Tome I - Chapitre 16 : Lettre et Explosion de chaudron
A force de fixer cette maudite lettre, Sirius commençait à avoir des crampes à la nuque. Depuis ce matin, il était assis sur son lit en retournant le bout de papier entre ses mains, incapable de l'ouvrir. Il ne savait pas vraiment pourquoi et ça l'agaçait au plus haut point. Il n'avait plus eu de nouvelle de sa cousine Andromeda depuis plus de trois ans alors pourquoi se décidait-elle à rompre le silence maintenant?
Trop absorbé par ses pensées, il n'entendit pas James et Remus arriver derrière lui.
- Tu sais Patmol, il va falloir que tu te décides à ouvrir cette lettre à un moment.
- Je vais le faire...
- Quand ?
Devant son silence, ses amis s'assirent à côté de lui et Remus lui posa une main sur l'épaule.
- De quoi est-ce que tu as peur ?
- Je n'ai pas peur, protesta Sirius immédiatement.
- Non, admit James avec douceur, tu es terrifié.
Sirius tressaillit et tourna son regard vers son meilleur ami. Contrairement à d'habitude, James était calme et sérieux. Il comprit à cet instant qu'il ne pourrait pas échapper à la conversation.
- Je n'ai pas peur, martela-t-il malgré tout.
- Bien sûr que si, dit Remus. Tu n'as plus eu de contact avec ta cousine depuis des années, tu ne sais pas ce qu'il y a d'écrit dans cette lettre. Ça pourrait être n'importe quoi et c'est ce qui te fait peur.
- Tout ce qui touche à ta famille n'est jamais bon, renchérit James. Il n'y a pratiquement que des mauvais souvenirs. Tu ne veux pas que cette lettre s'ajoute à la liste.
- Arrêtez !
Sa voix sourde raisonna dans le dortoir, se répercutant sur les murs. Sirius ne se rendit compte qu'il froissait l'enveloppe entre ses poings uniquement quand Remus la lui pris. Il déglutit, la respiration haletante. Il avait l'impression que ses émotions étaient une tempête qui s'agitait dans sa tête, nouant sa gorge et son estomac. Un long silence suivi, aucun de ses amis n'ayant envie de le briser et finalement ce fut Sirius qui reprit, choisissant un terrain neutre.
- Où est Peter ?
- Il avait un devoir à faire à la bibliothèque, répondit Remus. Il est parti il y a quelques minutes.
Remus se tut puis croisa brièvement le regard de James, ce dernier hochant la tête. Le loup-garou comprit le message et sauta sur ses pieds.
- D'ailleurs, je vais aller le rejoindre. Vous le connaissez, il va avoir besoin de mon aide en potion.
- A tout à l'heure.
Dès que la porte du dortoir se referma, James s'empara de la lettre et la tendit à nouveau à son ami.
- Prend-la, ordonna-t-il. Et surtout ouvre-la.
- Tu ne peux pas me forcer, James.
- On sait tous les deux que c'est faux.
Ils se défièrent du regard quelques secondes avant que Sirius ne pousse un soupir.
- James...
- T'es un Gryffondor non ? Alors vas-y !
- Ce n'est pas si simple...
James se contenta de le dévisager de longues secondes avant de soupirer. Lentement, il se leva, lui donna une tape sur l'épaule puis sortit de la chambre à son tour sous l'œil perplexe de Sirius. A nouveau seul, il contempla une fois de plus la fameuse lettre tandis que les mots de ses amis tournaient dans sa tête. Qui voulait-il leurrer ? Bien sûr qu'il avait peur. La simple pensée d'Andromeda faisait ressortir tous ses souvenirs d'enfance, les week-ends chez sa tante Druella et son oncle Cygnus. Il était obligé de supporter Bellatrix et Narcissa. Heureusement, il y avait Andromeda, sa cousine préférée, qui jouait avec lui quand il s'ennuyait. Parfois Regulus venait se joindre à eux. Mais c'était il y a longtemps. Aujourd'hui, il ne parlait plus à son frère, Bella idolâtrait son mage noir, Cissy s'était fiancée à cet imbécile de Malefoy et enfin Andromeda avait été bannie de la famille. Elle était sûrement celle qui s'en sortait le mieux, songea-t-il amèrement.
Brusquement, il déchira l'enveloppe, fébrile. Ne pas réfléchir était sans doute la meilleure solution. Les mains tremblantes, il ouvrit la lettre et découvrit l'écriture ronde et soignée de sa cousine qui s'étalait sur un le parchemin.
