Bonus 1 - La fille de la photo
La fille de la photo
Square Grimmaurd était déjà moins silencieux depuis hier avec l'arrivée de plusieurs membres de l'Ordre et des bruits de conversations feutrés parvenaient jusqu'au grenier. Harry suspectait les autres de venir juste parce que c'était les vacances et donc qu'ils étaient tous revenus de Poudlard. Si d'habitude il restait lui-même au château pour noël, c'était hors de question cette année. Plutôt dormir avec des Scroutts à pétard que de passer les fêtes avec Ombrage. En plus, l'appel de la cuisine de Mrs Weasley était plus fort que tout.
Harry soupira. Il avait été affecté au nettoyage du grenier tandis que Ron et Hermione continuaient leur chasse aux doxys à l'étage du dessous. Depuis cet été, l'antique demeure des Black ressemblait déjà plus à un QG de défense qu'à la maison pleine de magie noire qu'il avait découvert la première fois. A force de séance de ménage chaque jour, la plupart des pièces étaient à nouveau viable, bien qu'il restait encore énormément de travail à faire, dont le grenier. La petite pièce était recouverte de poussière et des tonnes d'objets étranges s'entassaient contre les murs. Harry se demandait d'ailleurs par où il allait bien pouvoir commencer.
Etant donné que les objets étranges ne lui inspiraient pas confiance, il décida de s'attaquer d'abord à la dizaine de carton posée dans un coin. Avec un peu de chance c'était sans risque. De toute façon, Sirius avait examiné le grenier avant de le laisser monter par mesure de précaution et Harry avait une confiance aveugle en son parrain. Ce dernier était d'ailleurs de bien meilleure humeur depuis leur retour, comme si l'animation soudaine du Square Grimmaurd le remplissait de joie. Il s'entendait particulièrement bien avec Fred et George notamment, avec qui il s'était associé pour faire des blagues. Hier, Mondingus Fletcher s'était ainsi retrouvé affublé d'une robe de ballerine et Remus avait évité de justesse d'avaler une crème canari lors du petit déjeuner de ce matin. D'après lui, il connaissait trop bien Sirius pour se faire avoir.
Alors qu'il tendait la main vers le premier carton, une araignée détala sous une vieille horloge. Harry se fit une note mentale de prévenir Ron de ne surtout pas monter ici.
Au final, les quatre premiers cartons qu'il inspecta ne contenait rien d'important, seulement de la paperasse ou divers objets frappés aux armoiries de famille des Black, dont un service à thé qui devait dater de plusieurs siècles. Harry jeta un coup d'œil à l'horloge à balancier sur sa droite. Si elle fonctionnait encore, cela signifiait qu'il n'était pas loin de midi et que le déjeuner n'allait pas tarder. Pourtant, il n'avait pas faim. C'était l'inconvénient quand Mrs Weasley décrétait que vous étiez trop maigre, elle vous faisait engloutir une tonne de toast à la confiture le matin et vous ne pouviez plus rien avaler avant un moment.
Décidant qu'il avait le temps pour ranger encore un peu, Harry attrapa un autre carton. Celui-ci avait été recalé encore plus loin derrière les autres et il hésita à l'ouvrir. Finalement, il repoussa ses doutes de côté. A l'intérieur de la boîte, pourtant, ne se trouvait qu'une pile de parchemin, un vieil album photo défraîchit, et des drapeaux de supporters de Quidditch aux couleurs rouges et or de Gryffondor. Harry fronça les sourcils. Il ne s'attendait pas vraiment à ça.
Il se rendit compte que les parchemins étaient en fait des cours ou des contrôles pour la plupart. Une écriture élégante et penchée s'étalait tout le long, bien qu'il y avait aussi des dessins ou des gribouillages, surtout sur ceux traitant de l'Histoire de la magie, ce qui fit sourire Harry. Il réalisa que ça avait dû être les affaires que Sirius avait laissées derrière lui après sa fugue. Ses parents avaient sûrement entreposé cela dans le grenier sans savoir quoi en faire.
