Chapitre 20.2
Pourquoi ne me suis-je pas envolée ?
Jehanne se trouvait bien incapable de répondre à cette question. Son manteau sur ses épaules, ses ailes se seraient aisément et rapidement déployées. Mais elle n'en avait pas ressenti le besoin, ni l'envie. Tout ce que son corps réclamait n'avait ni queue ni tête.
Ralentissant le pas de course, elle s'appuya contre un arbre. Son cœur battait puissamment dans sa poitrine, son esprit divaguait. Plus tôt, Arian l'enlaçait, amenant ainsi une émotion dont elle ne souhaitait pas connaitre la nature.
Un hurlement bestial retentit en arrière. Elle ne pouvait pas se permettre une pause. Arian se mettrait vite à la poursuivre. Et puisque pour une raison ou une autre, elle ne ressentait pas le besoin de prendre son envol, elle reprit sa course. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait ni même où elle allait. Et ça ne semblait pas important.
Un son lui permit de comprendre que le loup l'avait flairé. Elle ne pouvait pas s'arrêter. Pourtant, l'idée qu'il se saisisse enfin d'elle lui apparaissait comme une excellente idée, une délivrance bienvenue.
Pourquoi lui pardonnait-elle facilement son comportement mesquin ?
Il a fait un mauvais choix, mais il pensait vraiment me protéger comme ça.
Ce n'était pas une excuse !
Soudain, une main s'écrasa puissamment sur la sienne, lui arrachant un cri de douleur alors qu'on l'empêchait de fuir. Jehanne se tétanisa. Elle ne criait jamais à la douleur. Pas lorsqu'elle était si minime.
Arian, qui la tenait fermement, la força à se tourner vers lui.
— Je t'ai attrapé, annonça-t-il d'une voix doublée.
Elle leva son regard vers lui, le plongeant dans le sien qui apparaissait tel un sortilège. Un sortilège tambourinant dans sa poitrine par des battements de cœur irréguliers. Son corps se réchauffa et ce brasier ne se calma pas lorsque l'imposant Lycan l'enveloppa dans ses bras avant de plonger sur elle pour s'emparer de ses lèvres dans un baiser passionné, à la fois tendre et puissant. Possessif.
Il enfonça sa langue en elle, presque hésitant. Mais lorsqu'elle leva le bras pour poser les mains sur son visage afin de l'attirer davantage contre elle, il n'y eut que de la confiance. De la confiance et de l'agressivité.
Son corps se remettait à trembler. Ce n'était pas de la peur, mais de la nervosité. Pourquoi Jehanne se sentait-elle nerveuse ?
Cela se confirma alors que d'un coup de griffe, il lui arracha sa robe. Une robe très chère qu'elle avait justement voulu voir demeurer en un seul morceau. La lueur dangereuse dans les yeux d'Arian lui interdit de se plaindre. Il était bestial, affamé, et pourtant le loup cherchait à se contenir.
— Tu ne vas pas libérer la bête en toi, n'est-ce pas ? Parce que je m'en vais tout de suite.
Un grognement. Un simple grognement. Arian devait encore être quelque part dans ce corps, mais le loup avait pris le dessus. La lune avait beaucoup trop d'effet sur lui. Affamé, il retira son haut – enfin ce qu'il en restait – révélant une pilosité montante.
Si elle s'enfuyait, il était presque certain que le Lycan la rattraperait au vu de son état actuel et de la Pleine Lune dans le ciel. Mais si elle restait ici, elle coucherait avec un loup-garou dans sa forme la plus... animale.
À bien y réfléchir, les loups n'étaient pas vraiment son truc. Alors, elle agrippa Arian et se fixa sur lui telle une sangsue en enroulant ses jambes autour de sa taille. Et elle se mit à boire sans s'arrêter. Le grognement mécontent d'Arian lui confirma que le Lycan comprenait ce qu'elle tentait de faire. Elle le vidait.
Malheureusement pour lui, si les Lycans étaient de très bons chasseurs, les créatures vampiriques étaient de très bons parasites. Lorsqu'ils s'agrippaient à quelqu'un, surtout pour se nourrir, il était quasiment impossible de s'en débarrasser.
Ce ne fut que lorsque le Lycan posa un genou au sol que Jehanne décida de le relâcher. Il était assez faible pour qu'elle puisse s'enfuir. Ce qu'elle fit immédiatement d'ailleurs.
