06 | Rencontre en milieu hostile
Mardi 7 Septembre,
Zone désaffectée de l'enclave Sud
Premier point : je n'ai rien remarqué de suspect dans le périmètre.
Deuxième point : la crevette et le sicilien ne connaissent pas la ponctualité.
Troisième point : Tony n'a pas fermé la bouche depuis quinze minutes. Trahissant sa trouille d'être au-delà des frontières d'Istok, il ne cesse de répéter "il ne viendra pas" comme s'il auto-persuade.
Un nuage de poussière s'élève, dans un bruit de ferraille à peine recouvert par la musique qui s'échappe à fond des fenêtres grandes ouvertes, la vieille bagnole se gare à quelques mètres de nous.
Ça, c'est pas le sicilien qui écoute de la funk...
Alors qu'elle se gare, une pointe de déception envahit mes pensées. Pour être sincère j'espérais qu'elle refuse et que César échoue à la convaincre.
Pourquoi venir ? Surtout en territoire hostile.
Cette question me taraude, bêtement j'avais de l'estime pour son caractère qui semblait de prime abord intransigeant, maintenant devant l'évidence de sa soumission aux volontés de César sa rébellion m'a plutôt l'air d'être en papier crépon.
Et puis, qu'a-t-elle à y gagner ?
Son choix m'inquiète, me désespère un peu même, comme si vraiment rien ni personne ne pourra jamais s'ériger contre les volontés de l'Empereur.
La crevette sort du véhicule pour se diriger vers nous et, plus que ses sourcils froncés, ce sont ses vêtements qui me tapent immédiatement dans la rétine.
A la voir on jurerait qu'elle va à un festival de musique ou une fête, absolument pas à un rendez-vous d'affaires illicites.
Sa longue jupe, ample et légère, rappelle les tissus colorés des cultures nomades. Un corset ajusté, rehaussé de broderies délicates, met en valeur sa silhouette, tandis qu'une accumulation accessoires en argent, tels que des bracelets et des immenses créoles, ajoutent une touche de fantaisie.
Le mélange des styles est renforcé par ses chaussures, des bottines en cuir d'un brun vieilli, ornées de perles colorées. Ses cheveux, partiellement tressés s'ajoutent à l'ensemble, lui donnant un certain charme.
Un léger sourire se dessine sur mes lèvres tandis que je lui adresse un regard amusé.
- Wow, c'est ta tenue de camouflage pour passer les postes-frontières ? Demandais-je d'un ton taquin. J'admire ton audace et ton originalité Calamity Jane.
Pas blessée par ma remarque, elle soupire et lève ses yeux perçants face à moi.
- Cardini, les seules fois où tu m'as vu c'est à des funérailles et en sortant du travail. Tu croyais quoi, que mon style c'est Morticia Adams ? Ironise-t-elle la voix tranchante et le regard d'une intensité déroutante.
- Ouais enfin entre Morticia et Esméralda... ne pus-je m'empêcher de murmurer.
Tony me donne un coup de coudre et grommelle entre ses dents comme un ventriloque sans aucune discrétion.
- Parles pas comme ça, c'est la belle-fille du boss, me m'est-il en garde.
J'ouvre une bouche ronde qui mime la prudence et exagère mon air choqué face aux mots qu'il vient de prononcer.
- Attention, je te conseille pas de lui dire ça ! Il faut dire "Kristina RIS-TIC" sinon elle va nous faire un remake du cirque du soleil en jouant les équilibristes, plaisantais-je en riant.
Sans rancune, elle applaudit exagérément des deux mains faisant résonner ses multiples bracelets.
- Waouh je suis impressionnée par ton humour Jack Sparrow, rappelle-moi de faire appel à toi quand j'aurais besoin de divertissement.
- Ravi de t'avoir divertie, ma belle.
A ce mot son regard s'assombrit brutalement, mais avant qu'elle n'ait pu répliquer nos regards se tournent en direction de la berline qui fait irruption sur le parking.
Fini de rire,
les choses sérieuses peuvent commencer.
- Bon bah Agostini est arrivé, soupire Tony en s'épongeant le front.
- Agostini, tiens comme les coffre-forts, relève la crevette plongée en pleine réflexion. Devant notre air interrogateur, elle rajoute : Quoi, vous connaissez pas les coffres-forts Agostini ?
