Chapitre 29

« Au sein du bois humide, où chaque feuille est verte,

Où le gazon touffu boit la rosée en pleurs,

Où l'espoir des beaux jours rit dans toutes les fleurs,

Aux baisers du printemps, la rose s'est ouverte »

— Charles Dovalle, Premier chagrin


Les tic-tac de la pendule allaient le rendre fou. Tout comme l'absence de Jehanne. Une information lui échappait.

En les espionnant toutes les deux, Arian avait été satisfait d'entendre Elaine céder et autoriser Jehanne à retourner à ses côtés. Il s'était donc empressé de revenir. Mais au retour des sœurs, sa compagne ne l'avait pas rejoint, préférant s'enfermer dans la seule chambre de la petite maison. Oh, il avait bien tenté d'entrer. Une misérable porte ne pouvait pas lui faire barrage. Mais puisqu'elle hurlait comme une banshee dès qu'il approchait, il en avait déduit qu'elle ne voulait pas le voir. Sans doute à cause de ses regards sur Elaine lorsqu'elle avait révélé son hideuse apparence.

— Lycan, cesse de tourner en rond, ordonna Elaine. Tu me donnes le tournis.

Ses yeux devinrent assassins, contrairement au large sourire de cette maudite créature. Sa satisfaction d'avoir semé la zizanie entre lui et Jehanne ne pouvait pas être plus explicite. Si elle n'était pas de la famille de son âme sœur, il l'aurait étripé.

Peter tenait sa partenaire dans ses bras, les deux s'offrant des caresses tendres et discutant de tout et de rien, tout en s'intéressant à divers documents dont il n'avait que faire.

Arian les enviait en cet instant. Il voulait sentir sa femelle contre lui, la serrer dans son étreinte, s'imprégner de son odeur pour s'y perdre avec un plaisir certain.

Bon sang ! Mais pourquoi restait-il ici, dans un salon, en compagnie d'un couple heureux qui laissait leurs hormones envahir le lieu alors que sa compagne se trouvait dans une autre pièce ?

Peu importait ses cris, il voulait la trouver. Alors, pestant contre lui-même, il abandonna ces deux-là pour approcher de la chambre interdite. Sa main se posa sur la poignée et, curieusement, aucun cri ne retentit. Pas plus lorsqu'il pénétra dans la pièce ouverte.

Fermant derrière lui, il découvrit la créature de ses rêves assise sur le bord de la fenêtre, observant la nuit étoilée depuis son perchoir. Son cache-œil lui fit mal. Il fallait croire que retrouver un œil était long pour une kèr.

Ainsi installée, elle avait cette aura, cette beauté qui laissait pénétrer en Arian un sentiment de paix, de sérénité. Un tableau à peindre. Il n'était pas peintre, et ne possédait aucun talent en dessin. Sans doute était-il temps pour lui de se procurer un appareil photo ?

Le loup s'avança pour la rejoindre, attirant enfin son attention. Ses yeux lilas le capturèrent d'un battement de cils. Son corps avait retrouvé quelques formes, mais la sueur collant à sa peau lui indiquait qu'elle vivait très mal le sevrage auquel on l'exposait.

Une odeur étrange parvint jusqu'à ses narines. L'odeur de l'alcool.

— Tu as bu, Jehanne ?

Pour toute réponse, sa main souleva une bouteille qu'il n'avait pas remarquée. Elle voulut de nouveau boire, mais elle avait déjà suffisamment abusé de l'alcool, la chopine ayant été vidée. Alors, elle la balança à l'autre bout de la pièce, la laissant se fracasser dans un bruit sourd de verre.

— Jehanne...

— Ferme-la, p'tit loup. Je ne veux pas de ta pitié.

— Je n'ai pas pitié de toi.

— Mais bien sûr, cracha-t-elle d'un soupir.

Elle chassa ses paroles d'un geste de la main.

— À d'autres, Lycan. Je vais devenir hideuse, sans parler du fait que je vais mourir à cause d'un putain de sort. Oh, et les Idoles veulent ma peau parce que je connais l'existence de leur Glas de merde et qu'en prime, je suis une menaçante Kèr.

Son imitation piteuse d'un fantôme cherchant à faire peur aurait pu l'amuser. Seulement, le ton qu'elle employait était caricatural et ironique, usant de mauvaises prononciations parce que, quoiqu'elle pourrait rétorquer, Jehanne était visiblement bourrée.

Elle posa un pied au sol, retournant à l'intérieur de la chambre en titubant. Arian se précipita sur elle, la soutenant.

— Diantre, je crois que la boisson me monte à la tête.

— Quel genre de boisson as-tu pris ?

— Je n'en ai pas la moindre idée... Alcool de satyre, je crois.

Les satyres...

— Lycan, porte-moi à mon lit.

Arian souleva sa belle, la posant dans les draps épais. Par tous les dieux, Jehanne était d'une beauté fatale.

Elle passa sa main derrière sa nuque, l'attirant à elle.

— Tu es saoule, Jehanne.