Mais tandis qu'elle s'apprêtait déjà à décamper, le grondement monstrueux d'Arian dans son dos l'en dissuada. Elle se tourna vers lui.
Grossière erreur.
Le regard du guerrier posé sur elle, animal, presque dénué de civilité, la fixait ardemment. Il profita de sa confusion pour se saisir d'elle, ayant la force de l'attirer contre lui malgré le sang dont il avait été privé.
— Je...ne me transformerai jamais...complètement pour...te prendre...
Il avait toutes les difficultés du monde à communiquer. Cet effort, elle le reconnu à sa juste valeur.
— Tu ne t'es pas regardé. Tes crocs ont refait quasiment entièrement ta dentition et tu es poilu. Et... Mordiable, tu es immense !
Lorsqu'Arian se leva, Jehanne contre lui, la hauteur du monstre fut plus qu'évidente.
Arian empoigna fermement le manteau de Jehanne, visiblement peu intéressé par une discussion. Mais il était hors de question que le Lycan lui arrache ce vêtement ! Alors sa main cogna fortement sur le torse d'Arian et eu l'impression de frapper un mur d'acier. Ce que ça faisait mal !
Arian ne s'en préoccupa pas alors même qu'aux yeux de la Kèr il était inquiétant qu'un corps soit aussi dur. Néanmoins, elle était déterminée à ne pas se séparer de son manteau. Plus jamais !
Elle agrippa les mains déterminées d'Arian et celui-ci recula soudainement tandis que dans un bruit fort et menaçant, le manteau disparaissait pour faire place à ses ailes. Leur odeur putride et le sang qui en coulait n'avaient rien d'une fatalité. La plupart des Kères aimaient cet état, mais Jehanne préférait les laver. Ce qu'elle ferait dès qu'elle le pourra.
Cela ne suffit pas à arrêter Arian, qui attrapa de nouveau Jehanne. Excepté que cette fois-ci la femme était nue et que l'homme l'était à moitié. Enfin si l'on pouvait appeler cela un homme. Entre la bête et l'homme, Arian était beaucoup de chose, mais pas humain.
Son visage restait néanmoins le même. Elle ne pouvait pas en dire autant de son corps dont le volume avait triplé sans pour autant se défaire d'une musculature et d'une fermeté à toutes épreuves.
En voyant cela, Jehanne prit conscience qu'elle risquait de passer une sale nuit. Bien au lieu de fuir ou de s'horrifier, la kèr ouvrit ses ailes pour les envelopper tous deux, cachant la folie de la lune et ses conséquences.
***
La bouche posée sur la sienne captura la belle d'un baiser bien trop puissant pour qu'elle puisse s'en défaire. Arian l'empêchait de fuir, tout simplement.
Les ailes étranges de Jehanne le fascinaient, c'était un fait. Lui qui l'avait comparé à une elfe en posant pour la première fois ses yeux sur elle, commençait à se demander s'il n'était pas plus proche de la vérité qu'il ne le pensait. Jehanne semblait être telle une fée. Une magnifique fée plus grande que la moyenne, mais minuscule du point de vue d'Arian, ce dernier à moitié transformé. Le Loup ne prendrait jamais le risque de la mettre en pièce. Là où, avec une compagne de son espèce, il se serait déchainé, le Loup sembla presque...doux. Il ne se transformait pas totalement, et il retenait sa force pour ne pas la briser.
Plaquée au sol, Jehanne tortillait tout de même son corps, ne l'excitant que davantage encore. Elle ne paraissait pas comprendre le danger qui arrivait cette nuit. D'une main, le Loup se saisit de la mâchoire de sa femelle, entrouvrant les lèvres pour y introduire une langue sensible à la recherche du plaisir. Le geste surprit un instant la kèr, qui se tendit de cet assaut soudain, avant de resserrer les cuisses entre lesquels il trouvait refuge. Elle réagissait.
Néanmoins, le Loup ne se contenterait pas d'un simple baiser. Ni de préliminaire. Pas cette nuit.
Sa main glissa jusqu'à l'intérieur des cuisses de Jehanne. Elle tressauta et l'arrêta en posant ses doigts contre les siens. Une main frêle, petite et délicate. Une main qu'il porta à ses lèvres, regardant la créature lunaire dans les yeux. Qu'était cette émotion qu'il percevait sur son visage ? Comme pétrifiée, perdue, les lèvres entrouvertes pour laisser un souffle saccadé lui échapper.
