Tome I - Chapitre 15 : Escapades pas si solitaires


La fête autour de Remus battait son plein, la musique faisant vibrer le sol sous ses pieds. Il espérait réellement que les professeurs n'entendraient rien. Assis dans un canapé, il observa un instant la danse d'Alexia et James qui ressemblait à tout sauf à de la danse en fait. Il eut légèrement pitié de la jeune fille qui avait l'air à bout de souffle à force de rire et de tournoyer sur place. Ces deux-là étaient véritablement hors de contrôle ce soir, surtout après leur karaoké de tout à l'heure sur une chanson des Beatles. Autant dire qu'ils chantaient aussi faux l'un que l'autre. Dorcas avait carrément arrêté la musique avant la fin tandis que Lily avait affirmé que s'ils osaient recommencer pareil massacre elle annulerait la fête. Etrangement, personne n'avait protesté, trop heureux que le chant se soit fini en avance.

Mécaniquement, il fit tourner son verre de jus de citrouille dans sa main. Contrairement à ses amis, il n'avait pas voulu prendre quelque chose de plus fort, en partie à cause du fait que Lily ne l'aurait pas tolérer au vu de sa condition de préfet et puis parce qu'il était déjà assez fatigué comme ça. En effet, la pleine lune approchait et aurait lieu la semaine prochaine. Même s'il n'en ressentait pas encore pleinement tous les effets, la fatigue commençait à arriver.

Mais qu'importe, il voulait faire un effort ce soir, juste pour Sirius. Ce dernier était d'ailleurs en train d'ouvrir ses cadeaux, entouré par une dizaine de personne. Tiberius Ackerley, le présentateur de Quidditch, venait de lui offrir une nouvelle batte et il proposa de l'essayer dès maintenant en lâchant un cognard mais Lily s'interposa immédiatement.

Remus eut un sourire en la voyant tenter d'expliquer rationnellement pourquoi on ne pouvait définitivement pas jouer au Quidditch à l'intérieur. La pauvre passait sa soirée à calmer les idées loufoques de tout le monde.

- Tu crois que je devrais aller l'aider ? Demanda une voix derrière lui.

Surpris, il se retourna. Il mit quelques secondes à reconnaître la jeune fille qui venait de parler. C'était Anaïs Delan, une préfète de sixième année de Serdaigle avec qui il avait fait quelques rondes. Ils n'avaient jamais vraiment discuté ensemble mais elle était gentille et calme.

- Non ne t'inquiète pas, rassura-t-il. Tu connais Lily, elle peut gérer une horde de centaure en colère.

- C'est vrai...

Anaïs jeta un dernier regard à la rousse puis haussa les épaules. D'un mouvement souple, elle vint s'assoir à côté de Remus et attrapa un verre de jus de fruit au passage.

- Je ne savais pas que tu viendrais, dit-il.

- Moi non plus. Mais une amie m'a supplié de venir parce que dixit « c'est la fête à ne pas rater ». Je n'ai pas eu le cœur à la laisser seule.

- C'est sympa de ta part. Personnellement, ce n'est pas mon genre de fête non plus mais je ne pouvais pas me dérober, c'est l'anniversaire de Sirius.

- Je comprends, dit-elle. Par contre je n'ai pas apporté de cadeau, j'espère que ce n'est pas un problème...

- Je ne pense pas qu'il le remarquera avec toutes les personnes déjà présentes. Et puis, tu ne le connais même pas vraiment non ?

Anaïs secoua la tête, les yeux rivés sur James Potter qui faisait danser Alexia Cassidy comme s'il s'agissait d'une poupée de chiffon.

- Non, on ne s'est jamais parlé. A moins que tu ne considères le fait qu'il m'ait bousculé l'année dernière soit une rencontre en soit.

- Il s'est excusé au moins ?

- Je ne crois pas qu'il m'ait même remarqué, répondit Anaïs en riant. Mais mes amies n'ont pas arrêté de répéter que j'avais de la chance, car après tout c'est « Sirius Black ! ».

Remus éclata de rire à son imitation d'une voix haut perchée.

