13 | Vider son sac

Il a laissé un sillon derrière lui, et je ne parle pas uniquement du bois de santal qui rappelle sa sourde présence. Non, il a laissé une petite entaille, pas très profonde, juste assez pour être impossible à ignorer telle une coupure de papier invisible mais agaçante.

Égratignure qui occupait mes pensées et diluait mes occupations.

J'avais beau faire semblant de me concentrer sur mes mails, tergiverser sur ma playlist ou me focaliser sur quelques lignes de mon livre. Mes pensées dérivaient invariablement vers l'impression qu'une perturbation m'observe comme un prédateur tapis dans l'ombre.

Impossible d'envoyer vers l'oubli cet étrange trouble qui me colle à la peau depuis son départ. Rien n'y faisait. Il faut bien que je me rende à l'évidence. Quelque chose ne va pas et je n'arrive pas à comprendre quoi.

J'aurais dû passer à autre chose. Le travail de César terminé mon esprit aurait dû être plus léger. Pourtant j'avais la désagréable impression d'être dans un piège prêt à se refermer sur moi.

Posant mon bouquin et mettant mon déni de côté, je décide de faire l'état des lieux comme une adulte responsable, afin de déceler ce qui tracasse tant mon subconscient. Notamment en faisant la liste des problèmes qui s'accumulent et que j'ignore assez volontiers depuis plusieurs jours.

D'abord il va bientôt falloir trouver un moyen pour continuer à payer le loyer, pour ça, je vais absolument avoir besoin d'un emploi. La perspective de me retrouver dans un bureau à devoir sourire à des inconnus fit gonfler ma lassitude.

J'aurais dû accepter le fric de César !
Susurra le Jiminy Cricket de mon immoralité.

Non !
L'argent sale ça n'apporte que des emmerdes,
le renvoyais-je fissa.

Oui mais tu as mis ton nom sur les documents, donc les emmerdes risquent de te tomber dessus quand même et gratos !

Cette évidence qui n'avait pas encore percutée libéra les drogues qui font que tu perds tes facultés d'analyse. Mon pouls de concert avec mon cerveau fait dans la démence, tandis que des frissons de crainte et d'épouvante prennent possession de moi.

Je créé des scenarios improbables mue par un profond sentiment de paranoïa que j'ai hérité de mon père. Et, tout ce que je déteste dans cette vie illégale, se déverse sur moi comme un cyclone. Impossible de créer deux connexions neuronales cohérentes, tout devenait très clair mais surtout très sombre.

Le Sherlock Holmes en carton qui sommeille en moi surgit tel un diable hors de sa boite pour me suggérer la pire chose imaginable : et si c'était un flic qui suivait Cardini ?

Rien de plus pourri qu'un flic qui, lorsque ça l'arrange, profite de la situation pour jouer au truand. Après tout, ce ne serait pas la première fois qu'on voit un ripoux utiliser des méthodes peu conventionnelles.

Il faut croire que cette probabilité était suffisamment horrifiante pour que je sois convaincue que ce soit la bonne. La seule, l'unique possible. C'est mon côté masochiste qui anticipe toujours le pire pour ne jamais être prise au dépourvu.

Se réveilla soudain en moi le besoin incontrôlé de fuir loin du danger imminent. Dans mes pensées je suis déjà en cavale quelque part au Panama sous une fausse identité, tandis que ma tête est placardée dans tous les commissariats de France.

Alors qu'en vrai je suis juste figée sur mon lit car, si je devais m'enfuir, je serais incapable de choisir ce que j'abandonnerai.

Et puis, je n'ai même pas de valise, me lamentais-je en m'attrapant la tête.

Certaine de pouvoir reconnaître un flic quand j'en vois un, j'ai besoin de voir cette vidéo encore une fois. Je ne pourrais pas avoir la conscience tranquille tant que je n'aurais pas analysé les moindres faits et gestes de cet homme.

