Tome I - Chapitre 14 : Happy Birthday Sirius !
Son sac lui battant les jambes, Dorcas traversa le couloir en courant pratiquement. Elle bouscula d'ailleurs plusieurs personnes sans même prendre le temps de s'arrêter pour s'excuser. Au diable la politesse, ça n'avait jamais été son fort et de toute façon elle était suffisamment en retard comme ça. En effet, elle avait presque oublié ses travaux d'intérêt général que McGonagall lui avait donné pour avoir frappé Mulciber à la fin du match de Quidditch il y a deux jours. C'était Lily, en bonne préfète qu'elle était, qui lui avait rappelé.
En arrivant devant la porte de l'infirmerie, Dorcas hésita une seconde avant de frapper. La porte s'ouvrit sur Mme Pomfresh.
- Qu'est-ce que vous voulez ? Demanda-t-elle.
- Je suis Dorcas Meadowes. Je dois passer ma semaine ici en guise de punition.
L'infirmière plissa les yeux puis s'effaça pour la laisser entrer.
- J'avais presque oublié, marmonna-t-elle. Entrez.
- Je peux revenir plus tard...
- Non, ça ira. Autant se débarrasser de ça tout de suite.
Dorcas supposa qu'elle était le « ça » mais ne s'en formalisa pas. Apparemment, Mme Pomfresh n'était pas plus ravie qu'elle ne l'était à l'idée de ses travaux d'intérêt général.
En rentrant, la jeune fille constata que le lieu n'avait pas changé depuis qu'elle était venue en troisième année pour une grippe. Actuellement, il n'y avait que deux patients. L'un d'eux, un petit garçon, semblait dormir profondément tandis que le second n'était autre que Lucinda Talkalot, la capitaine des Serpentard.
- Est-ce que je peux y aller maintenant ? Lança-t-elle soudainement.
- Toujours pas non. Et si vous me le demandez encore une fois je vous donne une potion qui vous fera dormir pour les prochaines 48h, est-ce clair ?
Lucinda ne répondit pas, se contentant de croiser les bras sur sa poitrine en soupirant. Ce geste et cette attitude étaient tellement familiers à Dorcas qu'elle haussa un sourcil avant de se rendre compte que c'était parce qu'elle agissait exactement comme cela quand elle était de mauvaise humeur.
- Quant à vous, ajouta l'infirmière, venez avec moi.
Sans prendre la peine de vérifier que Dorcas la suivait, elle se dirigea en direction de bureau. La brune entra à son tour puis prit place sur une chaise en bois inconfortable. L'infirmière portait son traditionnel uniforme blanc avec une croix rouge dessus, ce qui ne la mettait pas forcément en valeur. Elle avait des cheveux châtains rassemblés en chignon et ne devait pas avoir plus d'une trentaine d'année.
- Bon, le professeur McGonagall vous a assigné ici pendant une semaine c'est bien cela ?
- Oui madame.
- Magnifique, dit-elle, exaspérée. A croire qu'ils ne savent plus quoi inventer comme punition. Est-ce que j'ai l'air d'une gardienne de prison ?
- Pourquoi ? Est-ce que j'ai l'air d'une criminelle ? Rétorqua Dorcas d'un ton brusque.
Mme Pomfresh haussa un sourcil.
- Je sens que la semaine va être longue.
- Ou sinon on peut s'arranger entre nous et dire que j'ai passé toutes mes journées ici alors que je reste cloitrée dans mon dortoir ? Promis je ne me ferai pas prendre.
- Bien essayé mais ma peur de Minerva McGonagall l'emporte sur votre mauvais caractère.
Cette phrase eut le mérite de renfrogner Dorcas plus qu'elle ne l'était déjà.
Effectivement, ça allait être une longue semaine. Enfin, elle préférait toujours ça que la punition dont avait écopé Mulciber. Ce dernier devait en effet passer sa semaine avec Mrs Pince, la bibliothécaire. Et disons qu'elle était aussi sympathique qu'un magyar à pointe auquel on aurait volé son œuf.
