Chapitre 13
Margot
A l'aide. J'échange un regard paniqué avec Bryan, avec l'impression que mon cerveau s'est fait la malle. Que répondre ? Je ne sais même pas ce que fait cet homme pour gagner sa vie.
— Je suis hockeyeur, répond naturellement Bryan, comme si tout était normal.
Mais quel idée à la mord-moi le noeud de citer ce job... c'est tellement facile à...
— Bordel mais oui ! s'exclame mon père qui, pour la première fois de sa vie semble s'animer. Bryan Ivanovitch ! Capitaine et ailier gauche des Rangers !
Pardon ? Bryan est vraiment un joueur pro de hockey ? J'essaie de garder un visage neutre mais mon désarroi doit se lire sur mes traits puisqu'Ella lance aussitôt :
— Tu as l'air surprise, Margot.
Je déglutit et lui lance un sourire hypocrite.
— Oui, après tout Bryan souhaitait attendre avant de vous dire qu'il était célèbre. Il voulait être à l'aise avec la famille, je n'avais pas réalisé qu'il se sentait prêt.
Une pression sur ma cuisse et je lève les yeux sur mon faux fiancé qui me fait un clin d'œil discret comme pour me dire « bien rattrapé ». Ella ferme sa bouche pendant le reste du diner, occupée à flâner sur son téléphone alors que mon père interroge Bryan sur tout ce qui a attrait à son sport. Ma mère, elle, semble au comble de l'excitation ; sa pauvre fille a enfin trouvé quelqu'un de bien, de riche et de célèbre. Le combo parfait pour un petit ami en somme.
Ce constat s'affirme lorsqu'à la fin du repas, alors que je range la cuisine en compagnie de ma chère mère, elle s'extasie sur mon choix de partenaire. Au bout d'un moment, agacée, je claque le tiroir à couvert, la faisant sursauter.
— Margot, qu'est-ce...
— Je m'en fout qu'il soit célèbre, maman. Bryan pourrait aussi bien être fauché que ce serait pareil. Arrête de croire que tous le monde court après l'argent !
— Mais voyons, tu étais bien au courant que c'était un joueur professionnel quand vous vous êtes rencontrés, non ? Cela à dû jouer dans ton choix de...
— Non, la coupé-je, excédée. J'ignorais ce que faisait Bryan pour gagner sa vie, et honnêtement, tout ce qui compte c'est qu'il fasse un métier qui lui plaît.
Ma mère a un hoquet de dédain, je sais ce qu'elle pense. Parce que j'allais poursuivre sur ma lancée et dire que faire ce que l'on aime c'est le principal, qu'il vaut mieux se lever pour vivre de sa passion que de s'enfermer dans une vie qui nous plait à moitié uniquement par peur de manquer d'argent.
L'argent ne fait pas le bonheur, j'en sais quelque chose. Notre famille est disfonctionelle et complètement barrée, pourtant, nous sommes loin d'être à la rue. Mon père s'est donné corps et âme pour fonder son entreprise de transport. Résultat ? Oui, nous sommes à l'abri du besoin, Ella, Joey et moi, mais l'amour inconditionnel de nos parents ? Nous le connaissons pas.
Je quitte la cuisine, là plantant là. Je n'ai plus envie de discourir sur le sujet, elle sait déjà ce que j'en pense. Après tout, je n'ai pas de job stable, parce que je n'arrive pas à me complaire dans un travail qui serait là juste pour remplir mon frigo. Oui, je travail. Je change régulièrement d'emploi certes, mais je fais tout pour ne pas dépendre de l'argent de mes parents.
Je souhaite dépendre de personne. Je tiens à ma liberté, sous n'importe quel prétexte, sous n'importe qu'elle forme.
•••
— Vous ignoriez vraiment qui était Mr Ivanovitch ? s'étonne le Lieutenant Grognon.
— Oui, les seuls fois où j'avais pu le voir c'était sur la glace avec un casque sur la tête, pourquoi ?
