Chapitre 2 - Assemblée

Nino avait globalement passé de très bonnes fêtes de fin d'année. Alya était revenue faire ses études sur Paris.

A son retour, ils avaient littéralement passé une semaine scotchés l'un à l'autre. La distance avait été difficile à gérer malgré les textos et les appels quotidiens. D'aucun diraient qu'ils étaient un couple très... en accord l'un avec l'autre. 

- Mi amor ? appela Nino.

- Hmm-m ? lui répondit Alya en roulant sur le côté.

L'apprenti DJ eut un sourire attendri en voyant l'expression endormie de sa chère et tendre. Il écarta une mèche de cheveux roux avant de déposer un baiser sur son grain de beauté. Celui qui était au-dessus de son sourcil droit. Elle le détestait mais lui l'adorait. Nino lui avait expliqué qu'il était un aimant à bisous. Depuis, Alya s'était réconciliée avec cette partie de son anatomie.

Dans son demi-sommeil, elle ronronna avant d'attraper son petit-ami par la nuque et l'emprisonner dans une étreinte amoureuse.

- Alya ? Il faut que tu te lèves, tu as cours et moi aussi, lui dit-il en luttant contre l'envie d'envoyer péter les dits cours.

La jeune femme finit par entrouvrir ses yeux verts.

- Bonjour, toi, fit Nino en l'embrassant.

- Bonjour, toi, lui répondit-elle en se frottant les yeux.

Il se leva avant de céder à l'appel de la couette et lui tendit une tasse de café fumante qu'elle but avec reconnaissance. Assise dans le lit et la caféine faisant doucement son effet, elle constata qu'il etait déjà habillé et prêt à partir.

- Chantilly avec un peu de muscade, récita-t-il par cœur.

- Tu sais que tu es parfait ? soupira-t-elle de contentement en buvant une nouvelle gorgée.

- Presque. Je vis encore chez mes parents.

Alya s'interrompit un instant dans la dégustation de son breuvage. Elle se mit à tapoter des doigts sur la céramique, un peu nerveuse à l'idée de faire sa proposition. Bon, ils sortaient ensemble depuis la troisième. Ils pourraient peut-être envisager de passer à la vitesse supérieure maintenant, non ?

Elle se racla la gorge pour attirer son attention. Habitué à ce signal, Nino arrêta la préparation de son sac de cours et se tourna vers elle.

- Oui ?

Nerveuse, Alya se repassa en tête toutes les raisons d'emménager ensemble. Ils s'aimaient, s'entendaient bien au quotidien et auraient bien besoin d'un endroit rien qu'à eux. L'intimité était une très grande motivation, il fallait le reconnaître.

Mais.

(Car il y a toujours un mais.)

Alya avait accepté d'aider Ladybug et Chat Noir qui lui avaient ensuite donné le miraculous du Renard. Maintenant, elle avait à charge de le protéger et de protéger ses proches par un secret qui lui serrait littéralement la gorge. Les premiers jours, elle avait été en mode paranoïaque. Chaque passant dans la rue était un ennemi et voleur potentiel. Elle s'imaginait que le mec en face d'elle dans le métro savait au premier coup d'œil qu'elle avait un miraculous et voulait le lui prendre. Elle a même failli agresser un sans-abri qui lui demandait juste unnpeu de monnaie.

Le temps passant, elle s'était un peu tranquillisée. Si elle agissait de manière suspecte, elle serait suspecte et attirerait l'attention sur elle. Ce que la journaliste en herbe ne voulait pas.

Quel rapport avec le fait d'emménager avec son copain ? Avoir une double vie sans que cela ne soulève trop de questions n'était pas vraiment évident quand on habitait avec quelqu'un. Alya détestait mentir, mais elle devrait bien s'y résoudre en fin de compte. Son engagement héroïque commençait déjà à lui coûter alors que l'entraînement n'avait même pas commencé. La tristesse faillit la submerger quand elle réalisa que cela pourrait lui coûter sa relation avec Nino.

Ladybug l'avait prévenu du poids des responsabilités qu'elle avait accepté en toute connaissance de cause. Cependant, savoir était une chose, la vivre en était une toute autre. Nino l'interrompit si brutalement dans le fil de ses pensées qu'elle faillit en lâcher sa tasse.

- Mi amor ? Ça va ?

- Hein ? Oui, oui. Oui, tout va bien.

- O-k, dit-il perplexe mais ne poussant pas la question plus loin. Tu voulais me dire quelque chose ?

Merde. Vite, vite ! Quelque chose à dire, vite !

- Je t'aime.

- Moi aussi, Alya.

Nino eut son sourire amoureux et l'embrassa tendrement, ignorant que sa copine se traitait de tous les noms. Il se leva et ramassa son sac de cours, prêt à partir.