Madame Pomfresh releva finalement la tête vers elle et lui tendit une fiole de potion ainsi qu'un bout papier griffonné à la hâte.
- Tenez, dit-elle. J'ai indiqué sur cette liste divers ingrédients dont je vais avoir besoin. Vous irez me les chercher dans la réserve du professeur Slughorn.
- D'accord...
- Mais avant ça donnez cette potion à miss Talkalot. Ça aidera à accélérer la guérison de son traumatisme crânien.
Effectivement, Dorcas se souvenait que la blonde s'était pris un sacré coup de cognard en pleine tête durant le match.
- Et vous ? Qu'est-ce que vous ferez pendant ce temps ?
- J'ai un roman à terminer donc je vais profiter de votre présence pour faire une pause. A plus tard, miss Meadowes.
S'emparant de la liste et de la fiole, Dorcas se leva en faisant racler sa chaise contre les dalles de pierres et sortit du bureau en vitesse avant de dire quelque chose qu'elle regretterait. L'infirmière ne manquait franchement pas de culot. Dans la salle principale, rien n'avait bougé. Le petit garçon dormait toujours profondément tandis que Lucinda fixait obstinément la porte comme si elle songeait à un plan d'évasion qui pourrait fonctionner.
Dorcas s'avança jusqu'à son lit et déposa la fiole sur la table de chevet dans un bruit fort.
- Qu'est-ce que... ?
- C'est pour toi, expliqua-t-elle. Pomfresh m'a dit de te donner ça.
- T'es sa nouvelle assistante ?
- On peut dire ça comme ça, même si j'apparente plus ma condition à de l'esclavage.
- Dramatique...
Lucinda se saisit de la fiole et l'avala d'une traite, tentant d'oublier son goût infect. Elle avait de longs cheveux blonds et fins, une silhouette mince, ainsi que des yeux bleus glace qui lui mangeaient une partie du visage. Tout le contraire de Dorcas.
- Attends, s'exclama soudainement la Serpentard. C'est toi qui as frappé Mulciber à la fin du match ?
- Peut-être bien...
- Joli coup, complimenta-t-elle.
Cette phrase eut le mérite de décontenancer complétement la brune.
- Quoi ?
- Mulciber est un imbécile, je ne l'ai pris dans l'équipe que parce qu'il était capable de frapper fort dans les cognards. D'ailleurs ça ne m'étonnerait pas que ça soit lui qui m'ait heurté.
- Tu n'as pas l'air si en colère que ça...
- Crois-moi, en tant que capitaine, j'ai vu bien pire.
Dorcas n'avait aucun mal à le croire. Doucement, elle récupéra la fiole, sa main frôlant celle de la blonde. Et dire que Remus pensait qu'elle n'avait aucune délicatesse. Ses yeux se posèrent ensuite sur la liste d'ingrédients que l'infirmière lui avait donné et dont l'écriture semblait presque illisible.
- Bon, je dois y aller. Pomfreh m'a pris pour son elfe de maison personnel.
- A plus tard alors, dit Lucinda d'une voix traînante.
Pour la première fois dans sa vie, Dorcas ressentit un certain malaise face à cette fille et s'empressa de détaler le plus vite possible. Quand la porte de l'infirmerie se referma dans son dos, elle secoua la tête. Franchement, elle devenait ridicule.
**
*
Le matin du 3 novembre 1976 fut tout sauf silencieux.
Remus se réveilla aux premières lueurs de l'aube, habitué à se lever tôt. En se redressant dans son lit, il eut la surprise de voir que James était déjà debout, douché et habillé. Autant dire un exploit puisqu'on était samedi. Il se demanda une seconde s'il y avait un entraînement de Quidditch programmé mais même dans ces cas-là Remus devait réveiller James pour qu'il ne soit pas en retard. Non ça devait être autre chose. Remus haussa un sourcil comme une question muette.
- On est le 3 novembre, expliqua James en chuchotant pour ne pas réveiller les autres.
- Mais... Oh bien sûr !