— Et alors ?

Elle l'embrassa, son autre main allant déboutonner le pantalon d'Arian qui l'arrêta dans son geste.

— Je ne profiterai pas d'une femme saoule.

— Ferme-la, Lycan, et satisfais ta femelle.

Bon sang, elle savait comment pour l'obliger à écouter. Mais le regard planté dans ceux de cette créature tentatrice, il ne bougea pas.

— Non, Jehanne.

Alors, elle sortit l'arme la plus fatale. Elle lui sauta à la gorge, plantant ses griffes en lui qui lâchait un grognement. Sa langue lui caressait la peau.

Résiste, Arian. Résiste bordel.

— J'en ai besoin, Arian. J'ai besoin de toi. En moi. Tout de suite.

La saisissant par les épaules, il la plaqua contre le matelas pour fondre sur elle, l'embrassant avec une insatiabilité qui le rendait fou. Mais tandis qu'il s'apprêtait à retirer ses vêtements à sa femelle, alors qu'il allait révéler la beauté de son corps aux rayons de la Lune, la porte s'ouvrit.

Elaine venait d'entrer.

— Il n'est pas question que vous vous adonniez au coït avant...

Jehanne ne laissa pas à sa sœur le luxe de continuer. Elle prit le visage du Lycan, l'embrassant avec passion. Arian écarquilla en grand les yeux, peu certain d'avoir envie de continuer alors qu'on les observait. En particulier s'il s'agissait de la sœur de Jehanne.

— Jehanne ! hurla Elaine.

Et Jehanne le lâcha, se levant du lit. Son doigt devint accusateur.

— Cesse donc de me donner des ordres, Elaine. Ta morale, tu la gardes pour ton petit suceur sangsue. Là, j'ai envie de prendre mon pied avec le plus beau mâle du Téras. Mon mâle. Alors soit tu mattes, soit tu pars.

Elaine blêmit, au moins autant qu'Arian se sentait rougir. Venait-elle de le complimenter ?

Il n'eut pas le loisir de se réjouir longtemps.

Jehanne, titubant, s'effondra au sol avec une soudaineté qui laissa Elaine tétanisée par la surprise. Le Lycan agit immédiatement.

— Jehanne !

Au sol, près d'elle, il lui sembla qu'elle avait des difficultés à respirer. Et elle avait de la fièvre, mais elle paraissait aller bien.

— Elle s'est seulement évanouie parce qu'elle a trop bu, comprit-il au moment où, d'un grand sourire, Jehanne se mit à ronfler.

Elaine secoua la tête, désespérée. Mais en comprenant qu'Arian n'allait pas abuser d'une femme en train de dormir, elle accepta de les laisser seuls. Et dès qu'elle fut partie, Jehanne ouvrit les yeux, tout sourire.

Elle lui fit signe de se taire. Un comportement adorable, différent de la femme sensuelle à laquelle il s'était habitué. Une femme qui se faufila jusqu'à la fenêtre. Bondissant sur le rebord, elle leva de nouveau le doigt pour l'inviter à la suivre.

Saoule, cette jolie créature était difficile à comprendre.

Elle sauta et il la rejoignit en silence, s'appuyant à la fenêtre pour passer dans l'étroit encadré. Jehanne l'attendit avant de courir dans la forêt. Ses instincts s'animèrent, prenant ce comportement comme un jeu. Il se lança aussitôt à sa poursuite.

Était-elle réellement saoule ?

Sa course, pieds nus, donnait l'impression d'un envol majestueux. Une grâce et un équilibre parfait, différent de la démarche précaire d'une personne aux sens embrouillés par l'alcool.

Cela ne rendit le jeu que plus amusant encore.

Le loup se rapprochait de sa compagne. Sa main se tendit et accrocha le vide, la Kèr parvenant à l'éviter avec une facilité enfantine. Surprenant.

Puis, elle déploya ses ailes pour aller se percher sur un arbre. Le spectacle était saisissant, en particulier parce que Jehanne ne portait aucun vêtement. Maligne et provocante, elle caressa le bout dressé ses seins ronds.

— Dommage que tu n'aies pas réussi à m'attraper, p'tit loup.

Ses doigts descendirent, suivant leur trajet sur le ventre pâle de la créature appétissante. Elle effleura la toison argentée de son pubis, lui arrachant un grognement affamé. Allait-elle se donner du plaisir devant lui ? Sans lui ?

— Descends de là tout de suite, ordonna-t-il avec autorité.

La kèr parut frissonner, son geste hésitant. Allait-elle lui obéir ?

La réponse était évidente. Saoule ou non, Jehanne pouvait être bien des choses, mais certainement pas obéissante. Au contraire de redescendre, de venir se jeter dans ses bras, elle s'assit sur une branche. Ses ailes l'aidant à se stabiliser, elle releva une jambe, écartant suffisamment les cuisses pour lui présenter ce qui affamerait n'importe quel mâle.

Elle jouait avec sa patience.

