Chapitre 13

« Amour me tue, et si je ne veux dire

Le plaisant mal que ce m'est de mourir :

Tant j'ai grand peur, qu'on veuille secourir

Le mal, par qui doucement je soupire. »

— Pierre de Ronsard, Amour me tue, et si je ne veux dire


Après l'alcool, la souffrance. Qui aurait cru que l'alcool de nain pouvait être aussi dévastateur ? Absolument tout le monde parmi les tératos. Et Jehanne ne tenait déjà pas bien l'alcool, alors de l'alcool de nain...

Le soleil ne semblait pas s'être totalement couché, mais cela ne l'empêcha pas de se détacher du lit. Quoique, le bras d'Arian autour de sa taille la gardait fermement contre lui.

— Reste plus longtemps, tu vas avoir froid.

Il l'attira, la maintenant dos contre son torse. Son nez trouva un chemin à travers sa chevelure, se plaquant contre sa nuque. Un frisson d'appréhension la fit cambrer pour lui offrir l'idée d'aller bien plus loin.

— Lorsque je serai en toi, Jehanne, mes crocs prendront possession de ta chair. Je marquerai ton corps pour que tout autre mâle posant ses yeux sur toi sache que tu m'appartiens.

Pour illustrer cette promesse, Arian mordilla son épaule, son toucher s'égarant sur sa jambe dénudée sous le drap. Le corps du loup se pressa contre elle, laissant une érection naissante se poser dans son dos.

Elle n'avait pas perdu la mémoire. Jehanne se souvenait de son comportement de la veille. En se rendant dehors, sous la pluie, elle s'était souvenue de son dernier jour en tant que kèr, sans obligation de se cacher. Puis les gouttes d'eau clappant dans le feuillage des arbres avaient lancé une mélodie. Jehanne avait dansé avec Arian avant de réclamer son attention.

Ses dents sur ses seins, ses doigts en elle insistant contre sa sensibilité, sa langue brûlante autour de son clitoris, elle se souvenait de tout. De son souffle chaud aussi, capable de la réchauffer sous une pluie glaciale. Et Jehanne ne regrettait rien.

Arian avait tout sacrifié pour elle, sans rien attendre en retour. Simplement parce qu'elle était son âme sœur. Les révélations de Daveth le lui avaient confirmé. Malgré son instinct paranoïaque, Arian était digne de confiance. Elle lui faisait confiance.

Cela ne signifiait pas pour autant qu'elle acceptait de rester ici, avec lui. Jehanne ne pouvait pas oublier aussi facilement son manteau et son souhait de vivre ensuite caché. Mais peut-être qu'après avoir récupéré son vêtement, elle envisagerait de laisser une chance au loup ?

— Tu ne me repousses pas, s'étonna le Lycan dans son lit.

— Si tu insistes.

La voici hors de ses bras, debout, et dans une jolie nuisette qui ne lui appartenait pas.

— Ta robe était entièrement trempée. Mais j'ai respecté ton désir de ne pas porter de sous-vêtements, avoua-t-il, amusé et fier de lui.

— Quel dommage que je ne te considère pas comme mon partenaire destiné. Tu aurais alors eu le droit à un spectacle bien plus sexy.

Aussitôt, le loup se redressa dans le lit, et Jehanne déguerpit en se retenant de rire. Entrant dans la salle de bain, elle oublia vite le beau mâle abandonné et se débarrassa du seul vêtement sur elle avant de faire couler l'eau. De l'eau froide. Encore.

— Je ne t'imaginais pas à préférer les douches froides.

Elle sursauta, n'ayant pas entendu Arian la rejoindre.

— Ce n'est pas ma faute si l'eau est froide.

— Tu ne sais pas te servir d'une douche ?

Il tourna une autre poignée.

— On règle la température ici. Tu as réglé au plus froid.

Arian la nargua d'une expression moqueuse, contractant ses pectoraux pour se gonfler et ainsi afficher sa supériorité. Torse nu, ses muscles mis en valeur se dessinèrent devant ses yeux. Son attention descendit plus bas. Sur la pilosité près du nombril et qui se perdait dans son pantalon tendu.