— Comme ça. La plupart des gens sont comme votre mère, vous savez.
— Je sais. Ils courent après l'argent et la célébrité sans se douter que la majorité des personnes célèbres s'en fichent royalement.
L'ombre d'un sourire passe sur ses lèvres et lentement, il me fait signe de poursuivre mon histoire.
•••
Après une cigarette express dans la remise, un combat de regard avec la grincheuse qui me sert de grand-mère et avoir embêté mon grand frère adoré, je grimpe les escaliers deux à deux avec l'envie de prendre un bain qui durera une éternité, quand la réalité me percute de plein fouet en la personne de Ella.
— Ashley McTavish.
— Excuse-moi ? dis-je perplexe, perchée sur la dernière marche de l'escalier.
Ella sourit, les lèvres incurvées sournoisement comme les méchantes dans les films de Disney, l'air très contente tout à coup.
— Ashley McTavish, elle répète malicieusement, la copine...
— Ex-copine, intervient Bryan depuis le seuil de la chambre verte, une serviette autour de la taille, le torse encore humide de la douche qu'il vient de prendre.
Bordel de merde. C'est possible de mourir de combustion spontanée ?
— Sur internet c'est marqué que vous êtes toujours ensemble, insiste ma soeur.
Par contre, elle je crois que je vais la pousser dans les escaliers...
Je la bouscule pour passer, réfrénant mes pulsions meurtrière et la fusillai du regard. Bryan ferma les yeux un court instant, comme s'il comprenait comme moi que le jeu de rôle était terminé.
C'est dommage, j'aimais bien la dynamique entre nous, c'était comme...
— Si j'étais toujours avec Ashley, tu crois que j'embrasserai ta soeur ?
— Quoi ? s'écria Ella, surprise.
— Quoi ? murmuré-je en écho.
Bryan m'attira à lui et me plaqua contre la porte verte, je restai figée, incapable de bouger ou de cligner des yeux alors qu'il se penche vers moi.
— Est-ce que je peux ? chuchota-t-il, si bas que je cru l'avoir imaginé.
— Oui, soufflé-je.
Juste pour le jeu de rôle.
Uniquement pour faire fermer son clapet à Ella.
Rien pour ça.
Pas pour sentir son corps si proche du mien, ni ses lèvres qui viennent effleurer les miennes, d'abord timides puis avec plus d'assurance. Non plus pour nos souffles qui se mêlent et ses lèvres qui dansent tout contre les miennes. Absolument pas pour sentir ses main, l'une sur ma hanche, l'autre dans mes cheveux. Pas du tout pour ce pouce qui me caresse la joue avec tendresse alors que mon cœur s'envole et que mon esprit par à vau-l'eau.
Une porte claque mais la bouche de Bryan s'attarde, un dernier baiser, une dernière caresse, un dernier battement de cœur et il s'écarte.
Je me sens vide tout à coup, il est là tout près de moi mais il me semble si loin. Ce baiser était surréaliste. Inattendu. Parfait.
Un mensonge.
— Euh... merci, dis-je complètement perdue.
Puis, j'entre précipitamment dans la chambre et fonce dans la salle de bain, claquant la porte derrière moi pour m'y adosser, le cœur battant à mille à l'heure. Du bout des doigts, je caressai mes lèvres, encore gonflés de ce baiser de dingue.
Non, je n'ai pas rêvé. C'est bien arrivé. Et ça ne recommencera plus jamais.
•••
— Bryan vous a embrassé !?
— Nan mais vous écoutez vraiment pas quand je raconte ?
— Ah si, mais là je suis choqué... murmure le Lieutement Grognon, l'air aussi perdu que je l'étais ce jour là.
•••
Hello mes petits chats,
Comme dirait Margot : Bordel !
Ça me fait un bien fou d'être de retour sur cette histoire.
Ces deux-là m'avaient manqués de fou.
Alors, c'était pas le bisou du siècle ça ?
La bise ❤️
(Demain, il y aura un chapitre sur ROMANE & LES VOLEURS DE NOËL. )
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