Il la détailla ensuite plus attentivement du regard, notant ses cheveux blonds dorés tirés en queue de cheval, ses yeux bleus et son teint rougi par la chaleur qui régnait dans la pièce. En remarquant qu'il l'observait ainsi, elle s'empourpra encore plus.

- Quoi ? Dit-elle en souriant nerveusement. J'ai quelque chose sur le visage ?

- Hein ? Oh non désolé ! Hum... Tu veux danser ?

S'il avait pu, Remus se serait donné une gifle. Il ne savait pas d'où était venue cette idée mais son cerveau n'avait pas filtré l'information avant qu'elle ne s'échappe de ses lèvres. Anaïs elle-même eu l'air surprise.

- Ce n'est pas trop mon truc, avoua-t-elle finalement. Crois-moi je vais te marcher sur les pieds et puis j'aurais trop peur de me faire bousculer par les deux énergumènes là-bas.

- T'as sûrement raison...

- Mais peut-être plus tard ? Quand il y aura moins de monde ?

- Avec plaisir, dit-il en hochant la tête.

Ils retombèrent ensuite dans un silence confortable, écoutant le bruit de fond des conversations et la musique assourdissante.

Remus ne savait même pas s'il pourrait lui aussi fêter son anniversaire comme ça. En effet, le 10 mars tombait deux jours après la pleine lune et il serait sûrement encore faible, sans oublier le fait que ses amis seraient fatigués aussi à cause de leur nuit blanche. Néanmoins, il savait pertinemment que ce n'était pas l'énergie qui leur manquerait. Il n'y avait qu'à voir James danser pour le comprendre.

Au bout d'un moment, il tourna à nouveau la tête vers Anaïs pour la voir plonger dans un énorme bouquin, les jambes ramassées sous elle et son verre de jus d'orange posé en équilibre précaire sur l'accoudoir du canapé.

- Qu'est-ce que tu lis ?

- C'est pour les cours, répondit-elle en lui tendant le livre.

La couverture était d'un rouge sombre et en lettres d'or s'étalait le titre : « La philosophie du matérialiste : pourquoi est-ce que les Moldus préfèrent ne rien savoir ? ». Remus haussa un sourcil.

- Et c'est intéressant ?

- Un peu compliqué mais j'aime bien. C'est notre professeur d'étude des moldus qui nous la donner à lire pour la fin du trimestre.

Cette information inquiéta légèrement Remus puisqu'il n'avait absolument pas vu Sirius lire ce manuel alors qu'il suivait aussi ce cours. Il se fit une note mentale de lui en parler plus tard.

- Et toi ? Reprit-elle. Qu'est-ce que tu lis en ce moment ?

- Techniquement, je dois lire « Le livre invisible de l'invisibilité » pour le cours de sortilège, malheureusement je ne sais plus où je l'ai posé. Or, comme il est invisible, c'est tout de suite problématique...

Anaïs éclata de rire. Il trouva immédiatement que c'était un son magnifique.

- Tu veux sortir un peu ? Demanda-t-il soudain. La musique me donne mal à la tête.

- Toi aussi ? Ouais, allons-y.

Ils se levèrent ensemble, traversant la salle commune en essayant de ne heurter personne (ce qui était assez difficile compte tenu du nombre de danseurs). Dès que Remus passa le portrait de la Grosse Dame il se sentit tout de suite mieux, la musique n'étant plus réduite qu'à un vague bruit de fond étouffé par les épais murs de pierre.

Ne sachant pas vraiment où aller, ils se contentèrent d'avancer dans le couloir éclairé par les torches tandis qu'un silence gênant les enveloppait encore une fois. A croire que faire la conversation n'était pas leur fort à tous les deux.

- Black ne t'en voudra pas trop de quitter sa fête d'anniversaire ? Interrogea Anaïs, lui jetant un coup d'œil en biais.

- Non, ne t'inquiète pas. Je connais Sirius, il sera sûrement trop occupé avec ses invités ou à draguer des filles. Ça ne m'étonnerait même pas qu'il finisse trop ivre pour même se rappeler de la soirée.

