IX

Jace est assez perplexe. Son collègue et ami semble anxieux et ce n'est pas dans ses habitudes.

- Magnus, tu veux bien arrêter de faire trembler nos bureaux.

L'éditeur relève les yeux vers le blond et soupire. Ce matin il a eu Robert au téléphone pour une discussion assez houleuse. En effet ce dernier souhaite voir ses enfants mais aucun des deux ne le veut et il essaye de passer par lui. Il lui a bien évidemment clarifier qu'il pouvait toujours courir surtout après ce que son ex-femme et lui avait osé dire d'Alexander à l'époque. Évidemment  le juge avait tenté de se défendre, arguant sa fermeture d'esprit de l'époque mais Magnus n'avait pas démordu sur le fait que rien, non rien, ne pouvait excuser de faire passer son propre fils pour une prostituée.

- Désolé marmonna-t-il.
- Que se passe-t-il ?
- C'est... Compliqué. Que connais-tu du passé d'Alexander.
- Pas grand chose si ce n'est qu'il a été jeté du domicile familial encore mineur pour son choix de métier et son orientation.

Magnus hocha de la tête. Jeter est un piètre mot pour décrire ce qu'il a vécu mais soit.

- Disons que ses parents l'ont fait passé pour ce qu'il n'était pas auprès d'Isabelle sa sœur, pour se dédouaner et qu'aujourd'hui le père essaye de revenir dans sa vie en se justifiant. Alexander avait tenté de faire un pas vers lui mais il a apprit de nouvelles choses et ne veut plus rien entendre. Je suis moi-même en colère contre ce type mais je ne sais pas. Tu penses que les gens peuvent changer ?

Il voit son ami réfléchir sérieusement à la question.

- Changer ? Non. Mais ils peuvent apprendre de leurs erreurs et s'améliorer. Notre nature reste la même, on sait juste faire quelques ajustements. L'adage ne dit pas "chassez le naturel, il revient au galop" ?
- Tu me conseillerais quoi ? Je n'arrive pas à être impartial. Ma colère contre lui d'avoir fait souffrir Alexander est bien plus prononcée que l'envie de l'aider et que peut-être, je dis bien peut-être, ils arrivent à créer un lien.
- Je ne pense pas être beaucoup plus impartial que toi. Alec est quelqu'un que j'affectionne beaucoup et savoir que cet homme fait partie de ses souffrances ne me motiverais pas plus que toi. Essaye plutôt de parler avec Alec. Vois avec lui s'il est totalement fermé à l'idée de renouer avec son père ou pas. Si tu sens qu'il hésite, discutez-en calmement.

Magnus hoche de la tête, pensif. Oui il peut faire ça. Après tout, c'est son père à lui. Après avoir décidé de comment il allait aborder le sujet, il se remet au travail. Ce manuscrit était prometteur et il compte bien en faire quelque chose de grand.

Alec tourne en rond. Izzy a décidé de récupérer ses affaires chez sa mère mais il n'est pas d'accord. Il préfèrerai que Magnus soit présent.

- Izzy tente-t-il...
- Alec. Notre mère n'est pas là à cette heure-ci. Je ne risque rien. J'ai besoin de récupérer mes affaires. Non pas que j'aime pas porter tes sweat mais décidément la mode et toi ça fait deux et puis j'ai envie de retrouver mon maquillage et mes fringues.
- Mais... On peut en racheter essaye-t-il encore.
- Certaines sont de collection. Impossible à retrouver. Tout ira bien. Et puis elle ne risque pas de me faire quoi que ce soit.
- Iz'... Et si elle décide de t'enfermer ou pire...
- Sérieux Big bro'? Tu t'es cru dans un de tes romans ?
- Elle a contrôlé chaque partie de ta vie Izzy !

Il voit sa sœur se renfrogner. Il sait qu'il vient de marquer un point. Il la prend dans ses bras.

- Je refuse d'être encore une fois séparé de toi...
- T'es pas fairplay grand frère marmonne-t-elle.
- Je sais mais c'est la vérité. Attendons Mag's d'accord ? Au moins qu'il t'accompagne.
- D'accord d'accord abdique-t-elle.

