Margot

Le repas enfin terminé, ma mère se jette presque sur moi pour me demander de l'accompagner faire les courses en vue du repas de Noël. Bien entendu, la veille nous serons au fameux mariage qui m'a conduite à kidnapper Bryan, mais le lendemain, le vingt-cinq décembre, nous passerons noël en famille.
J'ai beau lancer un regard de détresse à Joey, celui-ci ne me voit pas, bien trop occupé à discuter avec Bryan.
Je ne fait que de me répéter qu'entre Bryan et moi ça ne va pas durer puisqu'il s'agit d'une fausse relation, je le rappelle basée sur un kidnapping, je ne peux m'empêcher d'être heureuse de voir qu'ils s'entendent bien. Même si... bien évidemment, tout cela va me péter à la figure au moment où la vérité éclatera.

— Allez, laisse ton amoureux avec son beau-frère !

Ma mère me traîne par la main et nous quittons la cuisine, elle avec un grand sourire et moi, probablement avec un air de désespoir affichée sur le visage.

•••

— Sérieusement ? Vous allez nous faire vivre cet important moment ? Les courses de Noël ? soupire le Lieutenant Grognon.

— Je croyais que vous vouliez savoir comment Bryan a atterrit au mariage de Jeremy avec moi ?

Il lève les yeux au ciel, soupire à nouveau et me fait signe de continuer tout en échangeant un regard avec le Lieutenant Sexy.

Je crois qu'ils pensent que je suis barge, m'enfin... passons.

•••

Je descend de la jeep de ma mère et traîne des pieds en la suivant à l'intérieur du magasin, alors qu'elle pousse un cadis tout en babillant sur la joie qu'elle éprouve de nous avoir tous à la maison.

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel tout en marmonnant que j'aurais vraiment dû me casser la jambe avant de partir, histoire d'avoir une excuse pour ne pas venir et ne pas subir tout ça.

Bien entendu, je n'aurais pas rencontré Bryan et mine de rien, malgré la... comment dire... façon dont on s'est rencontré ? Ou la manière dont je l'ai kidnappé ? Bref.

— Et puis, Joey a une très bonne réputation de médecin maintenant. J'envisage de lui présenter Clarisse, tu sais la fille de Véronique ?

Je me stoppe net.

— Maman, laisse Joey se débrouiller pour trouver quelqu'un de bien avec qui il voudra passer sa vie.

— Oh voyons ! Joey est comme toi, toujours célibataire...

— Et Bryan ? l'interrompis-je, c'est du poulet ?

•••

— Du poulet ? interroge le Lieutenant Grognon, surprit.

— Quoi ? C'est pas ça l'expression, vous savez ? « Mon cul c'est du poulet » ? je demande en mimant les guillemets.

Le Lieutenant Grognon me regarde un instant sans ciller avant d'éclater de rire, sa moustache frémissante.

— Pour...poursuivez, balbutie-t-il en s'étouffant presque.

•••

— Hein ? Voyons Margot ! Je suis sûre et certaine que si je ne t'avais pas poussée à trouver quelqu'un...

Je n'aurais pas kidnappé un mec... pensé-je au fond de moi.

— Maman, si je suis... si j'étais célibataire, me repris-je aussitôt, c'est uniquement parce que je n'avais pas encore trouvé la bonne personne. Joey est comme moi, il aime prendre son temps dans une relation avant de lui présenter cette famille de dingue !

— Comment ça « famille de dingue » ? S'indigne ma mère. Regarde ta soeur !

— Ella change de mec comme de string !

— Margot !

— Bah quoi ? C'est vrai. Regarde, trois mecs rien que cette année et le père du morveux ? Absent. On ne sait même pas qui est son géniteur.

— Margot ! Ça suffit !

Ma mère me fusille du regard et moi, je regrette d'avoir balancé le fond de ma pensée. Même si, je suis sûre qu'elle sait que j'ai raison, ma mère ne l'avouera jamais. Elle ne dira jamais rien ne froissera sa petite fille chérie... Mais j'avoue que je n'aurais pas dû parler du père du gosse, après tout ça aurait pu arriver à n'importe qui.

Je soupire et change de sujet, la pressant de me donner la liste des choses à acheter en vue d'un repas dont je suis persuadée qu'il sera catastrophique.

— Des toast, du foie gras...

Je ne l'écoute plus, bien trop dans la lune à réfléchir au fait que je n'ai aucun présent à offrir à Bryan. Ne rien offrir à mon « fiancé » serait mal perçut non ?

— Je te laisse ! On se retrouve plus tard.

— Pardon ?

— J'ai... Je n'ai toujours pas reçu le cadeau de Bryan, ça serait bête qu'il se retrouve sans rien le jour de noël quand même ! A plus !

Et je file sans demander mon reste.

Je déambule dans les allées, cherchant une idée en allant même jusqu'à aller voir le rayon des caleçons. Oui, je suis totalement à court d'idée.

Finalement, je me contente de lui acheter un pull. Je me dis que c'est suffisant et qu'au moins, je ne risque pas beaucoup de me tromper. A part s'il n'aime pas la couleur.

•••

— Mademoiselle DeLacour...

— Hum ? Ah oui ! Je me perd encore dans des explications dont tout le monde se fiche c'est ça ?

Le Lieutenant Grognon sourit en hochant le menton et je soupire tout en essayant de reprendre le fil de mon histoire.

•••

De retour à la maison, je trouve mon frère et mon « fiancé » devant la télévision devant un match de foot, ou plutôt les publicités de la mi-temps une bière à la main. Je souris et me presse de les rejoindre en piquant la boisson de mon frangin.

— Hé !

— Chiale pas, je te la rend.

Et je la vide de moitié alors qu'il râle que je ne suis plus sa soeur préférée.

— Oh ! Mon pauvre petit cœur est terriblement blessé ! m'exclamé-je en me vautrant sur le canapé entre eux.

Joey râle encore avant de serrer ses doigts en poing puis vint frotter le haut de mon crâne alors que je l'insulte de toutes mes forces.

— Putain ! réplique le morveux d'Ella.

— Margot ! Combien de fois je t'ai dit de ne pas dire de gros mots devant lui ! m'enguirlande ma soeur.

— Si tu ne jurais pas autant que Margot, il ne répéterait pas... intervient Joey. Gogot au moins, elle ne vit pas avec lui. Donc l'exemple à suivre...

— Oh ça va !

Et la frangine se hâte de quitter la pièce aussi vite qu'elle est arrivée.

— Gogot ? se marre Bryan.

— La ferme. Et toi, mon cher frère adoré, sache que je sais comment enterrer un corps...

Joey et Bryan échange un regard avant d'éclater de rire en répétant comme des mômes insupportables ce surnom que je déteste.

— Aaah ! Mais fermez-là ! En plus, le match reprend.

Et comme si j'avais appuyé sur un bouton, les deux hommes se calmes aussitôt.

Ah... les hommes et le football... une grande histoire !

Mon frère fait surgir de je-ne-sais-où une nouvelle bière pour lui, et nous nous concentrons sur le match alors qu'un vautour pénètre à son tour dans la pièce. Les yeux fixés sur moi. J'essaie de l'ignorer mais un lent sourire étire son visage alors que son regard se tourne vers sa proie.

— Bryan mon cher... vous ne nous avez toujours pas dit ce que vous faites dans la vie ?

Margot Senior reprend son enquête...