Chapitre 40

Les affaires de Whil étaient en désordre. Il ne les avait jamais vraiment cachés, mais le fait qu'elle ait réussi à mettre la main dessus, qu'elle les ait fouillés, ne le rassura pas.

La rapière n'y était plus, puisqu'elle s'en était servie contre Athiny. Ses chaussures n'étaient plus rangées comme lui les avait placés. Et surtout...

Stanislav avait retiré le drap recouvrant la table. Il semblait que Whil avait commencé la dissection de ce maudit sortilège les ayant menacés tous les deux.

Il appréciait la curiosité innocente de Whil, tout comme il se sentait fier d'avoir pour partenaire destinée une femelle aussi intelligente. Mais ces mêmes qualités qu'il savait apprécier la rendait cruelle. Elle connaissait sa crainte concernant ce sort, elle avait constaté le mal que ce dernier pouvait faire. Et pourtant...

Devait-il se sentir satisfait qu'elle ait eu la sensibilité de cacher ceci ?

Il posa de nouveau le drap sur cette expérience en cours. La petite hybride dormait encore. Après son attaque contre Athiny, ils avaient eu un échange mouvementé. Et les marques sur sa peau n'existaient déjà plus. De savoir que sa femelle était aussi solide le rassurait. Mais qu'elle ne se plaigne pas, qu'elle ne proteste pas... Cela l'inquiétait plus qu'il ne l'aurait cru.

Puis son regard fut attiré par un autre objet. Un carnet.

Ce carnet lui appartenait, il le lui avait redonné avec ses vêtements provenant du jour de leur arrivée dans le Téras. Il jeta un œil à Whil, toujours endormie. La curiosité l'obligea à s'emparer de l'objet. Aurait-ce été mauvais de regarder son contenu ?

« Elle se permet de garder ce maudit sort avec elle, je peux me permettre de regarder ses notes »

Convaincu qu'il avait raison, il ouvrit le carnet.

— Que fais-tu ? paniqua la douce voix de Whil.

Il se dressa pour se tenir droit comme un pic, pris à la manière d'un enfant en train de faire une bêtise. Mais il préféra la jouer différemment lorsqu'il fit le constat de l'embarras de Whil. Elle n'était pas en colère, elle était paniquée. Qu'avait-elle écrit là-dedans ?

— Qu'est-ce que c'est, Whil ?

— Rien, mon journal intime, sauta-t-elle du lit pour reprendre son carnet.

— Oh, et est-ce que tu y parles de moi ?

Un journal intime. Donnait-il l'impression d'être si crédule ? Whil n'était pas du genre à écrire un journal intime.

Sa main se tendit et s'il pensa pouvoir reprendre l'objet, il en oublia que sa femelle n'était pas une simple pixie mais une hybride à moitié amazone qui avait vécu la majorité de sa vie dans les combats.

Elle venait de se saisir de son bras et de le mettre dos au sol comme la plus facile des choses à réaliser. Un sourire amusé, il posa sa main contre son front, cherchant à garder un peu de sérieux dans cette situation.

— Si tu désirais à ce point qu'on s'amuse ensemble, il te suffisait de demander, Whil.

— Tu te moques de moi, bouda-t-elle un moment.

Sa main glissa sur la jambe de sa femelle, bien installée sur lui pour que leurs corps puissent de nouveaux se laisser aller. Ses doigts passèrent sous la nuisette et elle eut un frisson. Une bien intéressante réaction.

— Me voulais-tu donc à ce point ?

Le rouge aux joues, elle chassa la main.

— Whil, tu n'écris pas un journal intime.

— Tu... Tu as vu ?

Elle blêmit d'effrois à l'entente de son accusation, n'osant plus le regarder dans les yeux. Quel genre de sombre pensée était en train de lui traverser l'esprit ?

— Je suis désolée... Mais je te promets que je ne veux pas vous tuer. Je ne veux plus être une tueuse de la Ronde, crois-moi.