— Je te préviens, Jehanne. Si tu ne descends pas, je défonce cet arbre.

Aussitôt la menace lancée, une aile vint lui cacher la nudité de sa partenaire.

— Tu es mauvais joueur. Te voilà privé de dessert.

Arian ne se répéta pas. Toutes griffes dehors, il s'apprêta à taillader l'arbre lorsque finalement sa compagne devint raisonnable.

Retombant au sol, ses ailes à peine repliées permettaient de planer et d'amortir la chute. L'atterrissage tout en douceur d'un oiseau tombé de l'arbre. Et le plumage disparu, laissant place au manteau lui cachant l'objet de son désir.

— Je ne comprends pas... Tu as été dégoûté par Elaine. Son odeur t'a répugné. Mais tu ne montres pas ça avec moi...

Sa réaction précédente inquiétait encore Jehanne.

— J'aime tes ailes.

Elle hoqueta de surprise devant sa réponse.

— Montre-moi tes ailes, Jehanne.

Le plumage apparu tout en lenteur, lui donnant l'occasion de détailler ces ondulations transformant le cuir du manteau. Le corps parfait de la sublime kèr réapparu devant son regard.

Ne lui donnant aucune chance de lui échapper à nouveau, Arian la souleva de terre pour l'adosser au tronc de l'arbre lui ayant servi de perchoir.

— J'ai besoin de te dévorer.

En une seconde, il la leva jusqu'à ses épaules, y posant ses jambes pour les garder écartées. Au contraire de le repousser, il sentit les jambes se refermer comme un piège. Sa femme, impatiente, bascula le bassin pour s'offrir toute entière. Son sexe luisait d'une excitation qu'il n'avait pas pensée si puissante.

Un baiser s'égara sur son ventre pour la prévenir de ses intentions. Ses mains agrippèrent les fesses et sa bouche descendit. Une odeur épicée, et si glaciale pourtant. L'odeur de sa femelle qu'il se mit à goûter. Sa langue se fraya un chemin entre les pétales trempés. Son grognement satisfait vibra sur la chair sensible, faisant trembler Jehanne entre ses mains.

Elle approcha ses doigts, sans doute dans l'intention de toucher son clitoris et d'accélérer son orgasme.

— Fais ça et je te brise les doigts.

— Tu n'oserais.

— Essaie et tu verras.

Elle avait néanmoins raison. Mais il n'était pas question qu'elle lui prenne son bonheur arrogant de la faire jouir. Jehanne ne céda qu'à moitié, préférant masser ses seins. Un compromis, sans doute pour lui montrer qu'elle ne lui obéissait pas, mais qu'elle acceptait son caprice. Parfait.

Il reprit, la récompensant en aspirant le bouton gorgé pour le torturer un instant, accueillant avec fierté les petits cris retenus de sa femelle. Puisqu'elle paraissait aimer, il resta ici, une main quittant le joli postérieur pour entrer dans ce corps de fantasme. La caressant de l'intérieur, il chercha et s'arrêta lorsqu'il la sentit se resserrer et se cambrer. Il venait de trouver son point de sensibilité. Sans pitié, il se mit à stimuler essentiellement cet endroit tant apprécié.

— Oh, Arian ! cria-t-elle enfin son nom pour le féliciter.

L'orgasme ne se fit pas désirer trop longtemps, se fondant sur sa langue pour lui laisser le goût de son âme sœur.

Jehanne se recroquevilla, enveloppant la tête d'Arian de ses bras.

Il la reposa à terre, déboutonnant son pantalon pour sortir son excitation.

Plaquant Jehanne, la poitrine contre l'arbre, il l'invita à soulever sa croupe et s'enfonça d'une traite. Le cri de sa femelle ne l'alerta que du plaisir qu'elle venait d'en tirer. Les genoux tremblants, elle ne pouvait que se cambrer pour espérer l'accueillir tout entier en elle.

Arian attrapa les ailes pour les tirer en arrière, l'invitant à se cambrer à son maximum tandis que ses coups de boutoir se faisaient de plus en plus fort. Un rythme s'accélérant à mesure qu'il souhaitait posséder sa femelle.

— Jouis, Arian !

Une supplication alors qu'elle massacrait l'écorce de l'arbre de ses serres. Il se pencha pour se coller à son dos.

— Alors, cris plus fort.

Sortant les crocs, il transperça la chair pour marquer ce corps lui appartenant déjà. Jehanne se resserra, rendant toute résistante impossible. Il explosa, jouissant avec son âme-sœur. En se retirant, Arian s'écarta. Le spectacle fut saisissant.

Jehanne, contre l'arbre et jambes écartées, tourna son visage vers le sien. Elle glissa sa main jusqu'à son pubis, touchant les lèvres pour les écarter et révéler son sexe encore ouvert duquel débordait son sperme. On pouvait difficilement faire plus aguicheur et pervers.

— Encore.

Sa verge se mit au garde-à-vous. Il était totalement soumis aux désirs de son âme-sœur. 



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Dernière mise à jour : 06/01/2025

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