"- Attendez... Répétez-le moi s'il vous plait ! J'ai bien peur d'avoir mal compris votre requête."

Qu'il est long à la détente ce vieillard d'Alpha !

Je lance un regard furtif à mon ami, cherchant un minimum d'espoir réconfortant en sa personne. Il se tient droit à côté de moi puis repose mon attention sur le métamorphe loup en face de moi.

Celui-ci se tient debout, les bras croisés et le visage neutre. Brun avec quelques mèches grises, il a des yeux d'une couleur unique ; une couleur qui n'existe que chez la famille du chef : blanc.

Blancs, démunis d'une quelconque couleur. Blancs comme un simple nuage neutre.

Je me demande si l'ancêtre de cette famille a été élu chef de ce village grâce à la couleur de ses iris. Mais d'après mes connaissances, un loup peut devenir chef du village si il en est le créateur ou s'il a battu le chef actuel dans un duel légal.

D'ailleurs, jamais un renard ne s'est montré dominant envers le village. Mais bon, c'est la vie...

Que de discrimination envers les renards... Nous qui sommes pourtant si réputés pour notre ruse !

Peut-être qu'un jour, quand nous serons plus nombreux, nous partirons former notre propre village !

Bon, revenons à la réalité. Bref, vous l'aurez compris, je me tiens face au chef du village.

"- Mon ami ainsi que moi aimerions quitter le village afin d'aller en ville le temps d'une courte durée. Me répétai-je."

Quelle phrase majestueuse que je viens de former là ! Je peux dire que mon language formel est au poil !

L'Alpha ne pût retenir un sourire moqueur alors que deux gardes présent dans cette salle se moquaient ouvertement de nous.

Bande de scélérats !

"- Nous aimerions découvrir comment vivent les humains, ce qu'ils ont de différents de nous et pourquoi sont-ils tant redoutés. Annonce mon ami.

- Bien alors, et d'où vous vient cette idée loufoque mes chers ? Lance l'Alpha.

- Certains métamorphes sont morts, tués par certains humains. J'aimerais savoir pourquoi ils font cela.

- Ma petite Fanny, si les humains nous font voir la mort, c'est tout simplement parce qu'ils ont peur de nous ! Avoue l'homme.

- S'il vous plaît Alpha ! On aimerait tellement y aller ! S'exclame Youenn."

L'Alpha nous dévisage l'un et l'autre avant de se décider à nous répondre.

"- Bien, si tel est votre choix, j'accepte malgré certaine conditions que je vous impose...

- Et quels sont vos conditions ? Demande mon ami.

- Pour commencer, aucune fugue ne sera tolérée. Débute notre chef.

- Bien. Disons Youenn et moi.

- Ensuite j'aimerais que vous partiez en compagnie de l'un de mes fils car je les ai entrainé à se défendre, eux. Dit malicieusement l'Alpha.

- Quoi ! Mais nous... Je fus coupé par mon ami qui me donne un coup de coude. Erm, bien d'accord, continuez Alpha.

- Donc je disais. Primero, vous partez avec l'un de mes fils. Secundo, ne vous liez pas d'amitié avec les humains. Et Tercero, vous reviendrez intact chaque nuit dormir au village.

- Compris. Dit Youenn.

- Vous pourrez quittez le village dès cet après-midi, le temps que j'en informe mes gardes."

Bon, notre expédition aura finalement lieu. Je devrais me réjouir. Youpi...

Nous serons surveillés en continu par le fils de l'Alpha. Nous serons assistés et dirigés. Mais c'est génial tout ça !

Youenn et moi quittons la pièce où nous négocions avec le chef.

Je retourne chez moi, à mon logis, rejoindre ma mère et mes sœurs.

Je fus accueilli seulement par mes sœurs, Bleuenn, Morgan et Soline, âgées de maintenant onze ans.

Je ne suis pas surprise de ne pas apercevoir ma mère : elle reste souvent introuvable en journée et ne revient que le soir lors des dîners en famille. Mais rares sont les fois où nous avons dîner sans sa personne.

Elles me demandent où est-ce que j'étais passé et me proposent de passer l'après-midi ensemble. Gênée, je décline cette proposition du fait que j'aille en ville cet après-midi, en revanche je leur propose de passé le surlendemain ensemble. Elles acceptent, heureuses.

Mes sœurs proposent de jouer à un de leurs jeux préférés étant cache-cache mais en plus corsé : lorsque l'on trouve quelqu'un, il faut dire son prénom sinon ça ne compte pas.

Évidemment, elles gagnent souvent car ce n'est pas facile de les reconnaître quand elles sont cachés.

Mais bon j'ai mes petites astuces : Bleuenn a les yeux bleu canard tandis que ceux de Morgan et Soline sont vert d'eau. Et Morgan a les sourcils châtains.

Voilà c'était les astuces de Fanny, à plus pour un autre épisode !

Je réponds positivement à mes sœurs puis les suit à l'extérieur.

Comme d'habitude, je suis désignée en tant que renard devant trouver les trois petites souris que sont mes chipies de sœurs.

Je me cache la vue à l'aide de mes petites mains et commence à compter.

J'espère ne pas trop passer pour une attardée devant les peu de passant se promenant dans la rue longeant la propriété m'appartenant.

Je sens le vent se lever et trifouiller mes blonds cheveux. Je continue mon énumération de chiffres.

"- Trente-sept. Trente-huit. Trente-neuf. Quarante ! J'arrive les filles !"

Après les avoir prévenu, je retire mes mains de mon visage. La lumière naturelle des rayons du soleil en profite pour m'agresser les pupilles.

Lorsque je m'adapte à la luminosité, j'aperçois quelques mèches rousses dépasser du petit  sapin vert.

Il ne me reste plus qu'à deviner à qui elles appartiennent...
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