Chapitre 12

Plusieurs jours après, alors que j'étais retourné plusieurs fois chez Callum pour m'entraîner à écrire avec sa machine, j'eus la surprise de le voir arriver dans la cour de la ferme. Ne voulant pas faire paniquer ma mère, je le laissai arriver jusqu'à la porte de la maison et toquer. Maman alla aussitôt lui ouvrir, un peu stupéfaite. Je m'approchai discrètement et jetai un coup d'œil à mon ami. Il me fit un clin d'œil rieur avant de regarder ma mère.

« Monsieur O'Donnell vous devez faire erreur, affirma-t-elle visiblement stupéfaite de voir l'anglais ici.

-Non non non !contra-t-il avec joie, j'ai offert un present à Emile et je tenais à vous l'apporter by hand.

-Hé bien ma foi, hésita enfin ma mère en ne sachant visiblement pas comment réagir, si vous insistez... »

Mon ami anglais se fit un plaisir d'entrer dans le salon lorsque ma mère s'écarta pour le laisser passer et posa son précieux cadeau sur la table en bois brut. Lorsque maman découvrit la fameuse machine à écrire, elle mit la main devant sa bouche avec surprise. Très expressive de nature, elle sourit finalement largement en me regardant avant de tourner les yeux vers Callum.

« Mais nous n'avons pas de quoi vous remercier pour un aussi beau cadeau !s'inquiéta-t-elle aussitôt en semblant déjà réfléchir à une solution.

-It's a present !insista à nouveau monsieur O'Donnell, je vous demande simplement d'en prendre soin. Isn't it Émile?

-Yes sir !souris-je aussitôt joyeusement. »

Callum m'ébouriffa énergiquement les cheveux en souriant gaiement et se détourna pour repartir. Ma mère l'arrêta aussitôt dans sa course.

« Peut-être accepteriez-vous de déjeuner avec nous, proposa-t-elle en se tenant les mains d'un air embarrassé, ça me gêne de ne pas pouvoir vous remercier convenablement pour le cadeau que vous avez fait à mon fils.

-Okay !accepta vivement Callum qui était un véritable estomac à pattes, si ça ne vous dérange pas évidemment.

-Bien sûr que non, sourit ma mère en se retournant pour partir dans la cuisine afin de commencer à préparer le repas. »

Callum me fit un clin d'œil rapide et plein de malice avant de venir s'asseoir à la table où la machine à écrire était posée. Je m'approchai et m'assis sur la chaise à côté de lui.

« So !s'exclama-t-il énergiquement, voyons les progrès que tu as fait dear friend ! »

Durant plus d'une heure et quelques, Callum me fit écrire une histoire de mon invention. Celle-ci se déroulait en forêt. Une famille de renard devait trouver une nouvelle maison pour s'abriter des chasseurs qui étaient à leur recherche. L'histoire finissait heureusement bien et j'eus même droit à un rire de mon ami anglais lorsque je lui décrivis la fin. Le chasseur le plus hargneux se faisait mordre les fesses par une moufette et fuyait en hurlant qu'il allait avoir la rage !

« Le repas est prêt !déclara ma mère d'une voix suffisamment forte pour être entendue depuis la cuisine. Émile, viens mettre la table s'il te plaît !

-Oui maman !répondis-je en bondissant presque de ma chaise tant j'étais content que tout se déroule aussi bien. »

Une fois la table mise, je vis bientôt arriver papi et mamie. Cette dernière eut droit à un baisemain de la part de Callum. Elle rougit fort joliment d'ailleurs avant d'aller s'asseoir à côté de moi en me jetant un regard interrogatif. Je haussai les épaules en souriant joyeusement. Mon papi, quant à lui, resta interdit quelques secondes devant l'anglais. Puis, mon ami lui tendit la main en souriant tout à fait normalement et mon grand-père la serra en souriant à moitié. Une fois ceci fait, chacun vint s'asseoir.

Callum prit la place qu'il restait. C'est à dire entre moi et ma mère. Le repas se passait tout à fait bien jusqu'à ce la conversation ne s'engage sur le métier de l'anglais.

« A vrai dire, commença celui-ci d'un air indécis, je fais un travail un peu complexe to explain...

-Oui bien sûr c'était simplement une question comme ça, le rassura aussitôt ma mère en souriant d'un air léger, vous voulez encore de la salade de carottes ?

-It's excellent !s'exclama-t-il visiblement content de changer de sujet. »

Callum tendit donc son assiette et se fit resservir. Je ne le pensais pas aussi sociable...Lui que je ne voyais que rarement sortir de chez lui en temps normal. Il semblait parfaitement à l'aise avec des gens qu'il connaissait à peine. Intelligent comme il l'était, lorsque je l'avais vu pour la première fois, je pensais qu'il serait plus hautain que ça. Mais il s'était aussitôt inquiété de bien se faire comprendre de moi lorsque je venais chez lui. Je m'amusais d'ailleurs à le corriger lorsqu'il ne trouvait pas un mot en français. Il ne me tenait pas rigueur de mon insolence parfois un peu excessive.

J'étais parfois très turbulent et j'avais rapidement pris mes aises chez Callum. Mais je le respectais beaucoup. Je le taquinais simplement, parfois. Et l'humour d'un gamin de huit années semblait le divertir assez pour ne pas qu'il ne me fasse de remarques là-dessus. Je lui posais une multitude de questions sur ses voyages ces derniers temps. Papi m'avait toujours dit : "il y a toujours quelqu'un qui en sait plus que toi". Et c'était bien sûr le cas avec Callum. Cet homme avait des connaissances sur une multitude de peuples et de pays que je ne connaissais même pas !

Il me parla ainsi de l'Inde qui avait une religion très différente de la nôtre. L'hindouisme. Il me parlait aussi des coutumes des indiens et de plein d'autres peuples. Certains étaient constitués de quelques milliers de personnes à peine ! Callum était également parti en Amérique pour son travail. Il avait ainsi pu voir de ses yeux le Grand Canyon d'Arizona. Mon ami anglais m'en avait beaucoup parlé. Il s'agissait d'immenses falaises tombant à pique. Apparemment, au sommet de ces falaises, il y avait des grands plateaux plus ou moins herbeux selon l'endroit où l'on se trouvait.

Enfin ! Ma famille semblait l'apprécier...même si mon grand-père m'avait paru un peu étrange avec lui au début. Mamie était aux anges de voir un anglais. Elle qui n'avait jamais entendu une autre langue que le français ! L'accent de Callum lui paraissait charmant. Quant à maman, elle semblait écouter attentivement tout ce que racontait l'anglais. Elle me paraissait encore plus joyeuse que d'habitude. Cela changeait de notre quotidien. Qu'un homme aussi hors du commun que monsieur O'Donnell vienne nous rendre visite changeait beaucoup de choses. Et puis, cela distrayait maman. Car j'avais parfaitement remarqué que depuis quelques jours, elle paraissait très préoccupée par rapport à d'habitude...

Une question surréaliste me vint soudain à l'esprit. Est-ce que c'était comme ça lorsque mon père était encore là ? Avant qu'il ne parte en voyage, est-ce que les repas se déroulaient comme ça ? Je crus me souvenir que papa avait beaucoup voyagé, puisqu'il était musicien d'un petit groupe. Peut-être semblait-il aussi excentrique et fantasque que monsieur O'Donnell. Mais est-ce-que maman était aussi heureuse qu'en ce moment ? Je n'avais pas vu cette lumière dans ses yeux depuis longtemps en tout cas...

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