Chapitre 26

(Wattpad n'a pas envoyé la notif à tout le monde sur le chapitre 25. Pense bien à vérifier si tu as lu le chapitre précédent avant de lire celui-là pour éviter le spoil 💛)

MAYA

Le soleil me brûle le sommet du crâne. Non sans mal, j'emprunte le sentier jalonné de broussailles et arrive au niveau de la plage privée du lac. Encore une merveilleuse trouvaille d'Elvira. Elle a le chic pour dégoter des endroits tranquilles, loin des abords bondés de touristes. Je progresse jusqu'à la rive et aussitôt, des éclats de rire m'interpellent. Parmi eux, je repère celui de Noah. Je le distingue au loin, s'élancer du ponton qui surplombe l'eau dans un salto, rapidement suivi par Rayan.

Bien sûr qu'elle allait les inviter... Ça fait un moment qu'ils participent à chacune de nos sorties, mais je ne l'avais pas anticipé cette fois.

Pas depuis ce qu'il s'est passé l'autre soir au Night'Mus.

Je me suis efforcée d'enfouir cet épisode dans un coin de ma tête. C'est lâche, mais ça me rassure pour le moment. Noah a eu l'air d'avoir le même mode opératoire. Après notre baiser, il a passé le reste de sa soirée avec les autres sans me parler. Pas la moindre interaction depuis plusieurs jours. Il est aussi dégonflé que moi, c'est bien ma veine.

Mes sandales à la main, je traverse le ponton pour rejoindre Elvira qui se dore la pilule à l'autre bout. La chaleur du bois sous mes pieds me fait frissonner.

— Ma crème solaire est dans mon sac, déclare-t-elle, allongée à plat ventre sur sa serviette.

— J'en ai déjà mis.

— Je dis pas ça pour toi. Tu veux bien m'en mettre dans le dos ?

Je ris en m'abaissant à sa hauteur.

— Pourquoi tu demandes pas à Rayan, c'est une bonne approche, ça.

Elle se redresse d'emblée, les lunettes de soleil en travers de son visage.

— Parce que tu crois que j'ai besoin de ça pour l'amadouer ?

En parlant du loup, il vient de m'apercevoir, entre deux pitreries avec son pote. Je le salue d'un geste de la main, tandis qu'il s'écrie :

— Maya ! Viens te baigner que je te coule !

Ses hurlements interpellent aussitôt Noah. Ce dernier se retourne vers moi, surpris de me trouver ici. Il se contente de hocher la tête, alors je l'imite, sans plus de déclaration. Mon alerte malaise hurle à plein régime. J'ai un mal fou à gérer les situations gênantes. Chaque fois, j'ai envie de rire ou de me cogner la tête quelque part pour perdre connaissance.

Voyant que je reste sur le ponton, Rayan se rapproche dans un crawl déterminé.

— Si tu viens pas, c'est moi qui te jette. C'est pas humain de rester sous ce soleil.

Je me mets debout et guette la surface, dubitative. Pour m'encourager, Rayan juge opportun de m'asperger d'une vague d'eau, ce qui a juste pour effet de faire râler Elvi qui n'a même pas reçu une goutte.

— Ça va, ça va, soufflé-je. Maintenant que je suis trempée, j'arrive.

Je me débarrasse de mon short en jean et de mon top. Suivie d'un œil à peine discret de Noah, je replace les lanières de mon maillot de bain. Bien sûr, je m'assure qu'il ne loupe rien du spectacle. C'est pathétique, mais ça me démange trop.

En prenant mon élan, je m'élance et atterris dans l'eau, les genoux regroupés pour être certaine d'éclabousser Elvira. Ses hurlements me font boire la tasse quand je reviens à la surface. Sans crier gare, elle imite mon saut, à la différence que le sien se termine en un plat bruyant.

Je me laisse flotter sur le dos. Le ciel, d'un bleu aussi azur que les yeux de Noah, est dépourvu du moindre nuage. Je ferme les paupières, les oreilles immergées dans l'eau, bercée par les conversations que je ne distingue pas tout à fait. Une main tire sur ma cheville et m'oblige à me redresser.

