J'émerge tout doucement de la sieste dans laquelle je me suis plongée aux alentours de 17 heures.

Oh non, non, non, putain, il est 20h30, quelle idiote je suis de ne pas avoir mis de réveil, il va m'attendre et il finira par sans aller, je n'ai ni son adresse, ni son numéro de portable. J'aurai dû dormir plus la nuit dernière!

Je file à la douche et par manque de temps, je ne lave pas mes cheveux. J'enfile un jean gris, un débardeur blanc et un joli gilet long noir achetés le mois dernier chez M&M, puis je mets mes sneakers blanches.

J'ai presque marché deux fois plus vite que d'habitude ce qui me vaut quelques minutes de retard en moins.

Il est 20 heures 54, j'espère qu'il est encore là.

Je m'avance vers l'endroit où nous nous sommes donné rendez-vous hier. Je vois une grande silhouette se dessiner ce qui me vaut un soulagement, un soulagement de courte durée. Il est debout face à une fille qui doit avoir à peu près mon âge, grande, environ 1m75, la peau matte et ses cheveux sont d'un blond flamboyant, je me stop net, mon cœur danse le cha-cha dans ma poitrine mais je me reprend en main quand mon esprit reprend les commandes.

Tu ne peux pas être jalouse de cette fille, tu ne sais pas qui s'est, de plus c'est toi qui est retard et il n'a aucun compte à te rendre tu n'es plus ni moins que son ex.

Il est dos à moi, je tousse et lui tapote l'épaule.

-"Ah, je ne croyais pas te voir arriver un jour, tient Jonah voici Sarah, Sarah voici Jonah."

Elle me regarde de haut en bas et me salut d'un petit sourire narquois, je reste polie et mature en lui répondant amèrement :

-"Ravis de faire t'as connaissance."

Elle se détourne de mon regard, adresse un tendre baiser sur la joue de Wayne et susurre:

-"A très vite." et se mord la lèvre inférieur, je me sens un peu de trop ce soir.

Il se tourne vers moi et me dit un peu gêné:

-"Excuse moi ce n'est qu'une connaissance, c'est la vendeuse de la superette au coin de ma rue et je suis tombé par hasard sur elle, c'était vraiment pas prévu."

-"C'est bon, ne t'en fait pas, je suis contente de ne pas en avoir vu plus, vous avez l'air de bien vous appréciez."

J'avoue que je fouine un peu dans les affaires qui ne me regarde pas mais après tout c'est avec moi qu'il était prévu ce "rencard" pas avec cette fille hautaine.

-"Bon, pourquoi, tu m'as fais poirauter aussi longtemps ?"

-"Excuse moi, je me suis endormie, j'ai fait aussi vite que possible."

-"Tu es là maintenant c'est le principal, j'ai remarqué que les cabanes à churros ont commencé à rouvrir, ça te dis un cornet?"

-"Avec plaisir."

Je crois qu'il n'a pas remarquer le nombre de kilos que j'ai pris en 3 ans, sinon il ne me proposerai pas. Au nombre de problèmes que j'ai du affronter ces temps si, je crois bien que mon bouclier est devenu ma couche de graisse à la superficie de mon ventre.

Il prend 10 churros au nutella et au caramel beurre salé, quel délice.

Les lampadaires restent allumés plus longtemps, la saison estivale approche.

Je brise le silence:

-"Bon, comment vont tes parents?"

-"Mon père s'est trouvé une nouvelle femme, enfin je devrai dire fille, voir jeune fille, donc tout va pour le mieux, ma mère apprend à passer à autre chose et se reconstruit, elle est toujours aussi forte."

Je sens l'hésitation dans sa voix, l'histoire de son père m'intrigue je me permet de lui poser une question:

-"Jeune fille? Qu'est-ce-que tu entends par là? C'est sûrement indiscret, tu peux ne pas répondre si ça t'embarrasse."

-"Non t'en fais pas, enfaite mes parents se sont séparés suite à l'infidélité de mon père avec cette nana de 22 ans, qui attend seulement son héritage."

Nous continuons de parler de lui, de ses études, comment il fait pour les poursuivre sachant qu'il a déménager, ces flirts qui n'ont jamais concluent, ce sujet me met mal-à-l'aise.

Sa voix s'efface et laisse place aux souvenirs de cette super pétasse, Sarah, hautaine, qui m'a prise de haut tout à l'heure, je ne vois même pas pourquoi je m'attarde à penser à elle, il ne se passe rien entre eux et même si c'était le cas je ne suis personne pour l'en empêcher.

Et il me rappel sur Terre.

-"Jo, Jo."

-"Oui."

-"Alors qu'est-ce-que t'en pense?"

Il lit dans mes pensées, j'ai les yeux grand ouvert et il me sourit en baissant la tête.

-"Tu ne m'as beaucoup parler de toi et il est tard on peut se voir demain ? Et peut-être à un autre endroit ?"

-"Excuse moi, je suis désolé mais demain je retourne à la fac, et je ne pense pas avoir le temps mais après-demain mon emploi du temps est un peu plus souple si ça te convient ?."

-"Oh, tu es à la fac c'est génial !."

-"Je te parlerai de tout ça mardi, histoire de laisser du suspens." un sourire incontrôlé m'échappe, celui-ci vient du cœur.

Je serai contente de voir sa nouvelle maison et sa mère par la même occasion.

-"On peut se voir chez toi ? Ca me ferai plaisir de revoir t'as mère."

La lumière dans ses yeux disparaît, puis il me répond.

-"Non, allons plutôt chez toi, ma mère est bien trop occupée avec le déménagement et je craint qu'elle ne puisse t'accorder le temps que tu désire, et honnêtement je préfèrerai largement voir ton appartement ou t'as maison?"

-"Mon appartement" Dis-je dans un rire étouffé.

-"Très bien, alors à mardi dans ton appartement !"

Je ne compte pas lui accorder une bise sur les joues ou une accolade, ce serai bien trop étrange, du coup je lui fait un signe de la main et me tourne pour partir.

Quand j'arrive chez moi, je commence par ranger le bordel que j'ai foutu à cause de mon satané retard, je me fait réchauffer des pâtes bolognaises, mon ventre cri famine, les churros n'ont pas su le contenter.

Je me met en pyjama et sors un nouveau livre que j'ai acheté il y n'y a pas longtemps. C'est l'histoire d'un couple trop unis, qui finit par se diviser, à ce que j'ai compris dans le résumé, ils arrivent à se remettre ensemble grâce à la pratique du libertinage, qui ne durera qu'un temps car la tromperie prendra le dessus, plutôt gai, tout ce qu'il me faut en ce moment, amour, tromperie, deuil.

Il est 23 heures 30 quand je dépose mon livre sur ma table de chevet, pour tomber dans les bras de Morphée.