supporter sa famille pour le reste du repas. A un moment, Orion se leva pour porter un toast et la devise familiale retentit dans la pièce.

- Toujours Pur !

Sirius ricana.

- Un problème ? Demanda sèchement la tante Druella.

- Rien...Je me demandais juste combien de temps on tiendrait sans parler de pureté du sang. On est presque au plat, bravo, vous faites des progrès !

- Sirius ! Ne commence pas !

- C'est vous qui avez insisté pour que je sois là mère.

Walburga pinça les lèvres mais ce fut Bellatrix qui répondit avec hargne, comme d'habitude.

- Espèce d'ingrat ! Tu fais partie de la famille la plus pure d'Angleterre !

- Crois-moi, je m'en passerais bien.

- Rigole Sirius, oh oui rigole. Mais quand tu n'auras plus rien, moi je marcherais fièrement aux côtés du Seigneur des Ténèbres, plus glorieuse que je ne l'aurais jamais espéré.

- Si c'est la récompense pour être une meurtrière je préfère encore...

Mais Bellatrix l'interrompit, élevant le ton pour bien se faire entendre.

- Visiblement, Sirius a envie qu'on s'intéresse à lui. Alors vas-y. Comment vont tes amis ?

Il plissa les yeux, sentant le piège dans la voix mielleuse de la jeune femme.

- Ce ne sont pas tes affaires.

- Oh allez cousin, ne sois pas timide. J'ai entendu dire que Fleamont Potter avait eu quelques ennuis ces temps-ci. Les Aurors subissent de lourdes pertes, non ?

- Je suppose que tu es plus au courant que moi, Bella. Après tout, tu as assisté aux attaques non ?

- Effectivement, répondit-elle sans prendre la peine de mentir. Ça serait dommage qu'il arrive quelque chose à ce cher Fleamont n'est-ce pas ? Il laisserait veuve et orphelin derrière lui...

Sirius crispa les poings à la menace à peine voilée. En tant que second en chef du bureau des Aurors, il savait pertinemment que le père de James risquait sa vie plus de fois qu'il ne voulait bien l'avouer.

- Tu aimes ça hein Bella ? Inspirer la peur partout où tu vas. Est-ce que les enfants s'écartent déjà sur ton passage ou tu prévois de jeter encore quelques impardonnables pour parfaire ta réputation ?

- Sirius ! Hurla sa mère.

- Quoi ? La vérité est dure à entendre ?

- Arrête, tu deviens ridicule !

Elle le fusillait du regard, tremblante de rage, tandis que tous les invités suivaient la conversation sans oser intervenir, sachant pertinemment que cette affaire se jouait entre la mère et le fils. Il y a des années, Walburga aurait eu le dessus mais aujourd'hui Sirius n'était plus un petit garçon et il n'avait plus peur.

- Regardez-vous tous avec vos idéaux, cracha-t-il. Vous vous croyez tellement supérieurs sans vous rendre compte à quel point cette famille est devenu synonyme de persécution et de magie noire.

- Je ne te laisserais pas insulter le nom de nos ancêtres ! Tu n'es qu'une honte, une trahison !

- C'est ce que vous pensez ? Une honte ? Pourtant quand vous serez tous morts, votre précieux nom gravé sur vos tombes, je serais l'héritier. Et croyez-moi mère, vous aurez de quoi vous retourner dans votre cercueil !

-Comment oses-tu ? Tu me dois tout ! Je t'ai donné la vie, je t'ai élevé. Sans moi tu ne serais rien !

- C'est vrai que vous avez été une mère parfaite, railla-t-il.

Rouge de fureur, Walburga se leva, manquant de renverser sa chaise dans le mouvement. Sirius l'imita immédiatement, la dominant de sa taille. L'enfant s'était transformé en homme sous ses yeux, repoussant toujours plus loin les limites et les faisant littéralement exploser ce soir.

