Un corps de plus gisait sur la place. Une main tremblante et meurtrie tâtonna le sol imbibé de sang à la recherche de la poignée de son arme, comme si le combat devait absolument se conclure par la mort de l'un des deux.

« Une victoire... par les armes plutôt que par les mots... n'aviez-vous donc aucun argument digne de ce nom ? demanda à mi-voix l'adversaire vaincu, gisant au sol.

— Je ne pouvais pas vous laisser continuer ainsi, répondit Taylor, d'un air sombre. Je suis sincèrement désolé que cela se finisse de cette manière.

— Ne parlez plus, écoutez...

Il tendit l'oreille. Hormis la respiration rauque et haletante de la guerrière agonisante, rien ne lui parvint de particulièrement remarquable.
— Que voulez-vous que j'écoute ? demanda-t-il après un temps.

— Je peux enfin l'entendre... plus de cris, plus de larmes... est-ce que tu l'entends ? C'est ce qui suit toutes les tragédies, c'est ce qui retentit après toutes les morts, c'est ce qui t'accompagne quand tu te sens seul...

C'est... le silence... et il hurle... »

La guerrière accueillit en elle le don qu'elle avait tant distribué. Elle cessait enfin la cruelle tâche qui lui incombait, et son esprit allait enfin connaître la paix.

Et ce dernier s'en alla, serein.