- Parce que toi tu t'y connais en coffres-forts ? Demandais-je surpris.
Sa bouche se courbe en une petite moue ravie, d'où transparaît une pointe d'orgueil face à mon étonnement.
- Non, mais quand je ne joue pas les funambules ça m'arrive de me cultiver aussi, répond-elle dans un sourire complice.
Munie d'une mallette, le petit Sicilien abandonne son chauffeur pour se diriger seul vers l'entrée du dépôt. Le pas toujours sautillant il semble heureux de conclure cette affaire.
Après une molle poignée de main, il déverrouille la grande porte en métal et ouvre la marche.
Le silence règne dans l'usine désaffectée qui nous renvoie l'écho de nos pas. Au milieu de ce vaste espace abandonné, une unique table et deux chaises solitaires semblent avoir survécu au temps et aux squatteurs.
Agostini pose sur la table sa mallette, tape les codes, l'ouvre, extirpe une pochette de documents et la retourne dans un geste exagérément solennel vers nous avec une fierté à peine dissimulée.
D'un mouvement presqu'instinctif Tony ne peut s'empêcher de vouloir toucher les billets, mais le Sicilien l'en empêche en la refermant brutalement. A un millimètre près il lui coupait les phalanges en deux.
Kristina n'avait absolument pas l'air intéressée par ce qu'il se passe de notre côté. Dans son coin elle promène innocemment son regard dans la pièce en tournant sur elle-même au milieu des confettis de poussière qui scintillent à la lumière du jour.
- Mademoiselle, l'interpelle le hobbit ventripotent.
- Madame, rectifie-t-elle avec aplomb sans détourner les yeux de l'inspection des lieux, si bien que je me surpris à fouiller du regard avec elle.
- Ce sont les documents dont vous avez besoin, insiste-t-il laissant clairement transparaître l'impatience dans sa voix.
- Dont César a besoin, corrige-t-elle imperturbable ne daignant toujours pas lui accorder la plus petite fraction d'attention.
Tout en écoutant, je me marrais.
Son comportement mettait les nerfs du Sicilien à rude épreuve. Supportant difficilement son attitude désinvolte il attendait qu'elle se décide à prendre les papiers qu'il lui présentait.
Bien que je trouve ça amusant, je souhaite surtout qu'on en finisse vite et qu'elle ne fasse pas tout échouer.
L'observation terminée, elle lui fait enfin face, le gratifie d'un sourire forcé avant d'enfoncer les papiers dans son sac à main.
- Bon, maintenant si vous le permettez, hochais-je la tête.
Pour toute réponse il fait un pas de côté, jette de manière exagérée un œil à sa montre et sort un gros cigare qu'il allume.
Kristina en fit de même en allumant une cigarette tandis que Tony, vexé, affiche son mécontentement en grognant dans son coin car il n'a aucune utilité.
C'est marrant comme ces gars-là peuvent être puérils, plus ils ont un statut important et plus leur égo devient aussi fragile qu'une bulle de savon, un rien les contraries.
Le silence régnait dans l'usine, à peine effleuré par les billets de banque qui se froissent entre mes doigts.
Vous me direz, pourquoi on ne les compte pas avec une machine ? N'importe qui d'intelligent ferait ça.
Pas César, car en cas d'erreur il n'aurait personne à incriminer. Et puis tuer une machine ne lui apporterait aucun plaisir.
Je n'ai pas vraiment besoin de vérifier les billets, ni pour savoir si le compte y est, ni s'ils sont vrais, car je pressens sa volonté d'obtenir cette livraison. Si le hobbit souhaite duper César ce sera sur le paiement final, lors de la livraison.
Alors le violet défile par paquet de vingt. Les tranches de dix mille s'enchaînent tandis que je compte l'esprit ailleurs.
Moi ce qui m'intéresse c'est de savoir à quoi je participe, à quoi tout cela mène, pourquoi j'ai dérogé à mes principes.
Je réalise que seule Kristina dispose des éléments de réponses en ce qui concerne cette commande. Ce dont il s'agit, la quantité, le lieu. César lui a tout mis entre les mains et elle s'en fiche éperdument. Ça ou gambader dans les champs, c'est du pareil au même pour elle.