- J'aurais dû t'étouffer dans ton berceau, siffla-t-elle, la voix à peine plus qu'un murmure.

- Je regrette presque que vous ne l'ayez pas fait.

- Oh Sirius... Tu crois ne pas être comme nous mais regarde-toi. L'insolence, la morgue des Black. Tu ne peux pas rejeter le sang qui coule dans tes veines.

Ce fut au tour du jeune homme de blêmir de rage en entendant ses mots.

- Vous en êtes certaine mère? Parce que je serais ravi de vous prouver le contraire !

- Vraiment ? Mais écoute-toi ! Les paroles d'un adolescent sans éducation. Qu'est-ce que tu ferais sans nous, sans moi ?

- Rien ne peut être pire que cette maison !

- Tu changeras d'avis Sirius. Un jour, tu comprendras à quel point tu as tort et que la pureté du sang est la seule cause digne d'être défendue. Le Seigneur des Ténèbres montre la voie.

- C'est aussi ce que vous aviez dit à Andromeda ?

Le teint de Walburga s'enflamma à l'évocation de sa nièce.

- On verra si tu tiens toujours tes discours grandiloquents face à Lui, répliqua-t-elle, une lueur de folie dansante dans ses yeux gris.

- Comment ça ?

- Oh allons Sirius, tu ne crois tout de même pas que Bellatrix sera la seule à rejoindre ses rangs ? Comme tu l'as si justement fait remarquer, tu es l'héritier...

Sirius vacilla sur ses jambes en comprenant le sens de ses paroles. Il eut l'impression de tomber en chute libre, incapable de s'accrocher quelque part. La pièce entière s'effaça sous ses yeux et son champ de vision se rétrécit sur sa mère, occultant tout le reste. La harpie semblait jubiler.

- Jamais ! S'écria-t-il en recouvrant sa voix. Tu m'entends ? Je refuse !

- Cesse de faire l'enfant. Tu devrais être honoré de servir une cause qui te dépasse.

- Au diable votre cause !

- Petit impertinent ! Je suis ta mère, tu me dois le respect. A moi et à cette famille !

- Vous êtes complètement folle...souffla-t-il. Dévorée par votre ambition, vos traditions. Ça vous conduira à votre perte. Et entendez mes mots, mère, parce qu'ils se réaliseront. Vous mourrez dans cette maison que vous aimez tant, entourée des portraits de vos chers ancêtres, mais vous serez seule. Seule comme vous l'avez été le reste de votre existence, rongée par votre haine et vos regrets. Et je boirais à votre mort !

La dernière phrase claqua dans la pièce, tout le monde se figeant face à l'audace du jeune homme. Walburga elle-même paraissait avoir arrêté de respirer, dévisageant son fils ainé. Elle lui avait donné naissance et l'avait tenu contre son sein alors qu'il n'était qu'un nourrisson. Cet enfant turbulent qui ressemblait tant à son père et qui aujourd'hui la haïssait plus que tout. Pourtant, malgré son rejet de sa famille, elle ne pouvait s'empêcher de voir le Black en lui. Cette conviction qui perçait dans sa voix, ce mélange de colère et de folie qui l'habitait en cet instant. Le sang ne pouvait mentir et des siècles de traditions se trouvaient en lui. Il pouvait renier son héritage autant qu'il le souhaitait, elle connaissait la vérité. On n'échappe pas à la famille.

- Tu es un Black, Sirius, dit-elle d'un ton chancelant. Que tu le veuilles ou non, tant que tu vivras sous mon toit...

- S'il ne faut que ça, coupa-t-il, alors très bien. Adieu !

Brusquement, il leva son verre comme un salut ironique et insolent puis l'avala d'une traite. Sans un mot de plus, il commença à s'éloigner et Walburga fit un pas en avant, sa baguette à la main.

- Sirius ! Claqua-t-elle. Qu'est-ce que tu fais ?

- Je m'en vais. Plutôt mourir que de rester une seconde de plus avec vous !