- Ne plaisante pas avec ça, rétorqua-t-elle d'une voix sourde.

Surpris, Remus se tourna vers elle mais la jeune fille évita soigneusement son regard. Comme si de rien n'était, elle reprit avec plus de douceur.

- Et sinon, vous lui avez offert quoi ?

- Euh...une montre, une montre à gousset.

Anaïs eut l'air perplexe.

- C'est un peu... original non ?

- Tu es née-moldu c'est ça ? Devina-t-il.

- Ouais.

- En fait, le fait d'offrir une montre à la majorité est une tradition sorcière. Généralement, les vieilles familles se transmettent les montres de génération en génération. C'est une coutume qui peut paraître étrange quand on ne la connait pas, concéda-t-il.

- Mais si ça doit venir de la famille, pourquoi est-ce que c'est vous qui l'offrez ?

Remus hésita quelques secondes avant de dire prudemment.

- Disons simplement que Sirius a quelques problèmes de famille. La montre vient des Potter en fait.

Il resta évasif sciemment, sachant que ce n'était certainement pas à lui d'en parler. De toute façon, la rumeur des conflits entre Sirius et les Black n'était pas un secret dans le château même si les élèves évitaient d'en parler.

- Ça ne m'étonne pas que ça vienne de Potter. Et puis qui n'a pas de problème de famille après tout ? Dit-elle.

Cette question résonna dans l'esprit de Remus. Il était fils unique et n'avait que ses parents pour seule famille, ses grands-parents étant décédés quand il était enfant. Lyall Lupin et Espérance Howell, ses parents, étaient des gens formidables. Son enfance avait été paisible, il était un petit garçon débordant de joie de vivre, qui manifestait des signes précoces de magie.

Cependant, tout bascula un peu avant son cinquième anniversaire. Fenrir Greyback, un des loups-garous les plus féroces de Grande-Bretagne, qui avait eu une querelle avec son père, celui-ci ayant qualifié les loups-garou de "créatures dépourvues d'âme, diaboliques, ne méritant que la mort", se vengea en s'attaquant à lui. Greyback força la fenêtre de sa chambre et l'attaqua sauvagement, avant d'être arrêté de justesse par Lyall juste à temps à l'aide de puissants sortilèges. Malheureusement, Remus était déjà mordu.

Ses parents firent tout leur possible pour trouver un remède, mais aucune potion ni aucun sortilège ne fonctionna. Ils furent obligés de vivre une vie de nomade, déménageant à chaque fois que quelqu'un de leur entourage avait le moindre soupçon. Remus, qui n'avait pas le droit de jouer avec les autres enfants, de peur qu'il ne révèle son état, eut donc une enfance très solitaire.

Tant que Remus était petit, il était relativement facile de l'enfermer pendant ses transformations car un simple verrou et une série de sortilèges de silence suffisaient à le maîtriser. Mais à mesure qu'il grandissait, il devenait de plus en plus puissant.

À l'âge de dix ans, il était capable de défoncer des portes et de briser des fenêtres. Des sortilèges encore plus puissants durent alors être employés pour parvenir à le contrôler. Rongés d'inquiétude, ses parents savaient que leur communauté, déjà terrorisée par l'intensification des attaques maléfiques à travers tout le pays, n'accepterait jamais la présence d'un loup-garou parmi eux. Les ambitions qu'ils avaient nourries pour leur fils semblaient désormais irréalisables. Convaincu que Remus ne pourrait jamais entrer à Poudlard, Lyall décida de l'éduquer à la maison.

Peu avant son onzième anniversaire, Remus reçu la visite d'Albus Dumbledore. Malgré la réticence de ses parents, Dumbledore entra pour s'entretenir avec Remus, mangeant des pancakes et jouant aux bavboules avec lui. Dumbledore annonça à Espérance et Lyall qu'il était déjà au courant de l'état de santé de leur fils grâce à des espions qui lui avaient rapporté les vanteries de Greyback.

