Tome I - Chapitre 19 : Premiers baisers sur des mensonges


La cloche sonna enfin, libérant une masse d'élèves dans les couloirs.

- Non, je suis sûre que c'était la réponse A, affirma Dorcas.

- N'importe quoi, c'était la C. J'ai révisé ce sujet hier soir.

- Alex, tu confonds avec l'autre sortilège !

- Mais non ! Marlène, qu'est-ce que t'as mis toi ?

- La réponse B...

Dorcas manqua de se frapper la tête contre le mur. Ce fichu contrôle surprise allait décidément lui gâcher sa journée. Elle se tourna donc vers Lily, la valeur sûre du groupe. On pouvait être certain que la préfète aurait la bonne réponse.

- Lily ? Appela Alexia.

- Quoi ?

- Pas vrai qu'il fallait mettre la réponse C ?

- Non, c'était la B les filles.

Les expressions pleines de suffisance des deux brunes s'effacèrent en un éclair tandis que Marlène poussa un cri de joie. Pour une fois qu'elle avait réussi un de ses stupides test alors qu'elle n'avait même pas révisé. A côté d'elle, Dorcas renifla pour tenter de sauver sa dignité et changea de sujet.

- Je n'arrive pas à croire que James et Sirius  soient partis au bout de quarante minutes.

- Ils sont doués en métamorphose, c'est leur matière fétiche, expliqua Alexia avec nonchalance. On le sait.

- Tu parles, rétorqua Lily, les connaissant ils avaient volé les sujets la veille.

- Ça t'énerve juste que Potter soit meilleur que toi en une matière.

- Pas du tout.

Alexia soupira. La rousse avait beaucoup de qualité et était une personne merveilleuse mais par Merlin ce qu'elle pouvait faire preuve de mauvaise foi parfois.

- De toute façon, le principal c'est que l'heure de déjeuner est enfin arrivée !

- Alex, tu as mangé trois pains au chocolat et un bol de céréale ce matin.

- Et alors ?

- Tu n'es qu'un ventre, déplora Marlène. En plus tu ne grossis même pas. C'est injuste.

- Elle à raison, dit Dorcas, j'ai même l'impression que tu as maigri non ?

- Peut-être, je ne sais pas... répondit-elle évasivement.

Ses amies ne parurent pas remarquer son hésitation concernant son poids, trop occupées à comparer le reste de leur réponse du contrôle de métamorphose. Alors qu'elle se retournait pour continuer à avancer, elle manqua de percuter une fille. En baissant les yeux, elle reconnut Olympe Belby, la petite quatrième année au visage d'ange avec ses cheveux blonds pâles qui avait pris sa place dans l'équipe cette année.

- Salut Olympe.

- Salut ! Désolée, je te cherchais. Une lettre prioritaire vient d'arriver par hibou express dans la salle commune. Elle est pour toi.

Elle lui tendit une enveloppe blanche et scellée. Alexia s'en saisit, la retournant dans ses mains en fronçant les sourcils avant de se figer. Sur le devant se trouvait l'emblème horriblement familier de l'hôpital de St-Mangouste, une baguette croisée avec un os. Elle ne comptait plus les fois où elle l'avait vu sur les blouses des infirmières lors de ses visites.

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda soudain Marlène, arrivant dans son dos.

Alexia sursauta et s'empressa de fourrer l'enveloppe dans sa poche.

- Rien du tout ! Une simple lettre.

- Tu es sûre ?

- Oui, ne t'inquiète, mentit-elle aisément avec la force de l'habitude. Je dois aller la lire au calme. Ça te dérange de prendre mon sac et je vous rejoindrai à la Grande Salle après ok ?

- Euh... pas de problème.

Laissant son amie perplexe au milieu du couloir, Alexia se mit à courir, ayant presque l'impression que la lettre la brûlait au travers de sa robe de sorcière. S'éloignant assez pour être sûre d'être seule, elle tourna sur elle-même, cherchant un coin tranquille. Son regard tomba sur un placard à sa gauche et elle retint un juron tandis qu'elle ouvrait la porte pour se glisser à l'intérieur. Allumant la lumière vacillante en tirant sur un bout de ficelle, elle pria pour qu'il n'y ait pas d'araignée. Ce n'est pas qu'elle en avait particulièrement peur mais si elle pouvait quand même éviter d'en avoir une rampant sur son épaule elle apprécierait.