Honnêtement, il ne savait pas comment il avait fait pour l'oublier. Il devait être vraiment fatigué. Le regard de Remus se posa sur Sirius, qui dormait profondément. Le 3 novembre était évidemment son anniversaire. Et comme chaque année, James se faisait un devoir de fêter ce jour dignement, surtout que cette fois leur ami était majeur. Autant dire que James était bien capable d'allumer un feu d'artifice et d'organiser un concert de rock s'il le jugeait nécessaire.
- Qu'est-ce que tu as prévu cette fois ?
James jeta un coup d'œil prudent en direction de Sirius, s'assurant qu'il dormait bien.
- J'avais pensé à une fête surprise, dit-il.
- C'est plutôt pas mal mais Rosmerta ne nous laissera pas utiliser les Trois Balais cette fois.
- Je sais bien, donc on fera la fête dans la salle commune ! J'ai déjà invité plein de monde.
- Comment ça « plein de monde » ? Demanda Remus, soudain inquiet.
- Tous les Gryffondor, quelques Poufsouffle et une dizaine de Serdaigle.
- James...
- Ah et Hagrid aussi, mais je ne suis pas sûr qu'il vienne.
Un rire étouffé résonna sur leur gauche et ils se tournèrent en direction Peter qui visiblement avait été réveillé par leur conversation.
- Quoi ?
- Oh tu aurais dû voir ta tête horrifiée Remus, se moqua Peter.
- J'ai toutes les raisons du monde pour être horrifié ! A chaque fois que James organise une fête, ça tourne au drame.
- C'est faux !
Remus se tourna vers lui, haussant un sourcil.
- Tu veux que je te rappelle le noël de notre troisième année ?
- Je ne pouvais pas prévoir qu'il y avait une goule dans ce grenier !
- Il y avait une pancarte « attention danger – ne pas entrer » !
- Tu sais bien que je ne peux pas résister dans ces cas-là.
La voix de James sonna si enfantine à cet instant que Remus décida de laisser tomber. Que pouvait-il répliquer à ça ? Et puis, même s'il ne l'avouerait pas de peur d'encourager ses amis dans leurs idées loufoques, cette soirée avait été plutôt drôle avec le recul. En fait, sa vie aurait été bien terne sans les imbécilités des autres Maraudeurs.
Brusquement, une autre voix retentit dans le dortoir, les faisant sursauter.
- Vous voudriez pas vous taire ? Y'en a qui essaye de dormir bordel!
- Sirius et le matin, une grande histoire d'amour, commenta Peter platement.
- Sérieusement les gars, il est 8h du matin ! Un samedi !
- Mais quel est l'intérêt de dormir ? Dit James avec enthousiasme. C'est ton anniversaire !
A ces mots, Sirius se redressa soudainement, les cheveux en bataille comme s'il avait perdu une guerre contre son oreiller.
- C'est mon anniversaire ! Répéta-t-il en criant.
Parfois Remus déplorait la lenteur matinale de ses camarades.
- Geronimo ! Hurla James.
Sans attendre d'avantage, il bondit sur son meilleur ami, l'écrasant presque sous son poids. Sirius poussa un cri de surprise, tentant de le repousser et James alla s'écraser par terre dans un bruit sourd. C'en fut trop pour Remus et Peter qui se joignirent à la scène, sautant sur le lit de Sirius en chantant « joyeux anniversaire » à tue-tête.
- On a un cadeau pour toi, annonça Peter de sa voix fluette.
Il portait encore son pyjama avec des oursons imprimés dessus, ce qui lui valait toujours des remarques moqueuses de la part de James et de Sirius. Pourtant, quand il avait voulu s'en acheter un nouveau pour les faire cesser, ils avaient protesté à grand renfort de cris indignés. D'après eux, ce pyjama était le symbole de Peter Pettigrow, premier du nom et Maraudeur jusqu'à la mort. Autant dire que comme emblème on avait vu mieux mais qu'importe.
- Un cadeau ?
- Ouais ! Attends deux minutes.
James alla fouiller dans sa malle, balançant divers objet à travers la pièce jusqu'à trouver le petit paquet soigneusement enveloppé (c'était Remus qui l'avait emballé bien sûr).
