Chapitre 7 - 2/2
— Eglantine, je suis heureux que nos chemins se soient de nouveaux croisés.
Elle but son verre, se redonnant du courage. Cet homme... Elle était mitigée entre l'envie de se battre parce que son genre répugnait Lytanax et le désir de plus en plus envahissant de seulement lever ses mains vers lui, de le toucher, le découvrir...
Elle fronça des sourcils. Ces sensations, elle ne les ressentait pas seule. Eglantine empiétait sur elle alors qu'elle n'était pas encore de retour. Ce genre de moment arrivait, de plus en plus fréquemment. Des instants où Eglantine et elle semblaient s'unir. Mais rarement sans le consentement des deux parties.
Stanislav se rendit compte de sa sidération.
— Une Amazone ? s'intéressa Lytanax. C'est bien possible.
Les Amazones étaient violentes, puissantes et des guerrières qu'il ne fallait pas prendre à la légère. Ajouté à cela le fait qu'elles vouaient une haine naturelle au sexe opposé, et Lytanax dessinait le portrait de ses convictions et de ses talents. D'ailleurs, en entendant le nom de son espèce, la plupart des mâles du lieu resserrèrent naturellement leurs cuisses comme pour protéger leurs testicules.
— Je comprends mieux le dégoût que tu ressens pour moi, déclara l'homme, autant amusé qu'attristé. Ton espèce ne porte par la gente masculine dans son cœur.
— Quoi ? Non, pas du tout. Vous ne me dégoûtez pas. C'est juste que vous m'avez aidé hier et que je n'aime pas que l'on m'aide et...
Mais qu'est-ce qu'elle racontait encore ?
Lytanax sentit un vertige la saisir alors qu'elle paniquait totalement. Elle ne savait pas comment se comporter envers cet inconnu qui avait aidé Eglantine. Et lorsqu'elle leva ses yeux vers lui, quelque chose la terrifia au point qu'elle agrippa sa manche.
Elle se sentait fiévreuse. Des sensations inconnues s'emparaient d'elle, la poussant à rester auprès de lui. Mais en quoi pourrait-il bien l'aider ?
Se sentant rougir, elle leva le visage vers lui.
Des cheveux clairs, une peau pâle, ses yeux viraient au rouge vif. La lueur surnaturelle indiquait sa nature de créature sanguinaire, buveuse de sang. Un vampire.
— Tout va bien ?
Non, tout n'allait pas bien !
Elle eut un regard à droite, puis à gauche. Aussitôt, le vampire s'empara de son visage pour l'aider à ne regarder que lui.
— Eglantine, qu'est-ce qu'il se passe ?
— Je ne suis pas... Je ne suis pas Eglantine.
Mais elle n'était plus non plus Lytanax... Son nom était... Son nom...
Son regard se perdit dans l'espace, observant chaque créature.
Elle se sentait nauséeuse et une sensation l'envahissait. Les deux unis aussi intensément...
L'esprit perdu, brumeux, elle relâcha le mâle attrayant, sortant aussitôt du lieu. Lytanax était partie et Eglantine reprenait enfin le dessus. Plus de sensation d'union totale et étrange où l'identité se perdait. Une fois dans la rue, elle retrouva sa moto, la nuit lui rappelant que le danger pouvait se trouver derrière chaque ombre.
— Eglantine, attends, l'appela alors l'homme qu'elle venait de quitter.
Elle démarra sa moto dans l'idée de fuir loin de la plus magnifique des créatures qu'il lui avait été donné de voir. Loin de l'homme le plus terrifiant du monde. Mais ses mains se posèrent sur les siennes.
— Ne me touchez pas !
— Lorsque je t'ai vu entrer, tu semblais différente d'hier, avoua-t-il en abandonnant le vouvoiement. Mais finalement ce n'est pas le cas. Tu trembles et tu as peur.