— Arian, je ne peux pas...
La respiration de Jehanne devenait haletante, ses poumons se gonflaient, et sa poitrine effectuait des mouvements dangereux pour le cœur du Lycan.
Il glissa la main de Jehanne jusqu'à son érection.
— Comme toi...besoin de toi.
Elle cessa de respirer, inquiétant soudainement le Loup.
— Mais regarde-toi Arian. Tu es à peine... humain.
— Besoin de toi...
Le Loup grogna mais comprit que pour la première nuit, la première pleine lune, il devait laisser Arian communiquer. Un contrôle fébrile.
— Je...ne te ferai pas de mal... J'ai vraiment besoin...
Comme pour répondre à ses supplications, la main de Jehanne déboutonna son pantalon. Elle acceptait et cela fit perdre la tête au Loup, qui arracha son vêtement rapidement pour aller plus vite. Ses sous-vêtements ne furent pas épargnés lorsqu'il laissa son instinct bestial prendre le dessus, repoussant Arian pour ne plus le laisser que spectateur.
Son bras souleva facilement Jehanne, la positionnant à quatre pattes devant lui afin de se plaquer contre son dos. Il l'enveloppait entièrement de son corps, dans sa chaleur. De ses mains, il maîtrisa les fragiles et puissantes ailes au sol, arrachant un cri étrangement satisfaisait à la belle. Le sang et l'odeur émanant des plumes ne parvenaient pas à le repousser. Son âme sœur était ainsi faite, et le Loup l'acceptait.
Il n'était plus lui-même, son corps animé par ses instincts et les pulsions que lui insufflait la Pleine Lune. Sa première réponse fut physique. Sa femelle, pourtant incapable de se soumettre, se cambra pour lui. L'astre l'influençait-elle également ? Arian se posait la question, mais le Loup n'en doutait pas.
— Vas-y, l'invita-t-elle.
Il donna un coup de reins si brutal qu'au fond de lui il crut l'avoir blessé. Il ne l'avait même pas préparée. Alors même qu'il était plus imposant de partout avec sa carrure monstrueuse !
Le gémissement plaintif de Jehanne lui indiqua que ses inquiétudes étaient avérées. Le Loup attendit quelques instants, pour vérifier l'inquiétude d'Arian. Mais Jehanne se mit à remuer les hanches, plaquant son buste au sol pour l'inciter à reprendre. Son visage se tourna de profil, le regardant de ses beaux yeux lilas. La lueur rouge indiquait le plaisir lubrique qu'elle prenait. Le sourire provocateur qu'elle arbora lui fit perdre toute raison. Le Loup reprit.
Les mouvements de va-et-vient ne le satisfaisaient pourtant pas. Cela ne faisait qu'alimenter davantage son désir pour sa femelle. Il s'assit tout en prenant soin de rester en Jehanne tandis qu'il l'attirait sur lui, prenant ses hanches pour l'aider à garder le rythme rapide qu'il avait imposé entre eux. Les ailes de Jehanne se déployèrent pour l'envelopper alors qu'elle se tournait, lui faisant face, torse contre torse.
— Ne te renfrogne pas, elles font partie de moi, susurra-t-elle au creux de son oreille avant de mordiller son lobe.
Mais le Loup ne craignait pas cette particularité de son âme sœur. Il l'aimait tel qu'on le lui avait offerte, et la découvrait avec passion.
Elle s'empala de son propre chef, l'incitant à reprendre les rênes.
Les frottements des tétons de la femme contre sa poitrine capturèrent son attention. Il s'empara d'un sein pour prendre dans sa bouche l'appétissant petit bourgeon dont la couleur rouge le séduisait comme une plante carnivore attirait un insecte. En cet instant, Arian se sentait tel cet insecte qui se ferait dévorer par Jehanne, la plus sublime des fleurs. Une plante qui plongeait ses serres acérées dans la chair du Lycan. En réponse à cette attaque, il lui lacéra la peau. Elle parut apprécier, un cri lui échappant pour le récompenser.
Son âme sœur. Et il était en elle ! Un apaisement sans précédent l'envahi. Là se trouvait sa place, entre ces cuisses fermes, contre ce corps capable de massacrer ses ennemis, mais également doué d'une perversion à damner. Il pouvait se souvenir de sa pipe après tout !
