Tome I - Chapitre 21 : Vacances de noël
Le compartiment des filles étaient étrangement silencieux. Le train était partit très tôt ce matin et disons qu'elles avaient passé plus de la moitié de la nuit à discuter, décidant de profiter de leur temps ensemble avant d'être séparées pendant deux semaines. Elles étaient bercées par les roulis du train, dormant pratiquement en position assise. Autant dire que les places près de la fenêtre s'étaient arrachées à grand renfort de coup de coussin.
La tête appuyée contre la vitre, Marlène regardait le paysage défiler sous ses yeux. Les montagnes et les landes écossaises commençaient à s'effacer au profit de la campagne anglaise, signe qu'il n'allait plus tarder à arriver à Londres. Elle avait hâte de revoir ses parents et ses deux frères qui avaient réussi à prendre un congé pour passer les vacances en famille. Benjamin travaillait dans l'entreprise de finance d'Orion Black, en partenariat avec Gringotts, tandis que Daniel faisait des études pour devenir botaniste. Il était actuellement en stage chez un apothicaire du chemin de traverse si sa mémoire était bonne et elle avait hâte de les revoir. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un petit pincement au cœur en songeant qu'elle ne verrait ni ses amies ni Regulus durant deux semaines. La veille, après avoir mangé leur chocolat, ils étaient resté encore une heure ensemble. Elle lui avait fait réviser ses cours, tentant laborieusement de se souvenir du programme de l'année dernière, puis ils avaient fait une partie d'échec version sorcier. Il y a encore un mois, Marlène ne savait pas jouée, n'ayant jamais appris, et Regulus s'était mis en tête de lui apprendre. Alors certes pour l'instant il la battait à plat de couture mais elle comptait bien s'entraîner. Peut-être qu'elle pourrait demander à Remus, il était un excellent joueur...
-Alex, pourquoi est-ce que tu as l'air d'une personne qui va tomber en dépression d'une seconde à l'autre ?
Marlène sortit de ses pensées en entendant la question et leva les yeux vers Alexia, assise en face d'elle. Cette dernière avait effectivement un air renfrogné.
-Rien...
-Arrête, j'ai l'impression que tu veux passer sous les roues du train, dit Lily. Crache le morceau.
-C'est juste... Je suis contente de revoir ma mère, ma sœur et mon frère évidemment mais...
-Mais pas Charles, devina-t-elle.
-Non, murmura-t-elle, pas lui.
Charles Harkness était le beau-père d'Alexia depuis maintenant deux ans. Il avait rencontré sa mère quelques temps après son divorce et leur relation avait été très vite. Au début, la jeune fille n'avait rien contre lui, même si l'absence de son père était dure à gérer. Ce n'était que quand ils avaient révélé leur condition de sorcier a Charles que la situation s'était dégradée. Il ne comprenait pas bien le monde de la magie, le craignait même à certains égards. Des tensions étaient apparues entre eux, avec la mère d'Alexia coincé entre les deux, souvent obligée de prendre parti. Evidemment, sa maladie n'avait rien arrangé. Charles l'avait trouvé encore plus étrange après ça, n'osant plus l'approcher pendant plusieurs jours. Aussi, elle n'était pas particulièrement impatiente de le revoir.
-Oh allez, essaya de la réconforter Dorcas, dis-toi qu'au moins t'as un de tes parents qui se soucie de toi.
-Merlin, vous faites un concours de la famille la plus nulle ou quoi ? S'exclama Lily. Souriez un peu !
-Je n'aime pas sourire.
-Dorcas !
La jeune fille esquissa une grimace en guise de sourire et Lily rigola, désespérée. Le silence retomba, chacune retournant dans son demi-sommeil pour finir leur nuit.
