Chapitre 6


Il n'avait jamais rien vu d'aussi beau de toute son existence d'Immortel.

Stanislav sirotait son verre, pensif alors que l'image de cette femme lui revenait à l'esprit. Eglantine. Il pouvait se souvenir de cette splendide créature qu'il avait aperçu la veille.

La scène lui revenait en mémoire.

Il avait tout d'abord regardé la Lune, distrait par ses pensées et ses désirs de vengeance. Une occupation importante l'obsédant depuis toujours et lui donnant un objectif à atteindre. Reprendre sa couronne et infliger une sentence méritée à ceux qui l'avait chassé de chez lui.

Et une odeur était parvenue jusqu'à lui. Un parfum de fleur qu'il n'oublierait jamais. Son trône ? La Ronde ? Plus rien n'eut d'importance... Pas alors qu'il était occupé à deviner l'identité de la fleur. Rose et magnolia. Doux, délicat, avec un arrière-goût épicé qui ajoutait un touche piquante à sa rose imaginée. Il avait alors tourné la tête et s'était levé de son banc pour regarder ce rêve qu'on lui offrait.

Il avait tout d'abord croisé ses yeux, deux dagues en argent qui avaient pénétré en un instant son cœur pour le poignarder froidement, sans état d'âme. Un regard innocent qui ne semblait pas avoir eu conscience de leur impact sur lui. Et lorsqu'il s'en était sentit capable, il avait observé sa chevelure qui s'était mise à flotter pour danser au rythme du vent de la nuit. Une chevelure cendrée, hésitante entre le blond foncé et le châtain clair, offrant des nuances de miel. En aurait-elle l'odeur sucrée ? Les formes de son corps auraient pu être normales. Elle aurait pu avoir un corps svelte ou en chair. Mais elle avait opté pour la simplicité de cuisses fortes, de hanches à se damner et d'une poitrine fermement maîtrisée au bonnet des plus classiques. Une femme qu'il aurait aisément pu confondre avec une guerrière sans pitié. Jusqu'à cette émotion émanant d'elle par tous les pores de son corps...

Il avait vu la peur dans son regard si ensorcelant. Elle le craignait lui, comme si elle savait ce qu'il était alors qu'elle n'avait pas semblé appartenir à la caste des vampires. Bien que son odeur lui ait donné l'impression qu'il se tenait face à une humaine, son instinct l'avait poussé à croire qu'il y avait autre chose derrière ces yeux irréels.

Et deux hommes l'avaient approché. La jeune femme hésitante s'était mise à trembler. Elle s'en était paralysée d'effroi. Stanislav s'était découvert un instinct protecteur et avait aussitôt été poussé à venir au secours de la plus parfaite des créatures. Il avait dès lors comprit... Dès que son cœur avait émis un fébrile battement.

Elle était à lui. Elle était pour lui. Celle que le destin lui avait offert. La femelle qui représentait tout ce qu'il attendait d'une partenaire, d'une amante et d'une femme. Il ne la connaissait pas encore, ne savait pas si elle appartenait au Téras ou à l'humanité mais il voulait la revoir, lui parler. Il voulait en apprendre plus sur elle, laisser son cœur s'éprendre de celle dont les rires apaiseraient ses craintes et dont le sourire consolerait son passé meurtri.

Il voulait apprendre à l'aimer et lui offrir le temps de se laisser envahir par ces sensations qui les envahiraient tous les deux, ensemble.

— Stanislav, à quoi penses-tu ? lui demanda Nikita.

Sa tante était installée sur un fauteuil à ses côtés.

L'établissement était un bar plutôt basique, mais qui avait la particularité d'être un lieu appartenant aux créatures non-humaines. Les humains ne pouvaient pas y pénétrer. Qu'il ait s'agit d'humains « normaux » ou d'humains de la Ronde, un sortilège puissant les empêchait de vouloir entrer dans le lieu. Ainsi, la Ronde n'était pas un ennemi à craindre ici. Seules les Idoles pouvaient représenter une menace. Mais ces derniers étaient bien trop prétentieux pour pénétrer dans un lieu aussi peu digne de leur « souveraineté ». C'est-à-dire un lieu qui ne serait pas remplie de luxe et de clients tout aussi pimpants.

Stanislav regarda sa tante.

— Je me disais que si jamais tu nous forçais à quitter la ville, notamment en tuant des humains, je te tuerai.

— Tu exagères...

— Je suis sérieux, Nikita. Je dois rester ici.

