Chapitre 24
« L'un t'éclaire avec son ardeur,
L'autre en toi met son deuil, Nature !
Ce qui dit à l'un : Sépulture !
Dit à l'autre : Vie et splendeur ! »
— Charles Baudelaire, Alchimie de la douleur
C'est ma faute.
Arian en était conscient. Si chacun ici ignorait l'origine de cette malédiction, il pouvait se pointer comme en étant la cause. Tout ça parce qu'elle était son premier amour... Il se mit à regretter de ne pas en avoir eu un par le passé. Des amourettes, sans doute quelques-unes. Mais rien qu'il pourrait affirmer être son premier amour. À l'exception de Jehanne.
Pourquoi n'avait-il pas pris la menace au sérieux ?
Sois patient, protège-la le temps que Braon t'appelle.
Après tout, Daveth avait assuré qu'il le contacterait pour lui communiquer sa situation urgente.
Son regard se posa sur sa femelle. Elle gardait sa main dans la sienne, ne montrant qu'une expression détachée. Pourtant, Arian pouvait lire une panique réelle.
— Ne t'en fais pas, sac à puces. C'est ce qui arrive lorsqu'on est une méchante depuis des siècles. Une sorcière mécontente m'a sans doute envoyé un vilain sort. Je vais la retrouver, la forcer à me guérir et la tuer.
Excepté que la sorcière en question était un sorcier, et qu'il était mort après avoir lancé sa malédiction sur la famille d'Arian.
Il aurait pu lui parler de tout ça, lui rappeler l'histoire de sa famille. Après tout, elle la connaissait. Daveth la lui avait racontée. Mais pas à un moment, elle n'y avait fait mention. Avait-elle oublié ?
Elle se leva, se dirigeant vers Ambrose. Ce dernier, à présent installé devant l'ordinateur, observait son programme tenter de décoder les fichiers.
Sa kèr lui semblait avoir changé. Dans son apparence. Pourtant, elle avait ces mêmes longs et soyeux cheveux lunaires qui dégageaient une agréable odeur, des yeux d'une teinte unique et une peau laiteuse. La perfection au féminin. Sa femme. Son âme sœur. Sa destinée.
Mais ses joues n'étaient plus creusées, la maigreur n'habillait plus son corps. Elle retrouvait des couleurs et des formes. Rien n'indiquait qu'elle puisse être mourante.
Il aurait tant voulu que ce soit le cas.
— Dis, c'est quoi ton nom ?
Arian se tourna vers la poupée qui s'asseyait face à lui. Dianke avait ramené une chaise, profitant apparemment que Jehanne ne soit plus à ses côtés pour pouvoir commencer son interrogatoire.
Le Lycan soupira, tandis que les yeux de la sorcière se posaient sur lui. Ils étaient pâles. Une pâleur qui semblait tenter de le pénétrer, d'infiltrer ses pensées.
— Arian, se présenta-t-il.
— Arian qui ? enchaina-t-elle sans lui laisser le temps de réfléchir.
— Arian O'Fallon.
— Ah, j'ai entendu parler d'un autre O'Fallon. Terence, Terry, Thierry, ...
— Terneg, la coupa-t-il. Il s'agit de l'un de mes frères.
— C'est vrai qu'il a perdu son âme sœur ?
La sorcière curieuse enchaînait ses questions sans hésitation ni même retenue. D'autant que sa question était cruelle puisqu'elle soulevait la plus terrible des tragédies pour les lycanthropes.
Mais malheureusement oui, Terneg, l'un de ses trois frères, avait vécu la pire des tragédies qui pouvait s'abattre sur un Lycan. Il avait perdu sa destinée. Pourtant, il continuait de garder la tête haute, dirigeant la meute en tant qu'Alpha. Un choix qu'il ne pouvait pas comprendre. D'autant plus lorsque l'on savait que son âme sœur avait d'elle-même sauté d'une falaise devant ses yeux.
Son regard se posa furtivement sur Jehanne. Si jamais il venait à la perdre un jour...
— Comment vous êtes-vous rencontrés ? demanda-t-il à la sorcière.
Sa question illumina le regard de Dianke.
Elle et son jumeau ne paraissaient pas être maléfiques, ni même travailler pour les Idoles. Alors, il se posait la question.