Harry hésita à ouvrir l'album photo. Il devrait peut-être aller demander à son parrain avant. Mais comme d'habitude, sa curiosité l'emporta et il l'ouvrit à la première page. La photo était en noir et blanc, assez vieille, et représentait un portrait de famille. Il reconnut Sirius immédiatement, malgré son jeune âge, une dizaine d'année tout au plus. Il était à côté d'un autre petit garçon qui lui ressemblait fortement, sûrement son frère. Derrière eux se tenaient une femme au visage tiré et à l'air sévère ainsi qu'un homme avec une moustache imposante. Harry grimaça. Que ça soit en photo ou en portrait, Walburga Black ne lui paraissait pas plus sympathique. D'ailleurs, aucun ne souriait dessus.
La photo suivante lui bloqua le souffle. Les Maraudeurs, âgés de treize ou quatorze ans, étaient alignés sur le bord de la fontaine de la place centrale de Pré-au-Lard. Sirius et James se tenaient par les épaules et regardaient l'objectif avec espièglerie. Juste à leur gauche, Peter semblait se battre avec son écharpe qui lui revenait en pleine face à cause du vent. C'était impressionnant à quel point il avait l'air...normal. Pas un traître qui vendrait ses amis à un mage noir, non, juste un gamin normal lors d'une journée normale entre amis. Enfin, Remus souriait timidement mais avec joie, un livre à la main.
Harry resta à observer cette photo pendant plusieurs minutes, fascinés. Il avait déjà vu son père en photo, certes, mais jamais aussi jeune, ni entouré des Maraudeurs au complet.
La boule au creux de son ventre se resserra davantage quand il tourna la page. Cette fois, il croisa un regard vert émeraude, le même que le sien. Lily Evans souriait, assise sur un banc en pierre, de la neige tout autour d'elle. Ses longs cheveux auburn tranchaient nettement sur le blanc immaculé et elle attirait indéniablement l'attention. Elle avait un insigne de préfète épinglée sur le devant de son uniforme. A ses côtés, James la détaillait du regard amoureusement, ce qui lui donnait un air à la fois idiot et attendrit.
Les photos s'enchaînèrent au fil des pages, comme une plongée dans le passé. Les Maraudeurs, Lily, la famille Black, des élèves inconnus, tous apparaissaient les uns après les autres. Harry en perdit la notion du temps et se cala dos au mur, incapable de s'arrêter. Il avait l'impression que la tête lui tournait et que son cœur battait trop vite dans sa poitrine. Il dû raffermir sa prise sur l'album à plusieurs reprises tellement ses mains tremblaient.
A un moment, une photo en particulier capta son regard. C'était la première où autant de personnes étaient présentes sur un même cliché. Elle avait dû être prise en été, au vu du grand soleil, sur le bord du Lac Noir dans le parc du château. On y voyait neuf personnes à l'ombre d'un arbre, riant ensemble. Harry l'examina en plissant les yeux.
Tout à droite, un couple s'enlaçait, allongé dans l'herbe. Il lui fallut plusieurs secondes mais il reconnut avec stupeur les Londubat. Même si son esprit eut du mal à faire le lien entre la jeune fille brune et rayonnante et la femme hagarde de St-Mangouste qui traînait les pieds, collectionnant les emballages de bonbons, il ne faisait aucun doute que le visage lunaire de l'homme et les fossettes de la jeune fille étaient les mêmes que celles de Neville. A quelques mètres d'eux, James attrapait Lily par la taille et riait aux éclats tandis qu'elle essayait de le frapper pour qu'il la lâche. Remus les observait, assis contre le tronc de l'arbre, amusé. Juste à côté de lui, il y avait deux jeunes filles qui jouaient une partie de bataille explosive et qu'Harry avait déjà vu sur les précédentes photos sans les reconnaître. Elles lui disaient pourtant bien quelque chose mais impossible de savoir pourquoi. La première était blonde et avait un visage rond et chaleureux. La seconde semblait râler en faisant de grands gestes, son épaisse chevelure brune en désordre. Enfin, le plus à gauche, Sirius était perché en équilibre précaire sur la branche la plus basse de l'arbre avec une jeune fille. Elle était très mince, presque trop, et ses grands yeux bleus fixaient l'objectif tandis qu'elle agitait la main en riant. Ils mangeaient des chocogrenouilles, cinq ou six boîtes gisant déjà sur leurs genoux.