Dorcas ferma les yeux, essayant de se détendre, mais une image surgit dans son esprit. Le baiser qu'elle avait partagé avec Lucinda lui trottait dans la tête depuis plusieurs jours. Elle ne l'avait pas recroisé depuis, ce qui faisait qu'elles n'avaient pas pu s'expliquer. A vrai dire, Dorcas ne savait même pas ce qu'elle aurait pu lui dire. « Désolé mais j'aime les garçons » ? Et puis au fond elle ne pouvait pas nier qu'elle avait aimé ça. Elle se rappelait avec une précision étonnante les lèvres de la capitaine de Serpentard sur les siennes, ses mains frôlant ses hanches et la sensation d'étourdissement qu'elle avait éprouvée. Mais il n'y avait pas que ça. Les questions se bousculaient dans son esprit, semblant s'entrechoquer dans son crâne pour lui donner un mal de tête. Dorcas savait une chose : elle aimait les hommes. Elle était déjà sortie avec plusieurs d'entre eux, était même allé au-delà des simples baisers, et tout lui paraissait normal. Jusqu'à ce que Lucinda débarque. La blonde avait retourné toutes ses croyances et ses acquis d'un simple sourire et d'une voix envoûtante lors d'une rencontre à l'infirmerie. Est-ce que quelque chose clochait chez elle ? Traversait-elle ce que sa mère aurait appelé « une phase » ? Parce que franchement Dorcas était complètement paumée. Et elle détestait ça. Elle avait toujours été une fille décidée qui savait ce qu'elle voulait pourtant Lucinda venait de chambouler ses certitudes. Encore une fois, le plus perturbant était le fait qu'elle avait aimé le baiser. C'était inutile de le nier, elle y pensait tout le temps. Cette situation allait véritablement la rendre folle.
A ce moment-là, la porte du compartiment s'ouvrit brusquement, révélant Sirius qui entra à toute vitesse. En l'apercevant, le visage d'Alexia s'éclaira.
-Je demande l'asile politique !
-Qu'est-ce qui se passe encore ? Rit-elle. Non attends laisse-moi reformuler...Qu'est-ce que tu as encore fait ?
-C'est James qu'a commencé !
Lily eu l'air consterné.
-Des gamins je vous jure...
-C'est faux Evans ! Lança James en arrivant soudainement. C'est lui qui a triché !
-Je n'ai pas triché, tu es mauvais perdant.
-Pas du tout. Peter est témoin.
-T'as soudoyé Peter avec des chocogrenouilles ! Protesta Sirius. Ça ne compte pas. Je demande un juge impartial.
-Tout à fait d'accord.
James et Sirius échangèrent un coup d'œil complice avant de passer la tête par l'embrasure et de crier dans le couloir d'une même voix :
-Remus !
**
*
A l'arrivée sur le quai, c'était la cohue. Des centaines de parents se pressaient pour tenter de récupérer leurs enfants tandis que les élèves sortaient du train par vague, traînant leur lourde valise derrière eux.
Encore sur le marchepied de son wagon, Alexia parcourut la foule du regard. Elle repéra presque immédiatement son frère et ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Elle était persuadé que c'était sa mère qui devait venir la chercher.
-Mathieu !
D'un bond, elle s'élança vers lui, laissant sa malle dans les bras de Sirius qui commençait à ployer sous le poids combiné de la sienne et de celle d'Alexia. Son frère sourit quand elle lui sauta dans les bras, la soulevant du sol.
-Bon sang, qu'est-ce que tu fais là ?
-Quoi ? J'ai besoin d'une raison pour vouloir revoir ma petite sœur ?
-Matt...
-D'accord, céda-t-il. Maman et Charles devaient aller chercher Sarah à l'aéroport. Elle revient de France aujourd'hui.
Alexia hocha la tête. Sa sœur de 25 ans était partit étudier dans le sud de la France pour un stage de trois mois et revenait passer les fêtes en famille. Finalement, ça ne la dérangeait pas plus que ça, au moins elle aurait un peu de temps seule avec son frère.
Derrière elle, Sirius arriva en portant sa valise, James sur les talons.
-Princesse, qu'est-ce que t'as mis là-dedans ? Des briques ?
-Oh sois un homme, lui répliqua James. Souffre en silence. Salut Cassidy !
-James Potter, dit Mathieu en souriant. Mon meilleur poursuiveur. Tu as repris mon poste apparemment ?
-Et ouais. J'ai été nommé capitaine !
-Tu t'es auto-proclamé capitaine, corrigea Alexia.
-Tu n'es plus dans l'équipe, tu n'as rien à dire.
Ils éclatèrent de rire.
Pour ne pas se faire bousculer, leur petit groupe se décala sous une arcade en pierre, près du mur servant à regagner le monde moldu. Alexia repéra ses amies qui partaient, leur adressant un signe de la main. Elle ne put s'empêcher de remarquer que Dorcas et sa petite sœur Artemisia s'en allaient seules, leurs parents n'étant même pas venu les chercher. A côté d'elle, les garçons continuaient à parler de Quidditch, James et Mathieu comparant leur expérience de capitaine. A un moment, Remus vint les interrompre pour les prévenir qu'il partait, déposant Peter chez lui sur le trajet. Les Maraudeurs se promirent de se voir pendant les vacances, ce qui fit sourire Alexia. A croire qu'ils étaient vraiment inséparables.