— J'en veux plus, déclara-t-elle soudain.
Obéissant, il rallongea sa belle. Ses jambes sur ses épaules, il s'enfonça plus loin, gronda le plaisir qui le submergeait à nouveau. Elle enchaina les gémissements, créant une mélodie bien agréable à son oreille.
Les ailes se déployèrent de nouveau pour les envelopper. Les petites mains de Jehanne lui attrapèrent le visage. Elle l'embrassait. De ce contact qui paraissait presque innocent, Arian sentit quelque chose d'inédit s'insinuer en lui. De l'apaisement.
Il se revit dans la maison de son frère, seul en compagnie de son âme sœur. Là-bas, elle lui souriait, elle boudait aussi, et lorsqu'elle était mécontente de ne pas avoir son attention, elle lui offrait une fellation. Là-bas, ils dansaient sous la pluie, elle cherchait à en apprendre plus sur lui et ils se battaient avant de parler.
Là-bas, Jehanne lui soufflait à demi-mot qu'elle l'aimait. Ou qu'elle l'appréciait beaucoup.
Là-bas, il avait goûté au plaisir de vivre avec une âme sœur capable de l'accepter. Et il était prêt à tous les efforts pour retrouver ce bonheur effleuré.
Brusquement, Jehanne se contracta autour de lui et le Loup grogna, menaçant d'éjaculer. Ses crocs le démangèrent de la marquer dans sa chair. Ses ailes se plaquèrent au sol, soulevant un air puissant qui balaya les feuilles mortes et la poussière alentour. Elle était prête. Sans doute ne s'en rendait-elle pas compte, mais son corps, lui, attendait qu'il vienne jusqu'à son épaule.
Alors le Loup posa ses narines dans le cou de Jehanne, humant son odeur avec intérêt pour la reconnaître. Les instincts de Lycan prenaient le dessus pour vérifier ce qui était une évidence depuis le départ : Jehanne était son âme sœur.
Il la mordit à l'épaule, transperçant la chair si fragile de la créature tant attendue. Elle parut exploser tandis que tous les deux jouissaient ensemble. Seulement, la nuit venait tout juste de commencer, et le Loup n'était pas encore rassasié.
***
Jehanne tremblait. Après tant de rounds avec une bête insatiable et en chaleur, même une créature immortelle comme elle ne pouvait pas en ressortir aussi fraiche qu'une fleur et sa rosée matinale au printemps. Autrement dit, elle ne frissonnait pas de peur. Elle venait simplement de décharger toute la tension, tout le désir qui l'avait possédé durant tout ce temps. Malgré ce qu'il lui avait fait, elle devait se rendre à l'évidence : Arian lui avait manqué.
La raison d'un tel sentiment s'expliquait assez facilement. Il suffisait que la lune l'éclaire un instant et voilà qu'elle ne voyait plus que lui, comme un papillon attiré par la flamme d'une bougie.
Arian se retira enfin, la laissant étendue au sol. Jehanne ne bougeait pas, observant les arbres aussi dénudés qu'elle l'était en cet instant, dans le froid qu'elle ne sentait pas.
— Jehanne ?
Le Lycan se dressa au-dessus d'elle, passant un pouce sous ses yeux pour y recueillir une larme qu'il porta à ses lèvres. Il sourit.
— Tu es heureux, constata Jehanne.
— Tu ne pleures pas de tristesse, alors oui, je suis heureux.
Son apparence redevint plus humaine, la bête s'apaisant malgré la présence de la pleine lune encore dans le ciel. Le jour était une menace pour elle. Le Loup en avait-il conscience ? Cela expliquerait qu'il laisse enfin Arian reprendre le dessus.
De ces mains de guerrier, il s'amusa à décrire le moindre détail des ailes de Jehanne. Ses doigts dessinaient les courbes formées par des os souples et une musculature aussi discrète que puissante. Il lissa chaque plume, admirant l'anatomie des ailes miraculeuses qui n'étaient à la base qu'un manteau.
— J'ai lu des trucs sur les Kères. Est-ce que tu nettoies tes ailes ou tu les gardes en sang ?
