Chapitre 46
Le guérisseur prenait soin de Victor.
Stanislav avait vu juste, quelque chose ne tournait pas rond. Son ami était censé être un humain. Pourtant, avec l'aide du guérisseur Lilithu, elle put constater des différences physiques.
Il était un tératos.
Cela ouvrait à d'autres questions. Pour commencer, pourquoi son ami étudiant réapparaissait dans le Téras ? D'autant qu'il avait débarqué dans le palais Lilin. Ce lieu n'était pas censé être facile d'accès. Comment était-il venu, et surtout comment l'avait-il trouvé ?
Le Téras n'était pas un petit territoire...
En y réfléchissant, il paraissait évident que, dans un premier temps, Victor l'avait cherché et qu'il était au courant qu'elle avait disparu dans le Téras. Elle en venait même à supposer que leur amitié n'avait rien d'un hasard.
L'avait-il approché par vengeance, comme le supposait Stanislav ? Cette idée ne lui parut pas la plus cohérente.
— Tiens, qu'est-ce que c'est ?
Intriguée, elle prit la main de son ami, observant ses ongles. Tout devint clair !
— C'est impossible...
— Whilemine ? s'interrogea le guérisseur à ses côtés.
— Regardez, lui présenta-t-elle la main de Victor, insistant sur les ongles de ce dernier.
Le guérisseur ne comprit pas aussi vite qu'elle mais l'écarquillement soudain de ses yeux indiquèrent la lucidité soudaine de son esprit.
— Un phénix ? C'est impossible. L'espèce a été décimée.
Et Whil n'avait jamais combattu cette espèce, ni rencontré l'un d'entre eux. Un autre schéma que celui de la vengeance se dessinait à présent dans sa tête.
Elle connaissait le potentiel de la Ronde, tout comme les idées tordues qui pouvaient y naître.
Se servir de tératos pour en combattre d'autres...
Victor devait avoir un lien avec la Ronde. La nature de ce dernier demeurait encore flou.
— Appelez-moi lorsqu'il se réveillera.
Il lui fallait parler avec Stanislav. Et s'excuser pour son comportement.
Mais alors qu'elle s'apprêtait à partir, une odeur attira son attention. C'était désagréable et... insultant ? Oui, cette odeur la mettait en colère. D'où provenait-elle ?
Elle leva le bras pour le sentir. C'était elle. Un claquement de la langue lui échappa tandis que, sans le moindre contrôle, une vibration commença à titiller sa gorge. Les démons s'en rendirent compte et cherchèrent à calmer le comportement étrange de l'hybride. L'Amazone en elle menaçait de laisser échapper un cri de guerrière.
Athiny débarqua alors à la rescousse.
— Je sais ce qu'il se passe, t'inquiète, lui fit-elle un clin d'œil. Suis-moi, je sais quoi faire dans cette situation.
Elles sortirent de la pièce, commençant à marcher dans les couloirs.
— Et que m'arrive-t-il ? posa-t-elle la question sur un ton menaçant.
— Mon père a déjà eu ce genre de crise lorsqu'un autre gars a voulu le... Peu importe. Stanislav ! hurla-t-elle dans le couloir alors que ce dernier, en compagnie de Nalphas, semblait se diriger loin de l'infirmerie.
Elles arrivèrent à leur hauteur et la colère ne fit que monter, tout comme ce ronronnement, ce grondement dans sa gorge. Elle voulait crier. Un cri d'Amazone.
— Je n'aime pas... mon odeur, déclara-t-elle en espérant que quelqu'un comprenne le sens de ce sentiment étrange.
Bien au lieu d'inquiéter Stanislav, ce dernier sembla se détendre. En quoi cette situation pouvait-elle être rassurante ? Elle le fusilla du regard.
Pourtant, il lui tendit la main, un tendre sourire au visage.
— Viens ici, je vais t'aider, lui tendit-il la main.
Elle y glissa ses doigts, se laissant amener dans son étreinte. Tirant sur sa tignasse, il plaqua une langue brûlante contre son cou sans même prévenir. Le contact électrisa son corps, l'obligeant à s'agripper à ce beau mâle.
— Qu'est-ce que tu fais, Slav ?
— Je t'imprègne de mon odeur. Laisse-moi chasser la trace de cet autre mâle.
Mais lorsque ses crocs se plantèrent en elle, Whil se sentit défaillir. Stanislav la tint fermement pour l'empêcher de tomber. Ses jambes tremblaient, une sensation explosive continuant de la parcourir.
— Arrête ! ordonna-t-elle dans un demi cri étouffé.
Il n'obtempéra pas, continuant son entreprise. En voulant se dégager par elle-même, elle s'en sentit incapable. Stanislav s'y était pris de telle sorte qu'elle ne puisse lui échapper. Lorsqu'un être vampirique vous attrapait, il était dès lors impossible de lui échapper. Une véritable sangsue.
Whil l'expérimentait.
Il aspirait son essence, elle pouvait sentir son sang lui échapper. Mais ce qui l'animait à la panique n'avait rien de si rationnel. Peu importe la raison, ce que faisait Stanislav l'éveillait. C'était trop.
