Jour de pluie
Note de l'auteur :
À la base, c'est un texte que j'avais écrit en anglais et publié sur une autre plateforme il y a quelques mois.
C'est la première fois que je traduis de l'anglais au français (la tâche est plus facile dans ce sens-là. D'habitude, je fais l'inverse 🤭) et je dois avouer que je ne sais pas ce que donne cette traduction. J'ai l'impression de ne pas écrire de la même manière dans les deux langues. N'hésitez pas à me donner vos impressions ! Ça pourra m'aider pour la suite.
Et si vous avez aimé, un petit clic sur l'étoile fait toujours plaisir ❤️
Merci pour votre lecture.
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Les gouttes de pluie tombaient du ciel gris, s'écrasant lourdement sur le toit. Elle ferma son livre et le laissa sur la table basse, puis prit sa tasse de thé avant de se rendre à la fenêtre. Elle l'ouvrit et plaça ses mains à l'extérieur laissant l'air frais lui caresser la peau, créant un contraste saisissant avec la chaleur du récipient qu'elle tenait toujours entre ses mains. La pluie, portée par le vent, s'infiltrait sous le porche et lui chatouillait les doigts. Elle aimait ce temps. Cela la calmait, la réconfortait. Elle ne s'était pas sentie aussi bien depuis longtemps.
L'odeur de l'eau sur l'asphalte de la terrasse remplissait ses narines, lui rappelant le parfum de la ville, de sa vie d'avant.
Ici, tout était plus calme, plus vivant, plus réel. Elle regarda un bourdon s'éloigner courageusement du porche en volant, affrontant la pluie battante pour retourner à son nid. Une coccinelle grimpait le long de la vitre, afin de trouver un abri à l'intérieur de la maison. Elle s'était toujours sentie connectée à la nature, mais la vie en avait décidé autrement et elle avait oublié cette partie d'elle-même quand son travail avait commencé à la noyer sous les responsabilités.
Elle avait essayé, elle avait vraiment essayé de se battre pour se fondre dans le moule, pour jouer un jeu perdu d'avance. Elle avait pourtant suivi les règles. Elle avait obtenu son diplôme, un bon travail, s'était mariée et avait acheté un appartement bien trop petit avec son conjoint. Elle avait même essayé d'avoir un enfant ! C'est à ce moment que les choses s'étaient compliquées. C'est à ce moment qu'ils avaient arrêté de se parler, quand les problèmes étaient arrivés, quand les médecins leur avaient dit qu'ils ne pourraient pas être parents. Pas de cette façon, en tout cas. Alors, ils avaient abandonné, sans même se mettre d'accord ou avoir discuté des choix qui s'offraient à eux. Elle ne pouvait pas dire si elle se sentait soulagée ou triste. Elle ne pouvait pas dire si elle aurait des regrets une fois qu'elle serait plus âgée. Elle laissa juste sa vie passer, comme si rien n'était arrivé.
Pourtant, ce matin, tout avait changé. Elle faisait face au miroir, étalant sa crème anti-ride sur son visage, quand elle entendit la porte d'entrée se fermer dans un claquement sec. Son mari était parti au travail sans même lui dire au revoir, comme tous les jours. Elle s'était alors regardée dans le miroir et s'était sentie dégoûtée. Comment en était-elle arrivée là ? Quand était-elle devenue cette femme d'âge mûr, portant ce stupide tailleur, se parant de se faux sourire aux lèvres pincées qui creusait un peu plus, chaque jour, les rides qu'elle tentait de faire disparaître à renfort de crème détoxifiante ? Elle ne se reconnaissait plus, ce n'était pas elle !
Elle eut l'impression de se réveiller d'un cauchemar, d'un long cauchemar. Elle ouvrit le robinet, nettoya son visage à l'eau avant d'enfiler des vêtements confortables. Elle attrapa la valise qu'elle avait préparée il y a des années de ça après une énième dispute — peut-être le fait qu'elle n'eut jamais pris le temps de la défaire aurait dû lui signaler qu'elle voulait partir depuis déjà longtemps — et laissa une simple note sur le comptoir de la cuisine. Pas d'explication, juste des faits. Ils n'avaient jamais pris le temps de communiquer après tout, alors pourquoi changer les choses maintenant ? Son mari avait juste besoin de savoir qu'elle ne reviendrait pas.
Quand elle entra dans sa voiture, elle éteignit son téléphone. Elle n'appellerait pas son employeur. Elle démarra la voiture et se mit à conduire. Elle connaissait la route. L'adrénaline courrait dans ses veines comme si la vie reprenait doucement le contrôle de son corps. Elle roula sans s'arrêter pendant des heures. Elle n'était pas fatiguée, au contraire, elle se sentait portée par son choix. C'était irréfléchi, mais c'était la première fois qu'elle faisait quelque chose pour elle-même. Elle ne suivait plus les règles, elle agissait égoïstement, pour son propre bonheur.
Elle arriva en début d'après-midi. L'endroit n'avait pas changé depuis son enfance. C'était le même petit chalet entouré de cet immense jardin créé par sa grand-mère. Elle était comme la vieille femme, elle préférait les animaux aux humains. Ils étaient honnêtes et simples. Elle n'avait pas besoin de porter de masque à leurs côtés. Elle pouvait être elle-même. Sa grand-mère lui avait appris tout ce qu'elle avait besoin de connaître sur la vie sauvage. Comment faire pousser les plantes et les fleurs. Comment vivre en harmonie avec les animaux, même ceux que les humains traitaient de nuisibles. Comme c'était ridicule. La terre était en train de mourir, mais c'était de la faute des renards ?
Elle secoua la tête et prit une autre gorgée de sa boisson. Elle avait beaucoup à faire ici. Elle avait l'intention de rouvrir le magasin de fleurs de sa grand-mère. Elle avait économisé assez d'argent pendant toutes ces années perdue en ville, et comptait bien l'utiliser pour réaliser son rêve d'enfant.
Le temps était en train d'empirer, mais cela ne la dérangeait pas. Le son de la pluie valait toujours mieux que celui du silence qui régnait dans sa vie depuis bien trop d'années. Elle sourit. Il lui avait fallu vingt ans pour trouver le courage de faire ce qu'elle voulait vraiment, mais maintenant elle était là. Elle avait enfin trouvé sa place, son refuge, et la vie pouvait enfin commencer.
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