A la moitié, le Sicilien est fatigué de tenir sur ses petits pieds boudinés dans ses souliers cirés, il décide donc de poser son cul sur la chaise en face de moi. Il est tellement serré dans sa chemise corail que les boutons menacent de sauter.
Et tandis que j'observe les coutures, soudain un point rouge lumineux apparaît au milieu.
Devant cette apparition, je reste un instant comme figé le cœur battant. Mais je ne rêve pas. Ce n'est pas la braise de son cigare, c'est bien une cible.
L'adrénaline pulsant dans mes veines, je me débarrasse de la liasse sans perdre un instant pour saisir la crosse du Beretta à ma ceinture. Arme en main, je pivote rapidement dans la direction d'où provient la menace.
Instantanément identifié derrière la rambarde de l'étage supérieur, l'ennemi en ligne de mire tient ce qui semble être un sniper.
Mon doigt presse la détente, libérant une détonation bruyante. Le coup de feu déchire le calme paisible des lieux, et seul le cri étouffé de ma victime vient perturber l'atmosphère.
Tout s'est déroulé tellement vite que je n'ai même pas vu la tête du type.
Cherchant un abri sûr, Agostini s'est ratatiné à quatre pattes sous la table en position furtive. Tandis que Tony s'est emparé de la malle d'argent pour s'en servir comme bouclier, oubliant que je lui ai donné deux Magnum qui lui sont bien plus utiles dans cette situation.
Quant à Esméralda, elle s'est cachée derrière une colonne et semble calculer mentalement la distance qui la sépare de la fenêtre d'où elle pourrait s'échapper.
- N'y pense même pas, la mis-je en garde catégorique.
Le pire scénario est en train de se réaliser devant moi : devoir gérer les trois instables en même temps.
Il ne faut pas perdre de temps, s'éterniser est risqué et le sentiment d'urgence se fait de plus en plus oppressant.
- Va chercher la bagnole, gueulais-je en tournant autour de la table pour protéger le Sicilien dans sa cachette.
Tony ne se fait pas prier pour déguerpir. Pistolet enfin en main, il déserte l'usine au pas de course en direction de la sortie.
Aucun signe de riposte, seuls les gémissements plaintifs du blessé troublent le silence. S'il avait des complices, ils auraient réagi depuis longtemps.
Je reste incertain quant à la possibilité qu'ils nous attendent à l'extérieur, mais le fait que Tony se soit éclipsé et que le calme règne sans aucune représailles audible est un signe encourageant.
Sur le qui-vive mon esprit est en ébullition, évaluant toutes les options dont nous disposons pour sortir de cet endroit, mes yeux scrutent minutieusement tout signe de mouvement suspect.
Chaque seconde compte, et je suis pleinement conscient que notre survie dépend de notre rapidité, car si un Désaxé à entendu le coup de feu ils se déverseront sur nous tel une nuée de criquets dans moins de cinq minutes.
Après ce qui sembla être une éternité, la porte s'écroula en entrant en collision avec le parechoc de mon pick-up, suivie de la berline d'Agostini.
Tous deux freinèrent brutalement près de nous et dans un mouvement synchronisé chacun regagna son véhicule respectif pour tenter de fuir la tournure imprévue qu'a pris notre réunion.
Prenant la place conducteur, j'oblige Tony à se contorsionner pour passer sur le côté passager tandis que la crevette se cache sous les sièges arrières.
Pied droit vissé sur l'accélérateur, je me sens déjà un peu moins anxieux une fois sortis du parking.
Assis derrière le volant, les mains crispées et la colère au ventre, mes yeux se posent perpétuellement sur le rétroviseur, mais aucun signe d'ennemi en vue.
Je rêvais d'avoir un pouvoir extralucide qui me permette de comprendre comment ce type à su et surtout pourquoi il est venu seul. Au lieu de ça c'était le noir complet.
- On fait quoi maintenant ? Osa Tony qui suait à grosses gouttes en serrant fort la mallette contre lui.
- Comme convenu, affirmais-je le ton inflexible espérant donner l'impression que je maîtrise la situation.
- Je ne sais pas ce que VOUS avez convenu mais moi je dois récupérer la voiture, se fâche la sauterelle sur la banquette.
