Les jours passaient, accompagnés d'une douceur incroyable. Une beauté découverte accompagnée de révélations. Jisoo en goûtait tout le bonheur et toute la délicatesse. C'était là la plus belle des découvertes, un morceau de paradis offert à ce bas-monde. Un éclat de joie pur au milieu du ciel en perpétuel renouveau.

Les images de cette nuit, de ce début de semaine, revenaient toujours. Ce n'en était pas désagréable. Le jeune asiatique ne disait rien à personne lorsque ces instants le prenaient. Un léger rougissement prenait alors place sur ses joues, ainsi qu'un sourire à peine visible. Il se souvenait de tout, dans le moindre détail. La pulpe de son index traçait la ligne de sa lèvre inférieure, presque timidement. Un flash obscurcit sa vision pour lui laisser entrevoir les limbes du passé ...

Un baiser volé. Un souffle de vent échoué sur ta bouche. Le murmure du Paradis, la promesse d'un monde meilleur. La caresse du feu qui lèche sa peau. L'aura brûlante et douce d'un être cher.

Tu le touches, comme s'il s'agissait de la première fois. Tu le découvres d'une manière que tu ne concevais pas jusqu'alors. Timidement, avec tendresse et chaleur. Tu sens ses lèvres fines contre les tiennes, les épousant comme tu n'aurais jamais pensé cela possible. Comme deux faces d'une même pièce, qui auraient cherché la réuni des années durant. L'Ange se dévoile à toi, magnifique et sensuel !

Tu goûtes à la perfection de l'instant. Tu dessines devant toi ce dont tu as toujours secrètement rêvé. Il n'y a ni questionnement ni doute, juste la certitude du plaisir éprouvé. Les étoiles brillent jusque dans tes yeux et tu ne les as jamais tant appréciées. La nuit laisse place au jour malgré l'absence du Soleil, était-ce cela, le bonheur ?

Le baiser se voit être approfondi et tu fermes les yeux plus forts. Les astres se déposent juste sous tes paupières. Ta main trouve sa place dans les cheveux soyeux de Jeonghan, tu en ressens la texture incroyable. Une douceur sous tes doigts que tu savoures, comme une offrande de la Nuit.

Il t'embrasse et tu le lui rends, avec toute l'approbation imaginable. Tu caresses son visage avec prudence et pudeur. Tu te familiarises avec ces traits que tu as si longtemps admirés. C'est une chance que tu ne conçois pas, que tu visualises cruellement.

Finalement, vos lèvres se quittent alors que vos souffles se mélangent. La fraicheur nocturne créer ces volutes opaques qui s'accrochent à chaque expiration. C'est une part d'intimité partagée alors qu'un sourire naît sur tes lèvres. Le même creuse le visage de l'Ange, mu de la même sincérité. Tu sens son pouce dessiner le contour de ta mâchoire jusque sur ta joue. Un geste empreint de délicatesse et d'émotions. Ces dernières se déversent sur toi, tout contre ta peau. Tu les accueilles sont trop les comprendre, fébrile.

Tu déposes ton front contre le sien, et sa chaleur se fait tienne. Les yeux de Jeonghan sont clos et tu décides d'en faire de même, laissant tes sens libres. La brise légère épouse vos corps proches mais tu n'y prêtes aucune attention. Tu ne fais que profiter de ce calme qui te prend soudainement, cette plénitude absolue. Tu ne sais combien de temps passe, mais tu ne bouges pas. Tu pourrais rester ainsi des heures sans jamais t'en lasser.

Mais c'est toi qui brise cet instant, sans vraiment savoir pourquoi. Tes paupières s'ouvrent et te laissent découvrir Jeonghan à nouveau. Le grain de sa peau, la perfection de ses traits. Tu souris tant cette vision t'émeut. L'Ange descendu du ciel semblait calme ainsi, reposé et serein. Tu cueilles sur ses lèvres tout ce que tu peux encore désirer. Nouant vos êtres pudiquement, d'une manière saturée de sentiments et de promesses. Tu l'embrasses et lui dévoile tout ce que les mots sont incapables de transcrire. Ce que tu ne sais pas encore mais dont ton cœur est cerné. Tout ton amour !

