Chapitre 14


Son ventre criait famine et ses notes trainaient partout sur son bureau. En quittant Stanislav, Eglantine avait déguerpis pour sa maison, oubliant son objectif de réviser à la bibliothèque de l'université avant de rentrer.

Résultat, elle n'avait pas relu ses cours ni même eu le temps de manger. Pour la nourriture, cela serait vite remédiée. Elle s'était préparée un sandwich jambon-beurre, classique. Un repas qu'elle engloutit rapidement tout en préparant ses affaires pour aller à la rencontre de la Vouivre.

Son père se tenait contre l'encadré de sa porte, observant ses préparations avec attention.

Une Vouivre était certes, un type de dragon, mais il ne fallait pas s'attendre à rencontrer un gros lézard cracheur de feu. Plutôt à une femme charmante avec un bijou flamboyant dont le pendentif serait une pierre précieuse magnifique. Une femme tentatrice et avide de trésor, très riche et vivant isolée. Une créature qui ne crachait pas de feu mais du venin et un gaz toxique très puissant.

Lorsque les Vouivres étaient sorties du Téras pour vivre parmi les humains et leurs richesses, elles ne s'étaient que peu éparpillées. Voilà pourquoi on ne trouvait ses créatures qu'en France. Certaines étaient parties, bien sûr.

Les Vouivres voyageaient, cherchant d'autres trésors. Mais elles finissaient toujours par revenir dans ce petit pays aux forêts encore nombreuses, aux montagnes magnifiques et aux campagnes majoritaires. Elles préféraient le calme des villages aux grandes villes bruyantes et polluées.

Aussi, l'adresse donnée par le pervers du bar était loin d'être irréaliste. Un habitat isolé sur des collines, cachés parmi des bois et éloignés de la ville.

— Tu as tout ce qu'il te faut ? questionna son père dont l'inquiétude ne se reflétait pas sur le visage.

Une épée pourfendeuse de dragon serait suffisante. Lourde aux mains de n'importe qui, il s'agissait d'une arme de chevalier. Le genre que la Ronde fabriquait déjà au Moyen Âge pour des princes dont les prouesses de tueurs de dragons n'étaient pas toujours fausses.

Les légendes possédaient leurs origines, parfois plus vraies que nature.

Elle s'en empara sans peur de se couper ou de blesser quiconque, simplement parce qu'Eglantine n'était pas seule. Lytanax investissait son corps. Et les deux femmes se préparaient à devoir avoir le contrôle à deux.

Cette pseudo fusion n'était pas inhabituelle pour elles, sauf lorsqu'elles ne l'avaient pas demandé. Une expérience qu'elles vivaient bien trop souvent ces derniers temps. En présence du vampire...

Elles secouèrent de la tête, se concentrant à nouveau sur leur arme.

L'épée se portait à deux mains. Elles jouèrent un instant avec, s'habituant à travailler ensemble dans un même corps, puis reposèrent l'arme sur le lit.

— J'ai tout ce qu'il me faut.

— Alors vas-y. Tu seras seule sur cette mission.

Comme toujours.

L'épée ne lui convenait pas. Aujourd'hui, la Ronde pouvait forger le même genre d'arme en plus léger. Aussi Eglantine jeta-t-elle son dévolu sur une rapière. La sienne, forgée de ses propres mains avec Lytanax. Une rapière à la lame large et à la garde décorée d'une amazonite au centre de laquelle était gravé une demi-Lune. Des fleurs de lys embellissaient finement cette garde à deux branches élégantes et la lame blanche, partiellement en argent. Une lame en fer, métal craint de nombreuses créatures, enchantée par des symboles magiques empruntés au Téras lors de ses recherches. Invisibles à l'œil nu, ils permettaient à l'arme d'être l'une des plus redoutables de la Ronde.

S'approchant de nouveau du miroir, elle s'attacha les cheveux en une natte bien serrée. Débardeur noir et pantalon treillis de la même couleur, elle vérifia une dernière fois ses rangers. Il valait mieux avoir bien fait ses lacets. Ses propres « chaussures de Dorothée », comme Eglantine aimait les appeler. En mission, lorsqu'elle souhaitait partir, elle s'imaginait taper des talons pour retourner chez elle... Malheureusement, ce n'était les jolies ballerines rouges de Dorothée qu'elle portait mais des chaussures pratiques pour le terrain.