Harry ne savait pas trop ce qui retint son attention sur cette photo, probablement la bonne humeur qui s'en dégageait, et il se contenta de la regarder un moment. Trop absorbé par ce qu'il faisait, il n'entendit pas la porte s'ouvrir.
- Harry ? Tu comptes emménager au grenier ?
- Quoi ?
Il sursauta violemment et l'album manqua de tomber par terre. Ce n'était que Sirius qui venait de passer la tête par l'embrasure, se demandant sûrement ce qui lui prenait autant de temps.
- Je disais tu comptes emménager au grenier ?
- Oh non, désolé...Je...je rangeais juste des cartons.
Il désigna les boîtes autour de lui, pas plus en ordre qu'il y a une heure, mais Sirius ne parut pas remarquer.
- Encore ?
- Ouais, j'ai un peu perdu la notion du temps...
Sirius sourit.
- On allait passer à table, Molly est en train de faire voler des casseroles partout dans le salon. J'ai échappé à un coup de saucier de peu.
Harry éclata de rire en imaginant la scène.
- Qu'est-ce que tu as dans les mains ?
- Euh... un vieil album que j'ai trouvé dans ce carton... je jetais juste un coup d'œil.
Cela parut piquer la curiosité de Sirius. Il s'avança dans la pièce et le parquet craqua sous ses pieds. Harry se décala légèrement pour lui faire de la place puis son parrain vint s'assoir à sa droite. Après tout, ils étaient déjà en retard pour manger donc...
Sirius se pencha pour prendre l'album dans ses mains et son regard tomba sur la page restée ouverte avec la fameuse photo près du Lac Noir. Son visage changea d'un coup. S'il était de bonne humeur il y a quelques secondes, il eut soudain l'air nostalgique et un éclat de douleur pouvait se lire dans ses yeux. Harry se demanda s'il n'aurait pas mieux fait de ne pas lui montrer sa trouvaille.
- Où...où est-ce que tu as trouvé ça ?
- Là-dedans. Il y avait quelques affaires à toi.
- Etonnant que ma chère mère n'est pas tout brûlé la seconde de mon départ, railla-t-il.
Harry ne répondit pas immédiatement, incertain. Il avait envie d'en savoir davantage, bien sûr, mais il avait peur de contrarier Sirius un peu plus.
- Sirius...
- Hum ?
- Parle-moi d'eux...
- Comment ça ?
- Eux, vous. Sur la photo. Enfin, si tu veux...
Sirius dévisagea son filleul de longues secondes. Il savait qu'un jour il poserait inévitablement des questions mais il avait cru que ça concernerait juste James et Lily, ce qui était déjà assez dur comme ça. Mais là...c'était tout le monde. Les meilleurs amis qu'il avait jamais eus. Tous les souvenirs semblaient remonter en même temps, les rires, les cris, les blagues, les après-midis dans la salle commune. Il ferma les yeux brièvement. Merlin il n'était pas prêt pour ça et il ne le serait sans doute jamais. En vérité, il avait espéré que Remus se charge de répondre aux questions d'Harry, sauf qu'il réalisa à cet instant que c'était à lui de le faire. James l'aurait voulu.
- Qu'est-ce que tu veux savoir ? Finit-il par dire, la gorge serrée.
Harry eut l'air surpris.
- Vraiment ? Euh, je ne sais pas. Qui sont-ils pour commencer ?
- Frank, Alice, James, Lily, Remus, Marlène, Dorcas et...Alexia.