- Si tu fais ça... Je te jure, Sirius, que si tu passes cette porte ce n'est pas la peine de revenir. Tu seras déshérité à la minute où tu auras franchi ce seuil.

- Parfait !

Il planta une dernière fois son regard dans celui de sa mère, la défiant de le retenir et recula à nouveau. Walburga eu un sursaut d'espoir en le voyant se figer dans l'embrasure, les épaules tendues comme s'il hésitait mais Sirius se tourna vers son frère, toujours assis à table.

- Reg'... C'est ta dernière chance. Tu viens ou pas ?

- Qu...Quoi ?

- Tu m'as entendu. C'est eux ou moi.

- Regulus ! Rugit-t-elle. Reste où tu es. Ne bouge pas.

- C'est ton choix, rétorqua Sirius. On peut partir ensemble.

- Je...

- Si tu préfères être le parfait héritier, libre à toi, mais tu ne seras plus mon frère.

Regulus sembla complètement déstabilisé et resta immobile, son regard alternant entre sa mère et son aîné. La tension dans la pièce était tellement palpable que même Kreattur ne bougea pas, recroquevillé dans un coin de mur.

Face au silence de son frère, Sirius comprit. Avec un rictus désabusé, il détourna la tête.

- Evidemment. Les Black avant tout pas vrai ?

Sachant pertinemment qu'il n'avait plus rien à faire ici, il fit volte-face. Ce n'était même pas la peine d'aller chercher des affaires dans sa chambre, il avait déjà sa baguette et il ne voulait rien qui vienne de cette foutue maison. Alors qu'il passait la porte, la voix de sa mère rugit dans son dos.

- Va en Enfer !

Il ne se retourna pas.

- Je le quitte au contraire !

Enfin libre, Sirius s'enfonça dans la nuit.

**

*

Concentré, James fixa avec insistance le plateau de jeu en face de lui. Il savait que son prochain coup serait déterminant et le sourire de son père n'avait rien pour le rassurer. Sur leur gauche, sa mère le regardait elle-aussi, l'air amusé.

- Cavalier en E5, dit-il finalement.

Le sourire de Mr Potter s'agrandit. Calmement, il joua à son tour et James baissa la tête en voyant sa reine se faire éjecter de l'échiquier. Il venait de se faire battre à plat de couture. Encore.

- Désolé fiston. Echec et mat.

- T'es pire que Remus...

Sa mère éclata de rire.

- Ce n'est rien, James. Tu y arriveras la prochaine fois.

- C'est que tu avais dit hier...

- Ah... souffla-t-elle. Tu sais, on ne peut pas être bon partout. Regarde ton père, il n'arrive toujours pas à digérer sa défaite au Quidditch de cet été.

- Euphemia ! On avait dit que tu n'en parlerais pas.

- Oups !

Elle lui jeta un regard pétillant, réprimant à grande peine un sourire. Mr Potter feint d'être blessé et se pencha vers son fils, chuchotant assez fort pour être parfaitement audible.

- Ne confis jamais rien à une femme, dit-il solennellement.

- Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire Fleamont Potter ?

James leva les mains, agitant un drapeau blanc imaginaire.

- On se calme. Présence d'enfant sur le champ de bataille.

- Tu as cessé d'être un enfant le jour où tu as commencé à te raser, rétorqua sa mère. Et dire qu'il y a encore quelques années tu étais encore mon bébé dans son petit pyjama...

- Maman !

- Excuse-moi. C'était mon moment nostalgie.

Souriant, James regarda ses parents. Parfois ils pouvaient vraiment être étranges. Et la suite de la conversation ne fit que confirmer cette affirmation.

- En fait, j'ai reçu ton bulletin du premier trimestre aujourd'hui.

- Oh, grimaça-t-il. Alors ?