Le placard sentait le renfermer et une couche de poussière s'était déposée sur les étagères en bois sur lesquelles s'empilaient divers outils de nettoyage. Alexia doutait sérieusement que Rusard s'en serve régulièrement au vu de l'état de l'endroit. Mais bon, vu le bordel qui régnait dans sa propre chambre elle était sûrement mal placée pour donner des leçons de morale au concierge.

Tremblante, elle plongea la main dans sa poche pour en tirer la lettre. Elle ne pensait pas qu'il lui enverrait directement étant donné qu'elle n'était pas majeure mais finalement valait-il peut-être mieux que ça soit elle qui reçoive la nouvelle avant ses parents, sinon ces derniers allaient encore se faire un sang d'encre. Plissant les yeux à cause de la lumière blafarde qui n'éclairait pas grand-chose, elle se mit à lire la lettre.

A Mlle Cassidy Alexia

Bonjour,

Comme promis, je vous envoie ci-joint les résultats de vos dernières analyses datant du 28 août dernier. J'ai le regret de vous annoncer que votre maladie a encore avancé malgré nos soins et sortilèges. Il serait sans soute conseillé que vous reveniez faire à nouveau des tests pour que l'on puisse mieux évaluer les risques encourus. Je vous propose un rendez-vous pour le 15 décembre, il me semble que les vacances scolaires auront commencé. Jusque-là, je vous recommande d'augmenter la dose de vos traitements en passant à une fiole de potion tous les deux jours. Bien entendu, il vous est toujours interdit de reprendre une activité sportive sous peine de grave conséquence respiratoire.

Veillez me contacter en cas de nouveaux symptômes ou de détérioration de votre état. Tant que vous ne pratiquez pas d'activité physique, vous ne devriez pas ressentir de difficulté à respirer et les potions aideront à dissiper les maux de têtes.

J'attends votre réponse pour la confirmation de votre venue pour un examen complet le plus tôt possible. J'ai bien évidemment envoyé une copie de cette lettre à vos parents.

Bonne continuation

Docteur Taylor,

Magicomage diplômé.

Alexia regarda la lettre quelques secondes, incapable de penser correctement. Les mains agitées de tremblement, elle la replia soigneusement, se faisant violence pour ne pas la déchirer en mille morceaux. Elle sortit ensuite le second document joint, à savoir un graphique compliqué sur ses résultats sanguins. Elle avait appris à les déchiffrer depuis longtemps. Les jambes flageolantes, elle se laissa tomber sur un saut renversé dans un coin du placard.

Apparemment la maladie avait encore progressé depuis la dernière fois. A vrai dire elle ne cessait d'avancer depuis sa découverte il y a trois ans, pendant les vacances de sa troisième année. Alexia s'était plainte d'une douleur dans la poitrine ainsi que de fatigue, ce qui avait décidé sa mère et son beau-père à la faire consulter un médecin. Ce dernier n'ayant rien trouvé, elle fut envoyée chez un médicomage qui lui-même décida de l'emmener à St-Mangouste après l'avoir examiné. Le verdict avait été sans appel. Elle était atteinte d'une vieille maladie sorcière habituellement réservée aux adultes. Elle entraînait des difficultés respiratoires en cas d'effort physique, des maux de tête, des douleurs et une déficience cardiaque. Les médecins avaient été catégoriques, elle ne vivrait pas au-delà de 25 ans avec de la chance, peut-être même moins. Et le fait qu'elle ne veuille pas arrêter le Quidditch n'avait rien arrangé. Pourtant Alexia avait refusé contre l'avis de tout le monde, du moins jusqu'à l'année dernière où son état de santé était devenu trop instable pour qu'elle ne puisse continuer. A contre cœur elle avait donc quitté l'équipe et renforcer son traitement, buvant plus de potion qu'avant. Seuls Dumbledore, McGonagall et Pomfresh étaient au courant de sa maladie.

Les larmes aux yeux, elle déchira le papier en deux en étouffant un cri de rage. C'était injuste ! Rageusement, Alexia se leva et frappa le mur de toutes ses forces et ça la soulagea énormément avant que la douleur n'arrive trois secondes plus tard. Le bras replié contre sa poitrine, elle soupira, respirant profondément pour se calmer. Sa main l'élançait mais elle était à peu près sûre de n'avoir rien de cassé. Au bout de plusieurs minutes, une fois que la douleur fut passée, elle s'essuya les yeux avec sa manche pour retrouver un visage présentable et poussa la poignée. La porte ne bougea pas. Evidemment.