- Tiens, dit-il, joyeux anniversaire !
Hésitant une seconde, Sirius tendit la main et s'empara du cadeau avant de l'ouvrir. C'était une montre à gousset à l'aspect ancien, de couleur cuivre et dont le cadran reflétait les rayons du soleil. Les chiffres étaient entrecoupés d'étranges symboles comme des étoiles, des runes ou encore des planètes.
- Il est de tradition d'offrir une montre à un sorcier qui a atteint sa majorité, expliqua Remus d'un ton docte.
- Elle est dans ma famille depuis des décennies, renchérit James. Mais c'est de notre part à tous.
- Ouais. On s'est dit que tes parents ne te donneront sûrement pas celle des Black, du coup voilà la tienne.
- Je... commença Sirius avant de s'interrompre, s'apercevant qu'il ne savait pas quoi dire, ce qui était assez rare pour être souligné. Vous n'auriez pas....
- Ah non ! Coupa Peter. Pas de protestation, contente-toi de sourire et de nous remercier, ça suffira.
Sirius rigola et porta à nouveau son regard sur la montre à gousset. Doucement, il la retourna pour révéler les armoiries des Potter gravées au dos.
- James...
- Mes parents sont d'accord, dit-il. Ce sont eux qui me l'ont envoyé par hibou d'ailleurs. Ma mère a ajouté que de toute façon tu fais presque partie de la famille alors...
- Vraiment ?
- Combien de fois il faudra que je le répète ? Tu es mon frère non ?
La conviction que James mit dans sa voix eu raison de Sirius. Spontanément, il attira son meilleur ami dans une accolade en éclatant de rire. Cette montre représentait à ses yeux plus qu'il n'y paraissait aux premiers abords. C'était la preuve qu'il s'était trouvé une nouvelle famille.
- Merci, dit-il en regardant ses trois amis. Merci pour tout.
**
*
Après cela, les garçons commencèrent à se préparer pour aller prendre le petit déjeuner. Entre deux brossages de dents et une cravate nouée, le sujet de la bague retrouvée revint dans la conversation.
- Vous êtes sûrs ? Demanda James pour la énième fois. Aucun de vous n'a jamais vu une fille porter cette bague ?
- Certain, répondit Remus, fatigué. On te l'aurait dit sinon. Mais c'est la première fois que je la vois.
- Ça ne veut rien, on ne connait pas toutes les filles de Gryffondor.
Ils étaient tous assis par terre, la fameuse bague posée entre eux et Peter bailla bruyamment. Il avait eu le plus de mal à se lever, habitué à dormir tard durant le week-end.
Les rayons du soleil, encore bas à cette heure-ci, éclairaient le dortoir d'une lumière pâle qui annonçait l'arrivée imminente de l'hiver. Les yeux ambrés de Remus paraissaient presque être de l'or en fusion tandis que son teint maladif ressortait d'avantage.
- Cette bague n'est peut-être pas à l'agresseur de Cornelia Flint...
- Je ne sais pas, avoua Peter. On l'a retrouvé près de son corps quand elle était inconsciente. C'est ce que Slughorn a dit. Quand on a voulu lui donner elle a répondu que ce n'était pas à elle. Les professeurs en ont conclu que ça appartenait à son agresseur, un élève de Gryffondor d'après ce qu'elle a vu.
James se passa une main dans les cheveux, fixant la bague avec insistance. Il détestait ne pas comprendre quelque chose, surtout quand ça concernait Gryffondor. Il considérait sa maison comme une seconde famille. A vrai dire Poudlard était une sorte de maison pour tous les élèves. Ils vivaient entre ces murs pendant dix mois et durant sept ans. Ce n'était pas étonnant que le château ait marqué des générations de sorciers.
- Il y a un truc qui me perturbe, intervint soudain Sirius qui était resté silencieux jusque-là.
- Quoi ?