— J'ai dégoté d'autres dates, m'informe Elvira. Vous venez si vous voulez, on reste sur du volontariat, hein. Y a pas d'obligation. Mais voilà... je pensais te proposer d'intégrer un solo.

— Sérieux ?

— Quand je t'ai vue samedi, je me suis dit que c'était idiot de pas te laisser danser toute seule.

L'excitation me fait battre des jambes plus vite.

— Merci, ça me tentait bien. Faut que je réfléchisse à ce que je peux proposer, mais je te promets que je vais pas te décevoir.

— Ça, j'en doute pas, rit-elle. T'envoies du lourd à chaque fois.

— Les retours sont bons pour l'instant ? intervient Noah en faisant clapoter ses paumes contre sur la surface de l'eau. Les recettes et tout ça ?

Elvira nage autour de nous, avant de s'agripper aux épaules de Rayan.

— C'est un excellent début, j'avais pas calculé qu'on gagnerait autant et aussi vite. On est encore un peu loin de l'objectif, mais je perds pas espoir.

Après quelques brasses, je retourne auprès du ponton et m'allonge sur ma serviette. Le soleil fait briller les gouttelettes qui recouvrent ma peau. Redressée sur mes coudes, j'observe les gars s'amuser avec Elvira – avec des jeux qui consistent uniquement à la couler, en vérité. Malgré moi, mes yeux s'arrêtent toujours sur Noah. Je payerais cher pour connaître ses pensées. À part quelques regards à la dérobée, il ne m'accorde rien de plus.

Il se met à nager vers moi et grimpe sur le ponton avec l'aide de la petite échelle. Son short de bain trempé goutte sur le bois. Quand il se frotte le visage dans sa serviette, j'en profite pour observer les sillons d'eau qui courent sur son torse.

— Pas de tournoi de poker ce soir, alors ? râle-t-il en direction de Rayan qui attrape les rampes de l'échelle.

— Nan, mec, je vais devoir filer. J'ai des trucs à préparer au Velvet pour notre prochaine représentation. Elvi m'accompagne.

Et, de toute évidence, il doit s'agir d'un rencard déguisé. Ce qui explique que Noah et moi ne soyons pas les bienvenus...

Après quelques discussions, les pieds dans l'eau, chacun prend le chemin du retour. Comme prévu, Elvira grimpe derrière le vélo de Rayan et ils disparaissent dans les sentiers. Une fois encore, ils me laissent seule avec Noah. Je les soupçonne de le faire exprès. Ou de s'en foutre royalement. Du mieux que je le peux, je m'efforce de ne pas lui communiquer mon malaise.

— Tu comptais aller au stud' ? me demande-t-il en posant la lanière de son sac à dos sur son épaule.

Pour la première fois de la journée, il me regarde dans les yeux.

— Ouais, enfin, peut-être. J'aurais voulu répéter un peu et bosser sur mon solo maintenant que j'en ai un.

J'ignore ce qu'il me passe par la tête, mais le savoir seul pour la soirée m'oblige à lui proposer :

— Tu veux venir ? Pour me donner ton avis... Te sens pas obligé, hein. T'as peut-être des trucs de prévus.

Je le regrette aussitôt et son regard hésitant n'arrange pas les choses.

— Nan, je peux, décide-t-il. Enfin, si tu veux, ouais. Ça me dérange pas.

Au bout de quelques pas, je m'arrête net et tâtonne les poches de mon short.

— Changement de programme, j'ai laissé mes clés du studio dans le sac d'Elvi.

— J'ai une technique pour y entrer, sinon...

— Compte pas là-dessus, soupiré-je. De toute façon, je dois passer chez moi pour me changer. Si tu veux, on fait ça là-bas.

— De quoi ? Danser dans ton appart ?

J'acquiesce sous son expression perplexe.