Harry remarqua la façon dont sa voix se brisait sur chaque prénom, surtout le dernier. Cependant, ça ne lui suffisait pas. Il voulait savoir.
- Continu, souffla-t-il.
Il y eut un moment de silence, le temps que son parrain rassemble ses pensées puis il reprit sur un ton neutre qui contrastait avec l'expression de son visage.
- La photo a été prise en juin 1977 la dernière semaine de notre septième année. Frank et Alice étaient déjà ensemble depuis deux ans. Ils nous ont annoncé leur fiançailles ce jour-là. J'aimerai pouvoir dire que ça a été une surprise mais ça serait faux, on savait tous qu'ils allaient finir par se marier. Frank partageait notre dortoir. C'était un gars incroyable. Toujours là quand on avait besoin de lui, discret...Il n'a jamais rien dit sur nos sorties les soirs de pleines lunes. James disait que c'était grâce à ses fabuleux conseils de séduction qu'il avait réussi à sortir avec Alice. Evidemment, lui-même se prenait des refus de Lily depuis des années. Ensuite, Alice...oh Alice comment dire ? C'était la fille joyeuse du groupe, toujours souriante. Son seul défaut était qu'elle était nulle en pâtisserie.
Sirius rigola, se remémorant le jour où elle avait embarqué toutes ses amies pour faire un gâteau.
- Bref, ils étaient géniaux. Ils ont rejoint l'Ordre en même temps que nous et Alice a eu un petit garçon une journée avant ta naissance.
- Neville, devina-t-il.
- Neville. Tu aurais dû voir Augusta Londubat hurler sur les infirmières de St-Mangouste ! Un grand moment.
Encore une fois, Harry n'eut pas de mal à s'imaginer la scène. Il avait vu la grand-mère de Neville il y a deux jours, à l'hôpital, et il n'aurait voulu la contrarier pour rien au monde.
- Là ce sont tes parents, continua Sirius, les yeux fixés sur la photo. Ils sortaient ensemble depuis quelques mois, enfin ! Evidemment, ça ne les empêchait pas de se « disputer ». James aimait beaucoup embêter Lily, juste parce qu'il savait très bien le faire je pense. Remus arbitrait souvent leur échange.
- Qui gagnait ?
- Est-il utile de le préciser ? Lily bien sûr ! Mais je crois que c'était aussi à cause de leur solidarité de préfet. Je soutenais James malgré tout... ajouta-t-il avec un sourire. Je sais que je ne t'ai pas dit grand-chose sur ton père, Harry, mais il était mon meilleur ami et l'homme le plus fantastique que j'ai connu. Quand je suis parti de chez moi, quand j'ai enfin quitté cet enfer, c'est chez lui que je suis allé sans réfléchir. Il était ma famille.
Harry hocha la tête, les larmes aux yeux. Il aurait aimé que Sirius lui parle encore de ses parents, qu'il lui donne des détails, mais pour aujourd'hui il voulait en apprendre plus sur les autres. Il tendit la main et montra les deux jeunes filles en train de jouer à une partie de bataille explosive.
- Elles me disent quelque chose...
- C'est normal, elles sont aussi sur la photo de l'Ordre que Maugrey t'a donné. Marlène McKinnon et Dorcas Meadowes, deux amies de ta mère. Les nôtres aussi plus tard. Marlène était assez timide en apparence mais elle avait un sacré caractère quand elle s'y mettait. Dorcas... hum... C'était Dorcas ; soit la fille la plus butée, râleuse et embêtante que j'ai rencontré de ma vie.
- A ce point ?
- Oh oui ! Mais elle était aussi courageuse, drôle, intelligente. Dorcas avait un don pour le sarcasme aussi et surtout elle détestait les chats, ce qui faisait qu'on avait trouvé un terrain d'entente elle et moi.
- Pour un chat ?
- Chamallow, dit Sirius. C'est comme ça que cette satané bestiole s'appelait. C'était le chat de Marlène, complètement dingue.
- Tu devrais parler avec Ron de Pattenrond alors...