Ils passent le reste de la matinée à discuter des projets de la plus jeune et s'informent sur les écoles. L'année étant trop entamée ils regardent pour la rentrée prochaine.

- Regarde celle-ci fait la jeune Lightwood.
- Elle semble pas mal. Le cursus offre de bonnes conditions. Ce n'est pas très loin d'ici donc pas besoin que tu prennes une chambre sur le campus. Enfin, si tu veux rester ici dit timidement Alec.
- Je ne sais pas. Tu es en train de construire une vie de couple, je ne veux pas vous déranger.
- Tu ne me dérange jamais Izzy s'offusque-t-il. Magnus t'apprécie beaucoup aussi.
- Je dis pas le contraire Big bro'. Juste que... Penses-y. À ce moment-là ça fera déjà plus d'un an que vous serez ensemble. Vous allez sans doute vouloir emménager ensemble.

Alec rosit à l'idée. Il se sent de plus en plus à l'aise pour sortir, enfin, en compagnie de son compagnon alors... Peut-être...

- Tu crois ?
- Alec soupire sa sœur. Magnus est fou de toi. Tu doutes sincèrement ?

Le jeune homme grommele dans sa barbe de quelques jours. L'éditeur est toujours au petit soin avec lui mais... Et s'il finit par se lasser ? S'il finit par comprendre qu'il n'est pas si intéressant ? Alec se retrouvera seul à nouveau et il ne pense pas pouvoir supporter de le perdre. Il est devenu son pilier dans la vie. Son tout.

- Alec... Magnus t'aime et je suis sûre que dans pas si longtemps il voudra te passer la bague au doigt.

L'image fugace de Magnus devant l'autel lui tenant la main pour y glisser un anneau le fait frémir et il sent son visage s'empourprer à cette pensée.

- Toi, tu viens d'imaginer fait malicieusement Isabelle.

L'auteur mordille sa lèvre mais opine du chef. Oui, il se voyait bien épouser l'éditeur. Son ventre fourmille d'un millier de papillons alors que son cœur fait une embardée. Il a envie de se giffler. Il sait qu'il a toujours était un peu rêveur sur les bords mais là, il frisait le nian-nian dégoulinant de guimauve. Le rire de sa sœur le sort de ses afflictions et il la regarde en haussant un sourcil, interrogateur.

- Votre histoire est belle Alec. Elle me donne à moi aussi de vivre une telle histoire d'amour. Après tout ce que tu as traversé, tu as réussi à t'en sortir admirablement bien. Je suis fière d'être ta sœur.

Les mots lui manque alors que l'émotion le gagne et que sa gorge se noue, ému des propos d'Izzy. Il prend sa sœur dans ses bras, incapable de prononcer quoi que ce soit...

Les heures défilent et les deux Lightwood parlent de sujets plus triviaux en attendant Magnus. Alors qu'ils rient d'une énième blague foireuse d'Izzy, la sonnette retentit. Alec regarde sa sœur, surpris.

- Tu attends quelqu'un ?

Sa sœur secoue négativement la tête. Magnus ne sonne plus depuis longtemps, l'auteur lui ayant donné les clefs depuis quelques semaines. Un brin perdu et stressé il se dirige vers sa porte et l'entre-ouvre. Son cœur s'arrête en même temps que le temps.

- Isabelle est là je suppose.

Son cœur repart alors à un rythme effréné de peur et de colère. Pas un "bonjour" pas un "comment vas-tu" pas même une nomination de son être. Ses paumes deviennent moites alors que son organe vital ne cesse d'accélérer. Il veut refermer cette porte, la lui claquer au visage mais son corps ne lui répond plus. Il est tétanisé, redevenant cet adolescent qui l'exècre car incapable de s'affirmer ni de répliquer.

- Alec tout va bien ?

La voix de sa sœur le sort de sa torpeur et il reprend pied avec la réalité. Son regard alors s'ancre sur celui noir qui lui fait face.

