Chapitre 5 - 1/2

Coucou mes petits wattpalecteurs ! Aujourd'hui, on commence à doucement voir se profiler les choses. Vous n'êtes pas prêts... Bonne lecture ! 

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« Les īrhīňsī représentent le pouvoir des cieux. Si vous possédez les cieux, vous êtes imbattables. »
Premier enseignement de Rhokėll, enėk'īrhīnaý

Llanasīň et les filles qui ne furent pas informées de ce rajout à leur réunion entre amis se regardèrent avec un air mitigé commun placardé sur leurs visages. Økorhī croisait les bras sur son torse, la bouche pincée, comme ne partageant pas l'idée de son meilleur ami. Il ne représentait certes pas le plus proche ami de la jeune fille, néanmoins les explications qu'elle lui avait fourni sur la manière d'être avec son lié d'Ezalīm ne lui plaisait guère aussi.

Ėlaītaň frappa dans ses mains, produisant un claquement sourd qui fit sursauter Opat qui recula brusquement. Ezalīm renâcla en lançant un regard méprisant à l'īrhīň. Ce fut tellement fugace que Llanasīň pensa l'avoir imaginé. Son frère les conduisit près d'un coude de la rivière, prétendant qu'il ne souhaitait pas que qui que ce fut d'autre puisse entendre cette discussion, et que le bruit causé par l'eau frappant les rochers en ferait une belle garantie.

- Pourquoi vous n'êtes pas venu avec vos īrhīnīsī ? demanda Økorhī qui possédait toujours un air renfrogné.

- Feīl avait besoin de se reposer après notre retour, balança Eana en balayant la question d'un geste de la main comme si cela l'ennuyait de devoir se justifier auprès d'un na'rhå, ce qui était sûrement le cas.

Llanasīň se retint de lever les yeux au ciel. Cela prenait néanmoins sens. La rousse s'en était également passée pour la rejoindre.

- Elaatal semble avoir... un problème de vue... ces derniers temps, répondit Ezalīm, la mine impassible.

La jeune femme aux iris noirs inclina la tête sur le côté, surprise. Elle s'apprêtait à lui en demander de plus amples explications lorsque son jumeau lui coupa l'herbe sous le pied :

- Nous ne sommes pas là pour ça ! Écoutez-moi plutôt.

Ėlaītaň raconta qu'il aurait entendu des rumeurs, des dires encore invérifiés comme quoi certains voyageurs des cieux semblaient disparaître sans raisons. Lähallka se présentait comme une immense planète gazeuse recouverte d'une variété de nuages étendue, du simple ėkės habillant le bleu du ciel, au plus terrifiant et destructeur llanasīal dont le tonnerre battait comme un millier de ğasallalsī.

Les disparitions d'īrhīnaýsī imprudents dans l'īlī ne représentaient donc pas une chose impossible à survenir. Néanmoins, aucun cavalier ne prendrait délibérément le risque d'un voyage incertain. Il fallait se rappeler que leur vie ne consistait pas en la seule mise en jeu dans cette entreprise. La paire jouait son existence lorsque qu'elle prenait son envol vers d'autres lī'utsī.

Les jeunes méditèrent sur les informations délivrées par Ėlaītaň. Eana ayant forcé sa place entre Llanasīň et Økorhī paraissait hésiter à ajouter quelque chose. Elle ne cessait de lancer des œillades à la jeune femme à sa gauche, qui lui tournait ostensiblement la tête. Ýlīnar en capta plusieurs et finit par lui signaler de prendre la parole.

- Nous sommes rentrées en même temps avec Ýlīnar, commença-t-elle d'abord doucement, mais nous avions des missions différentes.

- Développe un peu tu veux ? s'impatienta Llanasīň qui n'appréciait guère les explications qui trainaient en longueur.

- Ėlaītaň n'invente ni ne dramatise rien. Disons que les Sages restent silencieux pour le moment sur la question. Ils enquêtent grâce aux īrhīnaýsī, leur chamanisme ayant apparemment ses limites, ironisa-t-elle. Nous volions en formation de trois, avec Rhokėll et Lağäh et...

- Rhokėll et Sīdrīs volaient avec vous ? la coupa Ėlaītaň plus rapidement que n'aurait souhaité le faire chacun d'entre eux.

- Poursuis Eana kalsähr.

Galvanisée par l'encouragement de Llanasīň, l'īrhīnaý aux yeux couleur de sang continua son récit. Il était peu courant que Rhokėll et son lié, la seconde paire aux iris rouges vola en-dehors du territoire de Lukaň. Le cavalier, tout comme sa monture, commençaient à se faire âgés pour des vols risqués. Les īrhīňsī se liaient avec des Natīalsī d'un âge équivalent, bien que les créatures puissent parfois dépasser la centaine d'années, chose moins aisée pour leurs compagnons sur deux jambes.

Autre chose encore, Rhokėll faisait partie du Keneğīl en sa qualité d'ancien guerrier émérite du clan Seývaň.

- Nous étions censés faire un vol en direction de Zelīrhėň lorsque...

- Quoi ?!

