Lui ?!
Résumer : Invitée à un somptueux bal au château de Groussay en l'an 1961, Lise est ravie. Mais qui peut bien être ce jeune noble étrange quel ne connaît point ? Qu'est-ce que cela peut-il bien cacher ?
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En 1961, à un bal au château de Groussay.
J'étais ballotée par la calèche qui m'amenait au château. Au dehors, les arbres défilaient le long d'un chemin en terre, vite remplacé par une allée bien entretenue. Deux magnifiques colonnes surmontées de cerfs allongés encadraient les grilles donnant au château. Un château bien nommé ! Le petit Versailles m'accueillait, en son sein pour une fête des plus grandioses en ce début de soirée.
La calèche fut à peine arrêtée face à cette impressionnante bâtisse que deux laquais venaient déjà m'aider à mettre pieds à terre.
Je descendis gracieusement et faillie me prendre les pieds dans les grosses chaussures hideuses d'un des laquais. Le gracieusement était loupé. Je lui lançais un regard noir avant d'entrer dans la demeure où je fus accueillie par mon hôte. Charles de Besteguey, en personne, vint m'accueillir du haut de ses échasses. Il était bien comme on me l'avait décrit. Un homme fantasque prêt à assouvir toutes ses idées farfelues. On pouvait bien appeler fantasque un homme qui accueillait ses invités sur des échasses, dans un château fait de folies !
Il m'accueillit en me dominant de toute sa hauteur avant de me guider vers le centre principal de la fête. Je traversais ainsi la moitié de son château des plus splendides. Malgré le fait que ce soit tiré des plus profondes imaginations d'un homme que je considérais comme à moitié fou, je devais l'admettre, le château était d'une magnificence à couper le souffle. Tous ces décors, ces tapisseries, ces tableaux et ces meubles semblaient rassembler toute la finesse et la délicatesse qu'un artisan avait pu mettre dans un objet.
Sans m'en rendre compte, j'avais déjà gagné le centre de la fête. La salle de bal, où la fête battait son plein, rivalisait avec toutes les merveilles que j'avais pu voir. Les hautes fenêtres donnaient sur le froid de la tombée de la nuit, vite recouvert par de lourds rideaux brodés de nombreux fils d'or et d'argent. Ils renvoyaient la lumière de larges lustres aux éclats de cristal pendant dans le vide dans une géométrie parfaite.
Contre les murs, de magnifiques tables, aux nappes blanches comme neige, supportaient de nombreux mets richement présentés et à la rareté inouïe. De nombreux fruits exotiques s'empilaient en pyramide et des douceurs aux couleurs vives s'étalaient sur des plats en argent.
Des serviteurs déambulaient dans la salle, proposant des coupes de cristal remplies d'une liqueur m'étant inconnue, aux invités présents à la fête.
Tous s'étaient parés de leurs plus beaux habits et aux cous des femmes, brillaient de magnifiques parures de diamants et diverses pierreries. Rien n'avait été laissé au hasard. Besteguey avait fait en sorte que cette fête reste dans nos mémoires. D'ailleurs il n'avait pas voulu nous laisser les bras ballants. Un orchestre jouait de délicieux airs de valse sur lesquels les invités venaient danser.
Je regardais de loin tout ce beau monde s'amuser et se divertir. De charmants gentilhommes comptaient fleurette à quelques dames richement vêtues, qui souriaient aux plaisanteries de leur cavalier.
- Excusez mon impolitesse belle dame, mais pourriez-vous m'accorder une danse ?
Je sursautais quelque peu surprise. Un bel homme s'était présenté à moi pour profiter de la soirée en ma compagnie. Il était grand avec une carrure plutôt athlétique et un visage charmant. Ses cheveux, couleur de jais, étaient retenus par un fin ruban rouge s'accordant parfaitement à son costume aux mêmes teintes. Ses yeux brun ou noir me regardaient sans ciller, ils exprimaient une admiration dû sûrement à la fête. Un léger sourire creusait d'adorables fossettes sur ses joues.
Il était beau et un rapide coup d'œil vers les autres invités me confirma que plus d'une damoiselle était tombée sous son charme.
Seulement, je ne l'avais jamais vu à la cour. Je n'avais de même, pas entendu qu'un noble fut nouvellement nommé. Qui était-il ?
- Avec plaisir. Pourrais-je, seulement, avant de vous accorder ma charmante compagnie pour la fête, savoir à qui j'ai l'honneur ?