— C'était il y a deux siècles. Jehanne avait pour mission de me tuer. Mais à la place, elle nous a aidé à devenir plus puissants et à nous enfuir.
— Les Idoles voulaient vous faire tuer ?
— Pas elles directement, mais leurs alliés. Des sorcières. Et parce qu'elle a échoué, Jehanne a été enfermée pas mal de temps dans les prisons des Idoles, souria tristement Dianke. Le Papillon écarlate n'est pas vraiment aimé, mais je sais qui est vraiment Jehanne. Elle aurait pu me tuer, mais elle ne l'a pas fait. Tout comme elle a accepté de ne pas tuer cette hybride il y a quelques mois en Bretagne. Ambrose a pu entrapercevoir l'avenir dans les runes et il a vu Jehanne trouvant le bonheur dans l'échec de cette mission.
Les jumeaux l'avaient mentionné plus tôt. Mais Dianke avait affirmé qu'ils avaient été deux à voir la prophétie. Or, à présent, elle avouait qu'il ne s'agissait que d'Ambrose.
— Tu l'aimes ?
— Évidemment.
Dianke eut un tendre sourire, apparemment charmée par l'idée de l'amour.
— Si elle n'était pas ton âme sœur...
— Alors ça signifierait que le Destin s'est trompé. Ça ne peut qu'être Jehanne.
Soudain, on entendit un hurlement.
— Les enflures, je vais les tuer ! siffla Jehanne dans un cri de rage.
Chacun se tourna vers la kèr. Arian baissa la tête juste à temps alors qu'un objet non identifié passait au-dessus de lui. Jehanne avait fait voler l'ordinateur à travers la pièce, rattrapé en plein vol par Ambrose, qui avait dressé sa baguette magique.
Que se passait-il ?
***
Ambrose venait de réussir à entrer dans les fichiers. Et tous les secrets cachés dans cette clé USB se dévoilèrent enfin à elle.
Le front plissé sous les effets d'une fureur montante, elle regarda l'écran de l'ordinateur qui s'affichait enfin sur des pages de textes. Plusieurs fichiers s'ouvrirent. Des textes, des photos, des tableurs. Il y avait de tout. Des rapports sentinelles en planque, entre autres. De l'espionnage, qui démontrait de la capacité incroyable de la Reine des hématophages à pouvoir recueillir des informations.
Mais l'un de ces rapports attira davantage son attention. Un dossier qui portait son nom « De Leau ». Lizebeth avait-elle enquêté sur elle ? Pour le savoir, elle ouvrit les rapports, ignorant les dossiers-vidéo et photo qui l'accompagnaient.
« Le Glas a été aperçu le mois dernier. Nous avons malheureusement perdu sa trace, mais nous sommes sur la bonne voie.
La Pure en charge de la protéger semble être accompagnée par un homme que nous n'avons pas encore identifié, son visage n'ayant pas été visible à nos écrans. Mais cela parait n'être qu'une question de temps à présent. Le seul problème que nous paraissons rencontrer sont les Idoles. L'un de nos éclaireurs nous raconte les avoir vus rôder dans les alentours.
Nous ne sommes pas les seuls sur la piste du Glas.
Contrairement à ce que nous pensions, les Idoles ne veulent pas le Glas pour s'en débarrasser, mais pour l'utiliser pour combattre les espèces hybrides. »
Elle déglutit péniblement. Comment le Glas avait-il pu être mentionné ? Sa sœur était morte, son corps possédait le Glas en lui. Quelqu'un était-il parvenu à l'en extraire ? Un porteur du Glas était-il apparu sans être une Kèr ?
En observant la date, Jehanne découvrit le rapport rédigé durant la Seconde Guerre mondiale. Cela signifiait qu'un porteur avait été désigné il y a des années de ça, et que Jehanne avait travaillé pour les Idoles pour rien durant trop longtemps !
Elle continua de regarder, de fouiller dans les dossiers sans découvrir quelque chose de plus intéressant. Jusqu'à ce qu'elle se décide à ouvrir les photos.
Son cœur ralentit alors que les clichés défilaient sur l'écran.
— C'est impossible, murmura-t-elle pour elle-même.
Sur l'une des photos, une femme se tenait droite, une mine inquiète sur le visage. Elle semblait parler avec un homme que l'on voyait de dos.