Ajoutant qu'il ne voyait pas pourquoi Remus ne pourrait pas venir étudier à Poudlard, le directeur s'empressa de décrire à la famille Lupin les dispositions qu'il avait prises pour offrir à Remus un lieu sécurisé où il pourrait se cacher pendant ses transformations. En raison des préjugés qui existaient à l'égard des loups-garous, Dumbledore convint qu'il valait mieux que l'état de Remus reste secret, pour son propre bien.

Cette proposition fut la meilleure nouvelle jamais annoncée au jeune Remus. Depuis toujours il rêvait de côtoyer d'autres enfants et brûlait d'impatience de pouvoir se faire des amis pour la première fois de sa vie. C'est ainsi qu'il avait pu rencontrer les Maraudeurs.

Les Maraudeurs qui étaient finalement devenu un peu comme une famille, les frères qu'ils n'avaient jamais eu.

Il savait qu'il n'aurait pas la vie que ses parents avaient voulue pour lui mais qu'importe. C'était déjà une chance inespérée de pouvoir être à Poudlard malgré sa lycanthropie.

- Remus ?

La voix d'Anaïs le tira de ses souvenirs et d'après son expression ce n'était pas la première fois qu'elle l'appelait.

- Oh désolé, s'excusa-t-il. Je pensais à ma famille...

- Tes parents te manquent ?

- Un peu mais je les reverrai à Noël. Et les tiens ?

- Mon père est mort il y a trois ans d'un cancer, révéla-t-elle. Quant à ma mère...disons qu'on a une relation compliquée.

Remus sentit qu'elle lui cachait quelque chose mais il n'insista pas, ce n'était pas ses affaires. Il décida de revenir à un sujet moins glissant et qu'il maitrisait mieux, à savoir les cours.

- Sinon, à part l'étude des moldus, qu'est-ce que tu as comme cours cette année ?

- J'ai gardé les matières principales. Je regrette d'avoir continué la métamorphose d'ailleurs. McGonagall n'arrête pas de me dire que mon hérisson va finir par tuer quelqu'un avec toutes les épingles qui lui restent sur le dos.

- Je trouve que ça donne un style assez sympa pourtant.

- C'est gentil, rit-elle.

- Tu sais, si tu veux de l'aide en métamorphose je pourrais t'aider. C'est une matière que je maîtrise assez bien donc...

Encore une fois, il avait parlé sans réfléchir. A croire qu'il n'y avait plus de filtre entre ses idées et sa bouche ce soir. Anaïs resta silencieuse quelques secondes puis finit par hocher la tête timidement.

- Oui...pourquoi pas.

- Vraiment ?

- Ouais vraiment. On se retrouve à la bibliothèque mardi après les cours ?

Elle avait déjà commencé à s'éloigner et Remus eut juste le temps de confirmer avant qu'elle ne disparaisse de sa vue. Décidément, cette fille l'intriguait au plus haut point.

**

*

Marlène sortit de la salle commune, laissant la musique bruyante derrière elle. La fête était sympa mais elle avait envie de s'isoler un peu de toute l'effervescence. Avec le monde qu'il y avait, elle doutait même que ses amies ne remarquent son absence. Elle ne savait pas trop où aller, aussi décida-t-elle de prendre un couloir au hasard. Ce qui était bien avec Poudlard, c'est qu'on pouvait y habiter depuis six ans et trouver encore des endroits qu'on ne connaissait pas. A vrai dire Marlène doutait que quelqu'un puisse connaître tous les secrets du château.

Elle continua à errer en marchant lentement, ne croisant que le Baron Sanglant qui avait l'air de mauvaise humeur pour changer. Au premier étage, elle passa devant la salle des professeurs dans laquelle devait avoir lieu en ce moment même le conseil de classe et elle se demanda ce qu'ils pouvaient bien se raconter entre eux. Des anecdotes sur les élèves ? Un jour elle avait entendu le prof de divination et celle de sortilège parier sur la prochaine blague des Maraudeurs et la punition que Rusard leur donnerait.

Le couloir décrivit une courbe et Marlène continua son chemin, s'enfonçant toujours plus dans les entrailles du château. Cette fois elle était sûre de n'être jamais venue dans cette partie. Son sens de l'orientation était proche de celui d'un gnome de jardin mais elle croyait se trouver dans l'aile ouest.