Bien loin de le répugner, l'homme souriait tendrement, sans jugement dans le regard. Et un étrange sentiment enveloppa le cœur d'Eglantine qui avait l'étrange impression d'être... bien.
— Pour une Amazone, tu sembles plus craintive qu'une fée.
— Vous êtes le seul à avoir supposé ma nature.
D'ailleurs elle ne comprenait pas pourquoi Lytanax avait choisi les Amazones. Le choix de la sorcière aurait été bien plus adapté. On ne demandait jamais à une sorcière une démonstration de magie, bien au contraire.
L'homme fronça les sourcils.
— Pourquoi avoir mentit ?
— Parce que je suis d'une espèce peu appréciée du Téras, et je ne veux pas... je ne veux pas mourir... Et vous êtes le seul à avoir affirmé ma nature d'Amazone.
Elle tremblait de tout son corps. Elle était une humaine, et les créatures du Téras faisaient des humains leur repas. Si l'homme découvrait ce qu'elle était, il la détruirait. Et s'il découvrait ses liens avec la Ronde...
— Eglantine, je suis un vampire. Mon espèce n'a pour ennemi que les Lycans. Et même si tu étais de cette espèce, je ne pourrais pas te haïr ou nourrir le désir de te tuer.
À ces mots, la jeune femme oublia sa mission et fit taire tous ses instincts de survie. Pourquoi avec lui Eglantine perdait tout son bon sens ? En une phrase, elle mit fin à ce pseudo-secret qui la maintenait en vie cette nuit. Lytanax était-elle en train de lui insuffler du courage comme Eglantine l'avait forcé à ressentir l'embarras juste avant ?
— Et si j'étais une humaine ?
Contre toutes attentes, le vampire éclata de rire.
— Qu'y a-t-il de si drôle ?
— Tu te souviens de la clochette du bar ? Elle est ensorcelée. Les humains ne peuvent pénétrer les lieux. Donc tu n'es pas humaine, Eglantine. Mais même si tu l'avais été, cela n'aurait pas eu d'importance à mes yeux.
Ce qui n'avait plus d'importance aux yeux d'Eglantine était le vampire et ses paroles pourtant bienveillantes. En cet instant, elle était terrifiée. Bien plus que par lui.
Elle était parvenue à entrer dans un lieu qu'aucun humain ne pouvait pénétrer. Comment avait-elle fait ?
« Pour quelqu'un d'intelligent, tu n'es pas très perspicace. »
Lytanax était entrée. Eglantine était sortie. La frontière entre les deux semblait fébrile.
Le vampire la relâcha.
— Je dois.... Je dois rentrer.
— Tu ne me diras pas ton espèce, Eglantine ? Alors même que je t'ai donné la mienne ?
— Pourquoi dévoilerais-je mon espèce à un homme qui ne m'a même pas donné son nom ?
Non, ce n'était pas ses mots, c'étaient ceux de Lytanax... Mais quand donc cela allait-il s'arrêter ? Eglantine ou Lytanax, mais pas les deux ! Pas sans permission et contrôle des deux parties !
Il grimaça, son regard se détournant alors qu'il ne semblait pas vouloir lui dire comment il s'appelait. Pourtant, il céda bien rapidement à sa demande.
— Je m'appelle Stanislav. Stanislav Dyavol.
— Le prince héritier...
— Un roi, la coupa-t-il sèchement. Je retrouverai mon trône et ma couronne, Eglantine. Lorsque je serai devenu puissant, lorsque j'aurai retrouvé mes pouvoirs de souverain, je reviendrai à toi. Peu importe ton espèce, ton peuple acceptera de me donner ta main.
— Ma main ? Mais de quoi parlez-vous ?
— Du destin, Eglantine. Tu as dû le sentir toi aussi.
Le destin... Elle commençait à ne plus suivre. Elle ne comprenait plus rien de ce qu'il se passait.