Soudain, une voix sèche claqua sur leur gauche.
-Sirius ! On ne va pas t'attendre indéfiniment.
Immédiatement, le jeune homme se tendit et il fronça les sourcils. Même James se raidit.
-J'arrive mère, répondit-il avec insolence.
Alexia se tourna en direction de la femme en frissonnant. Elle devait avoir une quarantaine d'année et se tenait à côté de son fils cadet ainsi que de son mari, Orion Black. Rien qu'à sa posture on pouvait deviner son appartenance à une vieille famille de sang-pur. Elle portait une longue robe noir attachée en corset sur le devant, un chignon compliqué et un chapeau à large bord. Ses doigts étaient crispés autour de la lanière de son sac à main, ce qui évoqua les serres d'un oiseau de proie dans l'esprit d'Alexia. Une autre chose perturbante à son sujet était sa ressemblance avec son plus jeune fils. Bien sûr, toute la famille arborait les mêmes cheveux noirs et les mêmes yeux gris mais si Sirius tenait incontestablement de son père, Regulus avait hérité des traits de visage de sa mère.
-On se parle via le miroir quand tu rentres, chuchota James à son meilleur ami. Bonne chance.
-Ouais...marmonna-t-il. Retour en enfer.
Son ton fataliste serra la gorge d'Alexia. Elle avait envie de le prendre dans ses bras pour le réconforter, de l'embrasser, mais elle se retint. Elle savait pertinemment qu'il ne voudrait pas étaler leur relation devant sa famille qu'il détestait. Au lieu de ça, elle imita James en lui posant une main sur l'épaule et s'autorisa un sourire pour le soutenir tandis qu'il s'éloignait.
-Ils avaient l'air très sympa...commenta Mathieu avec ironie dès qu'ils eurent franchit le passage.
-Et encore, je trouve que sa mère était plus chaleureuse que d'habitude, rétorqua James avant de soupirer, l'air perturbé. Bon j'y vais aussi, mes parents m'attendent. A plus Alex !
A nouveau seuls, Alexia et son frère décidèrent de rentrer également. Inspirant fortement, elle posa une main sur son bras, prête pour le transplanage d'escorte. Elle avait hâte de passer son permis parce qu'être transporté par quelqu'un d'autre n'avait réellement rien d'agréable. Elle ressentit la sensation familière d'un crochet qui la tirait au niveau du ventre puis ses pieds quittèrent le sol. Le souffle coupé, elle eut l'impression de passer dans un tuyau trop étroit et les couleurs se brouillèrent devant des yeux. Quand la réalité réapparut, elle se pencha en avant, habitué à la nausée et au mal de tête qui ne tarderaient pas à se dissiper.
-Ça va ? Tu te sens bien ?
-Ouais, juste deux minutes.
-Tu as besoin d'une fiole ? Un médicament ? Demanda-t-il.
-Non ! S'insurgea-t-elle. Je peux encore transplaner sans que tu commandes mon cercueil.
Mathieu tressaillit et recula d'un pas comme si elle l'avait giflé. Aussitôt, elle culpabilisa.
-Matt...je ne voulais pas...
-Je sais, coupa-t-il. J'avais juste oublié ce que ça faisait de s'inquiéter dès que tu es dans mon champ de vision.
-Tu n'as pas besoin de t'inquiéter.
-Sérieusement ? Tu es dans le déni à ce point ?
-Je ne suis pas dans le déni !
-Vraiment ? Est-ce que tes amis savent que tu es malade ?
Alexia détourna le regard en se mordant la lèvre, lui donnant une réponse assez explicite. Son frère se contenta de secouer la tête.
-Allez viens, on rentre.
Sans un mot, elle saisit sa valise et lui emboita le pas. Dès qu'ils claquèrent la porte, des pas précipités retentirent dans le couloir et une femme aux cheveux bruns coupés court arriva en courant.
-Maman !
-Alex ! Oh ce que tu m'as manqué !
Mrs Cassidy serra sa fille dans ses bras en l'embrassant, rejointe quelques secondes plus tard par une seconde jeune fille un peu plus âgée qu'Alexia.
-Salut Sarah.
-Enfin, tous mes enfants à la maison. C'était trop vide sans vous.
-Promis, on fera le maximum de bruit, dit Mathieu.
-Je ne vous ai pas demandé de détruire la maison non plus...