- McKinnon ? Encore en train de chercher ton chat ?

La voix déchira le silence et Marlène sursauta, son cœur lui remontant dans la gorge. Elle se retourna, tremblante, pour découvrir Regulus Black. Il était adossé au mur, les bras croisés sur la poitrine dans une représentation parfaite de la nonchalance inaccessible.

- Je...je ne t'ai pas entendu arriver...

- Tes pensées devaient être bien intéressantes dans ce cas.

- Peut-être...Je ne sais pas... Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda-t-elle en se reprenant.

- La même chose que toi. Je m'échappe.

Marlène s'approcha de lui prudemment avant de s'arrêter à une certaine distance comme si une ligne invisible le lui avait indiqué.

- Tu cherches à échapper à quoi ?

- Rosier. Il semble parler juste pour le plaisir d'écouter sa voix.

- Je croyais que tu étais ami avec lui.

- Personne n'est ami avec Rosier, rétorqua Regulus. Il n'a que des acolytes pour approuver ses idées.

- Et ce n'est pas ton cas ? Le fait que tu approuves ses idées je veux dire ?

Regulus plissa les yeux, laissant passer un court silence avant de répondre.

- C'est possible. Ce n'est pas pour ça que j'apprécie Rosier. Ce type est insupportable.

- Elizabeth Yaxley à l'air de penser le contraire.

- Leurs fiançailles ne sont qu'un arrangement entre les familles, c'est tout.

- Ils s'aiment peut-être, protesta-t-elle.

Même à ses propres oreilles, ses paroles sonnèrent naïvement.

- Je ne crois pas non.

- Tu as l'air d'être le genre de personne à ne pas croire en grand-chose.

Cela eu le mérite de le laisser sans voix pendant quelques secondes et Marlène ressentit une certaine satisfaction à avoir réussi cet exploit. Evidemment, ça ne dura pas et Regulus reprit calmement comme si de rien n'était.

- Et toi McKinnon ? Qu'est-ce que tu fais là, à te balader dans les couloirs ? Ton chat s'est encore fait la malle ?

- Non, la fête était juste trop bruyante.

- Quelle fête ?

- La fête d'anniversaire de Black, enfin je veux dire de Sirius, dit-elle en faisant semblant de ne pas remarquer qu'il s'était tendu imperceptiblement. Ses amis lui ont organisé ça secrètement en invitant la moitié de l'école.

Regulus eut l'air complètement surpris, comme si la nouvelle équivalait à un piano qui lui serait tombé sur la tête.

- On est le 3 novembre...

- Oui, il a eu dix-sept ans aujourd'hui. Tu voudras que je lui dise quelque chose de ta part ?

- Si j'avais envie de parler à mon frère, McKinnon, je n'aurais certainement pas besoin de toi pour jouer le hibou, rétorqua-t-il d'une voix cassante.

La jeune fille eu un mouvement de recul.

- J'essayais juste d'être gentille...

- Pourquoi ? Dit-il comme si l'idée en elle-même était tout simplement ridicule.

- Je ne sais pas, c'est ce que les gens font non ?

- Alors quoi ? Tu es tout le monde ?

- Non ! S'écria-t-elle. Oh arrête, tu m'embrouilles.

Regulus sourit pour la première fois de la conversation, ce qui rendit son visage tout de suite plus aimable que son éternelle expression blasée.

- Tu ne trouves pas que c'est une grande coïncidence quand même ? Demanda-t-il soudain.

- De quoi ?

- Qu'on se rencontre deux fois dans les couloirs par hasard.

- Appelle ça le destin, suggéra Marlène en haussant les épaules.

- Je ne crois pas au destin.

- En quoi crois-tu alors Regulus Black ?

Il resta muet un instant puis secoua la tête, changeant de sujet.

- Pourquoi est-ce que tu es toujours toute seule dans les couloirs la nuit ? Tes amies ne veulent jamais t'accompagner ?

