Tome I - Chapitre 20 : La proposition de Rosier


Le château était en effervescence telle une ruche bourdonnante. En effet, les vacances de noël devaient commencées à la fin de la semaine, vendredi à midi plus précisément. Si les élèves étaient surexcités à l'idée de revoir leur famille et de quitter l'école pour un couple de semaine, les professeurs semblaient vouloir leur débiter tout le programme de l'année dans ce court laps de temps. C'est bien simple, Pandora Van Houten, la préfète-en-chef de Serdaigle également capitaine, avait viré la moitié de son équipe après une crise de nerf mémorable avant de les réintégrer en s'excusant vingt fois. Il faut dire qu'avec ses examens blancs plus le stress de sa fonction, elle ne dormait que quatre heures par nuits depuis plusieurs jours et ça commençait à se ressentir. Heureusement, les vacances seraient l'occasion de décompresser.

Ce matin, à l'heure du petit déjeuner, les filles arrivèrent encore à moitié endormies. Même Lily, qui d'habitude récitait ses cours avant les contrôles, avait abandonné l'idée et se laissa tomber sur le banc à la table de Gryffondor. James releva aussitôt la tête de son bol de céréale, ouvrant la bouche pour sûrement débiter une énième blague mais Dorcas le coupa.

- Pas dès le matin Potter. Attends au moins que j'ai avalé une tasse de café.

- J'allais juste dire bonjour, se défendit-il.

- Bien sûr...

Alexia retint un sourire. Ses amis pouvaient vraiment être étranges parfois. Alors qu'elle faisait le tour de la table pour aller s'assoir en face de Remus, son regard croisa celui de Sirius et elle se sentit rougir en se rappelant le baiser d'hier soir. Elle avait passé toute la nuit à y penser, retournant la scène dans son esprit. Ils sortaient ensemble, c'était un fait, mais maintenant se posait la question du « et après ? ». Elle n'en avait même pas parlé aux filles, tentant déjà d'y voir clair par elle-même. Etait-elle censée aller lui dire bonjour normalement ou faire quelque chose de particulier ? En la voyant hésiter, Sirius sembla prendre la décision pour elle car il se leva pour venir se planter devant elle. Sans prévenir, il l'embrassa à pleine bouche et Alexia ferma les yeux, ses bras se joignant autour de son cou.

Quand il se recula, il avait l'air assez satisfait de lui-même.

- Bonjour à toi aussi, rit-elle.

- Que...Attendez ! S'exclama Marlène. J'ai loupé un truc c'est ça ?

Surprise de cette soudaine interruption, Alexia se tourna à nouveau vers leurs amis. Les réactions étaient assez différentes. Lily arborait un air suffisant qui signifiait sans aucun doute « c'est pas trop tôt », Peter en avait laissé tomber sa cuillère et avait la bouche entre ouverte, Remus souriait bêtement et enfin James sautillait sur sa chaise comme s'il était incapable de décider s'il avait envie d'applaudir ou de faire une danse de la joie.

- J'ai vraiment besoin d'un café, se contenta de déclarer Dorcas, l'air sidéré.

Une heure plus tard, en cours de métamorphose, le groupe s'était réuni au fond de la classe. Ils essayaient de tenir une conversation en chuchotant et surtout en échappant à l'œil de faucon de McGonagall.

- Répètes, j'ai pas tout compris. C'est Alexia qui t'as embrassé la première ?

- C'est ça, confirma Sirius. Dès que je l'ai libéré.

- J'ose même pas imaginer si ça avait été quelqu'un d'autre qui avait ouvert la porte, songea Remus. Imagine qu'elle soit tombée sur Rogue.

- Lunard, s'il te plait, je viens de manger.

- Il est 10h, on a mangé il y a plus d'une heure.

- Je suis peut-être passé aux cuisines à la pause...

- James !

Remus lui fit son fameux regard de « préfet indigné » qui lui servait toujours dans ce genre de situation tout en sachant pertinemment que ça ne marcherait absolument pas. Mais bon, parfois il devait se donner bonne conscience. Juste derrière eux, Lily ne releva quant à elle même pas, encore trop choquée pour réagir. Ce qui n'était pas le cas de Dorcas.

- Donc...vous sortez ensemble ?

- A ton avis ? Répliqua Alexia.

- Non mais je préfère vérifier, vos histoires sont tout le temps hyper compliquées... Pire qu'un vieux couple. 

Cela sembla donner une idée à James.

- Oh ! Je veux être le témoin à votre mariage !

Vu la tête de Sirius à cet instant il manqua de s'étrangler.

- Comment ça un mariage ?!