Ce coup-ci, Ėlaītaň ne fut pas le seul à lui couper la parole. Aucuns d'eux ne pouvaient se targuer d'avoir la bouche fermée. Ezalīm fut le premier à reprendre contenance. Du moins, à cacher son état de choc, et ce qu'il parut à Llanasīň comme une lueur de crainte. Le temps de cligner des yeux et les traits fins et anguleux de l'īrhīnaý blond aux yeux dorés ne laissaient déjà plus rien transparaître.

Eana s'échauffa et les pria de bien vouloir se taire plus de deux minutes, cela à grand renfort de mots qu'il ne valait mieux pas prononcer. Regardant Llanasīň dans les yeux, elle reprit :

- Il est de notoriété que Zelīrhėň est un lī'ut qui apprécie voler dans des conditions difficiles. Les īrhoýlsī remportent ses préférences. Or vous savez que les īrhīňsī aux yeux rouges sont notamment capables d'anticiper la formation de ces nuages.

- Ça explique la présence de Rhokėll, opina Ýlīnar en replaçant ses tresses rousses sur ses épaules, feintant la sérénité.

- Le troisième cavalier... tu as prononcé le nom de Lağäh n'est-ce pas ? demanda Kulī qui tentait de comprendre de quoi tout cela retournait sans y parvenir.

Llanasīň inclinait la tête de manière inquisitrice. Elle savait que le troisième cavalier serait un indice sur la nature de leur mission de vol. Son frère, les sourcils froncés murmura dans sa réflexion :

- Lağäh... elle est liée à quel type d'īrhīň déjà ?

- Un mâle gris clair, plumes aux reflets roses, bec noir, yeux marrons, récita Llanasīň, le regard rivé dans celui d'Eana.

Cette dernière hocha doucement la tête. Ses yeux rouges brillaient presque dans la nuit. Elle sentait que la na'rhå avait compris ce que cela impliquait mais n'osez certainement pas encore le formuler. Après tout, cela relevait d'un tabou créé par le Keneğīl. Tous se regardaient entre eux, cherchant dans les iris de l'autre une explication qui les éclairerait. Tous, exceptés Ezalīm, qui bras croisé sur son torse musclé, regardait le sol, les mâchoires crispées. Tous, sans compter Llanasīň également, son noir toujours plongé dans le rouge de la jeune femme.

- Dis-le, lui intima-t-elle en relevant vers elle son menton pointu.

Llanasīň n'était pas certaine d'elle. Ou plutôt, pas sûre qu'elle voulait admettre ce que cela pouvait impliquer. Son frère joua des coudes pour la rejoindre, poussant son propre meilleur ami plus loin. Il sentait l'esprit troublé de sa sœur à la lisière du sien. L'inquiétude dans son cœur, il s'accroupit devant sa jumelle, cherchant son regard du sien.

- Llana...

Elle frémit. Il lui attrapa la main et la serra.

- Vous n'aviez pas d'ėkėm de Lukaň n'est-ce pas ? commença Llanasīň un tremblement presque imperceptible dans la voix.

- Non.

- Vous étiez avec Lağäh...

- Oui.

- Pas avec Īrhanar, ni avec Egekīň, ni même avec Lėanīl...

- En effet, acquiesça Eana, qui comprenait le besoin de Llanasīň de procéder par étape, comme pour se persuader de sa réflexion.

Ezalīm restait en retrait, le regard rivé non plus sur ses pieds mais sur Opat qui s'était enroulé dans ses ailes un peu plus loin. Tous à part lui, regardaient la jeune na'rhå comme s'ils n'étaient plus en mesure d'en venir à une conclusion par eux-mêmes. Ses amies, Økorhī et son jumeau semblaient suspendus à ses lèvres. Eana donnait l'impression de la torturer sans la torturer réellement. La jeune femme aux cheveux courts baissa la tête, son regard perçant à travers ses mèches ne rompant pas le contact avec celui de Llanasīň.

- Poursuis Llanasīň kalsähr, fit-elle en reprenant la même formulation qu'elle plus tôt dans la conversation.

- Īrhanar ne vole plus depuis que Koso s'est brisé une aile secondaire durant la huitième lune dernière... Et... Egekīň et Lėanīl sont toutes les deux assez jeunes...

- Tu y es presque, continues.

ň fut celle qui amena la lumière sur tout ça ? Que souhaitait-elle à travers cette manœuvre ?

- Elles ne font pas parties du Keneğīl comme Lağäh ou Rhokėll. Toi... Eana... tu les accompagnais certainement uniquement parce que Feīl t'a jugé digne lors de ton ūlėň.

- Dis comme ça, ce n'est pas si flatteur que ça pour moi... mais tu as raison sur le reste, approuva Eana en se grattant la nuque nonchalamment, son regard ne perdant décidément rien de son intensité.

- Les Sages veulent que ce sur quoi ils enquêtent reste confidentiel n'est-ce pas ?

Eana acquiesça une fois encore, la bouche étirée en un demi-sourire.

- Le Keneğīl... il y a un peu plus d'une dizaine d'astraīlsī a condamné un clan à l'isolement et la disparition. Le clan Sėrhėkall vivant sur Zelīrhėň.



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