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Un autre chocolat dans le ventre, je me décide à rentrer au chalet. Avec un peu de chance, Hunter sera parti, c'est un enfoiré mais il n'est pas stupide quoique c'est discutable.
Je suis passée à la boutique de chaussures que m'a conseillé Rick. Je ne tiens pas à me casser une cheville en restant à Zermatt. En y réfléchissant, j'ai besoin de ces vacances pour décompresser. J'ai conscience que ce sera difficile avec Hunter et Mareva dans les parages mais je m'en sens capable. Je n'ai qu'à ignorer la présence de Mareva. Quant à Hunter, c'est une autre histoire.
Qu'ils aillent se faire voir chez les grecques !
Il aimerait peut-être ça. Hunter gay ? Non, je devrais me méfier des hommes après. Pourquoi je pense à ça au juste ? Je suis en train de devenir folle !
Je secoue la tête en arrivant devant le chalet. Merde, la porte est fermée est clés. Evidemment, je n'ai pas pensé à prendre un double des clés en fuyant le chalet. Je ne vais quand même pas rester devant à attendre qu'ils reviennent tous ? Je risquerai de finir en mister freeze enfin un sans saveur.
Ne voulant pas finir en glaçon, je cherche désespérément les clés partout dans les pots en céramique sur la terrasse. Je sautille sur place manquant de tomber lorsque je sors un trousseau d'un des pots. Je me précipite à la porte pour me réfugier au chaud. Comment font les gens pour adorer rester dans le froid, dans cette neige qui glace chacun de mes membres ? Rendez-moi mon été !
Le chalet est agréablement vide. Hunter n'est plus là. Les autres non plus. A part Matti et Diane, je n'ai aucune envie de voir les autres mais si je veux qu'ils ne se doutent de rien, je vais devoir les supporter et passer par la case explications. Je n'ai aucune envie de les entendre me dire à quel point ils sont désolés. Le mal est déjà, rien n'atténuera la douleur que sa décision a engendré.
Je ne perds pas de temps cherchant dans toutes les chambres du chalet. Je ne sais même pas où se trouve celle de Diane, à vrai dire je ne sais pas où ils logent tous. Oli, Mareva, Adélaïde et Griffin occupent l'étage, je sais déjà que je n'ai pas besoin de chercher par là. J'arrive dans une chambre à deux lits simples dont un qui n'est pas occupé. Le fait qu'elle soit rangée m'indique qu'il ne s'agit pas de celle de Diane.
Je devrais sortir mais quelque chose me pousse à rester. Une odeur. Son odeur. C'est ici qu'Hunter dort. Comme un robot téléguidé, je vais m'asseoir sur le lit. Je plonge mon nez dans son coussin m'imprégnant de son parfum boisé. Je suis emportée des années en arrière envahie par une multitude de souvenirs.
Mon regard est attiré par un bijou qui orne sur sa table de nuit. Je n'arrive pas à croire qu'il l'a gardé après tout ce temps. La chevalière en argent que je lui ai offerte pour notre premier noël ensemble. J'avais fait graver nos deux initiales en noir reliées par une clé de sol de la même couleur. Jamais je n'aurais pu imaginer qu'il l'avait gardé auprès de lui. Je pensais qu'il s'était débarrassé de tout ce qui pouvait le ramener à moi.
Pourquoi est-ce qu'il la gardait ? Ça n'a pas de sens !
Je sens une larme perler sur ma joue. Je l'essuie d'un geste furieux voulant à tout prix me débarrasser de ce sentiment de tristesse. Hunter a vraiment tout gâché et je ne pourrai jamais lui pardonner. Il n'avait pas le droit de me briser, de prendre mon coeur et de le piétiner sans aucun remord. Je veux qu'il paye. J'ai ce besoin malsain de le voir plus bas que terre. Je le déteste tellement.
Je me lève du lit et sors en vitesse de cette chambre. Je me fais du mal pour rien et j'ai assez versé de larmes pour ce lâche. Aujourd'hui c'est terminé. A son tour.