- Non, non... Allez !

Elle força un peu, secouant le battant désespérément.

- Ne me fait pas ça ! Ouvre-toi !

Rien ne se passa. La porte était fermée ou bloquée. Son premier réflexe fut de saisir sa baguette pour jeter un sortilège qui la libérerait en un clin d'œil mais elle se rappela soudainement qu'elle l'avait laissé dans son sac. Son sac qui se trouvait avec Marlène.

- Merde !

Juste au moment où elle pensait que ça ne pourrait pas être pire, la lumière du plafond vacilla plusieurs fois par intermittence, faiblissant avant de s'éteindre complètement. Alexia resta figée dans le noir, effrayée. Elle n'avait pas particulièrement peur de l'obscurité mais disons qu'elle se sentait légèrement claustrophobe, prisonnière entre les quatre murs d'un minuscule placard. D'un mouvement brusque, elle se jeta sur la porte, tambourinant avec force.

- Oh ! Hurla-t-elle. Y a quelqu'un ? Aidez-moi !

**

*

- Vous ne trouvez pas qu'Alex met du temps pour lire sa lettre ? Demanda Marlène en jetant des regards anxieux vers les portes de la Grande Salle.

- C'est vrai, elle va finir par louper le déjeuner...

Lily se mordit la lèvre, hésitante.

- Elle n'a peut-être pas faim.

- C'est Alex dont on parle, dit Dorcas sur le ton de l'évidence.

- Certes...

- Imagine qu'elle ait été agressée comme les autres !

- Arrête de paniquer Marlène. Elle est sang-mêlé, pas née-moldu.

- Et alors ? Cornelia Flint l'était aussi, ça ne l'a pas empêché d'être retrouvée inconsciente dans un couloir.

- Stop ! Lança Dorcas. N'envisagez pas directement le pire. Elle doit juste être retenue c'est tout. Je vais la chercher.

- Toute seule ?

- Il n'y a rien à craindre. Et puis de toute façon j'ai fini de manger.

D'un mouvement souple elle se leva de table, attrapant son sac. Ses amies la regardèrent s'éloigner avec inquiétude mais restèrent assises, sachant pertinemment que Dorcas piquerait une crise dans le cas contraire. Elle n'aimait pas être surprotégée même si Lily soupçonnait qu'elle aimait secrètement que les autres se soucient d'elle, au contraire de ses parents.

De son côté, Dorcas traversa le hall, jetant un coup d'œil en passant aux sabliers des maisons. Sans surprise, Serdaigle était en tête, suivi de près par Poufsouffle et Serpentard. Gryffondor se retrouvait bon dernier, comme d'habitude depuis que les Maraudeurs étaient arrivés au château. Préférant faire comme si elle n'avait rien vu, la brune continua son chemin.

Les couloirs étaient bien entendu vides à cette heure-ci, tous les élèves étant en train de finir de déjeuner. Ne sachant pas vraiment où était parti Alexia, Dorcas retourna à l'endroit où elles s'étaient toutes séparées tout à l'heure et tourna sur elle-même, agacée. Son amie pouvait être n'importe où.

- Tu as perdu quelque chose Meadowes ?

Surprise, Dorcas se retourna. A une dizaine de mètres se trouvait Lucinda Talkalot, la capitaine de Serpentard apparemment sorti de l'infirmerie. Elle n'avait pas changé depuis deux semaines, toujours les mêmes cheveux blonds tirés en queue-de-cheval et les mêmes yeux bleus glace saisissant.

- Je cherche une amie. Et toi, qu'est-ce que tu fais ? Tu me suis maintenant ?

- Le monde ne tourne pas autour de toi.

- Pourtant je ne peux pas faire un pas dans ce château sans tomber sur toi.

- Peut-être que c'est toi qui me traque, répliqua-t-elle.

Dorcas plissa les yeux.

- Ça suffit ! Dis-moi ce que tu veux une bonne fois pour toute et laisse-moi tranquille.

- Ca ne serait pas marrant dans ce cas...

- Comment ça ?

Avec une démarche souple Lucinda se rapprocha, un petit sourire mutin aux lèvres. Elle semblait énormément amusée par la situation.

- Je suis sérieuse, dit Dorcas avec humeur. Qu'est-ce que tu veux ?

- Toi.