- On se voit dans l'aprem ? lui proposa-t-il avant de se souvenir que c'était aujourd'hui la réunion avec des nouveaux héros.

Il jura intérieurement pendant qu'Alya cherchait une bonne excuse pour décliner sans que ce ne soit blessant ni suspect.

- Euh, je peux pas. J'ai un truc de prévu, bafouilla-t-elle avant de se cacher derrière sa tasse.

Nino en éprouva du soulagement avant d'aussitôt culpabiliser de se sentir soulagé de ne pas voir sa copine. Chat Noir ne blaguait vraiment pas en disant que cela lui en coûterait. Cela dut se voir sur son visage car Alya le regardait bizarrement.

- Ah. Et ce soir ?

Mais c'est pas vrai ! Il était vraiment obligé de relancer alors qu'il ne savait pas combien de temps le rendez-vous prendrait ?! Mais quel crétin !

- Je ne sais pas quand est-ce que je finirai ce soir. On se voit demain plutôt ? lui proposa-t-elle.

- Avec plaisir. À demain alors.

Il l'embrassa rapidement et partit en cours, laissant Alya plongée dans ses pensées.

- Alya, ma fille, tu te fais des idées. Il n'avait pas l'air soulagé mais embêté. Et puis... ce n'est pas comme si tu venais toi aussi de lui mentir, se dit-elle à voix basse.

La jeune Césaire refoula les idées sombres et paranoïaques qui lui venaient pour filer sous la douche. Elle avait des choses à faire avant cet après-midi et elles ne se feraient pas toutes seules.

Le casque sur les oreilles, Nino mordillait la fermeture éclair de son sweat à capuche. Bercé par les secousses du métro parisien, il laissait son regard se perdre dans le vide. La voix pré-enregistrée débitait le nom des stations dans un flou sonore couvert par sa musique. Il écarta son gant de sa manche et jeta un coup d'œil plus qu'il ne vérifia la présence de son miraculous. Le bracelet de jade se perdait au milieu des autres. À la vue de tous mais invisible. Wayzz lui avait expliqué que de toute façon le bijoux avait deux apparences différentes. Ce qui facilitait le secret de la vie civile.

Il soupira et renfila son gant. Il se sentait mal. Sa "carrière" héroïque réclamait déjà son dû alors qu'elle n'avait pas vraiment commencé. À vrai dire, il n'avait jamais vraiment été dans le trip "héros". C'était plus celui d'Alya, et voilà qu'il l'excluait du truc le plus dingue qui lui soit jamais arrivé. Cela dit, Nino avait toujours eu la conviction que ce n'est pas par lubie qu'on combattait le mal et l'injustice, mais par devoir.

Il pouvait aider alors il devait aider.

La matinée s'écoula rapidement. Il ne vit pas passer le repas de midi, ni les cours de l'après-midi d'ailleurs. Le temps semblait accélérer au fur et à mesure que l'heure du rendez-vous approchait. Quand l'heure arriva, il prit les transports en commun pour s'y rendre incognito. Chat Noir lui avait indiqué une ruelle isolée non pour se transformer. Le cœur battant la chamade, il marchait dans la rue en jetant des coups d'œil inquiets par-dessus son épaule.

- Nino ! lui lança Wayzz depuis la poche intérieure de son manteau. Tu viens de dépasser la ruelle. Reviens en arrière.

Le jeune homme soupira en baissant la tête avant de faire demi-tour. Ça commençait bien...

Une fois à l'abri des regards, Wayzz put sortir.

- Prêt ? demanda-t-il à son nouveau porteur.

- Prêt, lui répondit Nino avec une expression déterminée. Wayzz, transforme-moi !

Il fut un instant ébloui par des étincelles vert vif avant de découvrir son costume. Une combinaison verte le recouvrait entièrement. Malgré la finesse et la souplesse du matériau, il avait l'étrange intuition qu'il était mieux protéger que par une armure de plaques. Pour protéger son identité, il portait comme des lunettes d'aviateur et une capuche. Dans son dos reposait un bouclier figurant une carapace de tortue.

D'où le nom de super qu'il s'était choisi : Carapace.

En quelques bonds, il fut sur les toits parisiens. Le vent qui le glaçait était désormais une agréable brise printanière. Il savait que le vent était froid mais il ne l'affectait pas. Émerveillé par sa transformation, il n'entendit qu'au dernier moment un vrombissement. Quand il se tourna vers l'origine du bruit, il comprit que c'était une nouvelle héroïne. Une des trois que les Protecteurs de Paris avait recruté. Et détentrice du miraculous de l'Abeille apparemment.
Elle volait. Au-dessus des toits. Enfin presque, elle bondissait et utilisait ses ailes pour contrôler le saut ainsi que l'atterrissage. Lorsqu'elle le rejoignit, elle dérapa sur des tuiles humides avant de retrouver son équilibre grâce à ses ailes.