De longs des cheveux d'or que Jehanne connaissait bien pour les avoir contemplés et parfois jalousés durant des jours, des années entières. Une peau pâle, mais non dépourvue d'une délicate couleur qui donnait de la vie sur ses jolies pommettes. Et ses yeux...
Des yeux semblables au sien.
Jehanne regardait une photo de sa sœur. Elle regardait le cliché d'une femme censée être décédée durant le Moyen Âge et qui, pourtant, paraissait bel et bien vivante alors qu'il s'agissait des années 40 !
Si c'était une blague, elle était de très mauvais goût. Et chacune des photos présentait la même personne : Elaine.
Elle ouvrit un second fichier.
« Les Idoles s'apprêtent à tuer Jehanne de Leau. La Pure est revenue dans les alentours, elles craignent que les deux Kères se réunissent, ce qui deviendrait une menace bien réelle pour les Idoles.
La Pure n'est pas encore entrée en contact avec Jehanne de Leau. Rien n'indique qu'elle le fera.
Néanmoins... »
Jehanne ne termina pas sa lecture. On y faisait mention de la Pure, titre conféré au porteur du Glas des Immortels. Ces informations l'intéressaient peu.
La main tremblante, elle cliqua sur la vidéo.
Sa sœur, au visage renfrogné, songeuse et déterminée, discutait avec un illustre inconnu dont on ne pouvait observer que le dos sous cet angle. Une femme bien vivante.
Les dernières images d'Elaine dans son esprit se résumaient à une femme dans la gadoue, le dos en charpie alors qu'on lui avait arraché les ailes. Ses yeux crevés ne l'étaient pas ici, sur cette vidéo.
Jehanne ne pleura pas. Pourquoi sa sœur n'était jamais venue la voir ?
Cela faisait des années, des décennies, peut-être des siècles qu'on lui mentait. Les Idoles se servaient du cadavre de sa sœur comme d'un moyen de pression pour la motiver à l'obéissance. Lizbeth s'était bien tenue de lui diffuser cette information jusqu'à aujourd'hui. Et sa sœur... Elaine l'avait abandonné.
Soudain, une information lui sauta aux yeux devant cette vidéo. Aussitôt, la tension monta, se révélant sur son visage bientôt envahi par l'expression de la colère.
Sur l'écran, sa sœur discutait avec un individu de dos. Un homme auquel elle prêta davantage attention, parce qu'il lui était très familier. Un homme qui se tint souvent à ses côtés, même après qu'elle eut rejoint les Idoles. Durant son premier sevrage, il resta aussi près d'elle.
La Royauté, les Idoles... Tous s'étaient bien foutus d'elle.
— Les enflures, je vais les tuer !
Alors, sous une impulsion qu'elle ne contrôla pas, Jehanne souleva l'ordinateur, le jetant en direction d'Arian. Cela lui apprendra à fricoter avec d'autres femelles tandis qu'elle était occupée à découvrir que sa sœur était vivante, que les Idoles s'étaient foutues de sa gueule et que Peter était le putain d'homme se tenant aux côtés d'Elaine sur cette image !
Peter ! Espèce de raclure !
Le Lycan baissa la tête juste à temps tandis que l'appareil terminait sa course contre le mur plus loin. Ou pas. Ambrose avait sorti sa baguette magique et l'objet flottait tranquillement dans les airs, retombant en douceur sur le sol.
Tous les regards s'étaient tournés vers elle.
Le cœur battant la chamade, Jehanne tira sur ses vêtements pour les replacer correctement dans un geste qui servait simplement à occuper ses mains. Cela leur éviterait de s'écraser sur les divers objets de la pièce et de détruire l'appartement.
Elle lissa ses cheveux, inspira profondément. Elle allait les tuer. Même s'il était vrai que les Idoles étaient impossibles à détruire, elle serait la première créature ayant réussi cet exploit. Ou la seconde, la « légende » prétendant que Salathiel, chef de la Rébellion, y était une fois parvenu.
Donc, dans sa liste noire, elle comptait massacrer un assez grand nombre d'individus. Et le premier en haut du podium : Peter. Puis la Royauté vampire, puis les Idoles.
Pivotant sur elle-même, la femme s'approcha de la fenêtre, sautant pour atterrir hors de l'appartement, dans les rues d'un matin encore plongé dans le noir.
— Jehanne, attends.