Une fois dans la bonne chambre, je fouille partout dans les affaires de Diane. Sous son matelas, dans ses draps, sa valise, son sac, la commode à côté de son lit, je ne le trouve nulle part. Connaissant mon amie, elle l'a embarqué avec elle au ski. Mon Dieu, j'espère qu'elle ne va pas le perdre en plein milieu des pistes.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Je sursaute. Merde, prise la main dans le sac. Je me retourne pour faire face à Diane amusée par mon comportement. Je pourrai moi aussi rire de la situation surtout que j'ai l'air d'une gamine prise en faute, mais je suis obnubilée par mon envie de vengeance.
- Où est mon passeport ? grommelé-je en continuant à chercher.
- Pas là. Tu es même glacée, plaisante-t-elle.
Je lui fais mon regard le plus noir pour lui passer l'envie de me taquiner mais elle explose de rire accentuant mon agacement.
- Rends-moi mon passeport, Diane, lui ordonné-je sur les nerfs.
Elle secoue la tête puis va s'installer sur son lit. Diane est la personne la plus têtue que je connaisse, elle ne cédera pas. Elle est pire qu'Adélaïde. Heureusement qu'elle compte autant pour moi sinon je l'aurais étripée pour reprendre mon passeport.
Diane retire sa combinaison de ski jaune poussin d'une lenteur insupportable. Elle joue avec ma patience, me teste, se délecte de mes nerfs qui lâchent l'un après l'autre. Dans un sens, je peux comprendre qu'elle me l'a volée. Diane est la dernière à être rentrée dans notre groupe. Elle ne sent pas toujours à l'aise avec tout le monde, surtout Adé qui ne lui laisse pas de place. Mais merde, je n'en peux plus qu'on décide pour moi.
- Putain, Diane, rend le moi, m'énervé-je.
Foutu passeport.
Foutu amis.
Foutu ex.
- Il est hors de question que je te rende ton passeport si tu comptes partir dès la minute suivante, réplique-t-elle déterminée.
- Mais merde à la fin, ce n'est pas à toi d'en décider ! Si j'ai envie de me barrer, ça ne regarde que moi. C'est mon droit davoir le choix. Je ne l'ai pas eu pour le lieu de ces vacances, la liste des personnes présentes, le retour d'Hunter... Il s'agit de ma vie alors arrêtez de décider pour moi !
Diane baisse la tête comprenant enfin quelle a mal agi. Jai conscience de passer mes nerfs sur elle et elle ne le mérite pas, mais jen ai marre quon profite de ma gentillesse pour se permettre de tout me faire.
- Je suis désolée, El. Je fais seulement ça pour ton bien... et aussi par pure égoïsme ! Je n'ai pas envie de passer ces vacances sans toi et bien que je ne comprenne pas les motivations d'Adé et Griffin, je sens qu'ils ne l'ont pas fait pour te faire du mal...
- Peut-être mais c'est ce qui est arrivé !
- Je sais... Je vais te rendre ton passeport. Il est caché dans le piano du salon principal. Je me suis dit que tu n'aurais pas l'idée de le chercher dedans !
- Bonne cachette, admiré-je.
Elle sourit fière de son idée.
- Ecoute, c'est vrai que je n'aurais pas dû prendre cette décision à ta place, je n'avais vraiment aucune envie que tu t'en ailles... J'espère que tu essayeras de t'amuser avant de prendre une décision définitive.
- Je ne vais pas partir, Diane. Le séjour nous a tous coûté une fortune et vous êtes là, toi et Matti. Bien que je déteste cette maudite neige, le cadre de Zermatt est plutôt pas mal et les gens sont vraiment gentils. J'ai des raisons de rester.
Je ne mens pas. J'ai envie de rester et d'apprendre à connaître Rick. Cet homme m'intrigue plus qu'il le devrait, puis le fait qu'il fasse partie des Revolver est une chance inouïe, tout comme ce concours de musique. Et si ?
- Alléluia ! s'exclame Diane, heureuse. Maintenant, raconte-moi ta rencontre avec le chanteur des Revolver. Je n'arrive toujours pas à croire qu'ils sont ici. Mon père en serait vert de jalousie, il est fan depuis son adolescence, il serait capable de débarquer en Suisse si je lui dis !
- Tu devrais, lui conseillé-je. Rick ma dit quils allaient donner un concert...
