Chapitre 9

Quelques jours plus tard, alors que nous étions au marché avec maman, je croisai monsieur O'Donell, l'anglais. Avec sa moustache toujours parfaitement entretenue, il me fit un grand sourire lorsque je le saluai de la main. Tandis que ma mère discutait avec la vendeuse de légumes, je trottinai jusqu'à lui. Il m'avait toujours intrigué, je devais bien l'avouer.

« Bonjour monsieur O'Donell !fis-je gaiement en lui faisant un magnifique sourire.

-Good morning Émile !me salua l'homme aux cheveux brun clair, well tu as trouvé a lot of légumes pour ta soup ?

-Oh oui monsieur O'Donnell !confirmais-je en souriant un peu plus, j'ai même trouvé des panais !

-You can call me Callum si tu veux, proposa l'homme en étirant sa moustache tout en regardant les alentours, ta maman n'est pas là ?

-Elle discute avec madame Girard, expliquais-je en essayant de comprendre ce que me disait l'anglais, je vais aller la rejoindre d'ailleurs !

-Si tu veux passey chez moi one of these days, déclara Callum en souriant un peu, tu es le bienvenu.

-Merci monsieur O'Donnell !le remerciais-je en repartant vers ma mère.

-C'est Callum, rit l'homme en relevant son haut de forme pour me saluer, petit. »

Ma mère avait, entre temps, acheté toutes sortes de fruits et légumes à madame Girard qui se faisait un plaisir de lui raconter les derniers ragots du village. Maman n'avait même pas besoin de lui demandé les nouvelles. Cette commère aurait été prête à persiffler sur le monde entier si elle avait pu. Bien que fort charmante au demeurant, elle devenait une véritable vipère lorsqu'elle n'aimait pas quelqu'un.

Le soir, je parlai de Callum à mes grands-parents et à maman. Ils étaient ravis que je m'entendes bien avec ce mystérieux bonhomme. Il avait fait Harvard disait-on. Et c'était un vrai gentleman, à ce qu'il paraît. Charmant avec tout le monde, il s'entendait bien avec tout le village. Même si certains le trouvaient étrange, personne ne voulait l'avoir comme ennemi. En effet, l'anglais avait un parler très intelligent et réussissait bien souvent à mener les gens là où il le souhaitait rien qu'en parlant. Pour moi, il était tout simplement gentil et patient. Et cela me suffisait.

Quelques jours après, monsieur O'Donnell vint nous rendre visite à la ferme. Avec son haut de forme qu'il ne lâchait jamais, il se présenta à la porte de la maison. Ma mère, un peu échevelée, lui ouvrit avec beaucoup d'étonnement dans les yeux, mais ne fit pas de commentaires. Elle lui proposa une tasse de tisane qu'il refusa fort poliment. Il voulait juste parler quelques instants avec nous.

« Je venais simply proposer à Émile un unlimited access à ma bibliothèque, déclara-t-il en souriant.

-Ah ?s'étonna franchement ma mère en me jetant un coup d'œil interrogatif, mais pourquoi ça ?

-Monsieur Thomas m'a dit que your son avait fait a presantation remarquable sur les insectes de our forests et qu'il pensait naturally que le petit avait dû faire a lot of research, expliqua calmement l'anglais en nous regardant tour à tour. J'ai donc déduit qu'il avait a passion for  lecture.

-Oh je vois, sourit ma mère en passant son bras autour de mes épaules tandis que je me collais contre elle, hé bien merci beaucoup pour cette proposition. Mais Émile doit souvent m'aider à la ferme alors...

-Ne vous inquiétez pas il n'y a pas d'hours to respect, s'esclaffa Callum en riant légèrement. Simply, s'il le souhaite, he can come and lire chez moi. »

Ils discutèrent encore quelques minutes avant que monsieur O'Donnell ne se lève pour partir. L'idée fit son chemin et environ une semaine après, je toquais à sa porte pour la première fois. Il était environ seize heures. Il ouvrit la porte et, ne s'attendant très certainement pas à voir un enfant chez lui, chercha des yeux la personne qui venait de toquer. Il finit par baisser les yeux et sourit largement en me voyant.