Eglantine en avait entendu parler par son père. De nombreuses créatures du Téras croyaient en ce « destin », cette « fortune » les liant à une autre créature leur étant destinée. Une personne qui s'accordait avec ce qu'ils désiraient jusque dans leur inconscient. Une créature parfaite, leur perfection.
Elle en connaissait beaucoup sur ce phénomène, elle l'avait détaillé dans son encyclopédie.
— Je ne suis pas cette créature qui vous est destinée, Monsieur Dyavol. Et que vous soyez un Roi ou un prince n'y changera rien. Ni moi ni mon espèce n'accepterons que vous veniez demander ma main. Vous êtes un vampire, je ne suis pas de votre peuple.
— Alors tu déclares ne pas vouloir donner le nom de ton espèce parce que le Téras vous rejette mais tu rejettes la mienne ?
Il se saisit de sa main, la posant contre son torse. Eglantine se sentit au bord de l'évanouissement par cette soudaine proximité forcée avec un homme, un vampire. Mais quelque chose d'étrange se produisit. Elle le sentait. C'était faible mais elle le sentait. Le cœur de Stanislav.
— C'est impossible...
— Mon cœur bat, Eglantine. Tu es celle qui l'a animé.
— Non, cela ne se peut.
— Bien sûr que si. Je suis un vampire de sang pur. Plus puissant que tous les autres vampires, mes origines me reviennent.
Eglantine avait entendu parlé d'une rumeur qui ne s'appliquait qu'à quelques vampires. Elle avait étudié cette légende vérifiée aujourd'hui par la Ronde comme une réalité.
— Ma lignée est une descendance directe des démons Lilithus.
— Votre lignée ne possède aucun transformé ?
— Aucun, Eglantine.
— Votre malédiction peut être détruite...
Et en comprenant cela, Eglantine eut encore plus peur.
La plupart des vampires étaient des transformés ou bien les descendants de transformés. Aujourd'hui, il existait très peu de vampire au sang pur. Les transformés étant des vampires qui, autrefois, avaient été humains.
Sa main posée contre le cœur de Stanislav, Eglantine tremblait de plus en plus.
Une légende peu connue lui avait été enseignée par son père. Et la Ronde avait fait des tests qui avaient donné raison à cette rumeur.
Le vampirisme ne serait pas simplement une évolution, elle serait une malédiction. Certains membres de la Ronde allaient même jusqu'à émettre l'hypothèse qu'il s'agirait d'une maladie qu'aurait attrapé les buveurs de sang du Téras lorsque ces derniers seraient venus sur Terre pour se nourrir des humains.
Et comme toute maladie, elle pouvait guérir. Comme toute malédiction, elle pouvait être annulée.
Si le cœur de ces créatures à la fois mortes et vivantes se remettait à battre, alors leurs gênes ancestraux reparaîtraient pour donner au vampire son apparence perdue.
— Les démons Lilithus n'existent plus, affirma Eglantine qui voulait se rassurer.
Les études de la Ronde tendaient à confirmer cette disparition et Eglantine faisait de son mieux pour trouver des raisons de ne pas paniquer. Un vampire dont le cœur battait irrégulièrement... Un vampire aux origines d'une créature terrible que les légendes ne décrivaient pas suffisamment dans leur cruauté et dangerosité...
— Ils n'existent plus ici, mais j'en suis un descendant direct. Et le Lilithu ne craint pas le Soleil, Eglantine. Il est puissant.
— Lâche-moi ! Monstre !
Elle parvint par un heureux miracle à se libérer de l'emprise de Stanislav, fuyant sur sa moto après avoir balancé sa veste contre le vampire.. C'était impossible. Tout ceci était impossible.
Elle était entrée dans un lieu que les humains ne pouvaient pénétrer. Elle avait trouvé sa cible, Stanislav Dyavol, qui lui avait affirmé qu'elle était sa destinée. Et ce même vampire, descendant d'une royauté déchue, avait un cœur qui battait dans la poitrine. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne devienne sa proie. Et bientôt le jour ne la protégerait plus.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top