Le sang de leurs victimes gorgeait le plumage. Il fallait les nettoyer régulièrement, à savoir au moins une fois par semaine. Le sang ne partait jamais totalement. Un phénomène bien mystérieux, même pour les Kères.
— Si quelqu'un portait ton manteau, il pourrait posséder tes ailes ?
— Ne rêve pas, il n'y a que sur moi que cela fonctionne. Les Kères naissent enveloppées dans un tissu écarlate imbibé du sang de leur mère et de placenta. Ce tissu, il est nos ailes. Elles naissent avec nous.
— Attends, tu veux me faire croire que lorsque tu es née tu possédais ce genre de manteau ? Il semble confectionné à une mode du présent. Il y a quelques siècles, ça a dû être difficile de ne pas te faire remarquer.
— Il évolue en même temps que moi.
Le Lycan hocha de la tête, se remettant à examiner les ailes de Jehanne qui commençait à être jalouse de ses propres attributs en train de lui voler la vedette. Alors qu'elle était là, devant lui, complètement nue, avec un corps qui paraissait insatiable cette nuit !
Jalouse de mes ailes, on aura tout vu.
Pire encore ! Arian paru déçu lorsqu'elle les fit disparaitre pour qu'elles redeviennent un manteau. Et dire qu'elle envisageait de peut-être lui pardonner sa trahison...
Le Lycan parut s'apercevoir des réactions de Jehanne, mais c'était trop tard. La femme se leva et tourna les talons, prête à partir.
— Attends Jehanne !
Il la retint en l'attrapant par le poignet. Ce contact lui arracha un frisson, l'obligeant à resserrer les cuisses et fermer les yeux pour se concentrer. Elle ne devait pas céder à ses pulsions.
Mordiable ! Mais pourquoi donc réagissait-elle au quart de tour cette nuit ?
— Lâche-moi ! hurla-t-elle en arrachant son poignet de l'emprise du Lycan.
Jehanne, qui avait pris bien trop d'élan dans son geste, perdit équilibre alors qu'Arian fut obligé de la lâcher. Le bras du Lycan l'enveloppa à la taille pour lui empêcher une chute solitaire. Tous deux se retrouvèrent à une distance bien trop proche, leurs corps dénudés se frôlaient timidement. Une timidité qu'Arian brisa en la rapprochant, la collant contre lui. La peau brûlante du guerrier contre la sienne lui arracha un cri, qui ressemblait beaucoup à un gémissement, qu'elle décida d'interpréter comme de la surprise.
— Jehanne, tu le ressens aussi, ce lien entre nous.
Elle se sentit rougir d'embarras. Pouvait-elle vraiment accepter cela ?
— La dernière fois que j'ai voulu y croire, j'ai appris que tu m'avais menti et manipulé, préférant obéir aux ordres de la Rébellion plutôt que de me considérer comme...plus importante.
La femme repoussa violemment Arian, qui recula de quelques pas. Une grimace annonça la douleur qu'il ressentait face à ce rejet. Il s'était déjà excusé, que pouvait-il faire de plus ? D'autant qu'elle agissait ainsi par embarras, en cet instant. Ce n'était pas juste pour lui. Ou peut-être que si !
— J'ai réellement cru bien faire. Ce que j'ai fait, je l'ai fait en pensant te protéger, Jehanne. Salathiel était prêt à te tuer, et en abusant de ta confiance, je voulais te sauver la vie. Que faut-il que je fasse pour que tu m'accordes une deuxième chance ?
— Que tu me laisses.
Sous la lueur de la lune, elle vit l'homme blêmir par tant de cruauté. Sa main, tremblante, se leva vers elle.
— Jehanne, ne me fais pas ça. Pitié...
Un homme qui tomba à genoux, l'attrapant doucement par les hanches pour la serrer contre lui. Il souffrait.
— Mon cœur aussi s'est brisé à ce moment-là. C'est douloureux, n'est-ce pas ?
Le regard d'Arian se leva vers le sien, une lueur d'espoir à cette déclaration de sa part.
— Je le mérite. Je le mérite...
Pas tant que ça. Les Lycans vivaient difficilement loin de leur âme sœur lorsqu'ils la rencontraient. Arian avait enduré des jours sans elle, et en la retrouvant il n'avait été confronté qu'à sa haine.
Ses deux mains se posèrent sur son visage. Elle se pencha vers cet imbécile, l'embrassant tendrement.