— Tu aimes ce que tu vois ?

— Je ne sais pas. N'est-ce pas étrange de prendre une douche en pantalon ?

Cette invitation sous-entendue, elle entra sous le jet d'eau, laissant Arian presque arracher sa tenue de nuit tant il se précipitait à la retirer. Elle tournait volontairement le dos, ignorant le beau mâle qui ne devait attendre que son attention toute entière. À la place, elle s'empara d'un savon pour nettoyer sa propre peau.

— Ne m'ignore pas, Jehanne.

Son bras saisit, il la fit pivoter, se pressant contre elle. Son érection pulsait sur le ventre de Jehanne. Elle se lécha la lèvre. Allait-elle lui demander de la prendre là, dans une douche ?

Ses bras s'enroulèrent, s'appuyant pour que ses jambes en fassent tout autant autour la taille d'Arian. Et ses serres percèrent la peau, sa bouche se posant sur son épaule pour le dévorer. Voilà ce dont elle avait besoin. De son sang, de son nectar pulsant dans sa gorge, ranimant son corps. Une essence de vie d'une qualité supérieure.

— Est-ce que tous les lycans ont ce goût ?

— J'espère que non.

Ses serres lui rappelèrent que sa place n'était pas ici. Jehanne était une kèr et elle avait abandonné un morceau d'elle. Mais si elle s'y prenait bien, peut-être qu'Arian accepterait de la laisser partir ? Mon manteau...

Elle retourna à son repas, sa main saisissant le membre dressé du Lycan pour le masturber au rythme de ses aspirations. Le grognement d'Arian confirma qu'il appréciait beaucoup ce qui se passait, la plaquant davantage contre la paroi de verre.

Il a déjà tout sacrifié. Et je m'apprête à lui demander encore plus.

— Arian, est-ce que tu m'aimes ?

La question eut son effet. Le loup venait d'éjaculer.


***


Jehanne se comportait différemment à d'habitude. Sa question l'avait surpris, et le fait de la voir observer sa main souillée de son sperme n'aidait pas à comprendre. Qu'est-ce qui avait changé entre aujourd'hui et hier ?

Prenant son visage en coupe, Arian déroba un baiser à Jehanne.

— Je t'aime. Tu es mon âme-sœur, Jehanne.

Mais était-ce seulement ça ? Daveth avait connu l'amour, lui. Rien d'aussi fort qu'avec une âme-sœur, certes, mais il avait choisi sa femme. Pas Arian. Il avait parfois ressenti de l'attirance, peut-être de l'affection, mais jamais rien d'aussi fort que de l'amour. Et avec Jehanne, tout lui apparaissait bien plus intense.

— Je..., commença-t-elle timidement.

Elle voulait lui parler, mais son hésitation perceptible lui fit comprendre que le sujet était sérieux pour elle. Arian eu alors très envie d'entendre ce qu'elle avait à dire.

— Oui ? insista-t-il tout de même, impatient.

— Je dois te parler. Mais pas...ici.

Alors, il l'aida à se nettoyer et tous deux sortirent de la douche. Sur leurs corps, les gouttes d'eau perlaient, s'échouaient sur le sol. Jehanne s'essuya avec une lenteur involontaire. Ne pas la regarder faire était un supplice, au même titre que de l'observer avec attention. Elle lui tendit sa serviette, acceptant de partager ainsi son intimité avec lui.

Jehanne se rendit dans la chambre, il la suivit de très près. Mais Jehanne, n'ayant rien à se mettre, se tourna vers lui d'un air interrogateur.

Il courut presque pour ouvrir le placard dans la chambre, sortant de nouveaux vêtements pour sa compagne. Short et débardeur. Parfait ! N'oublie pas la culotte ! Il n'oublia pas la culotte. La vampiresse ne s'offusqua pas de l'absence de soutien-gorge, s'habillant devant lui, qui sortit précipitamment pour aller chercher des vêtements à se mettre sur le dos. Pour la garder à l'aise.

