Chapitre 16

Les années passèrent. Je devins grand et avec cela, une certaine maturité suivit bientôt pour prendre la place de mon innocence enfantine. Eugénie ayant décidé de devenir journaliste, Eugène voulant devenir cinéaste et Lisette souhaitant être infirmière dans un grand hôpital, tous avaient décidé de partir pour leurs études. Nous savions que ce jour arriverait. Aucun de nous n'était vraiment prêt à quitter ce hameau qui était si cher à notre cœur. Mais il le fallait.

Aussi, le soir précédent notre départ, nous décidâmes de retourner à la cabane que nous avions construite étant enfants. Les petits insectes y étaient toujours. Nous en avions pris grand soin même une fois plus âgés. Nous tînmes notre promesse qui était de les libérer tous le jour où nous partirions du village. Et c'est ce que nous étions sur le point de faire. Lorsque la nuit fut venue, chacun prit autant de bocaux qu'il pouvait et nous partîmes en direction de notre champ préféré.

Une fois tout le monde prêt, nous relâchâmes chacun les petits animaux que nous avions en fait cruellement arrachés à leur vie naturelle. Ils s'enfuirent tous dans un grand bruit d'ailes et de vrombissements en tout genre. Un sourire nostalgique éclaira mon visage dans le noir de la nuit et je sentis une larme couler sur ma joue. Lisette me prit le bras et se serra contre moi. Eugène et Eugénie étaient encore trop fiers pour laisser libre cours à leur émotion, mais je les sentais près de craquer lorsque les libellules s'envolèrent devant nous.

Alors c'est ainsi que nous allions nous séparer ? Sur un lâché de lucioles ? Non...Non ça n'était pas une séparation. C'était une promesse de retrouvaille. Oui nous nous promîmes de nous retrouver un jour ici pour voir comment chacun avait mené sa barque et ce qu'il avait fait de sa vie. Nous étions bien décidés à vivre nos vies et à profiter un maximum de ce que celles-ci avaient à nous offrir.

Le lendemain, je pris le train pour la première fois de ma vie. Sur le quai, les au revoir furent durs à supporter.

« N'oublie pas de me donner de tes nouvelles, me rappela ma mère une fois de plus en souriant légèrement, d'accord ?

-Oui promis je n'oublierai pas, souris-je à peine en la serrant à nouveau contre moi, je te le promets maman.

-Tu vas nous manquer gamin, déclara gravement mon grand-père qui n'était pourtant pas un très grand émotif, tu vas nous manquer.

-Je sais papi, ris-je nerveusement, mais je reviendrai vous voir je vous le promets.

-J'espère bien !s'exclama ma grand-mère d'une voix larmoyante, j'espère bien que tu reviendras voir tes vieux grands-parents mon petit... »

Je la pris ensuite dans mes bras pour cacher mes larmes et nous restâmes ainsi quelques secondes avant qu'elle ne se retire finalement en arrière en ravalant ses larmes et en souriant vaguement.

« Allez va maintenant, souffla-t-elle doucement en croisant les bras.

-Au revoir, fis-je en regardant tour à tour mes grands-parents et ma mère, et à bientôt. »

Ce jour-là, je partais vers de nouvelles aventures. Mais je laissais aussi mon enfance et tous mes souvenirs passés derrière moi. Ainsi, je ne reviendrais ici que bien des années plus tard. J'apprendrais ainsi que Callum était revenu au village en pleine forme. Son voyage l'avait cependant un peu amaigri et il souriait maintenant beaucoup moins facilement. Ma mère était contente qu'il soit revenu. C'était tout autant son ami que le mien à présent. Toujours aussi excentrique, il réussissait à la faire rire comme je le faisais sans le vouloir étant petit.

Lisette et moi nous sommes revus. Je lui ai offert un café pendant sa pause à l'hôpital. Elle ne m'a pas oublié. Ni Eugène et Eugénie d'ailleurs. Cette dernière parcourt le monde grâce à son métier pendant que son frère crée des scénarios tous plus explosifs les uns que les autres. Ils n'ont pas oublié la promesse que nous nous sommes faite il y a longtemps. Ils reviendront dans ce petit village qui nous a vu naître et grandir. J'en suis persuadé.

J'ai toujours pris grand soin de la machine à écrire que m'avait offert mon ami anglais. Je l'ai toujours avec moi où que j'aille. Même si elle est un peu encombrante, je dois bien l'avouer. J'ai écrit avec elle les plus beaux souvenirs de mon enfance et même des romans ! Je ne regrette pas mon insouciance enfantine, ni le fait que je n'ai rien vu de ce qu'il s'est passé lorsque j'étais petit. Mais une question tourne dans ma tête depuis des années déjà. Je pense en avoir trouvé la réponse.

                                                      Maman ? Il est où papa ?


Dans un mouvement lent, je fermai le livre et posai la tête sur mon oreiller.

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