Chapitre 11
Je passai donc comme d'habitude dans le long couloir menant à la bibliothèque de Callum. Étonné que mon ami ne m'ait pas accueilli, je poussai timidement la porte de la salle remplie de livres. Il n'y était pas. Je décidai donc de l'y attendre en m'asseyant sur le fameux fauteuil en peau de bison. Il était très confortable d'ailleurs ! Même si l'idée qu'une pauvre bête avait dû y laisser la vie...
Callum arriva dans la pièce comme un ouragan. Regardant partout autour de lui, il finit par trouver ce qu'il cherchait. Il se jeta presque au pied d'une étagère plus grosse que les autres et appuya sur un bouton caché dans le bois. Un tiroir s'étira sur plusieurs centimètres et laissa apparaître un objet caché sous un tissu épais et opaque. Le soulevant, mon ami anglais se releva énergiquement, l'observa quelques instants avant de se tourner vivement vers moi. Il me fixa quelques instants avec un petit sourire narquois comme il en avait le secret avant de finalement s'approcher de l'unique table de la bibliothèque.
Il posa le précieux objet dessus et je bondis presque du fauteuil en bison pour trottiner jusqu'à lui. Je m'arrêtai à côté de ce grand échalas qu'était Callum. Il m'avait un jour dit qu'il faisait plus d'un mètre quatre vingts. J'étais presque certain qu'il était bien plus grand que ça. Mais à vrai dire, avec des yeux d'enfant, tout vous paraît plus grand...
« Es-tu ready à voir mon secret ?me questionna l'homme avec un sourire taquin.
-Ouep !m'écriais-je joyeusement en lui souriant largement.
-Mon ami je te présente...ma meilleure amie ! »
Il souleva le tissu posé sur l'objet d'un geste théâtral et je pus ainsi voir apparaître...
« Une machine à écrire ?m'étonnais-je aussitôt en ayant les yeux ronds de surprise.
-Yes !confirma Callum en ayant l'air fier de lui, isn't she magnifique ?
-Mais c'est de la ferraille !contrais-je sans délicatesse.
-Ne l'écoute pas darling, gronda faussement mon ami en posant ses mains de chaque côté de la machine, il ne sait pas de quoi il parle. »
Un peu déçu, je gardai mes yeux posés sur la machine à écrire un long moment avant de retourner m'asseoir dans le fauteuil en bison. Quelques secondes passèrent pendant lesquelles un silence total régna dans toute la bibliothèque. Un peu embêté, Callum se tourna vers moi et se frotta l'arrière du crâne avant de s'approcher de moi. Il s'agenouilla à côté du fauteuil et me regarda pour que je tourne les yeux vers lui. Ce que je fis. Il sourit malicieusement.
« Tu t'attendais pas à ça ?ricana gentiment l'anglais qui avait posé son bras sur le bord du fauteuil.
-Ah ça non, soufflais-je d'un air dépité.
-Come on Émile, me fit-il en me faisant signe de me lever, je vais te raconter son history. »
Je me levai donc sans grand enthousiasme du fauteuil et suivis mon ami jusqu'à la table et la machine à écrire. Après l'avoir observée sous toutes les coutures, je levai les yeux vers Callum pour qu'il s'explique.
« This is my machine à écrire !déclama-t-il tel un acteur de théâtre.
-Un tas de ferraille, soutins-je aussitôt toujours empli de délicatesse.
-Mais non voyons !me rabroua gentiment Callum, c'est MA machine à écrire. You see ?
-Non, répondis-je sans saisir un traître mot de ce qu'il voulait me faire comprendre.
-Tu imagines ce que j'ai écrit with this ?m'interrogea l'anglais d'un œil rempli de mystères.
-Non, répétais-je de nouveau en m'intéressant un peu plus aux paroles de mon ami.
-J'ai rédigé des journaux, what did I say, des compte-rendus qui allaient directement au palais of the queen !
-C'est vrai ?m'effarais-je immédiatement en le regardant avec admiration.
-Pas du tout, laissa tomber Callum d'un air soudain désinvolte. »
J'ouvris la bouche pour m'extasier, mais la refermai bien vite et fusillai mon ami du regard. Le menton posé sur mes mains, je le regardai sévèrement quelques instants et il me sourit largement. Je détournai finalement les yeux de lui pour les fixer sur la machine à écrire. Elle était parfaitement intacte.
« Hé bien mon jeune ami, rit Callum en regardant tour à tour moi et sa machine, n'est-elle pas wonderful ?
-Mais qu'est-ce qu'on peut écrire avec ?questionnais-je mon ami en posant un doigt sur la machine.
-Tout ce qu'on veut, s'extasia aussitôt l'anglais en paraissant passionné, des tas d'histoires if you want. Ou simplement ton journal intime, little boy.
-Mon journal intime ?répétais-je sans comprendre.
-Cette machine was a present, expliqua Callum avec un petit sourire, alors je t'en fais cadeau.
-Mais mais mais...
-Et si tu as besoin de papier, me coupa mon ami anglais, n'hésite pas à venir me demander ! »
Et il ressortit aussi vite qu'il était entré dans la bibliothèque, me laissant ainsi seul avec la machine à écrire. Angoissé par tant de confiance placée en moi sans aucune raison, je cherchai un livre autour de moi susceptible de me faire attendre le temps que Callum revienne. Je patientai une heure durant sans que l'anglais ne revienne dans la pièce. Piqué par la curiosité, je finis par me lever du fauteuil en bison sur lequel je m'étais assis entre temps et m'approchai lentement de la table.
La machine à écrire trônait toujours en évidence sur le bois sombre. Je passai ma main sur les touches gravées. Après avoir passé bien cinq minutes à observer l'objet intensément, je ne savais toujours pas plus comment m'en servir. J'avisai alors un petit papier caché sous un napperon de la table. Je regardai autour de moi avant de le prendre et de l'ouvrir. C'était les consignes d'utilisation de la machine ! A la manière de Callum...
"Hello boy ! J'espère que tu trouveras this note avant d'avoir massacré ma machine ! Voici mes conseils pour t'en servir correctly."
Je lus tout le mot attentivement et appliquai chaque conseil à la lettre. Je découvris donc les nombreuses astuces permettant de contre-carrer les défauts de la machine et eus même un sourire victorieux lorsque je réussis à écrire le premier mot sur la feuille de papier que Callum avait ingénieusement placée dans l'appareil. Je passai ainsi toute ma fin d'après-midi à découvrir le cadeau de mon cher ami anglais.
Lorsque je rentrai à la ferme le soir, j'expliquai que monsieur O'Donnell m'avait fait un cadeau inestimable. Quand je décrivis ce dont il s'agissait, ma mère n'en revenait pas et ne me crut pas...Elle verrait bien plus tard.
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