- Le tien avec Alex, Patmol ! Essaye de suivre.

- On sort ensemble depuis hier les gars, apaisa Alexia. Calmez-vous.

Elle avait l'impression que tout allait véritablement trop vite et qu'elle n'arrivait pas à suivre. Depuis toujours, Sirius était ce qui ressemblait le plus à un meilleur ami, par conséquent elle ne savait pas vraiment comment se comporter désormais. Elle avait presque peur que leur relation change trop et elle voulait éviter ça à tout prix.

Finalement, McGonagall eut l'air de ne plus supporter leur bavardage car elle éleva brusquement la voix, faisant sursauter la moitié de la classe.

- Bon c'est fini ? Vous voulez peut-être du thé et des scones ? Potter, ne répondez même pas !

- Mais...

- Je pense que nous sommes tous très heureux pour monsieur Black et miss Cassidy mais est-ce qu'on pourrait en revenir au cours ?

Alexia maudit véritablement ses amis en piquant un fard.

**

*

Du côté des Serpentard, Livia, Regulus, les jumelles Zabini et Antonin Dolohov ne quittaient plus leurs manuels de révision pour les BUSE. Regulus avait carrément découvert de nouveaux rayonnages à la bibliothèque qu'il ne connaissait pas alors que ça faisait cinq ans qu'il était ici.

- Pourquoi est-ce que tu n'arrêtes pas de regarder cette satanée horloge ?

- Hein ?

Il dévisagea Dymphna, surpris, mais c'est Phyllida qui se chargea de lui réponde. C'était souvent perturbant d'avoir une conversation avec les jumelles quand elles enchainaient ou finissaient les phrases de l'autre.

- Tu regardes l'heure depuis qu'on est arrivés, précisa-t-elle.

- Oh...Non, c'est juste que j'en ai marre de réviser. C'est tout.

Regulus tâcha de soutenir le regard vert d'eau de Livia qui le détaillait avec suspicion. Malheureusement pour elle, il était devenu très doué à ce petit jeu du mensonge. Il avait toujours su contrôler les expressions ou les émotions de son visage, ne laissant jamais rien transparaitre, même à Livia. De toute façon, il ne pouvait tout simplement pas leur dire qu'il avait rendez-vous avec Marlène McKinnon à 18h.

Ça allait faire la quatrième fois qu'il retrouvait la Gryffondor en cachette, toujours dans une salle de classe vide dans une zone pratiquement déserte du château. Généralement, ils se contentaient de parler pendant plus d'une heure, installés dans un vieux canapé déglingué à refaire le monde et parler de tout et n'importe quoi. Au début, ils faisaient leurs devoirs ensemble, pratiquement dans le silence, et puis elle s'était mise à bavarder sur n'importe quoi. Son chat particulièrement. Regulus en était venu à détester ce maudit félin mais au moins il était sûr d'être capable d'écrire son autobiographie tellement Marlène lui avait donné de détail. Quand il avait fini par craquer, agacé, elle lui avait rétorqué qu'il n'avait qu'à choisir un sujet car après tout ils étaient amis et les amis étaient censés parler entre eux. Ainsi, ils avaient entamé un long débat animé sur les équipes de Quidditch de Grande-Bretagne. Dire qu'il avait été surpris par ses connaissances aurait été un euphémisme. Souriante, Marlène avait expliqué qu'avec deux frères plus âgés, elle n'avait pas eu le choix.

Quoiqu'il en soit, c'était leur dernier rendez-vous avant les vacances et même s'il ne l'aurait jamais avoué à voix haute, il ne voulait absolument pas le manquer. Aussi ridicule que ça paraisse, Marlène lui permettait d'échapper à l'ambiance des Serpentard pendant quelques heures.

- Qu'est-ce que ça veut dire le résultat de la somme doit être égal ou supérieur au produit de la formule du calcul servant à déterminer la porosité de la poudre de veracrasse ?

Long silence.

- Quoi ?

- Répètes lentement.

- C'est dans quelle matière de toute façon ? Dit Dolohov.

- Potion, répondit Livia sombrement. Et je refuse d'aller demander à Rogue, la dernière fois il m'a traité d'idiote qui n'avait rien compris à cet « art subtil ».

- Toujours aussi aimable...

Alors qu'ils reprenaient leur révision, ils furent à nouveau interrompus quand une ombre s'abattit sur eux. Regulus leva la tête. Devant leur table se trouvait Evan Rosier dans toute sa gloire. Pour une fois il était seul, son cercle de sbires l'ayant visiblement laissé pour l'instant, même sa fiancée Elizabeth Yaxley, ce qui était assez rare pour être souligné. Comme d'habitude, Rosier arborait une posture fière, des cheveux blonds dorés et des yeux noirs comme de l'encre.