La réponse était venue facilement, sans réfléchir et Dorcas cligna des yeux, pas sûre de bien comprendre. L'autre fille ne paraissait d'ailleurs pas pressée de lui faciliter la tâche, restant volontairement énigmatique avec ce petit rictus exaspérant sur le visage.

- Mes amies savent où je suis, prévint-elle, si on m'agresse elles sauront que...

Lucinda éclata de rire en la coupant au milieu de sa phrase.

-Qui parle d'agression ? Et puis tu es sang-pur, je ne te veux aucun mal. Je serais même mal placée pour critiquer les statuts de sang.

- Mais...

- Mon père est né-moldu et ma mère est moldu, expliqua-t-elle simplement.

- Tu es à Serpentard, répliqua Dorcas bêtement.

- Et alors ? On peut être à Serpentard en ayant une ascendance moldu tu sais. Disons juste que je ne le cri pas sur tous les toits.

Sans blague, songea Dorcas. N'empêche qu'elle ne comprenait toujours pas ce que la blonde lui voulait. En plus, ce n'était pas pour se trouver des excuses mais elle était légèrement pressée. Qui sait ce qui était arrivée à Alexia et dans quelle galère son amie s'était encore embarquée ?

- Très bien, cette conversation a assez duré. Si tu veux quelque chose, dis-le maintenant ou je m'en vais.

- Un ultimatum Meadowes ?

- Prends ça comme tu veux.

Lucinda sembla hésiter une seconde, réfléchissant, puis s'approcha de sa démarche chaloupée.

- Non ! Reste où tu es.

- Pourquoi ? Tu as peur ?

- Je...

- Tais-toi un peu Dorcas et laisse-toi faire.

- Comment... ?

Elle ne finit pas sa phrase. Les mots lui restèrent coincés dans la gorge en voyant la blonde se rapprocher encore un peu plus, envahissant son espace personnel. Dorcas recula encore jusqu'à ce que son dos frappe le mur, l'empêchant de fuir plus loin. Les yeux bleus glace de la Serpentard la détaillèrent de la tête au pied, semblant la juger. Avant qu'elle ne puisse faire un geste, Lucinda avança encore d'un pas. Elle était tellement près à présent que Dorcas pouvait sentir son souffle contre son cou, lui donnant la chair de poule. La sensation d'être si proche de quelqu'un était déconcertante. Lucinda était légèrement plus grande qu'elle, ce qui était assez rare pour la troubler et elle n'osait pas bouger un muscle.

Doucement, la blonde pencha la tête et Dorcas ferma les yeux instinctivement quand leurs lèvres rentrèrent en contact. Il y avait une sorte d'urgence contrôlée dans le baiser, comme si Lucinda voulait la convaincre de continuer, de ne pas s'éloigner à nouveau. Il faisait chaud, trop chaud, et le temps semblait s'étirer dans de longues secondes interminables presque vertigineuses. Dorcas songea que la jeune fille savait comment embrasser, lui faisant ressentir un kaléidoscope de sensation qui embrasait ses terminaisons nerveuses. Sans prévenir, Lucinda recula, la respiration haletante et Dorcas cligna des yeux, étourdie.

- Que... ?

- On n'est pas obligées d'en parler aujourd'hui, coupa-t-elle avec douceur. A plus tard, Meadowes.

Aussi vite qu'elle était apparue, elle se retourna et s'en alla, laissant une Dorcas complètement abasourdie au milieu du couloir.

**

*

Les Maraudeurs sortirent de la Grande Salle après le déjeuner, décidant d'aller à la bibliothèque avant leur cours de défense contre les forces du mal qui ne devait commencer que dans une heure et demie. James jeta un coup d'œil à Remus qui marchait à ses côtés. La pleine lune avait eu lieu il y a quatre jours et il était encore un peu pâle, l'air fatigué. Des cernes soulignaient ses yeux ambrés mais elles seraient parties le lendemain. Généralement, il lui fallait moins d'une semaine pour récupérer tandis que la fatigue venait une journée avant la transformation. Avec le temps, James était devenu un expert pour repérer ces petits signes annonciateurs.

Décidant de mettre un petit peu de bonne humeur dans le groupe, il entama la conversation en souriant :

- En fait Remus, comment ça s'est passé ton rencard hier soir ?

- Ce n'était pas un rencard !

- Oh allez, dit Sirius, tu étais en tête à tête avec une fille.

- A la bibliothèque...

- Ca peut être romantique, rétorqua Peter avec malice.

- N'importe quoi. Je l'aidais juste en métamorphose.

