Chapitre 17

Epuisée, haletante et trempée de sueur, Lytanax abandonna l'idée de continuer la route seule. Le Téras était vraiment trop dangereux et imprévisible. Entre les fleurs au pollen empoisonné, les insectes aux crocs douloureux et les eaux abritant bien d'autres créatures inconnues, elle préféra retrouver le calme de ce petit paradis entre deux montagnes.

Le Soleil laissait pénétrer quelques rayons à l'occasion. La fraicheur du lieu paraissait agréable alors que tantôt elle s'aventurait en plein soleil avec son manteau en cuir encore sur les épaules.

Elle s'appuya contre la paroi rocheuse. Son manteau lui glissa des mains et elle souleva son débardeur. Des blessures, elle en était recouverte. Des bleus maquilleraient bientôt son corps.

Si Eglantine reprenait le contrôle, elle serait sans doute furieuse...

Elle entra dans la grotte, s'aventurant plus loin. Son portable à la main, la lampe l'aida à se repérer.

Couché sur un lit de plantes et de fleurs parfumées, Stanislav dormait sur le dos, les bras le long du corps. Ainsi positionné, sans pouls, sans souffle, il ressemblait à un mort. Dans leur sommeil, les vampires étaient terrifiants.

Soudain, Lytanax se tint la tête. Eglantine empiétait sur son contrôle. Et sa tête l'élançait...

Eglantine ouvrit les yeux. Son portable dans les mains, la lampe y était allumée. Pourquoi Lytanax aurait eu besoin de ça ? Un coup d'œil aux alentours lui permit de se découvrir encore dans cette grotte que Stanislav avait trouvé. Un lieu pour les abriter et surtout pour le protéger du jour.

Des vampires, elle en avait chassé. Ils étaient faciles à traquer et débusquer. Il était tout aussi simple de les tuer. Il suffisait généralement de trouver leur nid puis d'attendre le jour pour les tirer de leur cachette. Ou bien d'utiliser des armes UV.

Eglantine inspira profondément. Prise de douleur, elle examina son corps avec sa lampe. Qu'est-ce que Lytanax avait fait en son absence ?

Des griffures et des entailles... Le sang coula.

Sans crier gare, une ombre apparue à ses côtés. Elle poussa un cri de stupeur, lâchant ton téléphone. L'appareil fit un bruit inquiétant en tombant et la lumière s'éteignit.

— Ce n'est que moi, la rassura Stanislav.

Le réveil d'un vampire était autant effrayant que son sommeil. Endormi, il ressemblait à un mort. Mais en se réveillant, le silence était aussi effrayant que l'étrangeté de ses mouvements...

La main de l'homme se posa sur son corps, contre sa chair... Elle frémit à ce toucher. Il était légèrement chaud, anormal pour un vampire mais apprécié lorsque le froid faisait trembler son corps.

— Tu es blessée.

L'odeur du sang avait dû le réveiller. Elle chassa la main, mettant fin à ces vagues de chaleur étranges. Les bras autour de son propre corps, elle recula d'un pas dans le noir sans rien voir de ce qui l'entourait. A l'exception de deux yeux rouges... Ceux du vampire.

Elle hoqueta de surprise à cette vision cauchemardesque. Un monstre...

— Eglantine, tu perds beaucoup trop de sang pour que ce soit normal.

— Je n'ai... Je n'ai pas besoin de votre aide.

— Si, affirma-t-il d'un ton sec. Et tu vas cesser d'être têtue. Il n'est pas question que je te laisse mourir à cause de ta fierté.

Pourtant, il attendit qu'elle hoche de la tête pour s'approcher à nouveau. Dans l'obscurité, elle ne voyait pas ce qu'il voyait. Elle ne pouvait que sentir ses doigts. Il effleurait les blessures, doucement pour éviter que son contact ne soit trop douloureux. Mais à l'approche de zones bien plus sensibles, elle tressaillit.

Qu'était-ce donc que ces bouffées de chaleur ? Là où il la touchait, il semblait poser une avidité rejetée par sa timidité. Ses yeux se plissaient de contentement. Ce n'était pas une auscultation, mais des caresses. Il lui semblait être enveloppée par une tendresse bien différente de ce que l'on ressentirait envers un parent ou un ami. Les doigts de Stanislav l'éveillaient à quelque chose.

— Tu es salement amochée. Comment t'es-tu blessée ? Je t'avais pourtant demandé de ne pas t'éloigner.

— Je n'ai...

Encore une fois, elle se faisait sermonner pour les erreurs commises par Lytanax. Mais lorsqu'un contact froid, doux et humide remonta son corps, elle eut un gémissement qui l'embarrassa, lui faisant oublier les remontrances.

Les mains du vampire la tenaient fermement par les hanches, l'empêchant de bouger. Ou de fuir. Ce qui léchait ses blessures, lui procurant un plaisir inconnu...

Oh mon Dieu, c'est sa langue ! devina-t-elle en ne rougissant que davantage.

Elle aurait dû trouver cela répugnant et révoltant. Elle n'y parvint pas. Depuis toujours, elle fuyait le toucher de tous. Victor respectait cela et ne l'approchait que rarement. Son père, bien loin d'être affectueux, l'avait habitué à ne pas réclamer d'étreinte. Quant à la Ronde, lorsqu'on parvenait à la saisir ce n'était que pour la frapper. Les combats étaient rudes, parfois trop réalistes à son goût.