- Woh ! Va falloir que je m'entraîne ! Salut, moi, c'est Wasp ! lui dit l'héroïne en lui tendant la main.

- Enchanté, Carapace, lui répondit Nino avant de se tourner vers le point de rendez-vous.

C'était un terrain vague entouré d'immeubles voués à être détruits et parfaitement interdit d'accès au public.

- Allons-y, sinon on va être en retard, dit-il en sautant par-dessus une rue.

- Et ce serait ironique pour une tortue, n'est-ce pas ? lui lança Wasp en rigolant.

Carapace lui adressa un regard plein de surprise. Oh, oh... une autre adepte des blagues nulles.

- Il y a déjà un maître ès blagues, et c'est déjà bien suffisant, lança une autre voix.

Sans crier gare, Chat Noir atterrit juste devant eux. Le porteur de la Tortue l'aurait percuté violemment sans sa nouvelle agilité.

- Bonjour, Chat Noir, le salua-t-il avec déférence.

- Salut, poto ! Ça gaze ?

Sous le masque, Nino fut choqué par la familiarité avec laquelle Wasp s'adressa au héros en noir. Les mains sur les hanches, ce dernier eut une moue agacée ainsi qu'un claquement de langue.

- "Salut, poto ! Ça gaze" ? répéta-t-il, abasourdi.

Wasp triturait sa queue de cheval rousse striée de noir avec un air ravi. Il grommela quelque chose en se passant une main sur le visage avant de reporter son attention sur lui.

- Content de te voir parmi nous, Carapace. Allons-y. Ladybug et Rena Rouge nous attendent.

Il prit un chemin à travers les toits, aussitôt suivi par les deux héros. Carapace se rendit vite compte que la transformation donnait le physique pour sauter de plusieurs étages sans se faire mal ou en grimper une dizaine sans difficulté. Mais il se rendit tout aussi vite compte qu'il n'en avait pas pour autant les réflexes. Il lui faudrait du temps avant de prendre toute la mesure de ses capacités. L'entraînement ne serait pas du luxe. Il était très reconnaissant que Chat Noir et Ladybug les fassent passer par un tutorat.

Le héros en vert dérapa sur une tuile qui se décrocha et tomba dans le vide. Pas vraiment effrayé par l'idée de la chute, il se réjouit lorsque Wasp plonge à sa suite pour le récupérer. Il lui tend un bras qu'elle saisit sans difficulté et le ramène sur la terre ferme avec douceur.

- Merci, lui dit-il en appréciant la hauteur de l'immeuble.

- Pas de quoi. Wo-oh ! fit-elle en titubant. Ok, notes personelles : le vol consomme beaucoup d'énergie. Préférer la marche à pied autant que possible.

Chat Noir les rejoignit et s'enquit de l'état de Wasp.

- Ça va aller, merci... "Chaton".

Carapace écarquilla les yeux tandis que Chat Noir la fusillait du regard. Wasp riait sous cape et prit les devants. Deux silhouettes, une rouge et une orange, attendaient de l'autre côté du terrain. La troisième recrue était la porteuse du Renard. Elle avait de grandes oreilles pointues ainsi que de flamboyantes mèches rousses aux pointes blanches.

- Bonjour à tous et merci d'être venus aujourd'hui, les accueillit Ladybug. Faisons d'abord les présentations si vous le voulez bien ?

Sa voisine prit l'initiative :

- Rena Rouge, enchantée. Je porte le miraculous du Renard et utilise une flûte pour créer des illusions.

- Je m'appelle Carapace et porte le miraculous de la Tortue. Je possède un bouclier et un pouvoir de guérison, expliqua-t-il un peu mal-à-l'aise.

- Trop cool, vos pouvoirs ! À mon tour, à mon tour ! Je suis Wasp, porteuse de l'Abeille. Je peux voler, mais pas trop. Je manie une rapière qui paralyse mes ennemis et mon pouvoir permet de recharger les vôtres ! dit-elle non sans fierté.

Le héros en vert et sa collègue orange en furent impressionnés.

Chat Noir frappa dans ses mains et reprit.

- Bien, maintenant que les présentations sont faites. Passons aux choses serieuses si vous le voulez bien.

Il sortit son bâton et le fit tournoyer avant de le brandir vers eux trois.

- Attaquez-moi !

_________________________________________

Hé hé. La vie de héros, c'est pas facile. Mais à plusieurs, on peut se soutenir.

À bientôt ;)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top