J'allume une cigarette et compose le seul numéro qui pourra m'aider : Eduardo. Nada. Il est sur répondeur et mon angoisse monte d'un cran. Va pour un sms lui demandant de m'envoyer la vidéo.

M'occuper. Il fallait que je m'occupe pour chasser les tourments. Mais je ne pouvais pas penser à autre chose, la trouille travaillait mon inconscient.

Dix minutes plus tard lorsque mon téléphone sonne enfin, je me jette dessus. Déçue, j'hésite à décrocher en voyant apparaître le prénom de Flavia.

- T'es chez toi ? Demanda-t-elle de sa voix pétillante à qui on ne refuse rien.
- Heu... Oui, mais...
- Super ! J'arrive dans cinq minutes !

Sans me laisser le temps de protester, elle a raccroché. Malgré mon envie de ne voir personne, je me résigne en espérant que ses bavardages vont obstruer mes pensées et m'aider à arrêter de délirer.

Même si je sais d'avance que ça va être difficile de ne rien laisser paraître de mes tourments, je me raccroche à l'idée qu'elle m'a vu en bien pire état. Après tout on a partagé la même cellule pendant quinze jours, forcément ça créé des liens.

Malheureusement ça commence mal, parce que son grand sourire n'était pas assez lumineux pour éviter à la vilaine trace de strangulation dans son cou de me sauter aux yeux.

Mon pouls s'accélère tandis que je me force à garder une neutralité de façade. Croyez bien qu'à cet instant, face au réel, mes inquiétudes imaginaires se sont éclipsées au dernier rang tout au fond de la classe.

Ces traces violacées ne sont pas l'œuvre de Fabio. Il est con et ils ont une relation instable, mais lui et Eduardo ont ça en commun c'est que jamais - au grand jamais - ils ne feraient de mal à une femme.

Non, ces marques c'est la signature de Samuel, son ex. Celui qu'elle se décide toujours à quitter. Bientôt. Sauf que c'est à chaque fois pire.

Je ne veux pas créer un malentendu, ni la mettre mal à l'aise. Cette conversation nous l'avons eu à plusieurs reprises, que ce soit subtilement ou de manière directe, et je sais qu'elle n'est pas prête à se libérer de cette emprise.

Mais bordel, comment une bombe qui a le pouvoir de laisser les hommes les poches vides avec juste un mouchoir pour pleurer, peut-elle accepter un tel traitement ?

Peu importe la réponse, dans ma tête je conclu que c'est lui qu'il va falloir éloigner, par la force et le plus vite possible.

- Tadam ! S'exclama-t-elle joyeusement en sortant de son sac une dizaine de bouteilles d'alcool miniatures tout en trépignant simultanément sur place.

J'adore ces mignardises ! Il faut bien avouer qu'au vu de mon état général ce n'est peut-être pas la meilleure solution, toutefois elle est la bienvenue.

Après plusieurs shot de Tequila à l'écouter me raconter tous les ragots, les potins et même les nouvelles politiques, j'étais parvenue à refouler mon angoisse.

Une multitude de notifications arrivent en cascade et la coupent dans son monologue. Elle pianote sur son téléphone une réponse tandis qu'un léger sourire s'étire sur ses lèvres.

Je connais bien ce sentiment et ce que cela signifie, alors je détourne le regard pour ne pas y penser.

L'année dernière pendant quelques semaines j'ai eu un rapprochement virtuel avec un parfait inconnu. A une époque lointaine s'aurait été une jolie relation épistolaire mais à mon époque, où internet et les réseaux sociaux codifient les rapports amoureux, c'était juste une banale et inutile perte de temps.

Nos échanges ont fini par faire naître la jalousie en moi. Je détestais celle que je devenais, celle qui attendait ses réponses, celle qui pensait nuits et jours à lui et qui tombait inéluctablement amoureuse.