- Oui ?

- Les cinquièmes années ! S'exclama-t-il. C'est vous que je cherchais.

- Qu'est-ce que tu veux ? Demanda Livia sèchement.

- Simplement parler.

- De quoi ?

- De votre avenir à la sortie de Poudlard, vos projets...

Regulus n'eut pas besoin d'un traducteur. Dans le langage de Rosier et de l'époque, cela signifiait clairement qu'il fallait commencer à choisir son camp. Ce n'était un secret pour personne d'un peu près attentif et qui connaissait les mœurs des grandes familles du monde sorcier que les Rosier soutenaient Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. A l'échelle de l'école, Evan incarnait ce genre de valeur.

Visiblement, cela n'échappa pas à Livia également car elle se leva brusquement, attrapant ses affaires.

- Je n'ai pas besoin d'un conseiller d'orientation, dit-elle avec sarcasme. A plus tard.

Elle s'éloigna sous le regard impassible de Rosier. A la table, les jumelles semblèrent se concerter silencieusement, comme elles le faisaient toujours, et elles imitèrent leur amie.

- Désolée Rosier, on te l'a déjà dit. On ne fera rien tant que nous sommes à Poudlard.

- Mais si tu as besoin d'infos sur quelqu'un ou quelque chose, continua Dymphna, tu sais où nous trouver.

Là aussi, Regulus comprit le message sous-jacent. Les sœurs Zabini étaient connues pour tout savoir sur tout le monde et on pouvait être sûr de la fiabilité de leur information, à condition bien sûr de mettre le prix ou d'avoir une chose à offrir en échange. Rien n'était jamais gratuit.

En tout cas, il ne restait finalement plus que lui et Antonin.

- L'un de vous a envie de suivre ces dames ? Dit Rosier froidement.

Aucun d'eux ne bougea.

- Bien. Je savais que je pouvais compter sur les Black et les Dolohov.

- Dis-nous ce que tu veux, qu'on puisse continuer à réviser.

- Direct ? J'aime ça. On a besoin de personnes comme ça.

- Pour quoi faire ? Interrogea Antonin.

Rosier garda le silence une seconde comme pour ménager son effet.

- Je suppose que vous avez entendu parler de notre groupe ? On répand l'idéologie sang-pur et la grandeur des vieilles familles.

- En agressant des nés-moldus, des sangs-mêlé et les traîtres à leur sang ?

- Agresser est un mot un peu fort. Nous leur parlons du seigneur des ténèbres et s'ils ne sont pas... convaincus dirons-nous, nous sommes obligés de leur jeter un sortilège d'oubli.

- Pourtant certains se souvenaient de quelques détails...

- Certes. Notre groupe compte divers éléments, de toutes les maisons et de toutes les années. Les plus jeunes ne maîtrisent pas vraiment le sortilège et ils dosent parfois mal. Des erreurs simples mais qui ne se reproduiront pas. Cela est passé pour des agressions...

- Evidemment.

Rosier dévisagea Regulus, tâchant de deviner s'il était sérieux ou cynique. Ce dernier resta stoïque. Finalement, le septième année se tourna vers Dolohov qui écoutait attentivement.

- Qu'est-ce que tu en penses ?

- Je... je ne sais pas trop. Je suis d'accord avec la suprématie du sang et des traditions sorcières, évidemment, mais pour les agressions...

- Ce ne sont pas des agressions. Vois ça différemment. On leur propose de rejoindre une cause noble malgré leur naissance, on leur offre une chance. C'est de leur faute s'ils ne la saisissent pas. Et ce que personne ne sait, c'est que plusieurs élèves ont rejoint nos rangs grâce à ce type de recrutement. Ils ont accepté et nous n'avons ainsi pas eu à leur effacer la mémoire. Ils viennent de Poufsouffle, Serdaigle, même Gryffondor.

- Vraiment ?

- Oh oui, dit Rosier avec une voix doucereuse. Et je tiens à ajouter qu'une fois en dehors des murs du château, le seigneur des Ténèbres se souviendra de ceux qui ont été de son côté depuis le début.

Il n'en fallut pas plus. Antonin venait d'une vieille famille de sang-pur mais les Dolohov avaient décliné ces dernières années à cause d'argent mal investi et de certaines relations politiques infructueuses. En soutenant le mage noir, on pouvait être sûr de redorer son blason tout en restant fidèle à ses idéaux.

