Chapitre 12
Douceur du miel et effluve d'un délicat parfum fleuri. Lèvres toujours entrouvertes, haletante à chaque instant et les mouvements réguliers d'une poitrine fermement maitrisée au souffle bien moins serein. Un corps des plus charmeurs, aux formes superbes qui voulaient prouver que la perfection se trouvait partout. Eglantine était un fantasme ambulant, celle qui, d'un simple regard, avait su ranimer son cœur éteint.
Il posa sa main contre sa poitrine, contre ce cœur revenant à la vie. Le sang Lilithu voulait reprendre le dessus sur tout. Ses instincts, son apparence, ses capacités... Tout.
Les yeux fermés, les yeux ouverts, il ne voyait que cette image. Celle d'une créature effrayée mais également douée d'une certaine assurance qu'elle semblait vouloir à tout prix cacher au fond d'elle. Pourtant, la musculature de la femme, même sans tomber dans des extrêmes, visibles notamment chez les ogresses, donnait un aperçu des capacités de cette guerrière.
Elle travaillait pour la Ronde, et il avait du mal à l'imaginer derrière un bureau ou des tubes à essai. Pas avec son apparence. Pas avec son aura. Pas après l'avoir abordé dans un bar à monstre. La peur qui l'enveloppait comme une seconde peau aurait pu le convaincre du contraire. Et d'après son nom, il la connaissait aussi sous une autre réputation à présent. Celle de la fille de Seward.
S'il n'avait jamais cru que ce monstre ait eu une fille, notamment parce qu'il n'avait jamais entendu parler d'une Madame Seward, Eglantine s'avérait être de son engeance.
Malgré ça, il ne la craignait pas. Pas plus qu'il ne ressentait d'animosité ou de souhait de se venger à son encontre. Il voulait détruire la Ronde, récupérer son royaume, mais Eglantine... Elle était en dehors de tout ça pour lui. L'imaginer en train de le manipuler l'amusait presque alors que tout en lui la reconnaissait en tant que sa femelle. Sa femme. Sa Reine. On pouvait tromper un esprit, mais jamais le cœur d'un vampire.
Un sourire lui échappa. Il aurait tant voulu la voir ici et maintenant, l'interroger sur qui elle était, sur ce qu'elle était. Son passé ? Ses désirs ? Ses rêves...
Il aurait tout fait pour mieux la connaitre, elle dont les yeux avaient su éveiller en lui une nature abandonnée bien avant sa naissance, des sensations encore inconnues jusqu'à présent. Des instincts qui seraient sans doute peu appréciés par les humains.
Mais Eglantine n'était pas là.
Le Destin était censé les guider vers un compagnon de vie parfait pour eux, une créature presque faite sur mesure pour correspondre à leurs désirs tant elle se rapprocherait de ce qu'ils avaient toujours souhaité jusque dans leurs inconscients.
Il avait cru... À dire vrai, Stanislav ne savait plus vraiment ce qu'il avait cru.
Depuis son enfance, le sort était contre lui. Il avait perdu son père, sa mère et sa couronne. Il avait perdu son royaume et sa noblesse. Il avait tout perdu. Les Saeva lui avaient tout pris. La Ronde aussi. Et encore aujourd'hui, la Fortune s'acharnait sur son existence déjà bien misérable. Elle lui envoyait une tentatrice cruelle à la personnalité attachante. Une créature enchanteresse, énigmatique et qui avait éveillé en lui l'instinct de protection. Elle l'avait trompé. La jeune femme qu'il avait cru être sa destinée était en vérité son ennemi.
Eglantine Seward était une humaine, membre de la Ronde. Elle était de ceux qui l'avait trainé plus bas que terre, qui avait souillé son nom. Stanislav se sentait trahi. Il était furieux.
Il y avait pourtant une chose qui nourrissait encore davantage sa rage. Ce sentiment pesant qui faisait battre son cœur. Il se sentait toujours aussi irrésistiblement attiré par Eglantine, ses pensées pures envers cette créature de rêve devenant de plus en plus obscènes à mesure que le désir de la retrouver et de la garder près de lui s'emparait de son être.
La connaitre ? Oui, mais l'intimité d'une conversation ne l'aiderait pas à se rassasier de tout ce que lui promettait le Téras concernant l'être destiné.
— Stanislav, tu as l'air plus en colère que d'habitude, remarqua sa tante.
Nikita, qui se trouvait derrière lui, passa ses bras autour de ses épaules. Il la repoussa, se levant de la chaise sur laquelle il s'était installé.
— Je vais tuer cette femme, se jurait-il sans vraiment parvenir à s'en convaincre.
Sa tante se mit à rire doucement en l'écoutant énoncer ses projets meurtriers.
— Mon pauvre neveu, si elle est bien ce que je crois, tu ne pourras pas lever ta main sur elle. Jamais.
— Elle n'est pas celle qui m'est destinée. Elle fait partie de la Ronde. Elle est mon ennemie.
Qui tentait-il de tromper ? Le Destin ?
— En effet, elle est la fille du Docteur Seward. Âgée de vingt ans, sa mère est décédée, assassinée par les Idoles alors qu'elle n'était qu'un bébé. Introvertie, maniaque, mais surtout paranoïaque, elle est une étudiante en Licence d'Histoire. Oh, et elle aurait aussi un trouble de la personnalité, mais cela reste à prouver puisque rien n'a été officialisé.