— Tu as sauvé mon manteau.
Un nouveau baiser.
— Tu étais prêt à affronter les Idoles, pour me protéger.
Le rejoignant au sol, Jehanne se saisit de la lèvre inférieure de son loup, la mordillant et recommençant son manège.
— Il n'y aura pas de prochaine fois, sac à puces.
Arian s'empara du contrôle, sa langue jouant avec sa jumelle.
— Je veux t'aimer jusqu'à la fin des temps, te garder ainsi dans mes bras pour toujours, ne jamais te lâcher. T'avoir là où je pourrais te protéger, te regarder.
Son visage s'infiltra dans le creux de son épaule, la faisant frissonner d'appréhension. Déjà, elle ressentait le besoin de l'attirer contre elle, fusionner leurs deux êtres. C'était totalement délirant. N'en avait-elle toujours pas assez après tant d'assauts d'un lycan en rut ?
— Là où je pourrais sentir ton odeur.
Sa main glissa dans la longue tignasse de la kèr, qui siffla comme pour le mettre en garde. Ou bien était-ce pour signifier qu'elle aimait ça ?
— Je t'aime Jehanne.
— Tu l'as déjà dit.
— Et je te le dirai encore et encore. Je n'arrêterai jamais. Tu es mon âme sœur.
— Si ça avait été une autre...
— Non, ça ne pouvait qu'être toi, la coupa-t-il d'un grognement agacé. Tu es celle qu'il me fallait. Tu es celle dont j'ai besoin. Tu seras mon seul destin pour toujours.
Son bras la ceintura pour unir leurs chaleurs en une. Le loup lécha sa morsure, retrouvant son attitude arrogante sans peine. Il avait suffi qu'elle lui accorde son pardon.
— Attends, fronça-t-elle les sourcils. Tu m'as mordu ?
Cela parut enfin monter dans sa tête. Certes, les lycans mordaient. Comme de nombreuses espèces du Téras. Mais là...
— Je t'ai marquée, lui confirma-t-il.
Et en plus, il ne cacha pas sa fierté, un sourire insolent sur le visage !
— Espèce de... bast ! insulta-t-elle en vieux français.
— C'est important pour moi que chaque mâle sache que tu m'appartiens.
— Je ne suis pas une possession.
— Je t'appartiens aussi, Jehanne.
La femme se figea de stupeur, ne s'étant pas préparée à entendre de pareils mots de la part d'un Lycan. Ces créatures étaient peut-être des bêtes, des animaux, mais ils demeuraient très fiers. Et plutôt portée sur des pensées arriérées.
— Tu...
Arian attrapa la main de Jehanne, la posant délicatement contre sa poitrine si ferme et robuste, coupant court à ses mots.
— Est-ce que tu sens mon cœur ?
Bien sûr qu'elle le sentait. Elle restait une créature hématophage.
— Il ne bat que pour toi, Jehanne. Si le roich est ta drogue, moi, c'est de toi dont je suis dépendant aujourd'hui. Tu as un pouvoir sur moi que je n'arriverai sans doute jamais à entièrement comprendre. Je t'appartiens.
— Tu m'appartiens, répéta-t-elle plus calmement.
C'était étrange. En particulier parce que l'idée qu'un Lycan lui appartienne lui plaisait énormément.
— Mais en retour...
Il l'attira dans ses bras, la serrant contre lui tout en plongeant son regard doré dans le sien.
— ... toi aussi tu m'appartiens.
Elle fut tentée de se laisser bercer par ces mots. Elle fut tentée de croire que le Lycan... qu'Arian était quelque chose pour elle. Son âme sœur. Sa destinée.
— Je peux...faire des concessions, finit-elle par marmonner, acceptant ce compromis.
La seconde d'après, elle était basculée au sol sous la carcasse massive du lycan au sourire ravageur.
— Dis-moi que tu m'aimes.
— Pourquoi tout à coup ?
— Parce que tu ne me l'as jamais dit.
— Va te faire voir. Je ne prononcerai jamais ses mots.
Bien au lieu de se vexer, le lycan affichait une expression amusée. Et hautaine. Cela ne présageait rien de bon.
— La Pleine Lune est encore suffisamment haute dans le ciel. J'ai le restant de la nuit pour t'obliger à prononcer ces mots, Jehanne de Leau.
Dernière mise à jour : 11/11/2024
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