Regulus était dans un cas différent. Les Black n'avaient nullement besoin de prouver leur supériorité, ils étaient carrément considérés comme une des familles les plus puissantes dans la bourgeoisie sorcière avec les Malefoy, les Rosier, les Meadowes ou encore à une moindre mesure les Greengrass. Mais Regulus était l'héritier. Celui qui devait faire perdurer le nom des Black étant donné que ses cousines allaient toutes se marie. Et pour cela il devait commencer à tisser un cercle de relation. Quoi de mieux que le haut de l'échelle sociale avec Rosier et son groupe ?

- Alors ? Qu'est-ce que vous décidez ?

- J'en suis, accepta Dolohov.

- Excellent. Et toi, Black ?

- Il faut que j'y réfléchisse.

Rosier plissa les yeux, sûrement peu à habituer à cette réponse, toutefois il hocha la tête lentement.

- Je comprends. Mais ne tarde pas trop, ma proposition n'est pas illimitée.

Regulus se contenta de promettre d'y réfléchir et le septième année s'en alla, adressant un sourire charismatique à la bibliothécaire qui lui jetait un regard suspicieux. A côté de lui, Dolohov rangea ses affaires, visiblement plus d'humeur à travailler.

- Tu viens ? Demanda-t-il. On retourna à la salle commune ?

Retourner à salle commune signifiait faire face aux questions et aux leçons de morale de Livia, d'autant plus qu'il n'allait pas tarder à être 18h. Regulus prit sa décision immédiatement.

- Je te rejoins plus tard, je vais faire un tour.

Sans attendre de réponse, il se précipita dehors avant de dévaler les escaliers. Il dû s'arrêter au troisième étage, attendant que la volée de marche change de place. C'était la fin des cours et beaucoup d'élèves circulaient dans les couloirs à cette heure-ci, le ralentissant. Exaspéré, Regulus eut des envies de meurtre quand il passa devant le tableau du Chevalier du Catogan, ce dernier le provoquant en duel à grands renforts de « vil maraud » ou « je vous chante pouilles ! ».

- Merlin... Pourquoi est-ce que tu as l'air de vouloir assassiner quelqu'un ? Dit Marlène en le voyant arriver.

- Rien, grogna-t-il. Commençons.

D'un coup d'épaule, il ouvrit la porte de la classe vide où il se retrouvait habituellement et pénétra à l'intérieur.

- Charmant... marmonna-t-elle, lui emboitant le pas avant de fermer le battant dans son dos.

La salle n'avait pas changé depuis qu'ils s'y réunissaient et Marlène soupçonnait que les elfes ne passaient même pas par ici. Une couche de poussière recouvrait l'antique bureau en bois qui avait dû appartenir à un professeur il y a quelques années, quand on faisait encore cours dans cette partie du château, et les lourds rideaux en velours qui obstruaient les fenêtres étaient infestés par les doxy, ces horribles petits insectes parfois nommés les « fées mordeuses ». Au centre de la pièce se trouvait un vieux canapé vert complètement déglingué avec des ressorts qui sortaient de la mousse éventrée. C'était devenu leur refuge préféré.

- Alors... tu as des devoirs à faire ce soir ?

- Ouais. Réviser pour les BUSE.

Marlène ne se formalisa pas du ton du jeune homme, habituée à ses réponses monosyllabiques. Pourtant, elle ne put s'empêcher d'être déçue. C'était la dernière fois qu'ils se voyaient avant les vacances et elle avait espéré qu'ils pourraient juste discuter au lieu d'apprendre leur leçon. Il dû remarquer sa déception car l'expression de Regulus se radoucit, du moins autant qu'il en était capable.

- Mais je pourrais le faire plus tard. Allez viens, assis toi.

Un grand sourire illumina le visage de la blonde et rien que ça améliora directement son humeur. Il oublia instantanément Rosier ou encore Livia, se concentrant sur son...amie. Il supposait qu'il pouvait l'appeler ainsi maintenant même si ça lui paraissait toujours étrange. A vrai dire tout ce qui concernait Marlène n'était pas logique.

- C'est tes fiches révisions pour les potions ? Demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

- Oui. Pourquoi ?

- Mon dieu, j'avais oublié à quel point le programme pour les BUSE était compliqué.

Regulus se tourna vers elle, haussant un sourcil.

- Pourquoi est-ce que tu utilises cette expression moldu ? Ça m'a toujours dépassé. Pourquoi invoquer un dieu ?

- Je... je ne sais pas. C'est une façon de parler. Et puis quoi, tu ne crois en rien ?

- Aucune idée mais je pense que s'il y a un dieu quelque part il ne se soucie pas de nous.