Et puis un soir, il ne m'a plus dit bonne nuit, ni les soirs suivant. Blessée dans mon amour-propre, je l'ai bloqué et j'ai décidé de disparaître. Une façon comme une autre de ne pas l'imprimer dans l'éternité de ma mémoire.

Pour ne pas être tentée de relire un million de fois ses messages, ni lui donner l'opportunité de me recontacter, j'ai fracassé mon téléphone et changé de numéro.

Oui, je suis excessive ce n'est pas nouveau et ce n'est pas le pire trait de mon caractère.

- Et sinon, t'as des nouvelles de ton ex ? Lâchais-je de but en blanc.

Elle fait la sourde en continuant à pianoter, alors j'élève la voix et précise ma pensée de façon à obtenir une réaction.

- Je parle de ce connard de Samuel...

Elle lève enfin les yeux en essayant de rester neutre mais son visage laisse paraître tout ce dont j'ai besoin de savoir. Et cet imperceptible moue honteuse qu'elle tente de dissimuler derrière un triste sourire suffit à me fendiller le cœur.

Je constate également qu'elle n'enchaine pas avec ses habituelles excuses auxquelles personne ne croit. Une espèce de salade composée d'un cadeau incroyable qu'il lui a offert pour se faire pardonner et de changements extraordinaires qu'il promet de faire.

J'ai envie de le tuer !

Ce n'est pas le moment de remuer le couteau dans la plaie alors, pour conjurer cette inutile colère, je l'enlace en caressant ses cheveux d'ébène pour qu'elle n'oublie pas qu'elle a beaucoup plus de valeur qu'elle ne le pense.

- Tu restes dormir, décidais-je pressentant qu'elle avait besoin de ma présence.
- Vraiment ?! S'enthousiasme-t-elle

Oui vraiment. Mise à part Eduardo, j'évite au maximum d'inviter des gens chez-moi par crainte qu'il ne leur arrive quelque chose à cause de ce qu'il s'est passé il y a trois dans ma maison d'Istok. Cependant, ce soir, je suis prête à faire une exception.

Au même instant celui-ci m'envoi la vidéo que je lui ai demandé. Sitôt que je la démarre ses yeux louchent par-dessus mon écran figé sur le pirate.

- Comment tu l'as connu ? Demande-t-elle innocemment.
- César... marmonnais-je
- Il est vraiment grand, hein, insiste-t-elle. Vous couchez ensemble ?

J'ai du mal à ne pas révulser les yeux.

- Non pas du tout, coupais-je.
- Dommage, j'aurais bien voulu savoir si tout est proportionnel, lâche-t-elle le plus naturellement du monde.

Silence, je suis bien trop occupée à scruter le moindre élément qui pourra m'aider à y voir plus clair pour m'engager dans ce genre de débat.

- Avoue qu'il te plait, me taquine-t-elle espiègle.

- Alors là pas du tout, c'est absolument pas mon style ! Mentis-je à moitié.

- Ah oui ?! Et c'est quoi ton style d'homme ?

Trop c'est trop, je ne vais jamais pouvoir me concentrer si elle continue à bavarder.

- A distance, mort de préférence, lâchais-je cynique le regard meurtrier.

Ses pupilles sombres rivées dans les miennes, elle tente de discerner le sérieux de l'exagération, et choisi d'enfoncer le clou pour vérifier si c'est bien dans un cercueil que je souhaite le voir.

- Ah, dommage. Moi je le trouve beau et mystérieux, un peu triste mais ...

- Inutile de jouer l'entremetteuse c'est trop tard, je suis une femme mariée maintenant, claironnais-je en agitant devant ses yeux le dos de ma main pour lui présenter un annulaire qui, manque de bol pour mon cinéma, est dépourvu d'alliance.

Ce qui devait me servir de joker s'avère être un fiasco. Elle ria exagérément face au grotesque de la situation et parce qu'évidemment elle ne croit absolument pas à ce mensonge.

Résignée mais pas vaincue, elle fini par poser son menton sur mon épaule pour épier silencieusement Cardini avec moi.