- Je n'ai besoin de personne pour me protéger tu sais. Ce n'est pas comme si un mangemort allait surgir de derrière une armure pour m'attaquer, plaisanta-t-elle.

- Tu serais surprise...

- Oh allez, le pire que je risque c'est de trébucher sur cette idiote de Miss Teigne et de me retrouver en procès parce que Rusard sera bouleversé de ne plus avoir le seul être vivant acceptant de rester volontairement à moins d'un mètre de lui.

Amusé, Regulus éclata de rire et Marlène décida que c'était définitivement le son le plus étrange ou le plus inattendu qu'elle n'ait jamais entendu. C'était comme si un gobelin avait décidé de faire un spectacle de claquette ou que si Lily avait dansé une polka en plein milieu de la salle commune. Tout simplement surréaliste. Pourtant Marlène aimait son rire. Ça lui donnait l'air plus jeune et moins froid.

- Et puis, reprit-elle, tu es tout seul dans les couloirs aussi. Tu n'as pas d'amis ?

- Disons que je ne demande pas aux jumelles Zabini de venir avec moi pour une balade nocturne, Dolohov préfère rester écouter les discours grandiloquents de Rosier et enfin Livia doit réviser. Donc je me retrouve seul.

- Au moins on sera deux dans notre solitude.

- On ne sera plus seul dans ce cas, répliqua-t-il.

- Certes, concéda Marlène en souriant. Alors on est amis ?

- Pardon ?

Regulus haussa un sourcil, choqué.

- Ouais on est amis, non ? Ça va faire deux fois qu'on se croise et qu'on discute sans se disputer. Je déclare que c'est une avancée majeure dans tes relations avec autrui.

- Qu'est-ce que tu sais de mes relations avec les autres, McKinnon ?

- Pas grand-chose sauf qu'à part avec des gens de ta maison, tu n'es pas très doué pour sociabiliser. Heureusement que je suis là !

- Je n'irais pas jusqu'à heureusement...

- Allez Regulus, essaye d'être gentil pour une fois. Tu verras ça change la vie.

C'était la première fois qu'elle l'appelait ainsi par son prénom, avec autant de naturel que s'ils discutaient de la sorte tous les soirs depuis des années. Regulus n'arrivait décidément pas à cerner cette fille. Timide et réservée parfois, elle pouvait le faire rire la minute d'après ou encore lui parler de ce que les autres n'osaient jamais. Son frère par exemple. Quand ses camarades, même Livia, tentaient d'aborder le sujet c'était en force, sans considération, tandis que Marlène le faisait de façon subtile comme si ça n'avait pas vraiment d'importance. Elle semblait comprendre qu'il voulait savoir mais sans baisser sa garde. Certes, elle dépassait les limites parfois, cependant il ne pouvait pas lui en vouloir. Ils ne se connaissaient pas après tout. Pourtant parler avec elle était aussi simple que de parler avec Livia. Les deux filles n'avaient rien en commun, ni dans leur physique et encore moins dans leur caractère, à part le fait de capturer son attention. Car il ne pouvait le nier, Marlène l'intriguait. Sa façon de bouger les mains en parlant, de risquer des heures de colles pour trouver son stupide chat, d'être optimiste sur tous les sujets, ses fossettes qui se creusaient sur ses joues quand elle souriait. Elle attirait le regard comme un soleil.

- Très bien, dit-il après un moment. J'accepte.

- Accepter quoi ?

- D'être ton ami.

Elle eut l'air sidérée. Apparemment, elle n'avait pas pensé un instant qu'il dirait oui.

- Génial ! Alors on fait quoi pour sceller ce pacte d'amitié ? Demanda-t-elle en souriant, amusée. On échange notre sang ? On grave nos initiales dans la pierre ?

- Je pense qu'on peut se contenter de se serrer la main.

Il s'approcha, tendant le bras. Elle hésita une fraction de seconde avant d'imiter son geste, glissant sa petite main dans la sienne.

- Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques, Marlène McKinnon.

- Je suis une Gryffondor, rétorqua-t-elle fermement. Je prends le risque, Regulus Black.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top