Sirius,
Je pense que cette lettre de ma part doit te paraître surprenante. Tout d'abord, joyeux anniversaire. J'espère que ma chouette arrivera le bon jour, elle commence à être vieille et disons que le sens de l'orientation n'est pas son fort... Par Merlin, je n'arrive pas à croire que tu sois déjà majeur. Je me souviens encore de toi, petit, courant dans le jardin en faisant enrager Walburga. Mais ce n'est pas pour parler du passé que je t'écris.
Je ne sais même pas si tu veux de mes nouvelles ou si tu me gardes encore en mémoire. Saches que Ted essaye constamment de s'informer de ce que tu deviens auprès des commerçants de Pré-au-Lard. Rosmerta est une source inépuisable. J'espère que Regulus va bien également.
A vrai dire, je t'écris avant tout pour te proposer une rencontre au Trois Balais lors de ta prochaine sortie, à savoir le 23 novembre. Tu pourras ainsi rencontrer ma petite fille, Nymphadora. Elle aura quatre ans dans un mois. Si tu ne veux pas, je comprendrais. Mes propres sœurs m'ont renié, tout comme la famille, mais j'espère te voir malgré tout. Tu as toujours été un peu différent. Je suppose que c'est notre point commun.
Envoie-moi ta réponse au plus vite.
Ta cousine,
Andromeda
Il relut la lettre au moins trois fois, histoire d'être sûr de bien retenir chaque mot. Ainsi, sa cousine voulait le revoir. Il ne savait pas quoi penser de cette proposition. Evidemment qu'elle lui avait manqué pendant toutes ces années et qu'il aimerait voir Ted et la petite Nymphadora, pourtant il n'osait pas imaginer la colère de sa mère si elle l'apprenait. Il était sûr de recevoir quelques sortilèges en rentrant.
Un lent sourire se dessina sur ses lèvres. Rien que pour le plaisir de faire enrager sa mère, voire Bellatrix, il accepterait. Aussitôt, Sirius s'empara d'un bout de papier puis inscrivit un mot. Un seul. « Oui ».
Alors qu'il se précipitait dehors pour se rendre à la volière, il manqua de renverser James et Remus, tous les deux postés devant la porte du dortoir.
- Qu'est-ce que...
- Tu l'as lu ? Demanda James sans ambages.
- Le tact, James, le tact, maugréa Remus immédiatement.
James ne parut pas s'émouvoir outre mesure et continua à fixer son meilleur ami, attendant une réponse.
- Vous... attendiez derrière la porte ?
- Evidemment ! Tu croyais qu'on était vraiment partis ?
- Toi non, dit Sirius, mais Remus oui.
- Comme si je voulais réellement aller aider Peter en potion. Il se débrouille bien sans moi pour ça.
Sirius lui concéda ce point.
- Et donc ? La lettre ?
- Andromeda me propose de la retrouver à Pré-au-Lard lors de la prochaine sortie...
James scruta son expression, essayant visiblement de déchiffrer ses sentiments vis-à-vis de la situation.
- Tu vas répondre quoi ?
- Je vais accepter... Après tout, ce n'est pas comme si je me souciais de l'avis de ma famille donc ça n'étonnera personne que je revois une cousine reniée.
- C'est génial !
- Ouais...et...
- Quoi ?
- Vous pourrez m'accompagner ? Demanda Sirius, les yeux fixés sur un point invisible.
Le visage de James se fendit d'un large sourire tandis qu'il échangeait un coup d'œil amusé avec Remus.
- Evidemment Patmol ! S'écria-t-il.
Sirius sembla soulagé puis ils se mirent tous les trois en route pour la volière.
**
*
Avec un soupir, Dorcas continua à classer les diverses potions sur les étagères. Ce n'était que son deuxième jour à l'infirmerie mais elle s'ennuyait déjà ferme et avait hâte que la semaine se termine. Mme Pomfresh semblait se faire un malin plaisir à lui déléguer toutes ses tâches pendant qu'elle lisait tranquillement dans son bureau.
- Tu veux de l'aide ? Demanda une voix dans son dos.
Elle se retourna, une fiole encore à la main, et jeta un coup d'œil agacé à Lucinda Talkalot. La capitaine de Serpentard était confortablement installée dans son lit, une pile de magazine à ses côtés que lui avaient apporté un peu plus tôt Elizabeth Yaxley et Sabine Travers. Elle fixait Dorcas de ses grands yeux bleus glace avec une touche d'ironie.
- Je m'en sors très bien toute seule, rétorqua-t-elle sèchement. Et puis tu n'es pas censée avoir une commotion cérébrale ?