- La même chose que l'année dernière ; notes excellentes sauf en Divination et un comportement déplorable. McGonagall a même ajouté en bas de la page qu'elle te voyait plus en heure de colle qu'en cours. On avait dit que tu ferais un effort James...

- Je sais mais...

- Ne te fatigue pas en excuse, j'entends les mêmes depuis tes onze ans. Je suis habitué. Par contre, ce qui m'étonne, c'est que tu as plusieurs retards le matin.

- Panne de réveil... ?

Sa mère ne parut pas dupe.

- James, je t'ai déjà vu te lever à l'aube pour jouer au Quidditch. Tu n'as pas de problème pour te réveiller d'habitude. Et n'essaye pas de me faire croire que tu te perds dans le château, tu connais cette école comme ta poche.

Mal à l'aise, James se tortilla dans son fauteuil. C'est vrai qu'il avait souvent eu du mal à sortir de son lit ces derniers temps. Les devoirs en sixième année devenaient de plus en plus compliqués, il y avait aussi les entraînements de Quidditch et surtout les nuits blanches une fois par mois à cause du loup-garou. Evidemment c'était exclu de révéler à ses parents qu'un de ses meilleur ami était un lycanthrope. Il l'avait juré à Remus, il emporterait son secret dans la tombe.

Attendant toujours une réponse, Mrs Potter reprit de façon détachée.

- Il y a quelque chose qui te tracasse ? Demanda-t-elle. Parce que tu peux nous en parler tu sais.

- Une fille ? Ajouta son père malicieusement.

James comprit soudain le tour que venait de prendre la discussion.

- Je vois... Bien tenté mais vous ne saurez rien.

- Les adolescents, soupira Mr Potter comme si le mot à lui seul était un juron affreux. Ils pensent toujours être plus malins que nous. Donc si je te parle d'une certaine Lily Evans... ?

- Co...comment ?

Avec un clin d'œil victorieux, sa mère répondit d'une voix chantante.

- Peter est un garçon adorable. Il donne énormément d'information autour d'un verre de lait et une assiette de biscuit.

- Je savais que je n'aurais pas dû l'inviter hier.

- Alors cette Lily ? C'est ta copine ?

James s'ébouriffa les cheveux dans un geste presque automatique.

- Pas vraiment non...

- Mais tu aimerais bien... ?

- Maman ! Ça suffit, on peut changer de sujet ?

Elle ouvrit la bouche pour protester, cependant on toqua soudainement à la porte. C'est ce qu'on appelait être sauvé par le gong. Fronçant les sourcils, Mr Potter jeta un coup d'œil à l'horloge posée sur le manteau de la cheminée qui indiquait 23h15 passée. Il s'éloigna dans le couloir pour aller ouvrir tandis que James et sa mère échangeaient un regard perplexe. Ils n'arrivaient pas à distinguer la conversation, uniquement des voix étouffées qui leur parvenaient depuis le perron de la maison. Quelques secondes passèrent avant que son père ne revienne, Sirius dans son sillage.

La surprise de voir son meilleur ami débarquer à cette heure-ci étonna James pourtant il sut immédiatement que quelque chose n'allait pas. Sirius était trempé, comme s'il était resté dehors sous la pluie pendant un moment et même ses mèches de cheveux noirs plaquées sur son visage n'arrivaient pas à cacher le bleu sur sa joue. Il avait l'air hagard, les mains tremblantes et les épaules voutés.

C'est bien simple, pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, Sirius semblait brisé.

- Je... Je me suis barré, James. C'est terminé.

- Comment ça ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Je ne sais pas trop. Un peu comme d'habitude.

Sirius déglutit et ferma les yeux brièvement avant de les rouvrir.

- J'en pouvais plus James. Tu aurais dû les entendre...

- Tu devrais peut-être t'assoir, intervint Mrs Potter avec douceur, s'avançant vers lui.

Mais le jeune homme recula, secouant la tête. Le corps agité de tremblements, il se mit à faire les cents pas et sa voix se durcit quand il reprit la parole.