Arian l'avait rapidement rattrapée, ayant pris lui aussi le même raccourci sans même adresser un salut d'au revoir aux jumeaux. Il se plaça devant elle qui s'arrêta.
— Laisse-moi passer, Lycan.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Ce qu'il se passe ? Tu me demandes ce qu'il se passe !
Elle contourna l'imposant mâle qui s'était dressé de tout son corps pour lui faire barrage. Inutile de perdre son temps à lui parler. D'autant qu'il ne l'aiderait pas.
Arian ne l'entendit pas de cette façon, refusant de la laisser partir tandis qu'il souhaitait comprendre la situation. Il lui saisit le bras, la plaquant brutalement contre un mur. Le bâtiment parut trembler sous l'impact violent. La dernière fois qu'il avait voulu l'empêcher de s'en aller, ils s'étaient battus dans le salon de son frère.
Jehanne lança un regard noir, un regard sombre qui disparut lorsque les lèvres du Lycan se posèrent sur les siennes. La main de l'imposant mâle s'empara de sa mâchoire, son corps massif s'écrasant contre le mur.
Elle émit un couinement de surprise lorsque le bout de la langue d'Arian se mit à effleurer ses lèvres. Malgré la colère, le jeu du Lycan l'éveillait. Elle avait besoin de ce contact, et elle ne lutta pas. Bien au contraire, elle entrouvrit l'ouverture de sa bouche pour le laisser entrer. Mais au lieu de pénétrer la langue brûlante et désirée, il ne fit rien. Pire encore, il s'écarta d'elle !
— C'est bon ? Tu es calmée ?
Le rouge aux joues par une nouvelle fureur naissante, un grognement insatisfait s'échappa de la gorge de Jehanne. Elle n'hésita pas à montrer les dents pour l'illustrer. Alors, dans un demi-sourire, Arian captura de nouveau sa bouche, satisfait de l'entendre hoqueter de surprise.
Il s'amusait. Bordel ! Il jouait vraiment avec elle, ne la satisfaisant jamais totalement alors que sa colère le réclamait avidement. Elle avait besoin de se défouler. Et en cet instant, un combat au corps à corps contre lui, sur lui, sous lui, apparaissait comme la solution la plus évidente.
— Alors, tu m'expliques ce qu'il t'arrive maintenant ?
— Non ! Encore, cria-t-elle alors qu'il s'écartait encore une fois.
Elle l'empoigna par le col, passant ses bras sur ses épaules pour le serrer contre elle. Ses lèvres sur les siennes, elle profita de la confusion de ce dernier pour pénétrer sa langue dans sa bouche. Le Lycan posa ses mains sur ses fesses, la soulevant du sol. Ses jambes s'enroulèrent autour de sa taille, bassin contre bassin. Il ne put réprimer un coup de reins.
Sa main se glissa dans les cheveux de son guerrier. Si soyeux.
Il descendit ses lèvres dans sa nuque et elle trembla au moment où la langue du Lycan lécha l'emplacement de sa morsure. Là où il l'avait marquée.
— Arian, j'en ai besoin.
— On pourrait nous voir.
— Je m'en fiche.
— Pas moi. Je n'ai pas envie que n'importe qui puisse te voir lorsque je te comble pour t'obliger à hurler mon nom.
Arrogant le p'tit loup.
Pourtant, la main de ce dernier se posa entre les cuisses de Jehanne, indiquant le contraire de ses pensées. Lui aussi avait besoin d'elle, elle le sentait. Mais il se retenait.
— Jehanne, qu'as-tu vu sur cette clé USB pour être dans un tel état ?
Il avait deviné sans que Jehanne ait eu besoin de lui révéler quoi que ce soit. Inutile d'être un génie pour le déduire de toute façon. Une personne jetant un ordinateur après avoir vu des images le faisait rarement parce qu'elle était heureuse de ce qu'elle avait aperçu.
Elle posa les pieds au sol, s'écartant d'Arian. Malgré la fièvre de désir qui bouleversait son corps, elle pouvait clairement voir sa liste noire dans sa tête.
— Tu as raison, nous ne devons pas le faire maintenant. Il y a des choses plus importantes à régler.
Elle tituba un instant, reprenant difficilement son équilibre alors que son esprit restait encore embrumé. Et tandis qu'elle commençait à reprendre la route, elle se tourna vers Arian, un sourcil levé. Il ne la suivait pas.