Son père lui tendit son manteau en cuir aussi sombre que le reste de sa tenue, sans oublier ses gants. Du même cuir de Lion de Némée que son manteau. L'avantage avec ce cuir était que ni le poison ni le feu ne pouvait l'atteindre. Il brisait les lames et les balles classiques. Le parfait bouclier.

Elle s'empara de son arme, la plaçant dans son fourreau pour l'attacher à ses hanches. Ça et un pistolet.

— Balles perçantes. Evite tout de même la tête, nous avons besoin de sa pierre en parfait état.

Elle rangea l'arme dans son étui, aussi à ses hanches.

— L'échec ne t'est pas permis, Eglantine.


***


Un esprit embrumé par une mission révolutionnaire était difficile à persuader que ses ambitions sombraient pour un but n'ayant aucun sens.

La Ronde nourrissait l'ambition d'anéantir le Téras et ses créatures. Mais derrière son message de protéger l'humanité se cachait une tout autre vérité. Celle que la Ronde étudiait le Téras, souhaitait le contrôler et l'utiliser. L'Homme tentait depuis toujours de maîtriser la Nature. Le Téras n'y échappait pas.

Eglantine lui avait bien fait comprendre qu'elle ne voulait rien avoir à faire avec le Téras. Encore moins avec lui. Stanislav restait persuadé qu'elle ressentait ce lien qui les unissait. Son baratin scientifique, déblatéré sous une panique adorable et emprunte d'embarras ayant rougit ses jolies joues roses, permettait au vampire d'être conscient des pensées de la demoiselle.

Elle l'avait pourtant menacé. Et sa menace avait été claire. S'il s'entêtait à vouloir la suivre et lui faire emprunter le destin du Téras, elle lui ôterait la vie.

Il paraissait évidement qu'Eglantine pouvait le combattre. Mais le vaincre ?

La porte de la salle de bain s'ouvrit, laissant Nikita en sortir. Enroulée dans une grande serviette blanche, les tâches rouges ne partant pas de ce blanc immaculé informait sur les activités de sa tante.

— Je n'ai pas tué d'humain, lui assura-t-elle d'un râlement agacé. D'ailleurs, pourquoi es-tu là ? Je pensais que tu serais avec ta Sainte Nitouche.

— Je te l'ai dit. Elle ne veut pas de moi. Lorsque je lui ai parlé tout à l'heure...

— Oui, ça je l'ai bien compris. Pour autant, je pensais que tu serais au moins inquiet.

— Que veux-tu dire ?

— La Vouivre, ce n'est pas une blague. Elle n'a pas menti. La Ronde lui a effectivement confié une mission. Ce soir, elle doit s'y rendre pour tuer ce dragon de poison.

Les yeux écarquillés, il se leva d'un bon. Il avait cru qu'Eglantine le menaçait, que cette mission n'était pas réelle.

Comprenant sans qu'il ait eu besoin de demander, Nikita lui tendit une adresse écrite sur un bout de papier, un petit plan ayant également été dessiné.

— Méfie-toi, Stanislav. Une Vouivre crache du poison. Et surtout, elle est une gardienne de passage. Ne risque pas ta vie pour une simple humaine. Elle n'est pas importante, le Destin t'en offrira une autre.

— Elle est importante.


*******

Bonjour tout le monde !!

Comment allez-vous ??

Un chapitre avec encore peu d'action mais le prochain... Promis, l'action arrive ^^

Vous pouvez déjà avoir un aperçu des nombreux changements qui ont commencé à apparaitre en comparaison avec l'ancienne version. Je suis bien plus fan de celle-ci que la toute première. Pour celles et ceux l'ayant également connu, est-ce que ces changements vous plaisent aussi ??

Comme promis, je publie un chapitre par semaine x) Je pense pouvoir tenir ce rythme tout l'été (sauf durant fin juillet mais nous en reparlerons, mon absence ne sera pas longue x)).

J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^

Bonne soirée ^^


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