— Je n'ai pas envie de voir mon frère à poils, bordel ! s'énerva Daveth alors qu'Arian se précipitait dans le couloir.

Il ignora son frère, s'habilla avec des vêtements appartenant à ce dernier et...

— Attends Arian.

Pas maintenant Daveth ! Ma compagne va peut-être enfin accepter qu'elle est mon âme sœur !

Pourquoi cette pensée lui traversait-elle l'esprit ? Était-ce parce qu'il l'espérait de tout son cœur ? Peu importe. Il se tourna vers Daveth, acceptant de ne pas retourner tout de suite dans la chambre.

— Je dois partir quelques jours. Vous ne pourrez pas partir du Téras.

— On est dans le Téras ?

— Pas encore. L'horloge sonnera lorsque ça arrivera.

Daveth pointa une vieille horloge qui paraissait cassée.

— J'ai ma propre clé, que je vais emporter avec moi. Je reviendrai dans deux ou trois jours. Vous devrez rester dans la maison et ses alentours durant quelques jours.

— D'accord.

— Est-ce que ça va aller ?

Un Lycan enfermé avec son âme sœur durant plusieurs jours ? Qu'est-ce qui pourrait mal se passer ?

Il rassura son frère d'un mouvement de la tête et repartit aussitôt auprès de Jehanne. La créature de rêve posa ses yeux lilas sur lui, une hésitation pesante dans le regard. Il la rejoignit, s'asseyant sur le lit à son côté.

— Alors ?

Dis-moi que tu m'aimes aussi.

— Je... Peut-être que je ne te déteste pas autant que prévu. Et peut-être que j'envisage de croire en ton histoire d'âme-sœur.

Arian retint son souffle. Elle n'avait pas encore fini qu'il sentait déjà son espoir se concrétiser. Si elle l'acceptait lui, si elle acceptait leur lien, il osait croire qu'elle le rejoindrait dans son combat. Cette histoire de manipulation disparaitrait. Il profiterait de quelques jours, de quelques semaines en sa compagnie. Elle quitterait les Idoles pour de bon, ils s'uniraient sur une même pensée. Et elle lui pardonnerait d'avoir menti.

— Et...je ne te mens pas en l'affirmant.

— Je te crois, Jehanne.

— Mais j'ai vraiment besoin de partir.

Tout aussi facilement, le charme se rompit. L'excitation tomba. Il devait avoir mal entendu.

— Juste quelques jours. Ensuite, je reviens.

Non, son ouïe ne lui jouait aucun mauvais tour. Jehanne voulait encore le fuir. Mais ce n'était pas logique. Habituellement, elle se tairait et trouverait un moyen de lui passer sous le nez sans le prévenir.

Tentait-elle une nouvelle stratégie en espérant que cela puisse fonctionner ?

Inspirant profondément, Arian voulut d'abord l'écouter jusqu'au bout, essayer de la comprendre. De son propre point de vue, elle n'était pas le genre de femme capable d'affirmer envisager être son âme sœur sans le penser un minimum.

— Pourquoi dois-tu partir ?

Ses petites dents blanches mordirent nerveusement sa lèvre rose.

— J'ai... Je veux récupérer mes affaires. C'est vraiment vital, Arian. Je sais ce que tu as fait, ce que tu as laissé pour m'aider et le mal que tu t'es donné pour nous cacher de la Rébellion. Mais j'ai absolument besoin de partir prendre ces affaires.

— Il n'en est pas question.

Arian se leva, serrant le poing, symbolisant sa rage montante. Elle voulait sans aucun doute prendre de son roich. Et il s'était promis de l'en sortir.

Soudain, il vit passer un objet à côté de son visage. Un vase qui s'écrasa contre un mur, éclatant en mille morceaux. L'eau laissa sa trace sur le bois clair et les fleurs s'éparpillèrent, quelques pétales se collant et glissant pour trouver le sol.

— Mais ça ne va pas ? On est chez mon frère, gronda-t-il contre Jehanne qui venait de balancer ce bouquet de fleur.