Malgré tout, elle se surprise à vouloir plus. Près de ce vampire, plus rien n'allait !

Ses cuisses se resserrèrent, ses genoux se frottèrent l'un à l'autre. Des palpitations étranges s'emparaient de son bas-ventre et plus bas encore.

Le vampire remarqua, bien sûr, ce mal-être soudain. Il s'arrêta un instant, ce qui déplu fortement à la timide Eglantine.

— J'ai... J'ai encore mal. Tu as dit que tu m'aiderais.

Plus rouge encore par sa demande implicite, elle espéra le vampire être suffisamment intelligent pour décrire son souhait. Elle l'entendit soupirer un rire divin et discret.

— Je suis désolé de m'être arrêter dans ce cas.

Il reprit, sa langue léchant une autre blessure. Le mélange entre cette fine douleur et le désir procuré par les caresses du mâle inhibait ses sens, supprimait sa capacité de fuite. Sans vraiment comprendre pourquoi, elle leva la jambe pour la glisser sous le bras de son partenaire, l'enroulant autour de ce qui lui semblait, à l'aveuglette, être sa taille. En réaction, il l'aida à s'installer sur lui, les hanches ondulant contre son corps, les jambes l'enserrant entre elles. Les mains de Stanislav remontèrent son dos. Sous son débardeur.

Il libéra ses seins de son soutien-gorge, tirant la fermeture à l'avant, ne cessant de lécher ses plaies que pour lui susurrer à l'oreille la plus intimidante des questions.

— Me laisserais-tu t'embrasser ?


***


Il la sentait excitée entre ses mains, contre son corps. Dès l'instant où ses doigts l'avaient effleuré, sa réaction avait été immédiatement. Dans l'incapacité de voir dans le noir, la part humaine de son hybride de future amante ne pouvait contrôler ses expressions. Il lui était alors permis de voir sa tendre se laisser séduire par ses caresses.

Quelques minutes plus tôt pourtant, il avait été en colère. Réveillé par l'odeur d'un sang appétissant, il avait blêmi en constatant que ce sang appartenait à Eglantine. Un sang qu'aucun humain ne pourrait posséder. Un humain était appétissant, certes, mais celui de sa partenaire...

Blessée...

Il avait entreprit de l'examiner attentivement. Le sang coulait encore à ce moment-là mais l'hybridation avec une Amazone guérissait plus rapidement ses blessures. Sans pouvoir s'en empêcher, il avait commencé à lécher ses plaies, désireux de goûter. La plus succulentes des sucreries !

Un goût de miel, de sève avait coulé dans sa bouche. Il n'exagérait en rien ! Cela l'avait d'ailleurs vraiment surpris. Les Amazones n'étaient pas censées avec un goût de sève. Encore moins les humains ! Ce nectar-là, Stanislav ne l'avait goûté qu'une seule fois, dans un bar à vampire. Les boissons qu'on y servait proposait une grande variété de sang. Notamment celui d'êtres sylvestres. Goût floral, goût d'épices, goût de miel, il y avait de tout. Très rare, surement parce qu'il était difficile de capturer l'une de ces créatures sans son consentement – et quel être sylvestre donnerait volontairement de son sang à des vampires barman ? – il était une boisson à la demande explosive. A côté, le caviar faisait bien pâle figure.

Son regard s'était levé vers Eglantine et toutes ses questions avaient été écartée par une seule remarque. Celle d'une femelle affamée par le toucher de son mâle. Elle le réclamait, le désirait, et il s'était senti stupide d'avoir cessé.

Les blessures ne saignaient plus mais il avait déjà envie de planter ses crocs dans la tendre chair. Il ne le ferait pas. L'idée de faire mal à Eglantine le rebutait bien plus.

Mais ce désir qui faisait enfler son pantalon, une bosse séparée d'Eglantine par son pantalon et celui de la traqueuse, il souhaitait ne pas y résister. Doutant qu'elle ait eu de nombreuses aventures avec d'autres mâles du Téras, il s'inquiéta tout de même. Avec les humains, c'était souvent banal et classique. Ou plutôt, rien de plus que ce dont un humain avait besoin. Seulement, avec une créature du Téras, les désirs étaient plus ardents, les rapports plus hargneux. Il voyait mal Eglantine pouvoir supporter les assauts du Lilithu en devenir...

Pour autant...

— Me laisserais-tu t'embrasser ?

Ses lèvres effleuraient la petite oreille d'Eglantine. Elle eut un soubresaut particulièrement satisfaisant. Mais à être trop impatient, il en venait à oublier à qui il avait à faire. Eglantine était une humaine appartenant à la Ronde.

— Non.

Elle s'écarta, encore tremblante de désir, refusant pourtant de le laisser la satisfaire. Il aurait tant aimé pouvoir la serrer contre lui, l'embrasser, la goûter encore, l'explorer de ses lèvres, de ses mains.

Un sifflement insatisfait lui échappa. Il n'était pas homme à forcer quiconque. Encore moins quelqu'un d'aussi important qu'Eglantine. Pour elle, il saurait faire preuve de patience et de compréhension. Il s'en persuada.

La Ronde était son ennemi juré. Jamais il n'aurait cru qu'elle le serait aussi avec sa partenaire destinée.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top