Il y eu un moment de silence, le temps que Marlène réfléchisse à ses paroles, puis elle plongea ses yeux dans les siens.

- Tu me désespères parfois, se contenta-t-elle de dire.

Regulus éclata de rire spontanément.

- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ? Reg !

- Rien, dit-il doucement. Rien. C'est juste toi.

- Je ne sais pas comment je dois le prendre...

Elle ne paraissait pas fâchée, juste curieuse.

- Laisse tomber. Parle-moi plutôt de ce que j'ai manqué, je ne suis pratiquement pas sorti de la bibliothèque aujourd'hui. Nos profs nous ont laissé notre après-midi pour réviser.

- Attends... Ça veut dire que tu n'es pas au courant ?

- Au courant de quoi ?

- Il y a eu une nouvelle agression, annonça Marlène sombrement. Une née-moldu de Serdaigle, Pandora Van Houten. Tu sais, la préfète-en-chef, celle qui sort avec Lovegood depuis un mois. Elle a été emmenée à l'infirmerie, elle est inconsciente pour le moment. Je suppose qu'elle parlera quand elle sera réveillée. J'espère qu'elle réussira à identifier celui ou ceux qui ont fait ça.

Regulus veilla à rester impassible, se souvenant de sa conversation avec Rosier un peu plus tôt. Il savait déjà que de nombreux élèves, particulièrement des Serpentard, étaient mêlés à ces « agressions » qui relevaient plus d'un processus de recrutement pour le Seigneur des Ténèbres qu'autre chose. En entendant l'indignation dans le ton de la blonde, il se demanda un instant ce qu'elle penserait de lui si elle apprenait qu'il envisageait de rejoindre le groupe. Secouant la tête, il chassa cette pensée. Après tout elle n'avait pas besoin de savoir.

- Sinon, reprit Marlène, il y a une autre nouveauté chez mes amis. Mais... enfin...

- Quoi ? Tu ne veux pas me le dire ?

- Non... C'est juste, j'ai peur que tu ne veuilles pas en parler c'est tout.

- Pourquoi ? Demanda-t-il perplexe.

Elle hésita une seconde avant de lâcher du bout des lèvres.

- Ca concerne Sirius.

A la mention du nom de son frère, Regulus se crispa immédiatement. Sa première impulsion fut d'envoyer balader la jeune fille mais il se retint. Marlène ne cherchait pas à l'ennuyer, il savait que s'il voulait changer de sujet elle le suivrait sans discuter. Pourtant, il serra les poings et se força à parler d'un ton neutre.

- Je t'écoute.

La tête de Marlène valait tous les gallions du monde à cet instant.

- Sérieusement ? Enfin je veux dire... oui bien sûr... euh... Il sort avec Alexia. Alexia Cassidy, je ne sais pas si tu la connais.

- Cheveux châtains, yeux bleus ? La fille hyper mince qui traîne toujours avec Evans et compagnie ?

- C'est elle, confirma Marlène. Je trouve qu'ils vont bien ensemble.

- Hum...

- Regulus... Ça fait combien de temps que tu n'as pas parlé avec ton frère ?

- McKinnon, grommela-t-il.

- Très bien, tu ne veux pas répondre. J'ai compris. Voyons tes devoirs, je vais te faire réviser.

Elle se pencha pour attraper ses fiches, les parcourant du regard en essayant de déchiffrer son écriture. Alors qu'elle allait commencer à l'interroger sur l'astronomie, elle se figea quand il reprit la parole d'une voix mécanique qui la fit frissonner.

- 3 mois et demi, déclara-t-il comme s'il annonçait la météo. Ça va faire trois mois et demi qu'on ne s'est pas parlé. Depuis notre retour à Poudlard. Et quand on est à la maison, ce n'est pas beaucoup mieux. On échange que pour le strict nécessaire.

- Je... je suis désolée.

- Je ne vois pas pourquoi. Ce n'est pas de ta faute.

- Regulus...

Il la coupa brusquement.

- Assez parlé de ça. C'est bientôt l'heure d'y aller de toute façon.

- Déjà ? S'étonna-t-elle en levant les yeux vers l'horloge accrochée au mur. Oh attends, je voulais te donner quelque chose.

- Vraiment ?

Marlène sourit et fouilla dans son sac avant de lui tendre une énorme tablette de chocolat. Les sourcils de Regulus menacèrent de disparaître sous ses cheveux.

- Tu m'offres du chocolat ?

- Ouais ! J'ai été le chercher en cuisine. C'est pour fêter les vacances. Donc, bonnes vacances !

Mordant dans son carré de chocolat, il sourit également.

- Bonnes vacances, répéta-t-il. 

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