La réalité reprenait ses droits et emporte avec elle Jisoo. Elle le capture et le noie dans un tas de détails insignifiants. Le bruit ambiant de la salle à manger et l'odeur de nourriture. Tout cela est secondaire, mais le jeune garçon s'y trouve confronté.

C'était le même scénario depuis des jours. Le passé et le présent se perdaient sous les yeux de l'asiatique, étrangement impuissant. Il ne s'en plaignait mais le retour au monde était toujours douloureux. La morosité du quotidien contrastait avec son bonheur évident.

Les heures s'alignaient, Jisoo ne voyait pas la différence. Perdu dans les souvenirs du moment le plus mémorable de son existence. Il sentait encore la chaleur de ce baiser, des sensations qu'il avait éveillées.

Quelle était l'exacte nature de ses sentiments pour Jeonghan ? Pour certains, la déduction était simple mais elle ne l'était pas pour l'adolescent. Il était perdu au milieu de ses émois, d'émotions qui lui échappaient totalement. Un mystère nouveau qui ne le quittait plus. L'aimait-il ? Tout portait à croire que la réponse était positive mais il était incapable de la concevoir. Encore brûlant des moments partagés, il ne souhaitait que profiter de ces moments d'intimités.

-Joshua ?

La voix de Seungcheol tira son cadet de ses pensées. Le premier dévisageait son homologue, une lueur suspicieuse au fond du regard.

-Oui ?

-Ca fait dix minutes que tu regardes dans le vide.

Jisoo passa sa main sur son visage, cela lui arrivait souvent actuellement. Chan l'observait avec curiosité et lucidité, juste à côté. Il renchérit, d'humeur badine :

-Et ton regard est dirigé vers une certaine personne ...

Une phrase laissée en suspens dont l'ironie perçait. Le benjamin adressa son regard le plus innocent à son vis-à-vis. L'asiatique ne s'était rendu compte de rien alors que l'Ange se trouvait à la table d'en face. Etait-il si peu discret ?

Seungcheol secoua la tête, incrédule. Il n'était pas dupe, idiot encore moins ! Son ami dévorait Jeonghan lorsqu'il n'était pas perdu dans ses pensées. C'en était aberrant.

-Jisoo, on n'est pas aveugle, tu sais ?

Le dénommé soupira exagérément :

-Je le sais.

Ses deux amis échangèrent un sourire à la fois entendu et complice. La situation leur était bien plus claire, à eux. Les sentiments humains se distinguaient alors dans le regard de deux jeunes garçons. Des émotions que le temps distinguerait. Chan et Seungcheol comprenait tout cela, avec joie et recul.

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C'était à la fois beaucoup et si peu ...

Un regard furtif lancé au détour d'un couloir. Un coup d'œil appuyé durant le monologue interminable des nonnes. Deux prunelles orphelines s'accrochant l'espace d'un instant, sans réelle discrétion.

Un contact léger dans un couloir, deux mains qui se frôlent comme un songe. Ce geste suivi de picotement au bout des doigts de longues minutes, ainsi qu'un sourire sur les lèvres du plus jeune.

Oui, c'était bien peu en réalité. Le témoignage d'une affection naissante mais dévastatrice. L'illustration de sentiments restés trop longtemps masqués. Les deux jeunes garçons s'en contentaient avec difficultés, appréciant ces minces instants de partage.

Plusieurs choses avaient changé depuis cette fameuse nuit et l'asiatique ne pouvait les regretter. Tout d'abord, la nuit n'était plus douloureuse à ses yeux, ni même cernée de solitude. Il la partageait désormais avec l'Ange, lorsqu'ils en ressentaient l'envie. L'un d'eux s'extrayait de sa couche pour quitter le dortoir, le message passait sans même un mot de prononcé. Et ils se retrouvaient alors dehors ou sous la fenêtre. C'était de longues heures de contemplation, des baisers échangés sans hâte. La découverte de l'autre sous le ciel étoilé.

L'exil n'accompagnait plus l'aube désormais. Lorsque la Lune ne les appelait pas à elle, c'était le levé du jour qui provoquait cela. Ce besoin de partage et de beauté. Jeonghan respectait néanmoins les caprices liés à l'isolement de son cadet, devenus très rares. Une entente mutuelle qui n'exigeait aucune parole.