« Ah Émile !s'écria-t-il joyeusement, come come come ! »

Sans poser de questions, j'entrai dans la maison. Elle était assez grande et très bien agencée. Des tapis étranges ornaient le sol et des statues tout aussi bizarres étaient posées sur des étagères finement ciselées. J'observai tout cela tandis que Callum allait dans la cuisine. Je le suivis donc avec le nez en l'air et des étoiles dans les yeux.

Lorsque j'avais expliqué à Eugénie, Eugène et Lisette la proposition de monsieur O'Donnell, Eugénie avait été choquée et Eugène était tout excité. Lisette ne paraissait pas particulièrement confiante. La sœur d'Eugène m'avait aussitôt demandé comment je pouvais faire confiance à un homme aussi étrange et son frère m'avait fait promettre de tout lui raconter lorsque j'irais voir l'anglais. Lisette était inquiète, mais elle me fit comprendre que si j'avais confiance en lui, elle aurait confiance aussi.

« So tu veux peut-être a cup of tea ?proposa Callum qui se préparait déjà du thé pour lui, ou some cakes ?

-Non merci, répondis-je poliment en observant partout, Callum ?

-Mm ?

-Pourquoi vous avez une vaisselle dépareillée ?l'interrogeais-je finalement en regardant le mur à ma droite où était installé un service de table dont chaque composant était différent.

-Chaque objet est a memory you see ?expliqua-t-il en regardant son étrange vaisselle, but...well, c'est compliqué little Émile. »

Il s'approcha lentement de l'étagère où tout était posé et prit une tasse. Celle-ci était en porcelaine blanche avec des dessins bleus dessus. Lorsque l'anglais l'approcha de moi, je pus voir qu'il y avait là toutes sortes de fleurs et plantes imprimées sur la porcelaine. C'était un travail minutieux et tout simplement somptueux. Pour mes yeux d'enfant, tout ce qui importait, c'était de reconnaître chaque dessin.

« This mug vient de Russia, illustra-t-il en faisant tourner la tasse dans ses doigts, for example. Tu vois, little boy ?

-Elle est jolie, murmurais-je en pensant sûrement que la porcelaine allait se briser si je parlais trop fort.

-Yes en effet, acquiesça Callum en souriant gaiement, un Tsar m'a fait a present pour ma visit.

-Un Tsar ?m'effarais-je aussitôt en comprenant que ce devait être un homme important.

-Hé oui little boy, confirma l'anglais en allant reposer la tasse, so ! Je vais te montrer my library ! »

Il sortit donc de la cuisine avec moi sur les talons, trottinant comme un petit chien. Je le trouvais étrange, mais pas dangereux. Je n'aurais pas su dire exactement ce qu'il représentait pour moi à ce moment là. Peut-être une figure paternel que je n'avais pas connue...Je l'ignore. Mais je l'admirais beaucoup. Surtout une fois que j'eus vu sa bibliothèque. Elle était gigantesque ! Lorsque je m'approchai de l'étagère la plus proche, je vis les reliures des livres. Ils paraissaient tous plus anciens les uns que les autres !

Le bois des étagères était finement gravé de motifs floraux. Il devait très certainement s'agir de chêne pour que l'armature ne craque pas sous autant de livres. La pièce me semblait à la fois si petite et si immense ! Il y avait là une échelle pour atteindre les plus hauts rayons. Je n'arrivais même pas à lire le titre des livres juchés au dessus de nous tant ils étaient hauts ! Callum buvait tranquillement sa tasse de thé. Il était assis sur un fauteuil en cuir tout ce qu'il y avait de plus commun à un détail près. C'était du cuir de bison.

L'anglais avait reçu cet objet d'un ami et n'avait pas osé refusé. N'aimant pas particulièrement les peaux d'animaux morts, il l'avait mis dans un coin jusqu'à ce qu'il s'installe ici. Ne sachant plus où le cacher, il l'avait mis dans sa bibliothèque. Ayant lu la plupart des ouvrages présents ici, il n'avait que peu de raisons de venir s'asseoir sur le fauteuil tant détesté.

« Cet endroit est fantastique !m'exclamais-je sans lâcher les étagères des yeux.

-Et tu pourras venir when you want, enchaîna l'anglais en continuant de boire sa tasse de thé.

-Merci beaucoup monsieur O'Donnell, souris-je aussitôt en ayant à nouveau des étoiles dans les yeux.

-C'est Callum, rit l'homme aux yeux verts et malicieux, little Émile. »

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