- STOP ARRÊTE ! Hurle-t-elle si fort à mon oreille que son cri dilata mes tympans. Il a mit un truc dans ton sac. Remets en arrière, affirme-t-elle sans sourciller.

Dans le doute, j'obtempère surtout pour lui faire plaisir.
Oui, bon, effectivement il a un geste un peu douteux.

Le coude posé sur le bar, sa main s'ouvre et se referme l'espace d'une seconde comme s'il souhaitait détendre ses phalanges engourdies.
De là à dire que...

Ma mine sceptique pique son égo tel un pieux en plein cœur.

- J'ai passé la moitié de ma vie dans les bars à observer les gestes suspects à proximité des verres, alors si je te dis qu'il a mis quelque chose, c'est qu'il a mis quelque chose !

Certes, depuis petite Flavia traine dans les bistrots. Sa mère était un pilier de bar et, très tôt, elle a dû endosser le rôle de superviseur. Années durant lesquelles son regard de biche s'est exercé à détecter la moindre attitude douteuse.

Dubitative, je me lève pour prendre mon sac et le renverse en totalité sur le tapis avec la ferme intention de lui prouver que ses suspicions, sur ce coup-là, sont infondées.

A l'instant où j'allais abandonner mes fouilles au milieu de la multitude d'objets divers et variés que je trimballe, une montée de rage néfaste et indomptable s'emparât de moi.

- Toi t'es mort, grommelais-je en pinçant entre le pouce et l'index une petite puce noire.

Flavia eut du mal à retenir l'excès de fierté qui lui montait au visage et exigeait dans un geste solennel que je lui remettre l'objet du délit.

- Il faut que je le dise à César, décrétais-je en essayant de récupérer le téléphone de ses mains.

Comprenant la gravité de sa découverte, elle retint l'objet un instant et ouvrit de grands yeux apeurés. Ses traits figés de stupeur me rappelèrent que j'ai tendance à oublier l'effet que provoque chez les autres la simple énonciation de son prénom.

- Tu... tu ne vas quand même pas laisser César le tuer ?! M'interrogea-t-elle inquiète.

Dis comme ça...
Effectivement, ce serait puéril de me servir de lui telle une enfant incapable de régler seule ses problèmes. Après tout c'est une affaire personnelle.

- Non, t'as raison ! Je vais le faire moi-même ! Répliquais-je d'un haussement d'épaules.

- Arrête tes conneries Kristy, tu peux pas faire ça ! T'as dix-huit mois de sursis ! Et puis, si ça se trouve, il avait une bonne raison.

Sa naïveté me fait sourire de l'intérieur. Toujours à chercher des circonstances atténuantes à tout ce que la terre compte de salauds.

Alors quoi ? Juste parce qu'il est charmant, élégant et intelligent, il serait immunisé contre la fourberie ?

- César n'engage que des tarés, je ne vois pas pourquoi il échapperait à cette logique, grimaçais-je de dégoût avant de récupérer d'un geste vif le téléphone.

La moue dubitative, elle inspire longuement du nez consciente qu'elle n'a d'autre choix que d'abdiquer. Lutter serait inutile au vue de la colère qui s'est emparée de moi et recouvre mon discernement.

En vérité sous cette rage se cache surtout une bonne grosse dose de déception.

Je ne sais pas pourquoi mais je me sens trahie par cet inconnu que j'ai aidé et dont j'avais une image pas trop abîmée. Peut-être que j'essaye aussi de me convaincre que c'est un connard comme tous ceux qui veulent se faire passer pour des gentils.

- Je suis sûre que c'est l'autre type qui lui a demandé de faire ça, pestais-je en composant le numéro d'Eduardo tout en essayant de faire passer mes cuisses dans un jean trop serré.

- Le type ? Quel type ? S'inquiéte-t-elle de plus belle.