- Mon nom vous est-il vraiment nécessaire pour arriver à danser avec moi sans tomber sous mon charme ?
- Non, pas des moindres mais je voudrais éviter de me faire enlever par un bel inconnu voulant apprécier ma compagnie !
- Vous me voyez d'humeur à relever votre défi, me taquina-t-il.
- Faudrait-il que je craigne pour ma vie ?
- Non très chère, je me contenterais de vous ôter un ou deux baisers.
- Dois-je me sentir offensée ?
- Pas si vous m'accordez votre compagnie.
- Seriez-vous en train de me faire du chantage, questionnais-je.
- En toute honnêté.
- Je me verrais bien, alors, profiter de votre arrogance.
- Je m'en vois flattée.
Je pris la main qu'il me tendit et me fis entraîner au milieu de la pièce avec les autres danseurs. Il avait une démarche souple et élégante, me faisant virevolter à chaque tour. Sa main sur ma hanche était chaude, elle me guidait au rythme de ses pas.
Il était vraiment mystérieux. D'où venait-il ? De quelle famille était-il issu ? Je ne le savais pas. Je ne l'avais jamais vu. C'était bizarre mais je décidais de ne pas me laisser affecter par cela. Je me laissais entraîner par la danse et la musique, en synchronisation parfaite avec mon cavalier. A la fin de la danse, j'avais le souffle court. Je m 'étais bien amusée, mais maintenant j'avais besoin de reprendre mon souffle.
Mon cavalier s'était éclipsé à travers la foule pour faire je ne sais quoi. Je me postais près d'un mur, reprenant mon souffle de cette danse folle qui m'avait épuisée. En survolant les invités du regard, je remarquais du coin de l'œil, une imperfection dans ce décor mais elle disparue très vite, emportée par la foule.
Soudain, mon chevalier servant surgit devant moi, deux coupettes remplies d'une boisson ambrée, dans les mains.
- Un rafraîchissement Mademoiselle ?
- Et en même temps pourrais-je avoir votre nom ?
- Vous y tenez tant que cela ?
- Autant que ne pas me faire enlever par vous, répliquais-je.
- Je m'y vois forcé. Je me nomme Héliath, Héliath Pantée.
- Héliath ? Je n'ai jamais entendu ce nom à la cour.
- Vrai ? Je suis pourtant un grand ami de la plupart des nobles présents ici.
- Et vous faite battre le cœur de plus d'une des duchesses présentes
- Surement mais je ne suis pas connu pour mes conquêtes. Mon nom n'a pas dû remonter jusqu'à vos oreilles de peur de les écorcher.
Je lui lançais un regard peu convaincu auquel il me répondit par un sourire charmeur, un sourire magnifique. Trop beau pour être réel même. Décidément il se permettait bien des choses. Malgré cela, j'admettais qu'il avait un très joli nom, en plus de son physique avantageux.
- Très chère.
- Oui ?
- Je pense que le bal est terminé, il semblerait que le banquet va commencer. Je n'aimerais pas que vous en soyez exclu par ma faute.
- C'est tout à fait vrai, je vous suis.
Je n'avais pas remarqué que les invités se dirigeaient vers la salle à manger. Je suivis mon noble et pénétrais dans cette salle tout aussi resplendissante que la précédente. Besteguey ne cessait jamais de me surprendre. Les murs étaient, me semblait-il, fais de marbre et la longue table de bois qui s'étendait sous d'imposants lustres était massive et sculptée avec soin. Elle était recouverte d'une longue nappe blanche avec un couvert de toute beauté. On me plaça entre deux gentilhommes, Héliath en face de moi déjà accaparé par ses deux voisines. J'en profitais pour bavarder moi aussi et questionnais mes voisins.
- J'ai été fort surprise de découvrir le nom d'un noble bien connu n'ayant jamais atteint mes oreilles.
- Ah bon ! quel est-il ?
- Héliath Pantée, le connaissez-vous ?
- Vous me voyez tout aussi surpris que vous. Je ne le connais point ! N'est-il pas un ambassadeur d'un autre pays séjournant ici ?
- Non pas que je sache. Il me semble totalement français, dis-je
- Aurait-il voyagé ?
- Pas à ma connaissance.
- Alors je ne pourrais répondre à vos questions mais je serais fort aise de rencontrer votre gentilhomme, répondit-il.