Les garçons échangèrent un regard amusé.

- Donc tu ne vas pas la revoir ?

L'hésitation de Remus le trahit.

- Ah ! Je le savais ! S'exclama James. Comment elle s'appelle déjà ?

- Anaïs. Anaïs Delan.

- Joli prénom, commenta-t-il. Elle est sympa ?

- Non elle est odieuse, répliqua Remus d'un ton ironique. On peut arrêter d'en parler maintenant ?

- Très bien mais ne crois pas t'en sortir aussi facilement.

Remus se contenta de secouer la tête. Il savait que ses amis ne laisseraient pas tomber mais il avait l'habitude. Alors qu'ils allaient tous s'assoir autour d'une table à la bibliothèque, ils eurent la surprise de voir Lily leur foncer dessus comme un boulet de canon. Aussitôt, James se passa la main dans les cheveux pour les ébouriffer.

- Salut Evans, tu...

- Alexia a disparu.

La phrase claqua dans le silence et Sirius manqua de se faire un torticolis tellement il releva vite la tête.

- Comment ça disparu ?

- Je ne sais pas. Elle a reçu une lettre avant le déjeuner et elle est partie la lire en nous disant qu'elle nous rejoindrait mais elle n'est jamais revenue. Dorcas est partit la chercher, elle ne l'a pas trouvé.

- Où est-ce qu'elle est allée ?

- Si je le savais Black je ne serais pas là !

Lily semblait au bord des larmes et James s'empressa de se lever d'un bond, retrouvant son sérieux en un instant. Il connaissait Alexia, elle avait été sa coéquipière pendant quatre ans et elle était presque devenue une sorte de petite sœur, aussi il sentit la panique le gagner rapidement. Mais ce n'était rien en comparaison de Sirius qui était déjà pratiquement aux portes de la bibliothèque, courant presque dehors. Aussitôt, ses amis lui emboitèrent le pas.

- Sirius ! Ralenti !

- Où sont les filles ?

- Dorcas est à la salle commune au cas où elle revient, répondit Lily en courant derrière lui. Et Marlène est allée voir au terrain de Quidditch au cas où. 

Sirius hocha la tête puis s'arrêta si brusquement que la rousse manqua de le percuter. Il se retourna, attrapant son meilleur ami par les épaules et chuchota pour être sûr de ne pas être entendu.

- Passe-moi la carte du Maraudeur.

- Pourquoi ?

- Pour faire un feu de cheminée pardi ! A ton avis Cornedrue ?

- C'est bon, grommela James en fouillant dans ses poches, pas besoin d'être cynique.

Dès qu'il eut la carte en main, Sirius commença à nouveau à s'éloigner sous le regard perplexe de Lily qui amorça un geste pour le suivre mais fut stoppée par Remus.

- Qu'est-ce que... ?

- Il va la trouver, ne t'inquiète pas. Retournons à la salle commune.

- Quoi ? Non ! Elle est toujours disparue !

- Sirius va s'en occuper, crois-moi.

A contre cœur, Lily suivit donc les garçons.

De son côté, Sirius chercha des yeux un point précis sur la carte, fouillant les différents étages et le parc de l'école. Parfois, c'était assez difficile de repérer une personne en particulier parmi la masse d'élève. Après plusieurs minutes, il vit enfin la mention « Alexia Cassidy » en haut à gauche. Visiblement, elle se trouvait dans un petit espace au quatrième étage dans l'aile ouest du château. Il se mit à courir, bousculant plusieurs personnes sur son passage. Il ne savait pas trop à quoi il pensait en ce moment à part que son amie pouvait avoir des problèmes. Les agresseurs l'avaient prouvé, ils ne s'attaquaient pas qu'aux enfants nés-moldu mais aussi aux sangs-mêlé comme Alexia dont le père était moldu. Imaginer qu'elle ait été agressée au détour d'un couloir lui donna la nausée.

- Princesse ? Hurla-t-il en arrivant à l'endroit indiqué sur la carte. Alex ? Tu m'entends ?

Il y eu un mouvement de flottement.

- Sirius ? Appela une voix.

- Alex!

- Oh par Merlin, Sirius! Sors-moi de là!

Il se rapprocha de la source de la voix, une porte de placard réservé à entreposer du matériel. Il avait dû passer devant des centaines de fois sans jamais la remarquer. Immédiatement, il s'empara de sa baguette et la pointa sur la poignée.

- Alohomora !