- Regarde la vidéo jusqu'au bout, l'invitais-je sans cesser de tourner en rond comme un fauve en cage le téléphone vissé à l'oreille.

Rongée par l'envie d'appliquer la loi du talion, j'enchaîne les actions comme si le temps m'est compté. Je suis dans l'urgence d'assouvir ma vengeance avant que ma hargne ne se calme.

Je vais le réduire en farine !
Il ne perd rien pour attendre !
Ah tu voulais un café, tu vas être servi !
Ça va Dalibarder, je te le garanti !

- Comment il savait qu'il serait là ?

Me coupant dans mes pensées, sa question ricocha dans un silence assourdissant.

- Il n'est jamais venu dans mon bar, pourquoi il l'a attendu ici ?

Mon visage tout entier se fige d'incompréhension et un voile de confusion me gagne.

C'est vrai ça, pourquoi a-t-il attendu Dalibor à un endroit où il n'a jamais mis les pieds ?

Je ne pouvais pas à la fois être en colère et penser. Il fallait s'assoir, réfléchir, calmement. Car ces nouvelles pensées poussaient mon cerveau vers de nouvelles orientations. Posant quelques instants le téléphone, je cesse de me débattre avec le zip de mon jean pour examiner la situation.

S'il n'a pas poireauté, alors il nous aurait suivis depuis l'enclave sud lors du rendez-vous ? Jusqu'à Istok ? Pour finir à Paris devant le bar de Flavia ? Tout ça sans être remarqué ?

Non, ça n'a pas de sens.

Cardini l'aurait prévenu ?
Impossible, il n'avait lui-même aucune idée d'où... j'irais.

Soudain tous les signaux de détresse s'illuminèrent jusqu'à m'aveugler.

Il attendait car il savait que JE viendrais !

Ce truc venait de faire renaître la peur dans le bas de mon ventre, et lorsque j'ai peur j'ai tendance à aller au-devant du sentiment. Pourquoi ? Je l'ignore.

Il parait qu'être courageux c'est dominer sa peur.
Je ne pense pas que ce soit du courage, au contraire. La peur me fait trop de mal et le seul moyen que cette souffrance prenne fin c'est d'en éradiquer la cause. Pour cela, je dois faire quelque chose d'irréfléchi. Passer de la conscience à l'inconscience.

Inconscience de moi-même, du danger, de la vie.

Je ne suis pas dingue, juste je refuse de vivre avec la peur au ventre, c'est tout. Je préfère mourir que d'accepter cet état. C'est peut-être comme ça quand on a trop supporté la souffrance, on ne veut plus, pas même une miette.

Alors, dans une tentative de lui échapper, je pars vers la lutte pour ne pas me fragmenter. L'action pour fuir l'enlisement des pensées angoissantes qui remontent à la surface.

Je vais l'appeler !

César m'a donné son numéro pour le rendez-vous avec Agostini et, même si je ne pensais jamais l'utiliser, au moins ça avait son utilité.

J'ai à peine le temps de poser mon doigt sur mes lèvres pour signifier à Flavia de se taire, qu'il décroche à la première sonnerie. Me déstabilisant un peu pour prendre une voix la plus neutre possible, afin qu'il ne décèle pas que l'appel est sous très haute tension.

- Heu c'est Kristina, je voulais savoir si c'est toujours ok pour le café.
- Oui, oui évidemment, s'étonne-t-il.
- Super ! Alors, on le boit où ?

Un rire rauque lui échappe en entendant une absurdité pareille. Loin de me couvrir de honte j'attends de pied ferme une réponse qui satisfera mon impulsivité.

- Excuse-moi, je suis vraiment surpris, articule-t-il en se retenant de rire. Ça ne se passe pas exactement comme ça quand on invite quelqu'un, tu sais ?

Sentant mon piège sur le point d'échouer, je tente l'humour, d'une voix trop acide.

- Oh ça va ! On est pas obligé de suivre un protocole strict, un peu de spontanéité ne tuera personne, ironisais-je.