— Détends-toi, Whil, l'attira-t-il à lui, se redressant pour la prendre dans ses bras. Explique-moi simplement.

Il lui caressa le dos, cherchant à l'apaiser. Un geste simple qui eut son efficacité. Il devait être allé trop loin dans la taquinerie.

— Je... D'accord.

Elle se leva, prenant son carnet pour le lui tendre, un instant d'hésitation la rendant fébrile dans un premier temps. Curieux, il se mit à lire.

« Ne ris pas », se força-t-il en cachant sa bouche dans sa main.

Ce que contenait ce carnet ne concernait que son espèce. Des observations pertinentes et très complètes des démons Lilithus. Elle avait répertorié toutes ses observations, élaborées des hypothèses, validées déjà certaines de ses théories.

Quand avait-elle trouvé le temps pour une telle expertise ?

— T'intéresses-tu aux miens ?

— Je... Oui. Je connais beaucoup de créatures du Téras, mais si peu concernant la tienne... Oh, d'ailleurs, j'ai découvert plein de choses !

Son enthousiasme soudain l'apaisa. Elle tourna les pages, se mettant à commenter chacune de ses découvertes avec cette passion dans les yeux qui le flattait.

— D'ailleurs, sais-tu pourquoi vous êtes d'un naturel assez violent et insatiable durant vos ébats ?

La question le surprit.

— Nous sommes simplement insatiables.

— Oh, réfléchis un peu Stanislav. Vous êtes des Immortels. Votre faim est facilement rassasiée si vous n'êtes pas trop gourmands.

— Alors éclaire-moi.

En vérité, les raisons lui importaient peu. Mais l'enthousiasme de la petite femelle l'amusait beaucoup. Il aimait la regarder et l'écouter. S'il s'agissait d'un sujet la passionnant, elle devenait un moulin à parole, lui faisant oublier l'ancienne image d'une Whil timide et craintive.

— C'est un instinct semblable à beaucoup de créatures sangsues. Vous cherchez à vous accrocher, à tenir votre proie pour qu'elle ne vous échappe pas. De ce que j'ai vu, cet instinct s'apaise au contact de l'être destiné, parce que vous savez que votre « proie » ne cherchera pas à s'échapper. Quelque chose dans le genre.

Les détails qui suivirent, Stanislav n'y prêta pas attention, sa main devenant de nouveau baladeuse.

— Stanislav, tu ne m'écoutes pas ! grogna-t-elle, renfrognée.

— Nous pourrions parler après un moment plus amusant ?

Ah, elle était vraiment en colère. Ne jamais arrêter une femme en train de parler, Babylas lui avait répété cette leçon pourtant logique et primordiale.

— Si tu continues, je pourrai bien suivre les principes de mes natures et te soumettre en esclave. Et je t'appellerai Slave devant tout le monde.

— Tu souhaiterais m'avoir comme ton esclave, Whil ? Je ne te savais pas si perverse.

Il ne put se retenir de rire devant tant de réaction. Vibrer, rougir, se mordre la lèvre... Mais de nouveau, elle parut se vexer, ses yeux changeant de couleur pour se dépareiller du vert Amazone et de ce bleu spectral, venu d'une nature sylvestre.

Elle roucoula une insulte en français avant de se lever, son carnet à la main.

Ce fut à ce moment que son cousin se décida à frapper à la porte pour rentrer.

— Stanislav, ma mère nous attend.

Avec tout ça, la réunion n'avait pas encore eu lieu. On l'avait laissé s'amuser un peu avec sa femelle, il était maintenant temps qu'il se penche sur ce qui l'avait toujours obsédé : sa revanche.


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Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère que vous appréciez votre lecture ^^

Je tiens à m'excuser pour le retard. Les études me prennent énormément de temps en ce moment. Du coup, je prends du retard à la fois dans les publications, mais également dans l'écriture.

Pour éviter un quelconque oublie, je vais de ce pas programmer les autres publications.


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