On m'a chanté enfant tous ces contes et ces rêves,

Qui ne prennent racine que par les voix transmises,

Et ne deviennent vie que quand la nuit se lève,

Au creux de mon esprit qui les joue à sa guise.

Par les yeux des légendes, j'ai vu l'aube des mondes,

L'innocence de l'enfant qui n'a vu que l'amour

Et sans connaître encore les orages qui grondent,

Embrasse sans distinguer les nuits et les jours.

Par les yeux des légendes, j'ai vu les royaumes

Détruire et brûler les villages et les champs

Faucher les semences et les âmes des Hommes

Éteignant en un coup le sourire d'un enfant.

Par les yeux des légendes, j'ai vu les années

Passer sur les villes et faire pleurer le ciel

Comme j'ai vu bien des Hommes et des mondes sombrer

Pour un grain de trésor au couleur de miel.

Par les yeux des légendes, j'ai vu venir l'espoir

Comme une flamme, un soir, qui s'allume à la nuit,

J'ai entendu les songes et les murmures des sages

Qui parlaient à un peuple caché sous la pluie.

Par les yeux des légendes, j'ai vu la vie briller,

J'ai vu en une brise se lever un héros

Un homme brisé, mais aimant et aimé

Qui portait la justice comme lourd fardeau.

Par les yeux des légendes, j'ai regardé l'épée

Fendre l'or trompeur et les jeux de la cour

Pour redonner au peuple sa liberté rêvée

Et aux mondes troublés la paix de l'amour.

Par les yeux des légendes, j'ai connu les vengeances

Les quêtes d'amour et les trésors volés,

Les héros de ces jours qui défient l'arrogance

Armés de leurs souvenirs et des rêves de paix.

On m'a chanté les quêtes et les nobles destinées

Des héros solitaires face aux rires des tyrans

Mais je n'ai vu plus beau et plus noble trophée

Que celui que l'on sème tous les jours en aimant...