Amusée, Alexia se détacha de l'étreinte de sa mère et de sa sœur, son regard errant sur la maison. Même si elle adorait Poudlard, elle devait avouer qu'elle était heureuse d'être rentrée. Alors qu'elle enlevait son manteau, elle entendit soudainement une autre voix. Une voix qu'elle ne s'attendait vraiment pas à retrouver aujourd'hui.
-Regardez qui vient de rentrer !
-Papa ? S'exclama-t-elle, abasourdie. Qu'est-ce que tu fais là ?
-Quoi ? Je n'ai plus le droit de venir voir mes enfants ?
Un énorme sourire aux lèvres, elle se précipita vers lui et l'enlaça de toutes ses forces. Quand il referma ses bras autour d'elle, elle crut retourner en enfance. Elle était à nouveau la petite fille qui venait se blottir contre lui quand elle avait fait un cauchemar. Ses parents s'étaient séparés quand elle avait 7 ans et elle se souvenait encore de la douleur qu'elle avait ressentie. C'était sa mère qui avait obtenu leur garde mais l'attention générale à la maison c'était concentrée sur Sarah, en pleine crise d'adolescence suite au divorce. Après cela, c'était Mathieu qui avait mal vécu la situation à l'arrivée de Charles. Autant dire qu'elle s'était souvent sentie délaissée.
En parlant de son beau-père, il arriva lui aussi, l'air mal à l'aise par leur présence à tous.
-Content de te revoir Alexia.
-Moi aussi, dit-elle en tentant un semblant de politesse.
Un léger silence s'installa, puis Mathieu proposa de monter les valises de ses sœurs à l'étage. Alors qu'Alexia allait leur emboiter le pas, sa mère lui posa une main pour la retenir.
-Chérie, on aimerait te parler. Tu peux venir une minute ?
Un mauvais pressentiment se diffusa dans son corps, une boule se formant dans son ventre comme à chaque fois qu'elle était stressée. Lentement, elle descendit la marche sur laquelle elle se trouvait et se dirigea vers le salon. Ses parents étaient déjà assis sur l'un des canapés tandis que Charles tirait une chaise près d'eux. Indécise, elle piétina une seconde dans l'embrasure avant de s'installer sur le fauteuil, juste en face de sa mère. Il y eut un moment de flottement comme si personne ne savait vraiment par quoi commencer puis son père prit la parole, posant ses coudes sur ses genoux en joignant ses mains ensemble.
-On doit te parler ma chérie...
-Qu'est-ce qui se passe ? S'inquiéta-t-elle immédiatement.
-Et bien...en fait... Ta mère et moi avons pris une décision.
-Avec Charles, précisa Mrs Cassidy.
-Avec Charles, répéta son père avec raideur.
Alexia sentit la boule dans son ventre se serrer un peu plus. Ça commençait mal. Ses parents ne se parlaient que pour le strict minimum et c'était un miracle qu'ils soient tous les deux-là, assis côte à côte. Mais le plus spectaculaire était que son père accepte de rester dans la même pièce que Charles...
-Comment ça ? Quelle décision ?
-Je ne sais pas si tu es au courant mais le docteur Tyler nous a envoyé une lettre avec tes résultats ?
Comment l'oublier ? Elle se rappelait encore de la sensation de panique, de rage et d'impuissance quand elle l'avait reçu, l'heure entière passée dans le noir, coincée dans un stupide placard à balais. Et puis surtout le baiser avec Sirius. Alors qu'elle se remémorait la sensation de ses lèvres sur les siennes, elle se rendit compte que son père attendait toujours une réponse et elle rougit fortement.
-Hein ? La lettre ! Oh oui... Je l'ai reçu.
-Alors tu as vu les résultats. La maladie a empiré.
-Je sais, il faut que j'aille passer un examen la semaine prochaine. Ne vous inquiétez pas, j'irais.
Sa mère parut mal à l'aise.
-Non chérie, ce n'est pas de ça que nous voulions parler... Enfin, bien sûr que tu iras au rendez-vous mais...mais il y a autre chose.
-Je ne comprends rien, avoua Alexia. Qu'est-ce qui se passe ?
-Alex, souffla-t-elle. Tu es malade. Ça ne sert à rien de le nier ou de prétendre que ça va s'arranger puisque de toute évidence les traitements ne fonctionnent pas...
Sa voix se fissura sur la dernière phrase et elle lutta contre les larmes un instant.