Bien vite, sa peau se mit à légèrement scintiller. Elle était dans un état proche de ses chaleurs.
— Slav, arrête ça...
Contre toute attente, ses crocs se libérèrent de son épaule. Son bras la ceinturait contre son corps, l'obligeant à connaitre la chaleur de son mâle, à entendre les battements de son cœur pour trouver un rythme parfait entre eux deux.
Stanislav observa sa propre main, étonné du phénomène longeant ses doigts, grimpant sur son corps. Des racines, des feuilles, les liaient l'un à l'autre.
Whil s'humecta les lèvres, la gorge sèche. Le sang pulsait là où le démon l'avait mordu. Mais ce sentiment de vide...
Elle s'empara du visage de son homme, le détournant de ce bois pour l'embrasser. Stanislav se décida à se laisser aller, ouvrant sa bouche pour aspirer l'une des lèvres sensibles de Whil. Leurs langues se rencontrèrent sans intention, se découvrant comme au premier jour de passion.
Le démon la dévorait. Ses mains baladeuses laissaient une trainée brûlante dans leur sillage, arrachant un nouveau ronronnement à l'hybride semblant entrer dans un état de chaleur.
Il enveloppa ses fesses, la soulevant du sol pour l'inciter à enrouler ses jambes autour de sa taille. Un gémissement lui échappa au moment où la jeune femme se faisait plaquer contre le mur du couloir de plus en plus bondé.
Stanislav s'intéressa de nouveau à sa gorge et à son parfum, sa main se glissant sous ses vêtements.
— Slav, supplia-t-elle sans délivrer plus de mots.
Le message fut clair et Stanilav cessa son exploration pour partir d'ici et loin des autres démons, Whil agrippée à lui, enracinée à son corps.
Il prit le temps de retourner à leur chambre, et non à les enfermer dans une pièce différente. Elle lui en fut reconnaissante.
S'appuyant sur le lit, il accompagna Whil dans un mouvement fluide pour l'allonger. Ce geste de sa part, dénué d'animalité et de brusquerie, lui fit croire que l'homme était toujours conscient, que la bête en lui n'avait pas encore prit le contrôle. Une terrible erreur de jugement.
Sa peau c'était grisée, ses grandes déployées les enfermaient tous les deux. Un coup de rein brutal la frappa sur son intimité, lui arrachant un cri de surprise. La réaction amusa le beau mâle apparemment.
Il se libéra de ses vêtements, empoignant son érection avant de tirer Whil jusqu'à lui.
— Attends, Slav, tu...
Croyant qu'elle cherchait à le fuir, il glissa ses ailes sous elle, la gardant prisonnière et sans issu possible.
Son gland se posa contre elle, le mâle impatient ayant visiblement oublié la présence de sa culotte. Il gronda, frustré d'être retenu aussi facilement.
Retirant ce bouclier bien mal venu, les ailes collèrent leurs corps l'un contre l'autre. Un frisson l'emporta aisément, son esprit fondant de liesse. Elle enveloppa ses bras autour de Stanislav, prête à l'accueillir en elle.
Un cri retentit lorsque d'un coup peu modéré le démon entrait en Whil. Cela ne venait pas d'elle, mais de lui.
Ses ailes dressées en arrière, il la maintenait dans son étreinte d'un bras, mais son visage observait son côté. Une racine s'était enfoncé dans son flanc, laissant perler le sang. D'autres végétaux, partant de Whil, grimpaient sur le corps tout en muscle du tératos devenu presque craintif.
Elle l'obligea à s'en détourner d'une pression de sa main, tournant vers elle son visage.
— Tout va bien, ce n'est que moi.
Elle, s'enracinant en lui...
Cette fois, ce fut elle de geindre, non de douleur mais de plaisir. Ces vas-et-viens affamés du démon n'éteignait pas ce brasier montant en elle, alimentant le désir qu'elle ressentait de plus en plus intensément.
Les griffes s'agrippaient à ses cuisses pour les positionner comme lui l'aurait voulu.
— Slav..., murmura-t-elle à son oreille, sans trop de raison.
Prononcer le nom de son amant l'apaisait et l'excitait encore davantage. Dans ses bras, Whil trouvait sa place. Ses racines en lui, elle pouvait sentir son corps, lui donnant la sensation d'être en lui. L'un en l'autre...
Les battements de son corps, sa respiration difficile et saccadée... Ses racines se divisaient, l'envahissant à la manière du mycélium de champignons. Jusqu'où pouvait-elle pénétrer en lui ?
— Encore, réclama-t-elle alors.
Remontant encore ses cuisses, Stanislav était sur le point de jouir, mais pas elle. Ses racines le tirèrent en arrière, ne prenant pas en compte ses grognements mécontents. A genoux sur le lit, il n'eut d'autre choix que d'attendre Whil, la jeune femme cherchant à s'empaler sur lui. Comprenant son intention, il l'empoigna par les hanches, la soulevant pour s'installer de telle manière qu'elle pourrait réaliser son entreprise plus aisément.