Je ne lui parle pas du concours de musique ou elle s'empresserait d'en parler à Matt pour me convaincre de participer. J'en ai envie, c'est vrai, mais je ne suis pas prête. Je n'ai pas joué depuis une éternité et chanté sobrement depuis aussi longtemps. Je vais me ridiculiser devant tout le monde, devant Rick et son groupe et ça je ne peux le permettre.
- Tu l'appelles par son prénom, remarque Diane, suspicieuse. Je vois que vous êtes déjà très proches...
Elle me gratifie d'un clin d'oeil équivoque qui me donne envie de vomir. Je ne vois pas du tout Rick de cette manière, mais alors pas du tout.
- Tu divagues, Diane ! Rick a au moins quarante-cinq ans ou plus, il pourrait être mon père, rigolé-je.
- Bradley Cooper a bien la quarantaine et tu es folle de lui, me fait-elle remarquer.
- Parce que Bradley Cooper est un fantasme, rien de plus ! Rick n'est pas comme ça, il est réel. Bradley Cooper aussi mais je suis certaine de ne jamais le rencontrer. Ils sont très différents !
Puis je les préfère jeunes, un peu moins de la trentaine avec un sourire à tomber. Comme Hunter, me dis-je ironiquement.
- Il est comment en vrai ?
- Normal... Des cheveux bruns, un visage carré, des yeux verts perçants et une silhouette plutôt mince et élancée. Il me fait penser à Viggo Mortensen dans le Seigneur des Anneaux.
- Canon, admet-elle.
- Depuis quand tu trouves un homme canon ?
- Je suis peut-être une fervente des minous bien mouillés et épilés, il m'arrive de trouver une certaine beauté chez un homme tant que leur queue horrible ne s'agite pas devant moi avec ces deux boules monstrueuses qu'ils osent appeler "leurs joyeuses".
J'explose de rire. Diane a toujours des comparaisons loufoques mais tellement horripilantes sur les pénis. Elle les trouve laids et est persuadée qu'ils ne sont pas capables de provoquer autant de plaisir qu'une langue, des doigts et tout ce qu'elle utilise avec ses partenaires.
- Bref, Rick a beau avoir quarante-cinq ans, peut-être qu'il aime bien se taper des petites jeunes dans ton genre !
- Berk, je n'ai aucune envie de me taper Rick. Ce serait trop bizarre, presque...
Incestueux, je termine dans ma tête.
C'est une idée stupide mais tous les hommes de cette tranche d'âge me font cette effet. Merci le fantôme de mon père, merci à ce lâche de m'avoir abandonnée un an après ma naissance !
- Je n'ai aucune attirance sexuelle pour cet homme, conclus-je.
- Tu as peut-être viré de bord, plaisante-t-elle.
- Désolée, Diane, mais toujours pas.
Elle souffle exagérément pour faire semblant d'être déçue. Je ne suis pas dupe, Diane n'est pas le moins du monde attirée par moi. Elle préfère les grandes rousses aux physiques parfaits et pas les petites brunes colorées en blondes et toujours perturbée par leur stupide ex.
- Tu brises mon coeur fragile, Ella, ment-elle. Je vais devoir m'envoyer un tas de filles canons pour t'oublier.
- J'en suis sincèrement désolée, Diane. Te forcer à coucher avec des femmes c'est vraiment cruel de ma part, ironisé-je.
- Je ne te le fais pas dire, rit-elle.
Je souris. Discuter et plaisanter avec Diane m'a fait du bien, je sais qu'elle sera toujours là pour moi quoiqu'il arrive. Je devrais me confier à elle, lui parler de ce que j'ai prévu de faire mais je ne suis pas sûre qu'elle comprenne.
- Puisque j'ai le coeur en morceaux, je compte bien profiter de la soirée de ce soir pour ne pas rentrer seule.
- Quelle soirée ?
- On sort au restaurant... Avant de trouver des excuses pour ne pas venir, dis-toi que Matt et moi on sera là, qu'un tas de skieurs beaux gosses seront prêts à tout pour te changer les idées parce que faut être réaliste tu es canon ! Ils vont te manger dans la main et...
- Economise ta salive, Diane, ricané-je. Je viens.
Ce n'est pas son argumentation qui m'a convaincu mais la simple idée de flirter avec un homme sous les yeux d'Hunter m'enchante au plus haut point.
Que le jeu commence.
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