— Qu'est-ce que tu fais, sac à puces ?
— Je ne bougerai pas tant que tu ne m'auras pas expliqué ce qu'il se passe. Et vu ton état, je pense que lorsque nous arriverons dans la voiture, tu vas avoir besoin de moi pour te combler à deux endroits.
Il pointa sa gorge, et plus précisément sa jugulaire, avant de descendre sa main plus bas. Un dernier mouvement qui arracha un tremblement aux jambes de Jehanne. Elle qui pensait ne pas pouvoir ressentir plus d'excitation...
Il s'approcha d'elle, posant ses grandes mains sur sa poitrine avant de les descendre, les glissant sur ses fesses alors qu'il plongeait son visage dans le creux de son épaule. Elle le sentait qui s'imprégnait de son odeur. Et cela ne l'aida pas à tenir debout.
Comme s'il lisait ses pensées, Arian l'enveloppa à la taille de son bras. Puis, il se saisit de son menton, l'obligeant à le regarder droit dans les yeux.
Impossible de ne pas succomber.
— Je vais tuer Peter, céda-t-elle. Voilà ce qu'il se passe.
Il n'en fallut apparemment pas davantage pour motiver le Lycan. Il la lâcha bien vite, la soulevant dans ses bras pour l'emmener jusqu'à la voiture à une vitesse impressionnante. Même pour un Lycan de la carrure d'Arian !
— J'aurais bien aimé prendre une bouteille de vin, mais tuer Peter sera bien plus satisfaisant, déclara-t-il.
Une fois devant la voiture, Arian ouvrit la portière, ne lâchant Jehanne que pour la poser sur le siège passager. Il ferma et alla s'installer à la place du conducteur.
— Je peux conduire, tu sais ?
— Hors de question !
— Je vais appeler des organisations féministes si tu continues.
Néanmoins, elle n'était pas mécontente qu'il refuse. Jamais elle n'avait eu autant chaud de toute sa vie. Ajoutés à cela les battements saccadés de son cœur, son attention n'était portée que sur peu de choses : Arian, son entrejambe et sa gorge. Elle s'humecta les lèvres, habitée par l'impression soudaine d'avoir la gorge sèche.
Il démarrait la voiture, s'engageant sur les routes désertiques tout en se mordant les lèvres.
— Jehanne, je suis sur le point d'exploser là, s'expliqua-t-il. Donc si tu conduis, je doute de pouvoir m'empêcher de te sauter dessus, ce qui serait plutôt dangereux, tu ne penses pas ?
Jehanne observa la route, boudeuse. Elle était pourtant dans le même état.
— Comme tu voudras, déclara-t-elle d'un sourire malicieux.
Il s'était amusé avec elle il n'y avait pas quelques minutes, elle allait en faire autant.
Sa main se posa sur la cuisse d'Arian. S'il sursauta, son attention ne dévia pas de la route. Plutôt résistant pour un mâle à l'écoute des instincts de sa bête.
— Qu'est-ce que tu fais Jehanne ?
— Je te fais comprendre que je n'ai pas besoin d'être au volant pour nous mettre en danger.
Ses doigts, joueurs, sautillèrent jusqu'à la braguette d'Arian. Le pantalon était tendu à cet endroit-là, permettant de supposer une douloureuse érection qui avait besoin d'être apaisée.
Et alors qu'elle se mettait à le caresser, doucement au début, du bout du doigt pour éveiller de nouveau le désir insupportable, Arian sortit immédiatement de la route, s'arrêtant sur le bord de caillou et de terre à l'orée de la forêt. Il arrêta le moteur, détachant sa ceinture pour attraper immédiatement la main de Jehanne.
— Tu es plus cruelle qu'un succube.
— Je le prends pour un compliment.
Il porta sa main à ses lèvres, déposant un baiser sur ses doigts.
— Nous n'avons pas de temps à perdre, lui expliqua-t-il. Il faut trouver Peter, non ?
— Laissons-le vivre un peu plus longtemps. Tu m'as bien dit que j'étais ton âme sœur, non ? Alors, fais ton devoir. Satisfais-moi.
Et il n'attendit pas plus longtemps pour plonger sur elle.
Dernière mise à jour : 09/12/2024
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