- Tu veux y retourner ?! La défiais-je en la fixant dans le rétroviseur intérieur.
Prudente, elle préfère souffler d'exaspération et se mit à pianoter frénétiquement sur son téléphone. Trois secondes plus tard la réponse lui parvient sous forme d'appel.
« Je peux pas te parler, [...] Je t'expliquerais [...]
Elle n'est pas verrouillée. Vas-y vite, mais fait gaffe
y a un blessé. [...] On s'appelle plus tard ».
Je me demande vraiment qui elle peut connaitre dans l'enclave qui accepte d'aller chercher sa voiture sur une scène de crime alors qu'il y a un type qui se vide de son sang et qui risque de mourir.
Putain, je ne voulais pas y penser mais maintenant que le danger est loin de nous les pensées parasites ont tout le loisir de s'inviter dans mon esprit.
Laisser sa voiture là-bas est risqué, la piste remontera jusqu'à elle et le lien sera vite fait.
Les regrets s'emparent de moi alors que je contemple les conséquences de mon manque de prudence. J'aurais dû être plus attentif, plus méfiant. Même elle a observé l'usine pendant de longues minutes et, ce qui me paraissait drôle l'instant d'avant, laissait à présent un goût amer.
Chaque détail qui m'a échappé me rappelle mon manque de vigilance et les combines foireuses de César commençaient sérieusement à me taper sur le système.
Après avoir pris de multiples détours pour échapper à toute personne qui pourrait nous suivre, je m'approche finalement de la maison familiale et me range en double file.
Même si aucun curieux ne semble remarquer notre présence, mieux vaut ne pas s'éterniser dans le secteur.
- Vous ne bougez pas. J'en ai pour trois minutes, les prévenais-je en récupérant toutes les armes.
Par précaution je coupe le moteur et verrouille les portières afin d'empêcher Tony d'être tenté de partir avec un demi-million et pour éviter que la farfelue ne prenne la poudre d'escampette.
Dans mon malheur, j'ai la chance de trouver la maison vide, ce qui m'épargne de devoir mentir à ma mère plus que je ne l'ai déjà fait.
La justification de mon passage éclair de ce matin, prétextant que j'avais oublié de prendre des affaires en partant précipitamment dimanche, était passée de justesse. Il ne faut pas abuser de la crédulité de Livia.
Heureusement tout le reste du plan se passe comme prévu.
L'argent fut exfiltré par un passage que les Désaxés utilisent pour sortir discrètement de l'enclave. De l'autre côté César attendait et, après un bref coup de téléphone pour confirmer la bonne réception de son butin, il nous donna rendez-vous à quelques kilomètres plus loin sur son territoire.
La colère me rongeait, elle ne me quittait pas et s'imprimait plus fort dans mes cellules à mesure que nous nous rapprochions du lieu-dit.
C'était insoutenable de réaliser que j'ai certainement tué quelqu'un pour les affaires de cette ordure. Que nos vies ont été mises en danger à cause de ses manigances. Il me prenait l'envie de l'étrangler et d'en finir avec lui.
C'est tout sourire qu'il nous accueilli dans une ruelle quelconque mais, à la façon dont je claque ma portière et m'avance redoutablement vers lui, son sourire se dissolva vite en une grimace de surprise mêlée de confusion
Kenan, en bon chien de garde, perçut l'orage de la colère se rapprocher à toute vitesse. Instinctivement, il se campe en position offensive, prêt à protéger son maître.
D'un geste brusque, je le repousse violemment, le projetant plusieurs mètres plus loin, afin de l'écarter de mon chemin.
César, conscient que la situation risque de dégénérer davantage si son larbin se relève, lui adresse un regard sévère et d'un geste du doigt lui ordonne fermement de rester à sa place.
- Quelqu'un est venu pour descendre Agostini, éructais-je sans détour ni politesse.
- Ah oui ? S'étonne l'Empereur en relevant les sourcils.
A sa tête abasourdie, il est évident qu'il n'en avait pas la moindre idée et que le Sicilien ne l'en a pas encore tenu informé.
- Qui savait pour le rendez-vous ? Insistais-je.