Je continuais mon repas, enchaînant les plats, en discutant et riant au fil des conversations. A chaque fois, que j'avais l'audace d'adresser une plaisanterie à Héliath ou même de discuter avec lui, je me faisais mitrailler par le regard de ses « charmantes » voisines, jalouses.
Je m'amusais bien, dégustais des mets savoureux, riais aux plaisanteries de tel ou tel gentilhomme. De temps en temps, dans les recoins sombres de la pièce, je voyais une large ombre géométrique passer sur le mur, sûrement un serviteur transportant des plats.
J'avais complètement délaissé mes questionnements au sujet d'Héliath malgré le fait qu'il m'avait tourmenté pendant tout le début du repas. Oui, un serviteur très grand et un peu effrayant portant d'immenses plats !
La soirée était plus qu'avancée quand je m'évadais de la fête qui commençait à être étouffante. Je pris ainsi l'air frais du soir dans les jardins. Cela m'apaisa et me détendis. Je n'entendais que faiblement les rires et la musiques provenant du château.
- Vous me fuiez ?
Je sursautais ! Je ne l'avais pas entendue arriver !
- Peut-être mon arrogance vous a fait fuir ?
Je me retournai. Héliath se trouvait là, près d'une haie bien taillée. Il me regardait de ses yeux perçants. On aurait pu croire qu'il n'était pas là, seulement une illusion que nous jouaient les ombres du soir. Eclairé par la lune, il était magnifique, tel un fantôme voulant retourner à la réalité.
Je m'avançais vers lui.
- Peut-être ou peut-être pas.
- Ne me laissez pas sur cette interrogation sinon je serais obligé de vous la voler.
- Très bien, très bien, ne faites pas des choses que vous pourriez regretter. Je me suis éloignée simplement pour pouvoir respirer un peu d'air frais, répondis-je.
- Vous m'en voyez soulagé. Je me suis bien amusé avec vous pour me tenir compagnie.
- J'en suis ravie.
- Je vais hélas, devoir bientôt partir, je vais être obligé de vous quitter.
- Alors au revoir.
- Avant... laissez-moi vous offrir ceci !
Il s'approcha un peu plus près de moi, entoura mes hanches de ce bras puissant et déposa ses lèvres sur les miennes. Il ne fit que les effleurer mais cela réveilla une nuée de papillons dans mon bas-ventre. Ce baiser, aussi fugace soit-il, réussit à imprimer la chaleur de son corps sur le mien, la trace de ses lèvres sur les miennes et à réveiller un millier de sensations en moi. Lorsqu'il se détacha de moi presque à contre-cœur, j'avais le visage en feu ! Ses yeux étaient fixés aux miens avec un regard mélancolique, comme s'il était déçu que cela soit déjà terminé.
- J'aurais finalement pu vous le voler ce baiser ! au revoir.
Je ne pus prononcer aucun mot pendant qu'il s'éloignait. Très vite, il disparut dans la nuit, emporté par les ombres. Je regardais pendant longtemps le chemin qu'il avait pris pour retourner au château et partir.
Après plusieurs minutes interdites, pensant à tout ce qu'il s'était passé pendant la fête, je poussai un profond soupir.
- Et... COUPE ! c'était super, cria le staff, fantastique ! J'aimerais juste que les laquais fassent un effort sur leurs chaussures. Non mais voyons, les basquets ! Sinon la perche, il faut faire attention, personne ne doit la voir et la caméra 3 doit faire attention à bien être dans l'angle mort de la 5 et de la 1 ! Bon, les acteurs vous passez vous faire une re-vérification, vous passez au maquillage et on la refait, il y a un problème avec l'acteur, je sais pas d'où il nous sort ce scénario !
Je descendis de la scène et passais dans les coulisses. L'acteur avec qui j'aurais dû jouer était là. Totalement différent de l'homme avec qui j'étais sur scène. Maintenant je m'en rendais compte, le texte que j'avais joué était une totale improvisation. Je n'avais pas du tout suivi le script ! En plus, Le personnage ne se nommait pas Héliath mais Séraphino. Cet acteur, je ne le connaissais pas du tout, je ne l'avais jamais vu sur le lieu du tournage.
Alors que je me posais toute ces questions, je le vis près des portes de sortie, comme s'il partait. Mais partir où ?
- Lise, où es-tu, me cria ma maquilleuse.
- J'arrive !
Il m'avait suffi d'un simple mouvement de tête pour qu'il disparaisse ! Mais où était-il parti ? et qui était-il vraiment ?
FIN
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