- Aucun des élèves nés-moldus n'a réussi à voir le visage de son agresseur. Pourtant ça va faire deux fois qu'ils arrivent à identifier les maisons. Vous vous souvenez de Bertha Jorkins ? Elle nous a dit qu'il y avait des Serdaigle, un Gryffondor et des Serpentard. A chaque fois ce sont toutes les maisons à part celle de l'élève ciblé pour s'assurer de ne pas être reconnu.
- Les maisons sont identifiables grâce à l'écusson sur leur robe tout simplement, dit Peter.
- Oui mais pourquoi prendre autant de précautions et au final ne pas dissimuler les maisons des agresseurs ? C'est stupide !
La réflexion de son ami trotta dans la tête de Remus qui fronça les sourcils. Il n'y avait pas pensé avant mais maintenant que Sirius le faisait remarquer, ça paraissait effectivement étrange. Les élèves qui attaquaient les nés-moldus étaient assez organisés pour ne pas s'être fait prendre, ce qui était un exploit quand on savait que Dumbledore était directeur. Le fait de révéler au grand jour les maisons des agresseurs était en contradiction avec leur discrétion habituelle.
- Peut-être que c'est voulu, dit Remus lentement. Peut-être qu'ils font exprès de ne pas cacher les écussons.
- Dans quel but ? Demanda James, perplexe.
- La peur. Réfléchissez ! Si les autres élèves savent que des personnes de leur maison sont derrières les agressions, ils vont prendre peur. Chacun va se méfier de son voisin, s'accuser les uns les autres.
- Et si les gens ont peur, ils vont vouloir se rassurer, embraya Sirius. En rejoignant la bande des agresseurs, ils assurent leur sécurité. Ils auront de plus en plus de monde avec eux sans faire le moindre effort.
Un léger silence suivit cette déclaration, chacun méditant sur les conséquences que cela pourrait avoir. Lutter contre des personnes détestant les nés-moldu était une chose, lutter contre des personnes effrayées en était une autre.
Finalement, ils décidèrent de descendre dans la Grande Salle.
Pourtant, au moment où Sirius ouvrit la porte du dortoir, il fut renversé par une tempête brune. James et Remus, encore sur le seuil, clignèrent des yeux, surpris. Ils se tournèrent vers le trou entre eux, là où aurait dû être leur ami, et baissèrent lentement les yeux. Sirius était écrasé (encore une fois ce matin) sous une jeune fille aux longs cheveux bruns et à la silhouette excessivement mince.
- Bonjour à toi aussi Alexia, lança James en souriant.
- Mince, je suis désolée... dit-elle en se redressant légèrement sur ses coudes. Joyeux anniversaire Sirius !
- C'est ce qu'on appelle être percutant, commenta-t-il en grimaçant. Mais merci princesse.
Alexia lui adressa un sourire rayonnant puis se rendit compte qu'elle était toujours allongée sur lui quand Remus se racla la gorge subtilement. Elle sentit son visage s'empourprer, consciente de son corps pressé contre le sien et elle se releva en vitesse. Sirius eut l'air décontenancé également avant de se ressaisir.
Ils descendirent tous les quatre en discutant tranquillement. En entrant dans la Grande Salle, Sirius fut immédiatement repéré par l'équipe de Quidditch qui se jeta sur lui pour lui souhaiter son anniversaire. Adrian Connelly se sentit obligé de dire qu'il devenait vieux tandis que Mary McDonald le serrait dans ses bras.
Profitant de la diversion, James, Remus et Alexia s'éloignèrent discrètement.
- Tout est bon pour la fête de ce soir ? Demanda-t-elle d'emblée.
- Normalement oui. Peter ira chercher les bières au beurre et les bonbons quand ça commencera.
- Génial !
- Et Evans ? Dit James. Elle ne dira rien ?
- Ne t'inquiète pas, j'ai réussi à convaincre Lily que la fête ne dégénérerait pas.
- Vraiment ? S'exclama Remus. Elle t'a cru ?
- Je ne crois pas mais elle n'avait pas trop le choix. La moitié de l'école est invitée. Comme les professeurs ont une réunion dans la soirée, ils n'entendront pas le bruit avec un peu de chance.