-Si mais ça fait trois jours qu'on me gave de potion, je suis pratiquement guérie et je m'ennuie à mourir.
- Dommage pour toi sauf que je ne veux pas encore plus énerver McGo en tuant une de ses élèves parce qu'elle s'ennuyait...
- Et ça se dit un courage de Gryffondor, commenta Lucinda sarcastiquement.
Pour toute réponse, Dorcas la fusilla du regard et retourna à son travail. Evidemment, cela ne démonta pas l'autre fille qui continua la conversation d'un ton dégagé :
- Sérieusement, c'est ridicule. Tu aurais fini deux fois plus vite si je t'aidais en utilisant la magie.
- Pomfresh a précisé sans baguette.
- Elle a dit sans ta baguette, pas la mienne.
Dorcas n'eut pas le temps de protester que Lucinda repoussa ses couvertures d'un coup de pied et sauta de son lit. Elle n'était vêtue que d'une chemise d'infirmerie qui lui tombait aux genoux, révélant ses jambes bronzées, ce qui parut un comble à Dorcas puisqu'on ne pouvait pas dire que cette région de l'Ecosse soit particulièrement ensoleillée. Encore une fois, elle fut frappée par le physique de la Serpentard et de leur différence viscérale. Lucinda arborait une silhouette élancée, une chevelure aussi lisse que blonde ainsi qu'un regard bleu glace tandis que Dorcas avait des formes ainsi que des cheveux et des yeux noirs.
- Non ! Retourne dans ton...
- Allez Meadowes, un peu de courage. Fais honneur à ta maison.
- J'ai donné un coup de poing à cet idiot de Mulciber, ne crois pas que j'hésiterais à t'en mettre un aussi, menaça-t-elle.
Un petit rictus se dessina sur les lèvres de la blonde. Faisant tourner sa baguette entre ses doigts, elle se rapprocha lentement de Dorcas jusqu'à être nez à nez avec elle.
- Tu n'oseras pas, déclara Lucinda en riant.
- Je...
Dorcas déglutit, troublée par sa proximité. Elle sursauta quand la Serpentard lui prit la fiole des mains et que leur peau rentra en contact. Tout semblait complètement partir à vau-l'eau. Sa respiration était trop rapide, ses paumes trop moites, la température trop élevée. Quelque chose clochait sérieusement mais Dorcas ne savait pas quoi.
Brusquement, la porte du bureau de Mme Pomfresh s'ouvrit sans prévenir et l'infirmière entra dans la pièce. Ses sourcils s'envolèrent jusqu'à la racine de ses cheveux en voyant sa patiente hors de son lit.
- Miss Talkalot ! Que faites-vous debout ?
- Rien madame, mentit-elle avec aplomb. Dorcas avait juste oubliée cette fiole sur ma table de nuit, je la lui rendais pour qu'elle puisse la ranger.
- Et je suppose que Miss Meadowes n'aurait pas pu venir la récupérer elle-même ?
- C'était l'heure de ma pause, dit Dorcas en rentrant dans le jeu.
- Vous n'avez pas de pause, miss.
- Ce qui est scandaleux si vous voulez mon avis.
Mme Pomfresh soupira.
- Très bien, j'en ai assez entendu. Sortez de mon infirmerie Miss Meadowes, le déjeuner ne va pas tarder et votre punition est terminée pour aujourd'hui. On se revoit demain.
Dorcas aurait bien aimé dire que ce n'était pas nécessaire mais elle ne voulait pas pousser le bouchon trop loin. Attrapant son sac, elle évita soigneusement le regard de glace de Lucinda et se précipita dans le couloir. Décidément, cette journée était vraiment étrange.
**
*
Le cours de potion allait commencer dans une dizaine de minute et presque tous les élèves étaient déjà présents dans le couloir à attendre que le professeur Slughorn arrive. De toute façon, ce n'était pas rare qu'il arrive en retard et personne ne s'inquiétait plus de rester après que la cloche ait sonné.
Après être revenu de la volière, les Maraudeurs avaient retrouvé Peter et ils étaient allés déjeuner ensemble. James fronça les sourcils en voyant soudain Dorcas débarquer, l'air de mauvaise humeur.
- Eh Dorcas, qu'est-ce...
- Pas maintenant Potter !
Elle passa devant lui telle une furie et il préféra ne pas insister. Le fait qu'elle l'appelle par son nom de famille était un signe évident qu'il risquait un coup de poing typique Meadowes dans le cas contraire.