Il se racla la gorge et sembla s'inquiéter de l'état de ma santé mentale.

- Il est deux heures du matin Kristina, tu es sûre que tout va bien ?
- Bah quoi y a pas d'heure pour boire un verre, riais-je exagérément comme une fêtarde. Alors, où est-ce que je te rejoins ?

Je l'entends marmonner sa consternation avant de me répondre.

- Écoutes, je suis un peu occupé là. Mais promis je t'appellerai et on ira boire un café ma belle.

Cet échec suivit de ces deux petits mots crispèrent d'impuissance ma mâchoire et mes doigts sur le téléphone. Pour ne pas l'insulter je souffle fort ma vexation et lui raccroche au nez.

Flavia qui ne pouvait pas ne pas entendre cet échange lunaire était abasourdie.

- Alors ? Qu'est-ce qu'il a dit ? M'interrogea-t-elle les yeux tout ronds.

- Qu'il me rappellera, murmurais-je en m'asseyant sur le lit à côté d'elle tandis qu'un soupir de lassitude souleva ma poitrine.

- Tous les mêmes, maugréa-t-elle de dégoût en secouant la tête.

Elle passa son bras par-dessus mes épaules pour m'étreindre et je posais ma tête qui croulait sous le poids de mes pensées sur son épaule.

Je ne savais pas quoi faire de cette colère qui me restait sur l'estomac, aussi je décidais de la faire glisser avec de la Tequila.

Concentrée à essayer de garder mon calme, je me murait dans le mutisme tandis qu'elle disserta jusqu'à épuisement au sujet de l'ingratitude des hommes.

Elle est douée pour donner des conseils, mais surtout douée pour ne pas les suivre, constatais-je.

Enfin, dans le silence de cette nuit qui n'en finissait pas, mon téléphone vibra. Eduardo !

- Mais qu'est-ce que tu fabriques bordel, ça fait deux heures que j'essaye de te joindre !

- Désolé piccola, j'étais occupé, mais là je vais avoir besoin de toi.

- Maintenant ? Où ça ?

- A Paris.

Paris, la nuit, pendant le couvre-feu...
Ça ne sent pas bon.
Je pressentais la catastrophe et j'étais mûre pour une connerie.

- C'est illégal ?
- Complètement, ria-t-il.

Celle qui d'ordinaire craint pour l'existence désordonnée qu'il mène avait besoin de libérer ses chakras en faisant n'importe quoi.

- Ok, j'arrive !

La tête alourdie par l'alcool, Flavia somnolait. Elle n'a pas dû tout capter de ce que je lui ai murmuré, car elle s'est contentée de marmonner « évite de le défigurer, il vachement beau » quand je me suis saisie de la batte de base-ball.

C'est grosso-modo la seule arme qui ne nous garantisse pas la prison. De toute façon, au stade où j'en suis, la garde à vue reste la meilleure option pour m'empêcher de tuer Cardini.

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Je vais pas mentir, je suis comme ça :

Un peu nerveuse notre Kristina, pour ne pas changer 😮‍💨

Avouez que son appel est hilarant en plus d'être un flop monumental 😭

Alors, qui ici s'attendait à ce qu'elle ai fait un séjour au centre pénitentiaire pour mineur ?
Et puis qu'a-t-elle fait pour y aller ?

Vous imaginez un peu Flavia, Kristina, Eduardo et Fabio en prison ? C'est mon futur projet 🤞

A votre avis, pourquoi Eduardo a-t-il besoin d'elle en plein milieu de la nuit ?

Et la prochaine rencontre avec Cardini, vous le sentez comment ?

Comme d'hab' un immense merci à celles qui supportent mes doutes et mes pannes à répétition, coeur sur vous,
en plus d'être talentueuses vous êtes inestimables

Flowr_25 sharlene93 Missblummy  ✨

PS : promis le prochain chapitre arrivera plus vite que prévu.
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