- Justement, ce n'est pas étrange qu'ils aient programmé leur réunion pile aujourd'hui ?
- Oh c'est grâce à moi, révéla James. J'ai changé l'heure et la date sur le mot que Dumbledore a fait passer. Je pense qu'il s'en est rendu compte mais il n'a rien dit à ce sujet...
Alexia remercia silencieusement le directeur pour être incroyable. Ce vieux fou arrivait encore à l'étonner après toutes ces années.
Soudain Sirius, qui s'était enfin libéré de ses coéquipiers, revint vers eux.
- De quoi vous parlez ?
- De la reproduction et de la gestation chez les gnomes, répondit James sur une inspiration soudaine.
Tous ses amis haussèrent un sourcil, perplexes. Il pouvait sortir des absurdités parfois mais là on atteignait quand même un certain niveau.
Sans rien ajouter, ils s'assirent tous à la table de Gryffondor pour prendre leur petit déjeuner. Plusieurs élèves souhaitèrent son anniversaire à Sirius, notamment des filles. A un moment, Regulus, en compagnie de Dolohov, passa près d'eux sans même jeter un regard à son frère. Sirius le suivit des yeux quelques secondes avant de retourner à son bol de céréale, morose. Il ne savait même pas à quoi il s'était attendu. Evidemment, James s'empressa de le distraire en débitant des paroles sans réel sens.
A l'heure du courrier, il reçut également une lettre de la part des Potter pour lui souhaiter un bon anniversaire. Evidemment, Mme Potter avait joint un colis remplis de ses gâteaux préférés. Il songea avec amertume que sa propre mère ne devait même pas savoir cela. Son oncle Alphard fut le seul membre de sa famille à lui envoyer quelque chose et ça lui remonta le moral. Même s'il n'avait pas vu son oncle depuis quelques années, ce dernier ne manquait jamais les dates importantes.
La journée passa ensuite assez vite, rythmée par des jeux cartes et des blagues. Pourtant tout le monde dû faire un effort pour cacher sa fête surprise à Sirius, ce dernier devenant de plus en plus suspicieux au fil des heures. Pour détourner son attention, Marlène laissa carrément son chat s'évader dans la salle commune, le félin manquant de perdre la vie dans le processus.
- Regarde-le crier, dit Dorcas en secouant la tête. Je ne m'en lasserai jamais.
- Je n'ai pas la force de lui dire d'arrêter, confirma Lily. Il ne me fait trop de peine.
- Qui ça Chamallow ?
- Non Black. C'est triste d'avoir aussi peur d'un simple chat.
Alexia se contenta de sourire. Elle croisa finalement le regard ambré de Remus, ce dernier lui faisant un petit signe. C'était le signal.
Elle s'avança vers le vieux phonographe qu'ils avaient dissimulé dans un coin et enclencha la musique. Aussitôt, une chanson des Beatles résonna dans la pièce. A vrai dire, le vinyle était celui que Lily avait offert à Dorcas pour son anniversaire. Au moins ils avaient trouvé l'occasion pour l'utiliser.
- Joyeux anniversaire ! S'exclamèrent toutes les personnes présentes.
- Que... ?
Le passage du portrait s'ouvrit soudain en pivotant et Peter entra, les bras chargés de friandises et de bières au beurre. Derrière lui se tenaient les invités de la soirée, à savoir les élèves des autres maisons, eux-mêmes ayant apporté de la musique, à manger et à boire. La salle commune fut bientôt pleine et on poussa les meubles contre les murs, aménageant une piste de danse au centre de la pièce.
Sirius observait tout le monde, bouche-bée. Il avait compris que ses amis préparaient quelque chose mais il ne s'attendait pas à ce point. Brusquement, James et Alexia furent à ses côtes, l'encadrant de part et d'autre.
- Je suppose que c'est vous qui avez organisé ça ?
- Non, c'est McGonagall qui s'est réveillée ce matin et a décidé de t'offrir une fête surprise.
- Bien sûr que c'est nous idiot, dit Alexia. Tu aimes ?