*


Noah pénètre dans mon salon en traçant la pièce du regard. Pour la forme, je lui prie de ne pas faire attention au désordre, alors que j'ai fait le ménage ce matin-même.

— Pas mal, siffle-t-il dans des hochements de tête. Tu te mets bien, c'est vachement grand.

— Quand je te disais que ça poserait pas de problème de danser ici. Si on pousse le canapé, ça donnera un peu plus d'espace.

Je me précipite vers la baie vitrée pour l'ouvrir sur le balcon. Aussitôt, le joyeux bazar de la rue piétonne résonne et la brise fait voleter le voilage.

— T'as des fringues de rechange ? demandé-je en tendant mon index vers son sac à dos. Si tu veux, tu peux aller prendre une douche. J'irai après toi.

Ses yeux tombent sur son short encore humide de notre baignade.

— C'est pas une mauvaise idée.

— Ma salle de bain est au fond du couloir.

Je profite qu'il réunisse ses affaires pour allumer la télé. Penchée sur mon téléphone, je fouille dans les réglages Bluetooth en étirant mon dos et mes cervicales. Les petits cracs me font grimacer. Autant de répétitions et d'efforts physiques en si peu de temps, c'est à la limite de l'inconscience. À ce rythme, mon corps n'en ressortira jamais indemne.

— Tu t'es fait mal ? intervient Noah alors que je le croyais déjà dans la salle de bain.

Je fais volte-face vers lui.

— Juste une fatigue musculaire, je pense. Avec la pression que je me mets, ça doit pas aider.

Dubitatif, il cale son épaule sur le chambranle de la porte qui mène au couloir.

— T'as peut-être trop sollicité certains muscles. Tu te laisses pas assez de temps de repos pour récupérer. Tu sens des raideurs, des tensions ?

— Plus ou moins. Surtout à ce niveau, dis-je en me massant le haut du dos. Mais ça risque rien... pas vrai ?

Je viens de déclencher quelque chose en lui. Son étiquette de kiné le rend tout autre, c'est troublant. Plus altruiste et dans son élément. Il fait quelques pas vers moi.

— Ça dépend. À force, ça forme des micro-lésions qui abîment les fibres de tes muscles. T'as peut-être déjà trop tiré sur la corde et tu puises dans tes réserves. Tu consommes assez de glucide ? Pour l'énergie, c'est important. Sois vigilante, si tu veux éviter la blessure.

Je me contente de hocher la tête. Ces derniers temps, je n'ai pas épargné mon corps ni mon mental. J'en paye le prix. Alors que je m'attendais à le voir disparaître dans le couloir, Noah lève le menton vers moi.

— Tu veux que je regarde ? me propose-t-il.

— Quoi ?

Il souffle du nez en me voyant écarquiller les yeux.

— Allez, viens. Ce sera pas long.

— Tu vas me faire quoi ? m'inquiété-je.

— Mets-toi sur le canapé.

Je m'exécute, non sans crainte. Noah vadrouille autour de moi et finit par placer l'un de mes poufs au bout de la méridienne pour s'y installer. D'un claquement de doigt, il m'intime l'ordre de m'allonger sur le dos. J'obéis et atterris entre ses genoux. J'espère qu'il sait ce qu'il fait. Sa détermination me donne confiance, en tout cas.

— Je peux ? demande-t-il, supérieur à moi par sa posture.

— Hm.

Ses doigts glissent sous ma nuque et surélèvent ma tête du canapé. La chaleur de sa peau me fait frissonner, je suis certaine qu'il le sent. Il manipule l'arrière de mon crâne et mes cervicales, un sourire au coin des lèvres, comme si son verdict ne le surprenait pas.

— Ouais, tension des cervicales plutôt d'origine musculaire, constate-t-il sans arrêter ses gestes. Rien de méchant, mais ça expliquerait ta sensation de raideur au niveau des trapèzes. Massage, étirement et repos pour améliorer ça.