- Part d'ici.
- Tu n'as aucun droit. Isabelle est ma fille.
- Elle est ma sœur.
- Tu n'es rien.

La voix claque et Alec reçoit cette simple phrase comme une giffle. Les mots peuvent tant faire de mal pense-t-il. Un rire amer lui échappe et c'est avec toute la rancoeur qu'il lui répond.

- Je suis pourtant bien là et ne compte pas te laisser interférer dans la vie d'Izzy. Mère.

Le visage dur et strict de la matriarche se plisse de dégoût et ses yeux noirs le regarde avec dédain.

- Elle est là demande Izzy.
- Malheureusement réplique l'aîné.

Sa sœur pose une main sur l'épaule de l'auteur en signe d'apaisement et regarde sa mère.

- Je ne compte pas rentrer et je ne veux plus entendre parler de toi. Dire que tu as osé parler d'Alec ainsi à l'époque et que naïvement j'y ai cru...

Une certaine douleur perce dans la voix de la jeune Lightwood derrière sa colère et Alec aimerait effacer cette peine.

- Un tel être ne peut faire que ça. Je n'ai donc pas menti.
- Tu te rends compte de ce que tu dis ?! Parce qu'Alec aime les hommes alors il se prostitue ?!

La voix d'Izzy semble aussi incrédule qu'en colère. L'auteur secoue la tête, peiné malgré lui que sa génitrice puisse penser pareille chose.

- C'est connu. Un déviant tel que lui ne sait faire que ça.

Magnus était stressé de parler de Robert à son homme. Alors qu'il sortait enfin de l'ascenseur les mots sortis avec un tel mépris lui firent relever la tête. Devant lui se tenait une femme aux cheveux noirs retenus en un chignon strict. Elle était de profil mais il est aisé de voir le mépris sur chacun de ses traits. Et surtout. Elle se tenait devant la porte de son compagnon. Maryse Lightwood. Son sang ne fait qu'un tour et il se précipite afin de l'éloigner  de la fratrie. Il lui attrape le bras et la fait reculer vivement.

L'éditeur n'est pas un adepte de la violence mais à cet instant précis, alors qu'il croise le regard céruléen qu'il aime tant voilé de tristesse il pourrait faire quelque chose d'impardonable.

- Partez d'ici siffle-t-il.

Le regard de la femme se porte sur lui et il sent qu'elle l'analyse. Un sourire méprisant ourle ses lèvres alors qu'elle semble surprise. Il n'y a qu'Alexander pour ne pas savoir qui il est.

- Magnus Bane.
- En chair et en os.
- Isabelle ! Tu as su trouver un bon parti !

Un rire sarcastique sort de sa gorge alors qu'elle dit ça.

- Isabelle n'est pas ma compagne. C'est votre fils. Vous savez ? Alexander.

Le regard de la femme aurait pu être comique s'il n'était pas si en colère.

- Q-que...
- Si vous ne souhaitez pas vous mettre à dos ma famille, partez et ne revenez jamais claque-t-il. Oh et avant. Excusez-vous.
- Pa-pardon ?!
- Pour avoir manqué de respect à mon futur époux et pour l'avoir tant fait souffrir.

La mère Lightwood cligne à plusieurs reprises des yeux, sans doute incapable de comprendre ce qu'il venait de lui dire.

- La grande procureure Lightwood semble ne pas saisir une simple phrase. Faut-il que je lui épèle chaque mots ?

Son ton est clairement moqueur et le regard ahuri de la femme se noirci. Elle pince les lèvres et tourne les talons.

- Vous allez payer dit-elle en s'en allant 

Un nouveau rire le secoue et la mère de famille s'arrête pour se tourner dans sa direction.

- J'en prend note. Je suis sûr que mon tendre père sera heureux de vos paroles. Je pense qu'il sera ravi de détruire votre carrière.

Un éclair de rage traverse les prunelles sombres avant qu'elle ne s'en aille furieuse, ses talons claquant sèchement sur le sol carrelé.

Dès l'instant où la silhouette longiligne disparaît dans l'habitacle de l'ascenseur, Magnus se rue sur son petit ami qui s'est soudainement mis à trembler de tous ses membres.