— Les Idoles ? Attends, comment est-ce que tu sais tout ça ?
Il se tourna vers sa tante qui tenait un dossier dans ses mains. Elle avait mené son enquête sur Eglantine. Evidemment, la femme adorait garder le contrôle sur ce qui l'entourait. Il aurait été hors de question pour elle de laisser son neveu gérer seul cette affaire entre lui et Eglantine. Voilà pourquoi lui-même menait ses affaires en secret, pour qu'elle n'ait jamais la main mise dessus.
— Disons que j'ai trouvé une source d'informations inépuisable concernant la Ronde.
En sachant que Nikita ne dirait rien de plus, il n'insista pas. Intrusive et silencieuse.
— Pourquoi des Idoles auraient pris la peine de tuer une humaine ?
Le sourire qu'arbora Nikita ne rassurait pas vraiment Stanislav.
— Sais-tu combien de temps elle a tenu face aux Idoles avant de perdre ?
— Comment veux-tu que je le sache ?
— Quarante-six minutes. Seule, face à deux Idoles.
Non, ça c'était impossible. Pas pour une humaine tout du moins. Stanislav, en tant que vampire, je ne leur tiendrais tête que quelques secondes. Peut-être une minute ou deux.
— Je ne comprends pas. Elle était une guerrière ? De la Ronde ou du Téras ?
— Je n'ai pas de réponse pour ça. Il faudra que tu demandes à la petite fleur qui t'est destinée.
Stanislav ne releva pas les derniers mots de sa tante.
— Sinon, je peux toujours m'en débarrasser pour toi ?
— Hors de question, gronda-t-il en menace.
Nikita leva les mains en signe d'abandon. Elle ne fera rien sans son accord.
Mais quelque chose n'allait pas dans ce que lui racontait sa tante.
— Ce n'est pas normal.
— Tu l'as aussi remarqué ?
— Je connais ces symptômes, déclara-t-il en listant la totalité des troubles énoncés dans le dossier.
En se souvenant de ce dont il avait été témoin, du désordre dans les émotions d'Eglantine, de sa manière de passer de jeune fille effrayée à fière guerrière, une hypothèse naissait dans son esprit. Une idée appuyée par le passé de la mère proposé par ce dossier.
Avec tous les problèmes que posaient les Hybrides dans le Téras à cause de sa chasse intensive par les Idoles, chacun en lisant ces données l'aurait supposé. Il arrivait qu'avant l'Eclosion un hybride ne s'accepte pas comme tel. Contrairement à la psychologie humaine, ce rejet n'avait bien souvent qu'un seul dénouement. L'esprit se brisait. Une personnalité pour chaque nature habitant le corps. Des personnalités typiques des espèces rejetées.
— Si elle est bien une hybride, alors tout va se compliquer, renchérie Nikita. Les Idoles tuent les hybrides, mais la Ronde...
— Des rumeurs, se rassura le vampire.
Il fallait qu'il retrouve Eglantine, peu importe comment. Si la destinée l'avait pointée pour lui, alors ce n'était pas pour rien. Elle était la seule femme qui saurait lui correspondre malgré tous les obstacles qui voudraient les séparer.
Pour commencer, il l'arracherait de force à la Ronde, l'interrogerait sur l'organisation et sur sa mère. Il fallait qu'il sache, qu'il comprenne. Et petit à petit, il lui apprendrait à avoir confiance en lui, même si les interrogatoires ne l'aideraient peut-être pas à s'ouvrir à lui, à l'accepter comme étant le dernier et seul mâle qu'elle aurait jusqu'à la fin de ses jours, le dernier homme qu'elle aurait tout comme il lui appartiendrait pour l'éternité.
Mais elle était humaine, tout du moins éduquée comme tel, et il imaginait déjà des questions futiles venir pour tenter de comprendre le sens d'être destiné. « Est-ce de l'amour ? », lui demanderait-elle peut-être. Il s'agissait de tellement plus qu'une simple attraction chimique, et penser le contraire était une insulte. Mais une humaine pourrait-elle assimiler le fait que l'être destinée était pour toujours et impossible à choisir ? Pourrait-elle accepter l'idée même d'êtres destinées ?
L'avantage de la Ronde permettait de croire qu'au moins Eglantine devait être au courant de l'existence des êtres destinées, ce qui serait ça de moins à expliquer.
— Alors tu comptes l'accepter comme étant tienne, n'est-ce pas ? devina sans peine sa tante.
Il l'avait reconnu comme étant sa destinée, et du peu qu'il avait pu observer, il ne laissait pas non plus indifférente ce bout de femme. Sans doute avait-elle aussi senti ce lien ?
— Nikita, te reste-t-il de la « crème solaire » ?
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Bonjour tout le monde ^^
Nouveau chapitre et nouvelle annonce. J'ai fini mes partiels. Cela signifie plus de temps pour moi et donc pour l'écriture et les publications. Et pour ceux d'entre vous qui lisez cette histoire, cela signifie également que je vais reprendre une publication régulière ^^
J'espère que la suite vous plaira autant qu'elle me plait ^^
Je vous souhaite une excellente journée/soirée ^^
PS : Je ne sais pas encore quel jour ni quelle heure précisément je prendrai pour les publications mais au moins un chapitre par semaine, comme avant ^^
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