Je m'attendais à ce qu'il s'arrête à ce diagnostic, mais il continue de me masser en effectuant quelques rotations au niveau de ma tête.

— Relâche-toi entre mes mains, par contre. T'es ultra tendue.

— Sans doute parce que tu peux me briser le cou à tout moment.

Le souffle de son gloussement me frappe le visage.

— Ouais, ça me chaufferait bien, mais détends-toi. Ça facilitera les choses.

— T'es en train de me faire quoi, exactement ?

Les sourcils froncés, il plisse les yeux, concentré.

— Je viens chercher la ligne courbe sous occipitale, déclare-t-il.

— C'est supposé m'aiguiller ?

— Pose-pas de question, alors.

Les mains en gouttière auprès de ma nuque, il appuie, de la pulpe de ses doigts, au niveau de la naissance de mes cheveux. Une cascade de frissons me gèle le dos. Mes yeux se ferment sous ce mouvement qui m'oblige à me décontracter.

— Tu me dis si je te fais mal.

Je ne parviens même pas à articuler quoi que ce soit. Ma tête se relâche au creux de ses paumes. Ma détente se précise quand il effectue des petits cercles derrière mes oreilles, jusqu'à remonter ses doigts au niveau de mon front. La douceur de ses gestes me surprend autant que mon silence. Parler me demanderait un effort surhumain. Je pourrais m'endormir si je n'étais pas aussi attentive à toutes mes réactions corporelles.

En murmurant des explications qui m'échappent, il fait glisser ses pouces le long de mes sourcils. Il masse ma mâchoire et mon cou. Ses doigts sentent encore la crème solaire, c'est étourdissant.

— Tourne-toi que je regarde un truc, dit-il à mi-voix, comme soucieux de déranger le calme qui m'habite.

Je bascule sur le ventre, les paupières toujours fermées. Ses mains sautillent sur mon dos, hachant ma respiration. Il empoigne les épaules et poursuit ses manipulations approfondies.

— T'inquiète pas si t'entends des petits craquements articulaires.

— De ?

Un léger clac au niveau de ma clavicule me répond et, cette fois, je n'ai pas pu retenir un soupir d'aise. Après un massage appuyé sur l'ensemble de mon dos, Noah se lève.

— Voilà, c'est tout pour moi.

Rouvrir les yeux me demande un effort phénoménal. Je me redresse, étourdie par ce moment de détente. Je n'aurais pas bronché s'il avait prolongé le plaisir pour quelques minutes supplémentaires.

— Alors ? lancé-je en me mettant debout.

— Alors, quoi ? Rien de plus. Je t'ai dit, t'as quelques tensions musculaires, mais j'ai dû te faire gagner une bonne amplitude au niveau du cou.

Je tourne ma tête de gauche à droite pour le constater.

— Oh, wahou, en effet. Merci.

Un air victorieux sur le visage, il fait un détour dans ma cuisine ouverte pour se laver les mains.

— Une bonne douche et se met au boulot, alors ? lâché-je en le rejoignant.

— On a pas parlé de repos y a genre cinq minutes ? Tu te sens vraiment d'attaque, là ?

— J'ai pas dansé de la journée. Je te montre juste mes idées pour mon solo.

Les sourcils haussés, il me coule un regard incrédule. Sans rien ajouter, il me contourne et disparaît dans le couloir. Le savoir chez moi me donne le vertige. Il y a encore quelques semaines, cette simple idée m'aurait provoqué quelques remontées acides. Comment la situation a pu évoluer aussi vite ? Ce grand virage m'a perdue en route, mais je reste sur mes gardes. Noah sait me surprendre, et pas toujours de la bonne manière.

Pourtant, je me surprends à surveiller les minutes, en hâte de le voir revenir.


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Hello, toi ✨ J'espère que tu as passé un bon moment en lisant ce chapitre. N'hésite pas à me donner tes impressions. Z'avez-vous, ça assume moyen moyen chez les Noaya. Mais quelque chose me dit que ça ne va pas durer bien longtemps... 😏

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