- Il nous a donné l'adresse cinq minutes avant, personne ne pouvait savoir de notre côté, affirme-t-il sûr de lui.
Sa nonchalance m'exaspère, mes veines menacent d'exploser et je sens que je n'ai pas toute la maîtrise de mes émotions ce qui me contrarie davantage.
- Et pourtant il y avait un type ! Un type qui est surement mort à l'heure qu'il est ! Gueulais-je hors de moi.
Le ton est monté d'un cran, je sens que je vais un peu loin et je m'en estime légitimement le droit au vu des circonstances.
De ses petits yeux bleus, César me sonde sans vraiment comprendre mon énervement.
- Et bien tant mieux, il n'avait qu'à pas venir, souri-t-il pour dédramatiser la situation.
Une ironie malsaine se dégageait de ces mots, puis comme un fou dément, il se mit à rire. Un rire rauque à vous faire peur qui ressemble à des cris de joie sauvage me laissant sans voix.
Aux yeux de Cesar ce n'est pas grave.
Un mort de plus ou de moins sur terre ne changerait rien à sa vie.
Kenan dont les yeux brillent d'une lueur sadique l'imite en riant à son tour.
Tony qui d'habitude comprend son chef, se sent de plus en plus mal à l'aise et perd pied en me regardant sidéré.
- Soit content ! L'affaire est conclue, tu l'as descendu, vous êtes sains et saufs, et maintenant Agostini a compris que c'est une mauvaise idée de s'aventurer chez les sauvages.
"Sauvages" ?
Il vient d'appeler les gens de mon enclave des "sauvages" ?! Je lui aurais bien sauté à la gorge mais le moment n'est pas à la connerie.
Devant mon visage qui s'assombrissait à chaque parole prononcée il interprète cela comme une incompréhension de ma part et clarifie ses pensées en espérant me rassurer.
- Ne t'inquiète pas si tu n'as pas eu le temps de tout compter, tu as fait du bon boulot et au moins on est sûr qu'il nous donnera le prochain rendez-vous ailleurs, c'est tout bénéf' pour nous ! Affirme-t-il confiant en me tapotant chaleureusement l'épaule.
Perspicace et rusé il ne va certainement pas passer à côté de l'occasion pour tirer profit de la situation. Tout allait comme il voulait, c'était rageant ! Le pire c'est que je sais qu'il a raison.
- Alors, où est le problème ? Cherche-t-il a savoir suspicieux.
Comprenant très bien le sens caché de sa question qui n'en est pas une, il me venait mille fois l'envie de renoncer. Mais c'est trop tard. J'en sais trop pour espérer m'en sortir paisiblement.
Aussi, lorsque j'acquiesce de la tête pour lui confirmer la poursuite de mon engagement, mon regard se résigne tandis que le sien triomphe.
- Parfait ! S'exclame-t-il satisfait. Tu as les documents ma petite ? Demande-t-il à sa protégée qui est resté en retrait les bras croisés près de la voiture.
Elle se contente d'opiner de la tête beaucoup moins avenante que d'ordinaire à son égard.
- Prépare-les pour Vendredi, ordonne-t-il courtoisement.
Les regards se posèrent sur César qui réajustait le col de son manteau pour signifier que la cellule de crise touchait à sa fin.
- Vous, pas un mot à qui que ce soit ! Ob le laisse réfléchir aux événements et on attend ses nouvelles directives comme si de rien ne s'est passé. De toute façon c'est en dehors de notre territoire, qu'est ce que ça peut nous faire, hausse-t-il les épaules.
Tout était dit d'un ton ferme qui excluait toute discussion inutile.
- Tony, Kenan, dans la voiture, claqua-t-il des doigts. Je te laisse la raccompagner.
Répondant instantanément à l'ordre reçu, Tony s'engouffre à l'arrière du véhicule.
Quant à Kenan, son regard méchant ne s'éternise pas sur moi, au lieu de ça un rictus de haine transforme un instant ses traits avant de prendre place derrière le volant.
Lorsqu'ils partirent je me détendis. Pas longtemps, car mes pensées ne pouvaient être maîtrisées et que j'étais submergé par l'idée de plus en plus évidente que tout ça allait mal se finir.
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Merci a tout ceux qui me donnent l'envie de continuer et de m'améliorer ♡
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