— Va te faire voir ! J'ai demandé poliment et je t'ai même promis de revenir, mais non, Monsieur le Loup grogne ses ordres comme si j'étais sa putain de prisonnière.

— Tu n'es pas prisonnière. Je te protège !

Elle lâcha un rire sarcastique, le dévisageant avec un mépris ouvert.

— Eh bien, si je ne suis pas prisonnière, tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je ne te demande pas ton avis.

— Je voudrais bien te voir essayer, tiens, se moqua-t-il d'elle.

Furieuse, elle se saisit de n'importe quoi pour le lui lancer à la figure. En outre, un oreiller et une statuette qu'il prit soin de rattraper. Daveth ne serait pas très content en revenant.

Jehanne profita de ce sauvetage pour sortir de la chambre sous son nez. Il pesta, posa la figure de loup et partit à la poursuite de Jehanne. Il la rattrapa dans les escaliers.

— Je ne vais pas te laisser partir comme ça, grogna-t-il.

Jehanne chercha à l'imiter, grossièrement, montrant les crocs et grognant. Un grognement qui ressemblait d'ailleurs davantage à celui d'un petit animal inoffensif plutôt qu'à celui d'un lycan féroce.

— Tu vois ? Moi aussi je sais grogner et montrer les crocs !

Et la voici qui se dirigeait vers la sortie. Tout ça pour son fichu roich !

— Même si je dois t'enchaîner pour ça, tu ne partiras pas chercher ta putain de dose.

— Je ne suis pas une toxico ! hurla-t-elle.

Il la saisit au bras, la lançant en arrière plus fort que prévu. Elle tomba.

— Espèce d'enfoiré.

Aussitôt, la vampiresse lui sauta dessus. Son but était visiblement de le frapper. Ses petits poings donnèrent des coups de plus en plus rapides. Arian esquiva avec facilité, preuve évidente qu'elle était affaiblie. La roich avait à ce point affaibli de Papillon écarlate.

— Ose me dire que si je te laisse sortir, tu n'iras pas prendre ta dose ?

— Je n'irai pas !

Il saisit son poing en plein vol, riant jaune.

— Alors que vas-tu chercher comme affaire ? Tu n'as rien, Jehanne. Pas de domicile, pas d'ami, pas d'argent.

Elle se figea. Puis le monde vacilla. Jehanne venait de le faire passer par-dessus son épaule, ce qui n'était pas normal. Mais il ne resta pas longtemps à terre, sur le dos.

Sa prise se ferma sur sa cheville et elle tomba à son tour. Les deux se relevèrent et prirent position. Et Jehanne réutilisa sa bonne vieille technique. Elle lui jeta un vase à la tête. Il se baissa pour l'esquiver et évita de regarder vers les débris.

— Va te faire foutre ! J'ai des tas d'amis ! Et j'ai des affaires !

— Ah oui ? Dans ce cas, si ce n'est pas du roich, qu'est-ce que tu souhaites tant récupérer ? J'aimerais beaucoup le savoir.

— Je veux mon manteau !

Nouveau projectile lancé à pleine vitesse. Puis des livres. Là, son frère allait vraiment le tuer.

— Un manteau ? s'étonna-t-il d'une réponse aussi grotesque.

Il pesta lorsqu'elle se remit à courir vers la sortie. L'attrapant aux hanches, Arian la plaque contre un mur.

— Un manteau ? Mensonge. Est-il plus important que moi ?

— Ouais, il l'est. Pousse-toi, sale clébard ! Je te hais ! Je regrette tout ce que j'ai dit. Je ne veux plus te voir, c'est impossible que tu sois mon âme-sœur.

— Pourquoi ? Pour un simple manteau ?

Hurlant dans sa colère, il frappa le mur, enfonçant le poing dedans.

— Pourquoi !

— Parce que je suis une kèr ! répondit-elle du tac au tac.

Alors voilà la raison pour laquelle les Idoles veulent s'en débarrasser.

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Dernière mise à jour : 31/07/2024

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