-Ta santé se dégrade vite, plus vite que les médicomages ne l'avaient prévu. On en a discuté et on pense que ça serait mieux que...que tu restes à la maison un certain temps. Histoire d'aller mieux, d'être plus proche de l'hôpital pour avoir des visites et un suivi régulier...
-Ouais, pas de problème. Je suis là pour deux semaines de toute façon.
-Non, tu ne comprends pas Alex, intervint Charles doucement. Il faudrait que tu restes vraiment à la maison pour te reposer. Tout le temps.
Alexia cligna des yeux, perplexe.
-Mais...J'ai cours. Je ne peux pas juste arrêter d'aller à Poudlard.
-On pourrait engager un précepteur ou tu feras une pause pendant un moment...
-Quoi ? Non ! S'écria-t-elle. Vous ne pouvez pas faire ça !
-C'est pour ton bien chérie...
-Non ! J'ai des amis au château, je ne peux pas me volatiliser comme ça en un clin d'œil. Et il faut que je passe mes ASPIC !
-Alex, tenta son père avec diplomatie, tu es malade. Tu n'arriveras pas à tenir le rythme.
-C'est ce que vous disiez aussi pour le Quidditch, rétorqua-t-elle, pourtant j'ai tenu plus de deux ans. Si je prends mon traitement sans faire de sport tout ira bien.
-Les résultats montrent le contraire ! Hurla Mrs Cassidy, les mains tremblantes. Sois raisonnable !
Secouant la tête, la jeune fille sentit les larmes lui monter aux yeux et elle déglutit difficilement.
-Non, murmura-t-elle encore une fois. Je refuse.
-Mais...
-Je ne peux pas abandonner les cours, ni Lily, Dorcas, Sirius...
Elle s'étrangla sur le dernier prénom, ayant l'impression de recevoir un coup à l'estomac à la simple idée de ne plus revoir. Elle avait espéré pendant des mois que leur relation avance, qu'elle ne soit plus uniquement cataloguée comme « la meilleure amie », ce n'était pas pour maintenant rester cloitrée dans sa chambre sans voir personne à cause de cette maudite maladie.
Son père parut voir sa détresse car il se pencha vers elle, lui prenant la main.
-Ecoute, ce n'est que temporaire. Voir si la situation s'améliore et...
-Mais elle ne s'améliora pas ! Vous n'avez toujours pas compris ? Je vais mourir !
-Ne dis pas ça.
-C'est la vérité, je vais mourir et aucun de vous ne pourra rien faire !
Sa mère éclata en sanglot et Charles s'empressa d'aller la réconforter, passant un bras autour d'elle, tandis que son père bondissait sur ses pieds.
-Alexia ! Ça suffit !
-Pourquoi ? C'est de mon avenir dont on parle là ! Cria-t-elle avant de se tourner vers sa mère, jouant sa dernière carte. Maman, maman s'il te plait ! Tu sais ce que ça fait d'être à Poudlard toi. Tu sais qu'on ne peut pas juste le quitter comme ça. Je... je ne pourrais pas rester enfermée à la maison en sachant que tous mes amis se promènent dans le parc près du lac Noir, sont en sortie à Pré-au-Lard ou passe leur dimanche dans la salle commune. Tu ne peux pas me faire ça...
Les mots de sa fille semblèrent atteindre Mrs Cassidy car son expression se fit lointaine un instant, comme si elle se remémorait elle-même les souvenirs de sa scolarité dans le fabuleux château. Elle plongea ses yeux dans ceux d'Alexia, analysant profondément son expression, jugeant sa détermination. Son inquiétude lui rongeait toujours la poitrine mais elle soupira lourdement, indécise.
-Chérie...
-Je t'en supplie maman, fais pas ça, sanglota-t-elle. Je te jure que ça ira, j'irais à l'hôpital faire tous les examens, je prendrais les médicaments et je...je...
Alexia n'arriva pas à continuer, se contenta de serrer les mains de sa mère entre les siennes de toutes ses forces. Elle savait que ça serait cette dernière qui prendrait la décision, son père et Charles la suivant quoiqu'il arrive. Le silence sembla s'étirer indéfiniment et elle était presque sûre qu'elle pouvait compter les battements de son cœur qui martelaient dans sa poitrine.
-Très bien, souffla-t-elle finalement. Mais si ton état s'aggrave, tu rentres immédiatement. C'est d'accord ?
-Oui ! Promis. Merci maman ! Merci !
Une vague de soulagement la submergea et elle lui sauta dans les bras, riant à travers ses larmes.
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