Ils rirent. Harry imagina leur quotidien à Poudlard, il y a vingt ans, tous ensemble avec un chat cinglé. Ça avait dû être une sacrée ambiance. Soudain, une question lui passa par la tête.
- Qui est-ce qui a pris la photo en fait ?
Sirius se crispa.
- Peter, répondit d'une voix atone. C'était Peter.
S'il avait pu se donner une gifle, Harry l'aurait fait. Une vague de colère le traversa en pensant à Pettigrow, ce traître, toujours libre et au service de Voldemort. Il déglutit tandis qu'un léger silence s'installait.
- Et la fille à côté de toi...qui c'est ? Demanda-t-il en guise de diversion.
- C'est... Alex. Alexia Cassidy.
Harry ne manqua pas la façon dont la voix de son parrain se brisa, exactement comme quand il avait énuméré tous les prénoms de ses amis. Néanmoins, il y avait quelque chose de plus ou de différent avec cette fille.
- On sortait ensemble, avoua-t-il. C'était ma meilleure amie et puis on s'est mis en couple à partir de notre sixième année. Quand on avait douze ans, elle était juste l'amie de Lily, rien de plus. Et puis je l'ai défié de se jeter dans le Lac Noir. Elle l'a fait.
- Sérieusement ?
- Elle était du genre à ne jamais refuser un défi. Elle a même emménagé dans le dortoir des garçons pendant deux semaines pour prouver à Lily qu'elle n'était pas bordélique. Bon elle a perdu mais l'intention était là.
- Qu'est-ce qu'elle est devenue ? Je ne l'ai pas vu sur la photo de l'Ordre...
Le regard de Sirius se perdu dans le vide et il mit tellement de temps à répondre qu'Harry crut un instant qu'il ne l'avait pas entendu.
- Alexia avait une maladie, dit-il doucement. Une maladie respiratoire. Après notre sortie de Poudlard, ça a été...compliqué pour elle. Elle faisait partie de l'Ordre à mi-temps mais ne pouvait pas toujours être là à cause de ses visites à l'hôpital.
Harry hésita à demander si elle était morte elle aussi, comme les autres, mais quelque chose dans les yeux gris de Sirius l'en empêcha. Il n'avait pas envie de parler de la mort de ces personnes. Il avait envie de connaître leur vie. En plus, imaginer son parrain ; si renfermé la plupart du temps depuis qu'il était obligé de rester à Square Grimmaurd ; amoureux d'une fille lui faisait étrange.
- Parle-moi d'elle.
- Alex ?
- Ouais. C'est la seule dont je n'ai jamais entendu parler.
- Je ne sais pas trop...
- De quoi tu te souviens ?
- De son rire, lâcha Sirius sans réfléchir. Elle aimait les blagues. Un jour, pour mon anniversaire, on est allé à Pré-au-Lard en douce et on s'est baladé autour de la Cabane Hurlante. Je me suis caché pour lui faire peur, j'étais sûr de mon coup. Finalement c'est elle qui est arrivé derrière moi et qui m'a terrorisé.
Harry écoutait l'histoire, un sourire aux lèvres. Puis Sirius continua, visiblement incapable de s'arrêter, et il lui raconta plusieurs souvenirs avec la jeune fille, comme la fois où il l'avait emmené faire de la moto en douce sans que les infirmières ne s'en aperçoivent, ou encore la soirée d'Halloween de leur sixième année quand ils avaient été coursés par Rusard dans les couloirs.
Ils restèrent une bonne heure à parler d'Alexia Cassidy, de James, de Lily, des Maraudeurs, de Marlène et Dorcas, des Londubat. Harry aurait voulu les connaître, tous. A vrai dire, ils oublièrent carrément de descendre manger jusqu'à ce qu'on toque soudain à la porte.
Ils levèrent la tête pour voir Remus, les mains dans les poches, entrer sans faire de bruit.
- Qu'est-ce que vous faites là ? Molly n'arrête de râler qu'Harry ne prendra jamais de poids s'il saute des repas.