Ils restaient témoins ensemble de l'aube, touché par cet instant spécial. Les teintes pastelles prenaient place au sein même de la Nuit, pour en faire mourir la moindre noirceur. Le Soleil faisait alors son apparition, prêt pour sa lente apogée journalière. C'était tout un mécanisme qui se dévoilait, à la frontière du jour. L'espace entre deux entités qui combattaient leurs droits, l'entrée d'un autre monde.

Jisoo songeait à cela, au beau milieu de la nuit. Ses pensées dérivaient sans la moindre limite alors que la pièce se muait dans un robuste silence. Ses sentiments, quels étaient-ils ? Il était trop jeune pour connaître le réel sens d'amour, et voilà que, aujourd'hui, cela lui faisait défaut. Il connaissait l'attachement tel qu'il le ressentait pour Chan ou Seungcheol ou l'indifférence. Il existait pourtant une forme plus forte d'émotion et la haine n'y était pour rien. L'adolescent ne pouvait nier les signaux de son corps. Ces picotements là où Jeonghan passait ses doigts ou ses lèvres, l'effet de ses baisers ... Il n'y avait rien de comparable à cela !

Encore une fois, Jisoo passa sa main sur sa bouche, mécaniquement. Ce n'était pas encore une certitude mais une réflexion proche d'être menée à bien. Qu'en était-il de son ainé ? Ressentait-il les mêmes choses, cette émotion tenace ?

Les pensées affluaient et faisaient fuir le sommeil. Le jeune garçon y avait renoncé il y a bien longtemps. La Nuit n'était plus source d'angoisse mais les interrogations persistaient. Sa main se serra compulsivement sur le drap alors que ses yeux se fermèrent, l'espace d'une minute. L'asiatique arrivait aux portes de la compréhension, de ce qu'il avait rejeté jusqu'alors. Etait-il envisageable d'aimer quelqu'un davantage que Jeonghan ?

Non, Jisoo ne pouvait le concevoir ! Les limites de l'amitié se dessinaient là, à l'endroit même où l'attirance physique était absence. Les émotions que l'Ange lui inspirait étaient diverses et semblaient sur le point de fusionner. Cette chaleur bienheureuse qui prenait naissance dans la poitrine de l'adolescent était-elle bien de l'amour ?

Il s'arrêta à cette pensée brute. Il bloqua tout le reste digne de parasiter cette certitude qui prenait place dans ses entrailles. Ses yeux s'ouvrirent brutalement dans l'obscurité, emplis d'une assurance nouvelle. Il ne savait pas d'où lui venait cette révélation, mais maintenant il sait. Le jeune adolescent n'était pas encore capable de prononcer cela à voix haute mais son âme et son cœur formait un commun accord.

Jisoo se levait, avec franchise et sans le moindre son. Il se débarrassa de sa couverture devenue encombrante et passa sa main dans ses cheveux emmêlés. Cette fois, c'était lui qui allait quitter le dortoir le premier, qui inviterait son homologue à le suivre. La Nuit empreignait en lui un accès de courage en lui, comme il ne l'avait jamais connu. Il traverse la pièce et ses pas font craquer le plancher sous son poids. Ce n'est rien qu'un bruit occasionné, que le sommeil léger de l'Ange ne pouvait éviter. Son cadet savait pourtant que l'autre ne dormait pas, comment le pourrait-il ?

Jisoo dépassa la couche de son ainé, sans même un regard. Il aurait pu se contenter de cela, comme son homologue le faisait si souvent. Mais quelque chose l'arrêta cette nuit-là, la même que celle qui l'avait poussé à se lever. Il s'arrêta juste devant la porte après l'avoir rentrouverte. Jisoo se retourna et prononça ces paroles, son regard planté dans celui du plus âgé :

-Je t'attends, Jeonghan.

Et il disparut, sans voir le sourire qui naquit sur les lèvres de l'Ange, bel et bien réveillé. 

Tant de promesses sur cette fin de chapitre ... Arf !

Chapitre plutôt long (presque 2000 mots) et à but clairement transitif. On approche de la fin ET du lemon. La relation entre Jisoo et Jeonghan évolue et ce chapitre le montre tout en laissant s'écouler un peu de temps. 

Retour de Chan et de Seungcheol et vous pouvez faire vos adieux parce que l'on ne les reverra plus ... Bah oui, la fin approche à grand pas !

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Bises sur vos têtes d'écoliers ~