- Chut, je suis là Sayang murmure l'Asiatique tout en enlaçant le corps secoué de spasmes. C'est fini. Elle ne reviendra plus. J'y veillerai. Chut...

Avec douceur il le dirige vers le canapé tout en échangeant un regard peiné avec la cadette. Il le fait assoir avant de s'y installer lui-même et tire le jeune homme dans ses bras, le berçant avec douceur. Il lui murmure des mots tendres et rassurant pendant des heures, serrant son corps secoué de soubresauts. Les larmes qu'il verse depuis le départ de la procureure ne se sont pas tarient alors même qu'il finit par s'endormir d'épuisement dans ses bras. Malgré les paupières closes de son amant, Magnus continue de le bercer avec amour et dévotion.

- Il s'est endormi ? Demande la jeune femme en chuchotant.
- Oui. Mais ses larmes ne cessent de couler dit avec douleur l'éditeur.
- Je...
- Rien n'est ta faute Isabelle. C'est elle. C'est eux deux. Pas Alexander ni toi.
- Tu penses qu'elle a abandonné ?
- Elle n'osera pas se mettre en travers du chemin de notre famille. Mon père est devenu puissant et par extension, moi aussi. Alexander ne me connait qu'à travers notre maison d'édition mais il a aussi des filiales dans l'automobile, la sécurité et dans la recherche pharmaceutique.
- Oh wow. Effectivement il a décroché le gros lot rit la jeune femme. Mais tu es sûr qu'elle ne reviendra pas ?

Il pose un regard tendre sur son compagnon blotti contre lui.

- Il est parfait. C'est moi qui ait tiré le gros lot. Il ne savait même pas qui j'étais. Et pour répondre à ta question oui j'en suis certain. Je ne le permettrais plus. Vous avez droit de vivre votre vie à votre convenance.

Un sourire timide éclair le visage de la jeune femme.

- Je suis heureuse qu'il t'ait rencontré.
- Crois-tu au destin ?

Une lueur de surprise passe dans le regard de la cadette. Il continue sur sa lancée.

- Je pense qu'il m'est destiné souffle l'éditeur. Mon âme sœur. Chaque fois que je plonge mon regard dans ses magnifiques prunelles azur, j'ai ce sentiment qui ne me quitte pas. Cette sensation d'être à ma place, que j'ai enfin trouvé mon havre de paix. Je sais que notre relation est assez récente sur une vie humaine et pourtant cette certitude que ma vie sera liée à la sienne jusqu'à ma mort ne me quitte jamais.

Avec douceur il laisse ses doigts se perdre dans les cheveux indisciplinés de son homme. Un silence accueil sa déclaration. En a-t-il trop dit ?

- Tu es mon autre dit Alec, la voix enrouée.

Magnus sursaute, ne s'attendant pas à ce que son compagnon se réveil. Les yeux de son homme sont rouges et bouffies dû à ses larmes d'il y a quelques minutes. Mais voir son homme avec un doux sourire et les larmes séchées le rassure. Il sait que rien est réglé mais il sera là quoi qu'il arrive.

- Pardon mon ange. Je t'ai réveillé...
- Et je suis content de l'être sinon j'aurai raté cette magnifique déclaration dit-il avec malice.

L'éditeur sent ses joues chauffer dangereusement.

- Je t'aime Magnus Bane. Merci... Merci d'être entré dans ma vie.
- Merci à toi de m'avoir laissé entré dans ta vie.

Leur regard s'accroche pour ne plus se quitter, oublieux du monde qui les entoure. Encore une fois les mots deviennent inutile alors que leurs yeux aimantés parlent pour eux. Leur amour, leur reconnaissance, leur bonheur, leur sérénité.

Ils s'aiment et n'ont besoin de rien d'autre.

Juste eux.

On approche de la fin !!!!

Alors pensez-vous que l'on va revoir Maryse ? Qu'avez-vous pensé d'elle d'ailleurs ?

L'intervention de Magnus ?

Avez-vous apprécié ce chapitre ?

Je vous dit à bientôt~


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