Sirius roula des yeux.
- Désolé, s'excusa Harry. On était occupé.
- Je vois ça, dit-il. Ce n'est pas ton vieil album, Sirius ?
- Si...
- Comment est-ce qu'il a atterrit là ?
- Aucune idée, je l'avais oublié chez mon oncle Alphard. Ma mère a dû le récupérer quand il est mort.
Remus fit une grimace à l'évocation de Walburga Black. Il avait dû se battre avec les rideaux de son portrait ce matin quand Tonks avait -encore- fait tomber le porte parapluie en forme de jambe de troll.
- Je peux voir ?
Sirius haussa les épaules et il lui tendit l'album photo. L'expression du loup-garou se fit immédiatement nostalgique tandis qu'un sourire lui montait aux lèvres.
- J'avais oublié à quel point James était mal coiffé.
- Et encore, c'est devenu pire quand Lily a dit que ça lui allait bien. Il n'a plus touché à un peigne pendant quatre jours.
- Vous ne savez pas ce que c'est d'avoir des cheveux comme ça, répliqua Harry en montrant ses propres épis qui partaient dans tous les sens.
La remarque les fit éclater de rire. Remus rendit l'album à Harry qui le feuilleta distraitement. Il n'aurait jamais cru faire un tel voyage dans le passé en ouvrant ce vieux carton recouvert de poussière.
Alors qu'il allait le refermer pour descendre en bas retrouver les autres, il vit soudain une autre fille qui n'était pas apparu sur les clichés précédents. Sirius parut remarquer son trouble car il se pencha puis se mit à rire d'un coup.
- Quoi ? Qui est-ce ?
- La copine de Remus.
Ce dernier écarquilla les yeux.
- Pardon ?
- Je ne mens pas, c'est Anaïs, Harry. Anaïs Delan.
- Ce n'était pas ma copine !
- Vous êtes resté enfermé dans un placard ensemble pendant trois heures !
- Par ta faute, rétorqua Remus. C'était juste une amie.
- Je ne te crois toujours pas.
Remus secoua la tête, les joues rouges.
- Harry ! Appela brusquement Ron d'un ton las depuis le rez-de-chaussée. Maman dit que tu dois venir manger sinon tu vas manquer de protéines !
- Allez, approuva Remus. On y va.
- Mais on parlait d'Anaïs !
- Sirius...
- Très bien, comme tu veux.
Harry rangea l'album dans le carton en riant tandis que Sirius sortait de la pièce avec un clin d'œil, l'air fier de lui. Au moins, s'ils parlaient de cette Anaïs avec tellement de désinvolture, c'est qu'elle devait être heureuse aujourd'hui. Il se tourna vers Remus qui l'attendait sur le seuil, une main sur le chambranle.
- Tout va bien Harry ?
- Ouais...ouais je suppose. C'est juste étrange d'en apprendre autant d'un coup.
- Je comprends, mais tu sais, si tu as des questions, on est là pour répondre.
- Hum...
Il se releva, les genoux douloureux.
- Professeur Lupin ?
- Tu sais que tu peux m'appeler Remus n'est-ce pas ?
- Oui, bien sûr. Euh...
- Je t'écoute.
- Qu'est-ce qui est arrivé à Alexia Cassidy ?
Remus haussa un sourcil, surpris.
- Sirius t'a parlé de...
- Elle était sur une photo avec vous tous, expliqua-t-il.
- Honnêtement Harry, s'il y a une chose que je peux te dire sur Sirius et Alexia c'est qu'ils s'aimaient, c'est tout.
- Mais...
Harry se coupa de lui-même, se rendant compte qu'il ne voulait pas savoir. Juste pour cette fois, il voulait garder l'image de la jeune fille brune, mince, avec de grands yeux bleus, qui mangeait des chocogrenouilles en riant perchée sur une branche d'arbre, bien vivante.
Sans un mot, il referma la porte du grenier, laissant les souvenirs du passé dormir...
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