- Seulement si tu danses avec moi, princesse.
- Ça pourrait s'arranger...
Elle lui adressa un sourire moqueur avant de boucler son bras au sien, l'entraînant dans son sillage.
- Viens, j'ai mon cadeau à te donner !
- Si c'est la même écharpe horrible que l'année dernière...
- Promis c'est un vrai cadeau cette fois. On n'est pas majeur tous les jours, pas vrai ?
Ils s'arrêtèrent dans un coin de la salle commune, près de l'alcôve que formait la fenêtre. Alexia, qui paraissait soudain nerveuse, fouilla dans ses poches et en ressortit un petit paquet. Apparemment, la jeune fille était moins douée que Remus pour faire des paquets cadeaux car il y avait du scotch partout mais Sirius ne s'en formalisa pas. Avec précaution, il l'ouvrit et découvrit à l'intérieur un magazine sur les voitures ainsi que le dernier album des Croque Mitaine, un groupe de rock dont il était fan. En regardant la pochette de plus près, il remarqua soudainement quelque chose.
- Il...il est dédicacé !
- Surprise, dit Alexia. J'ai réussi à les rencontrer cet été et j'ai pensé à toi... Pour le magazine, c'est Lily qui m'a soufflé l'idée. Elle m'a dit que tu t'intéressais à la mécanique moldu. Je...Ça te plait ?
- Princesse, tu es géniale !
Sirius balaya Alexia dans une étreinte à lui en briser les os, les faisant tourner sur eux-mêmes tandis qu'elle éclatait de rire, sa nervosité aussitôt envolée. Elle lui retourna son câlin, sa tête dans le creux de son cou.
- J'ai encore quelque chose pour toi, chuchota-elle à son oreille.
- Vraiment ?
A contre cœur, elle s'écarta lentement. Elle fouilla à nouveau dans ses poches avant de lui tendre une enveloppe toute simple.
- Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il.
- Je... Le hibou est arrivé il y a une heure. C'est de la part de ta cousine Andromeda.
Sirius eut l'impression de recevoir un coup de poing dans l'estomac et regarda la lettre comme s'il s'agissait d'un serpent venimeux.
Il n'avait pratiquement plus eu de nouvelle de sa cousine préférée depuis ses douze ans, moment où elle avait été reniée de la famille pour être tombée amoureuse d'un né-moldu, Ted Tonks. Il se souvenait encore des cris de rage de Bellatrix et des pleurs de Narcissa quand leur sœur était partie en claquant la porte, sa valise à la main. Il n'avait pas fallu une heure à son oncle Cygnus pour monter à l'étage et effacer sa fille d'un coup de baguette de la tapisserie.
Il avait quand même revu Andromeda une fois, il y a trois ans, lors d'une sortie à Pré-au-Lard durant sa troisième année. Elle était arrivée d'une rue parallèle, la neige s'accrochant à ses cheveux ébène caractéristiques des Black, et ils s'étaient retrouvés face à face. Il s'était fait la remarque qu'elle n'avait pas changé en un an, qu'elle avait peut-être l'air juste un plus âgé que ses vingt ans, mais qu'elle restait malgré tout sa cousine qui lui tenait la main enfant quand il avait peur de descendre à la cave tout seul. Quand elle l'avait serré contre elle au moment de se dire au revoir, il avait été stupéfait de sentir son ventre légèrement arrondi. Elle avait juste souris, un sourire éblouissant, avant de se fondre dans la masse des passants.
Depuis cette scène, il n'avait eu des nouvelles uniquement qu'au travers des paroles de sa famille. Ainsi, il savait que l'enfant était une fille, Nymphadora s'il se souvenait bien. C'était assez ironique que sa cousine ait donné un nom typiquement sang-pur à son bébé quand on savait à quel point elle s'était battue pour en sortir. Peut-être était-ce une façon de ne pas couper les ponts totalement.
Alexia, qui regardait les émotions valser dans les yeux gris de Sirius, le fit revenir à la réalité en touchant légèrement son bras. Il sursauta, les souvenirs de son enfance s'estompant instantanément.