L'enfonçant de nouveau elle, il n'en fallut pas plus pour que les deux vibrent ensemble. Il posa sa tête contre son épaule, apaisé. Ses narines humaient son odeur avec intérêt.
Le démon retrouvait son apparence humaine, ses ailes disparaissant et le gris de sa peau changeant pour cette teinte chaleureuse.
Pour Whil, il fut bien plus difficile de retirer ses racines de lui. Elle aurait pu le faire, mais elle ne le voulait pas. En lui, l'hybride se sentait... à sa place. Qu'il se refuse également à se séparer d'elle lui donna cette permission implicite d'en faire tout autant.
— Est-ce que c'est toi ? interrogea-t-il en observant cet aspect végétal de Whil.
Elle acquiesça de la tête.
— J'arrive à te ressentir.
— Tu cicatrises autour de moi, susurra-t-elle au creux de son oreille.
Elle hoqueta de surprise, un son bien étrange échappant au démon.
— Tu viens... Tu viens de gonfler. Pourquoi tu viens de grossir en moi ? paniqua-t-elle alors que son corps était encore sensible de leur étreinte.
— Parce que c'est toi, donna-t-il comme explication, sans plus de raison.
Il la souleva doucement pour de nouveau s'enfonçant en elle, Whil le chevauchant malgré elle.
— Attends, c'est beaucoup trop...
Elle tremblait, les stimuli électrisant son corps de toutes parts.
Comprenant qu'elle ne pourrait pas maintenir cette position dans son état, Stanislav la posa à quatre pattes, se glissant sur son dos pour de nouveau entrer en elle. Elle sentit ses reins se creuser, les palpitations lui arrachant des cris affamés.
Ses racines s'arrachèrent de lui, son corps seulement retenu grâce aux bras du beau mâle entreprenant. Ses gestes, pourtant, lui paraissaient être plus doux, moins brusque, sans douleur.
Elle tourna à demi son regard vers lui, observant une expression qu'elle n'avait encore jamais vu durant leurs ébats. Front plissé, sourcils froncés, et les yeux fermés. Une expression ressemblant à de la souffrance, mais bien loin de ce sentiment. Il puisait son plaisir en elle.
Stanislav n'était pas emporté par la bête insatiable, cet instinct sauvage unie à sa nature de démon Lilithu. Il ne s'agissait que de lui. Lui, et lui seul.
Lorsqu'il éjacula en elle, Whil se courba, son corps se libérant de toutes tentions.
— Si nos réconciliations se déroulent toutes ainsi, je veux bien me disputer à chaque instant avec toi, ria-t-il en s'allongeant à ses côtés.
Elle se plaça à son tour sur le côté, son regard plongeant dans le sien. Les beaux yeux de son amant... Sa main se leva, caressant la joue du plus bel homme qu'elle ait jamais vu, ses doigts s'aventurant dans sa longue chevelure sombre, si douce au touché. Elle aimait cette sensation, elle aimait cette apparence.
Lui aussi semblait vouloir garder un contact physique, caressant sa peau, le regard intrigué.
— Tu as enfoncé tes racines en moi. Pourquoi ?
Un instinct. Un simple instinct... Elle ne pouvait rendre logique son geste. Cependant, il ne fut rien de compliqué à comprendre.
— Parce qu'avec toi, je suis chez moi.
Stanislav était sa maison, il était sa terre, le sol dans lequel elle voulait pour toujours s'enraciner. Etait-ce son côté hamadryade qui l'incitait à penser ainsi ?
Ces mots plurent beaucoup au mâle dont la peau grisait et les cornes réapparaissaient sur le crâne. Il attira Whil contre lui, son bras l'enlaçant fermement pour lui donner l'opportunité de l'embrasser. L'hybride se sentait comblée. Tant et si bien qu'une phrase lui échappa :
— Je t'aime, Slav.
Mais Stanislav le lui avait un jour avoué. Ce qui les unissait ne pouvait se résumer d'un « je t'aime » innocent. Ce souvenir lui revint en mémoire et elle se ratatina dans cette étreinte, espérant que ces mots n'aient pas le pouvoir de briser cette nouvelle fusion qui s'installait entre eux.
Ce fut le contraire. Whil sentait contre sa cuisse se durcirent de nouveau le membre de son partenaire.
— Slav ?
— Merde, tu es vraiment trop adorable Whil, déclara-t-il en fondant sur elle.
Elle ne put voir que l'expression affamée de Stanislav avant ce dernier ne décide de l'embrasser à corps perdu, bien décidé à s'aventurer de nouveau en elle.
— Enracine-toi en moi, continue de m'aimer, Whil. Parce que je t'aime bien plus encore.
Il employait aussi ces termes, pourtant bien éloignés de ce qu'il ressentaient l'un pour l'autre. C'était tellement plus...
Comment les langues pouvaient-elles être si riches de vocabulaires et pourtant si limiter dans l'expression des sentiments ?
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