- Elle est complétement folle, déclara-t-il en la voyant rejoindre Lily et Alexia au début du rang.
- Dis-moi quelque chose que j'ignore, répliqua Sirius.
James éclata de rire, plusieurs personnes se retournant au bruit et il crut même voir Lily froncer les sourcils. A côté d'eux, Remus secoua la tête et Peter sourit en voyant leur pitrerie.
- En fait, qui est-ce qui a gardé la bague ?
- C'est moi, répondit Remus. Elle est dans ma malle. Toujours aucune information sur son propriétaire ?
- Sa propriétaire, corrigea James.
- Pas forcément...
- C'est une bague de fille, Lunard. Aucun garçon ne porterait ça.
- J'ai déjà vu Lovegood avec des collants en résilles lors d'une fête, intervint Sirius.
- Aucun garçon ne porterait ça à part Lovegood, rectifia-t-il. Et même s'il est un peu timbré, je le vois mal agresser des nés-moldus ou des sangs mêlés dans un couloir sombre.
Remus haussa les épaules, ne voulant pas argumenter avec tous leurs camardes autour d'eux. Pour l'instant, trois élèves avaient été retrouvés inconscients ou blessés avec deux Poufsouffle et un Serpentard. La plupart des personnes se déplaçaient dorénavant en groupe et un climat de peur s'était installé à Poudlard. On avait presque l'impression que la guerre qui couvait dehors commençait à filtrer dans le château.
A l'avant du rang, les filles de Gryffondor attendaient elles aussi le début du cours. Alors que Marlène racontait une histoire impliquant visiblement son chat, Dorcas arriva, l'air renfrogné. Du moins plus que d'habitude.
- Dorcas ? Tout va bien ?
- Parfaitement.
Le mot avait claqué comme le bec d'un hippogriffe.
- Tu es sûre ? Insista Marlène avec douceur. Il s'est passé quelque chose à l'infirmerie ?
- Rien du tout je vous dis !
- Très bien, abdiqua Lily en levant les mains. Changeons de sujet.
- L'anniversaire de Sirius était cool. Qu'est-ce que vous avez fait, vous ? On s'est perdu de vue pendant la soirée...
La fête avait eu lieu la veille et quelques personnes avaient d'ailleurs eu du mal à se lever ce matin pour aller en cours. Plusieurs élèves arboraient une tête qui trahissait leur gueule de bois.
- James m'a fait danser un peu et puis j'ai rejoint Sirius ensuite, raconta Alexia.
- Personnellement j'ai joué à la préfète la majeure partie de la soirée...
- Lily ou comment ne pas s'amuser à une fête.
Lily se contenta d'hausser les épaules.
- Et toi Marlène ? Je t'ai vu sortir à un moment mais je ne t'ai pas revu après...
La question prit la blonde complètement au dépourvu. Elle ne pensait pas que amies auraient remarqué son absence mais évidemment Lily voyait toujours tout. Elle hésita quelques secondes, ne sachant pas quoi répondre. Dire qu'elle était avec Regulus et qu'ils étaient devenu pseudo amis ne lui semblait pas la meilleure chose à faire. Déjà, c'était un Serpentard et puis surtout le frère de Sirius. Elle était sûre qu'Alexia monterait au créneau en apprenant qu'elle avait passé une soirée avec lui.
- Je suis remontée au dortoir, j'étais fatiguée, finit-elle par mentir.
Les autres n'eurent pas le temps de continuer la conversation car à ce moment le professeur Slughorn arriva (enfin), avec comme toujours sa moustache de morse et son ventre légèrement rebondi.
- Désolé pour le retard, s'excusa-t-il, essoufflé. Entrez, entrez, le cours va commencer.
Tout le monde entra dans la salle avant de s'assoir à leur place habituelle tout en faisant racler les chaises sur les dalles de pierre.
Plusieurs chaudrons étaient disposés devant eux et Lily s'empressa d'étaler les ingrédients dont elle avait besoin pour la potion du jour. Alors qu'elle relevait la tête, elle croisa brièvement les yeux noirs de Severus, à une table un peu plus loin. Avant, quand ils étaient encore amis, ils partageaient toujours ce cours ensemble. Ils étaient les meilleurs dans cette matière et leur duo faisait des merveilles, récoltant pratiquement systématiquement un Optimal. Evidemment, aujourd'hui elle était assise à côté Remus.
En effet, Peter n'avait pas pris potion cette année et du coup Remus se retrouvait sans partenaire. Lily, elle aussi toute seule puisque Dorcas s'était retrouvée avec Lucinda Talkabot, la capitaine de Serpentard, s'était mise avec lui.