— Alors tu es au courant ?

— Au courant ?

— Pour le Docteur Seward. Il habiterait dans la ville.

— Que dis-tu ? Je n'étais pas au courant.

Bien sûr, Stanislav avait entendu les rumeurs disant qu'un membre important de la Ronde se trouvait ici, à Tours, bien que le bar ne se trouvait pas tout à fait dans la ville mais plus isolé, à l'orée d'un village voisin. Peter lui avait aussi confié qu'un membre important de la Ronde devait s'y trouver. Mais il n'avait encore jamais entendu son nom. Comment Nikita avait-elle obtenu l'information ?

— Peter, lui répondit-elle sans qu'il n'ait eu besoin de poser la question

Evidemment, la fameuse information qu'il avait confié à sa tante. Mais alors qu'il allait pour la réprimander, la porte du bar s'ouvrit, faisant résonner la clochette ensorcelée du lieu. Une créature faisait claquer les talons de ses bottes au sol, pénétrant les lieux avec aisance. La fragrance fut saisissante, forçant Stanislav à se tourner vers l'entrée. Il reconnaissait ce parfum. Le doux arôme des fleurs de l'églantier, sucré comme dans une confiture d'églantine, aussi saisissant qu'une forêt boisée.

Et lorsqu'il découvrit la provenance de cette odeur, ses sourcils se froncèrent. Cette senteur appartenait à une créature du même nom. Seulement elle était bien plus prononcée que dans son souvenir. Plus alléchante et tentatrice pour son odorat surdéveloppé. Ses yeux s'illuminèrent d'un rouge vampirique, réagissant immédiatement.

Elle était là, devant une porte qui s'était refermée. Et elle était à couper le souffle.

Bien loin de l'image de la craintive créature d'hier, Eglantine empestait d'hormones puissantes indiquant l'approche de son Eclosion. D'ailleurs, de nombreux mâles s'étaient tournés vers elle, attirés par les phéromones relâchés. Eglantine ne devait pas s'être aperçue de cet élément, ce qui énerva pourtant Stanislav. Elle était à lui.

Elle s'avançait avec une assurance qui le déstabilisait. Bottes et pantalon en cuir, cheveux relâchés ondulant sur ses épaules, son regard observait à la manière d'une chasseresse, ses lèvres s'entrouvraient pour soupirer son charme. Elle parut bien plus sûre d'elle. La timide Eglantine était devenue une femme qui semblait vouloir imposer sa force alors que sa première impression d'elle avait été celle d'une créature prête à tout pour pouvoir se terrer dans un trou.

Puis son regard s'attarda sur sa tenue. Elle était bien trop découverte, offrant à tous les mâles du bar un avant-goût de ce à quoi ressemblait son corps. Le cuir était très moulant et sans la veste sur ses épaules, elles se trouvaient découvertes, avec le gonflement de sa poitrine écrasée par un jolie corset à la vue des plus lubriques mâles alentours.

Furieux, le vampire se pencha en avant, prêt à se lever pour rejoindre sa femelle. Puis il tilta. Cette veste... Il s'agissait de la sienne, celle qu'il avait posé sur ses épaules. Elle la portait, à présent tenue dans sa main dont le poignet était recouvert par son élastique. Le sien, qu'elle lui avait retiré la veille.

Il s'était levé, persuadé qu'en se faisant ainsi remarquer elle se tournerait vers lui. Son regard s'était posé sur lui et elle s'était arrêtée, visiblement surprise et troublée par sa présence.

Elle lui sourit enfin. Mais le sourire était mauvais, il n'avait rien d'innocent ou de sincère. Le vampire avait l'impression de voir un genre de dégoût dans son regard qui, à présent, se posait sur Nikita. Elle ne s'approcha pas.

Stanislav ne comprenait plus rien.

Eglantine était-elle la fille timide d'hier ou bien la femme fatale d'aujourd'hui ?


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Bonjour à tous ^^

Ce soir, c'est Réveillon chez moi ! Du coup, je me suis dit que je pourrai vous faire un petit cadeau de pré-Noël avec ce chapitre publié en avance puisque j'ai plutôt l'habitude de le faire le dimanche (ou le samedi parfois). 

Et comme je suis vraiment très heureuse durant ces périodes, j'ai envie de vous partager cette joie. Du coup, je vous donne rendez-vous pour le prochain chapitre qui arrive tout de suite !

Et demain, c'est Noël... Vous devez vous douter de ce qui va arriver, n'est-ce pas ??

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