- Je les hais ! Tous !

- Sirius...

- Crois-moi Cornedrue, si tu avais été là...

James frissonna en l'entendant employer son surnom de Maraudeurs devant ses parents, sachant que son meilleur ami devait vraiment être perturbé pour laisser échapper cela.

- La harpie voulait que je le rejoigne, lâcha-t-il brusquement.

- Qui ?

- A ton avis ? Le Seigneur des Ténèbres comme dirait ma chère cousine. Elle aussi était complètement folle ce soir. Comme si ça devrait me surprendre...

- Et alors quoi ? Tu as juste claqué la porte ?

Avec un rire sans joie, Sirius s'arrêta pour lui faire face.

- Ouais, c'est un peu ça. J'ai marché dans Londres pendant environ une heure avant d'appeler le Magicobus. Ton adresse est la première chose qui m'est venu à l'esprit.

Il y eu un léger silence.

- Je... je ne savais pas où aller.

- C'est bon, assura James immédiatement. Tu peux rester autant que tu veux.

Mr Potter s'empressa d'approuver, regardant Sirius avec gravité.

- Tu es le bienvenu chez nous, évidemment.

- Merci. Mais...

- Quoi ?

- Regulus, murmura-t-il. J'ai essayé, James. Je jure que j'ai essayé ! Je lui ai proposé de venir !

- Il n'a pas voulu ?

Sirius serra les mâchoires, se retenant visiblement à grande peine d'envoyer son poing dans le mur.

- Il avait bien trop peur de désobéir à notre mère. Le lâche. Il aurait pu... On aurait pu partir ensemble !

- Sirius, tu n'es pas responsable des décisions de ton frère...

- Bien sûr que si ! Ce n'est qu'une question de mois avant qu'il ne soit enrôlé chez les mangemorts et je ne pourrais rien faire parce que c'était censé être moi !

- Arrête, ne dis pas ça.

- Mais c'est la vérité James. Je suis l'aîné, l'héritier.

James s'approcha de son meilleur ami, plantant ses yeux noisette dans les siens. Il était rare de le voir aussi sérieux et même ses parents ne tentèrent pas de s'interposer, comprenant que la conversation se jouait entre les deux garçons.

- Et tu n'es pas comme eux. Quoiqu'ils disent Sirius tu es différent d'eux. Le simple fait que tu sois là ce soir le prouve.

- Je ne veux pas de ta pitié...

- Je sais et c'est pour ça que tu es venu. On est frère non ?

- James...

L'expression du brun se fit encore plus déterminée.

- C'est vrai, après tout tu aurais pu aller chez Remus ou Peter mais c'est chez moi que tu es venu ! Ce n'est pas de ta faute d'accord ?

Sirius hocha lentement la tête.

- Et sinon, reprit James plus calmement, comment t'as eu ce bleu ?

- Hum ? Dit-il en portant mécaniquement la main à sa joue. Oh un excès de zèle de mon père.

- Très bien ça suffit, intervint Mrs Potter les larmes aux yeux. Je pense qu'il vaut mieux qu'on reparle de tout ça demain, une fois que tout le monde sera reposé. Allez, on va dormir.

- Je peux prendre le canapé pour ce...

- Ne sois pas ridicule Sirius, coupa-t-elle avec gentillesse. Tu dormiras dans la chambre de James cette nuit et je te préparais la chambre d'ami demain. Ta chambre en fait. Tu es chez toi, d'accord ?

Une boule dans la gorge et incapable d'articuler la moindre parole, il acquiesça, tentant de faire passer sa reconnaissance sans mots. Alors que les deux adolescents quittaient la pièce pour monter les escaliers, Mr Potter les arrêta une ultime fois.

- Sirius, appela-t-il.

- Oui ?

- Est-ce que tu es sûr de toi ?

La réponse fusa sans réfléchir.

- Certain, dit-il. J'ai choisi mon camp. 

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