- Salut, dit-il avec un sourire. Tu as réussis à te lever ce matin ?
- Je n'avais pas bu alors oui. Le réveil a dû être dur pour Potter et Black, non ?
- Disons que j'ai dû les secouer pour les tirer du lit ouais.
Lily sourit en imaginant la scène.
- Bien, dit Slughorn en frappant dans ses mains pour attirer l'attention de ses élèves. Commençons ! Aujourd'hui nous allons préparer une potion Volubilis. Comme chacun sait, c'est un breuvage qui permet de restaurer le volume de la voix d'une personne ainsi que de neutraliser également les effets du sortilège de Mutisme. Les consignes sont écrites au tableau et vous aurez deux heures pour la réaliser. Néanmoins, je tiens à vous prévenir de faire attention. Le dosage des ingrédients est primordiale dans sa confection donc soyez vigilants. Et maintenant, bonne chance !
Aussitôt, Lily et Remus se mirent au travail. Ils n'avaient même plus besoin de se concerter pour savoir qui allait faire quoi, c'était devenu automatique. Pendant qu'il s'occupait de préparer le chaudron en allumant le feu, la rousse disposa les ingrédients sur leur table.
Alors qu'elle était en train de découper avec soin une racine de mandragore, elle entendit Remus rire. En se retournant, elle constata qu'il regardait James, juste derrière eux, faire le pitre avec un œil de triton.
- Potter...souffla-t-elle, agacée.
- Je te pari que je peux lancer cet œil dans la poubelle là-bas du premier coup.
- Ce n'est pas du basket...
James cligna des yeux.
- Qu'est-ce que c'est du basket ?
- C'est un sport moldu, expliqua Lily, avec une balle et... oh peu importe ! Non, Potter !
Trop tard. James tendit le bras tandis que Sirius l'encourageait en sifflant. Les quatre Gryffondor suivirent la trajectoire du globe oculaire, les secondes semblant s'étirer infiniment. Malheureusement, le lancer était un peu trop court et l'œil tomba... dans un chaudron.
- Mince, j'y étais presque...
- Potter !
- James, dit Remus lentement.
- Hum ?
- C'était un œil de triton marin ou d'eau douce ?
Sirius se pencha pour lire l'étiquette du bocal en verre.
- Marin, répondit-il. Pourquoi ?
- Parce que si ma mémoire est bonne, quand tu mélanges un œil de triton marin avec des crochets de serpents...
- Quoi ?
- Ça explose, compléta Lily en blêmissant.
D'un même mouvement, ils se tournèrent tous vers le chaudron dans lequel était tombé l'œil. Penché au-dessus, en train d'ajouter ses ingrédients, se trouvait...Severus. Il avait un air concentré et ne paraissait pas s'être rendu compte de l'élément ajouté.
Lily n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche pour le prévenir qu'un énorme boum retentit dans la salle de classe, suivi d'une épaisse fumée. Des cris retentirent dans ses oreilles et elle trébucha sur son sac en essayant de se repérer. Elle sentit une main lui saisir le bras pour la remettre sur ses pieds avant que la voix de Remus ne s'élève par-dessus le vacarme.
- Ne bouge pas, ça va passer dans une minute.
Effectivement, la fumée se dissipa rapidement et tout le monde retrouva la vue. La première personne que Lily repéra fut Severus, la main toujours tendue devant son chaudron. Il était recouvert d'une étrange substance verdâtre et gluante, ses cheveux noirs complètement en bataille à cause du souffle de l'explosion et ses sourcils étaient un peu brûlés sur les bords. Un grand silence régnait dans la pièce jusqu'à que ce Slughorn ne ressorte de sous son bureau, tremblant.
- Oh la la ! S'écria-t-il en s'agitant dans tous les sens. Par Merlin ! Monsieur Rogue, que s'est-il passé ?
- Je... je ne sais pas, professeur... Tout était parfait...
- Visiblement pas ! Rétorqua Elizabeth Yaxley.
Elle le fusillait du regard, bien que cela perdait de son effet habituel puisqu'elle était elle aussi à moitié couverte de la mixture verte.
- Mais... Je comprend pas...
L'air perdu de Rogue fut la perte de James qui ne put s'empêcher d'éclater d'un grand rire. Evidemment, l'attention générale se concentra sur lui et il ne fallut pas plus de quelques secondes aux autres pour additionner 2+2. Et si certains doutaient, Lily se chargea de lever les derniers doutes en criant soudain.
- Potter ! Espèce d'imbécile !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top