Dans un grincement sinistre, le battant s'ouvrit lentement, révélant une mince silhouette dans l'obscurité. Deux secondes plus tard, Alexia jaillit du placard. Sirius n'eut que le temps d'apercevoir qu'elle avait pleuré avant qu'elle ne jette ses bras autour de son cou, le serrant contre elle de toutes ses forces. Instinctivement, il referma ses bras sur elle, posant son menton sur le dessus de la tête et chuchotant des paroles réconfortantes qui ne devaient pas avoir beaucoup de sens mais qui parurent la calmer.

- Alex...

- Je suis désolée, hoqueta-t-elle en se détachant légèrement. La porte était bloquée et c'est Marlène qui avait ma baguette...je...

- Calme-toi, ça va. Depuis combien de temps est-ce que tu étais là-dedans ?

- Je ne sais pas...une heure, peut-être plus.

Sirius la détailla du regard, remarquant qu'elle tremblait imperceptiblement. Sans réfléchir, il la tira dans une nouvelle étreinte et elle se blottit contre lui.

- Pourquoi tu étais dans ce placard, princesse ?

- Rien, juste une stupide lettre de mes parents à lire au calme, mentit-elle. Désolée de vous avoir inquiété.

- Tu vas te faire passer un savon par Lily.

- J'imagine.

Ils restèrent enlacés encore un instant, aucun d'entre eux n'ayant envie de se dégager. Cependant, ils durent bien se séparer au bout d'une minute et ils restèrent face à face, pas sûrs de la démarche à suivre.

Alexia allait mieux, même si les mots de la lettre retentissaient encore dans sa tête sans qu'elle n'arrive à les oublier. Elle étudia le visage de Sirius, son expression inquiète, les ombres qui jouaient sur son visage fin à cause des flammes des torches. Soudain, elle ressentit une vague de froid au creux de la poitrine tandis qu'une réalisation s'imposa à elle avec la force d'un centaure lancé à pleine vitesse. Elle allait mourir. Sûrement avant ses 25 ans. La maladie empirait et elle était condamnée, alors à quoi bon continuer à se voiler la face ? Sans réfléchir, elle saisit la cravate de Sirius pour l'attirer vers elle et l'embrassa fiévreusement.

Elle rêvait de le faire depuis un moment, sans jamais oser de peur de briser leur amitié et de ressembler à toutes les idiotes qui gloussaient sur son passage. Mais elle connaissait Sirius, elle ne l'aimait pas que pour son physique, sa popularité ou même ses blagues. Elle avait appris comment il fonctionnait ainsi que les blessures qu'il cachait à tout le monde hormis ses amis. Elle avait appris à lui faire confiance les yeux fermés.

Quand elle manqua d'air, Alexia recula finalement, plongeant son regard dans ses yeux gris.

- Pardon, commença-t-elle, je...je ne sais pas ce qui m'a pris...

- Princesse...

- Tu n'as qu'à oublier, faire comme si rien ne s'était passé...Désolée...

- Alex, tais-toi.

Elle n'eut pas le temps de comprendre quoique ce soit avant qu'il ne s'empare à nouveau de ses lèvres, la plaquant pratiquement contre le mur. Un gémissement lui échappa et les mains de Sirius vinrent se poser sur ses hanches, pressant encore plus leur corps ensemble. Alexia tressaillit avant de se détendre, ayant terriblement conscience de la douceur de ses lèvres contre les siennes, de sa langue qui explorait sa bouche, des frissons qui lui parcouraient l'échine de façon incontrôlable. C'était la première fois qu'un garçon l'embrassait comme ça. Sirius la tenait dans ses bras comme si elle pouvait disparaître à tout instant. Le baiser se prolongea de longues secondes jusqu'à ce que les poumons défaillant d'Alexia crient grâce mais elle ne voulait absolument pas arrêter. Ce qu'elle ressentait en ce moment était trop intense pour qu'elle veuille arrêter.

Pourtant, Sirius finit par se détacher et elle retint une plainte de frustration. Elle sentait encore le goût de sa peau sur ses lèvres sûrement gonflées par leur baiser.

- Alex...

- Je devrais me faire enfermer dans des placards plus souvent, plaisanta-t-elle. A moins que tu n'embrasses toutes les filles en détresse ?

Une lueur amusée dans le regard, Sirius se pencha pour lui chuchoter à l'oreille, la faisant frissonner une fois de plus.

- Oh non crois-moi, souffla-t-il. Tu es spéciale.

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