- Sirius ? Murmura-t-elle.
- Désolé... Je...
- C'est bon, ce n'est rien. Je comprends.
Il évita son regard, serrant la lettre entre ses mains avec un peu de force avant de se composer un sourire joyeux.
- Allez ! C'est mon anniversaire, il est temps de s'amuser !
- Tu ne veux pas la lire ? Demanda-t-elle prudemment.
- Plus tard. Pas ce soir.
Alexia hocha la tête, sachant pertinemment qu'elle n'obtiendrait rien de plus. Alors que Sirius s'éloignait pour aller déposer ses cadeaux, elle se dirigea vers le buffet. Rien de tel que du chocolat pour bien démarrer une fête.
- Eh Alex ! Héla James en arrivant à sa hauteur. Tu t'amuses ?
- Du moment que j'ai du chocolat, je ne suis pas difficile.
- Tu as déjà donné tes cadeaux à Sirius ?
- Oui. Il est parti les ranger. Par contre...
- Quoi ?
- Il a reçu une lettre...
Immédiatement tendu, James se rapprocha, le visage inquiet.
- De qui Alex ? Ne me dis pas que c'était de ses parents ?
- Non, c'était de sa cousine Andromeda.
James soupira. Il avait fait son possible pour que Sirius ne pense pas à sa famille aujourd'hui mais il savait que c'était impossible, particulièrement quand son frère se trouvait carrément dans le château. Il savait que son ami ne laisserait rien paraître durant la soirée en ce qui concernait ses sentiments face à cette lettre mais ça ne l'empêcherait pas d'y penser incessamment.
- Je lui en parlerai, promit-il pour rassurer Alexia. Ne t'inquiète pas, d'accord ?
- Hum... Et sinon, tu as réussi à danser avec Lily ?
- J'ai essayé de l'inviter trois fois mais elle m'a menacé de me jeter un sort si je continuais, je cite, à « la harceler ».
- Typique de Lily !
Haussant les épaules, James ne s'attarda pas sur le sujet.
- Tu veux un verre d'hydromel ?
- Non, je carbure à la grenadine, répondit-elle en lui montrant le gobelet qu'elle tenait. Mais c'est gentil.
- A la grenadine ! Alex, c'est une fête d'anniversaire. Prends quelque chose de plus fort !
- Pas d'alcool pour moi ce soir, désolée. Il faut bien que quelqu'un reste sobre pour tous vous surveiller.
- Remus et Evans sont là pour ça, rétorqua James. En plus j'ai même réussi à avoir du Whisky Pur Feu !
- Toujours pas...
- Tu n'es pas enceinte quand même ?
Alexia s'étouffa avec sa gorgée de grenadine et regarda le jeune homme, incrédule.
- James ! S'écria-t-elle, consternée.
- Quoi ? Je préfère vérifier !
- Retourne draguer Lily et laisse-moi tranquille.
Evidemment, elle culpabilisa quand il lui fit sa mine de chien battu, ses grands yeux noisette la faisant craquer comme à chaque fois. En riant et en soupirant à la fois, elle le laissa finalement l'emmener sur la piste de danse. Une musique endiablée était en train de jouer et James la fit tournoyer, décoller du sol et virevolter jusqu'à ce qu'elle soit à bout de souffle. Il lui fit remarquer qu'elle avait perdu de son endurance depuis qu'elle avait arrêté le Quidditch mais Alexia mentit facilement en disant qu'elle était juste fatiguée avant de s'éclipser.
Alors qu'elle retournait s'assoir tranquillement dans un fauteuil, elle parcourut la salle du regard pour trouver ses amies. Lily jouait son rôle de préfète près du buffet, empêchant les invités de glisser de l'alcool dans les jus de fruit. Un peu plus loin, Dorcas discutait avec une fille. Cependant, impossible de trouver Marlène qui s'était mystérieusement volatilisée. Elle remarqua également à cet instant que Remus était en train de sortir de la salle avec une fille blonde et elle fronça les sourcils. Cette soirée promettait d'être encore surprenante...
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