𝒱𝒾𝓃𝑔𝓉-𝒽𝓊𝒾𝓉
Il me klaxonne doucement et je me dépêche pour entrer à ses côtés. Je lui fais un grand sourire et me moque légèrement de ses yeux cernés.
Moi : Bah alors on a mal dormi ?
Allan : Ça te fait rire hein ?
Moi : T'es exactement dans le même état que ma sœur donc oui ça me fait rire.
Allan : Qu'est-ce qu'elle a ?
Moi : Retour de soirée mouvementée.
Il me jette un regard interrogateur l'air de vouloir en savoir en plus.
Allan : Ta sœur en soirée ?
Moi : J'étais aussi étonnée que toi mais j'étais contente de la voir s'amuser et sortir un peu.
Allan : Elle a dû s'ennuyer comme d'habitude.
Je hausse les épaules et sors mon petit carnet rempli de notes.
Allan : T'as ramené un carnet ?
Moi : Bah comment tu vas tout retenir ?
Allan : J'ai une bonne mémoire.
Moi : On verra ça.
Je m'installe correctement excitée comme une puce.
Moi : Alors tout d'abord il faut que tu saches qu'elle déteste les endroits bondés de monde. Alors si tu envisages une demande en mariage en public tu peux déjà prévoir le remboursement de la bague car elle n'hésitera pas à dire non.
Il éclate de rire et me jette un regard amusé avant de reporter son regard sur la route.
Allan : Tu me prends pour qui Lyam ? Je ne vais pas marier ta sœur.
Moi : Bah quoi ? Sait-on jamais... Sur un malentendu...
Allan : Te fais pas de faux espoirs.
Moi : Bah pourquoi l'emmener en Turquie alors ?
Allan : Je lui ai promis.
Moi : Je veux bien des promesses moi aussi alors.
Allan : Qu'est-ce que tu veux ?
Moi : Promets-moi de toujours prendre soin de ma sœur tant que tu le peux et de la faire sourire.
Je détourne légèrement le regard intimidée par son regard perçant.
Elle n'avait pas tort Delilah sur ce coup.
Un regard qui sonde ton âme.
Allan : Lyam regarde moi.
J'ose un regard vers lui et joue avec mes doigts un peu stressée.
Allan : Je te promets de faire tout mon possible pour prendre soin de vous deux.
Moi : Tu ne mens pas hein ?
Allan : Je te le jure. Maintenant propose moi autre chose, juste pour toi.
Je souris fière et prends mon temps pour choisir mon souhait.
Moi : ... J'ai le droit d'y réfléchir d'ici la fin de la semaine ?
Allan : Demande accordée.
Je baisse un peu le son de l'autoradio pour me concentrer sur ma mission initiale, c'est-à-dire donner quelques pistes à Allan pour organiser le voyage parfait avec une sœur aussi difficile que la mienne.
Moi : Reprenons. Alors elle n'est pas trop fan du shopping, mademoiselle préfère acheter sur Internet pour croiser le moins de monde possible.
Allan : Mais qu'est-ce qu'elle aime ta sœur ?
Moi : Elle aime les endroits détentes et jouer de la guitare ou du piano, elle a toujours rêvé de se faire masser les pieds par une masseuse pro. Elle adore les vues impressionnantes et admirer les couchers de soleil. Et par dessus tout elle aime énormément contempler les étoiles.
Allan : Elle est compliquée sans réellement l'être. Elle est bizarre en fait.
Je ris légèrement et j'avoue qu'il a raison pour ce coup ci.
Mais c'est comme ça que je l'aime ma sœur.
Moi : Ah et elle déteste les fleurs. Elle trouve ça inutile car je cite : « C'est beau et coloré au début mais ça finit par perdre en éclat et pourrir en un rien de temps. C'est l'image même de l'être humain »
Je le vois esquisser un petit sourire l'air de savoir pertinemment que c'est du Delilah tout craché.
Allan : Je ne comptais pas lui offrir de fleurs de toute manière.
Moi : Tu vas lui offrir ton cœur ?
Il éclate à nouveau de rire et se gare devant le petit restaurant italien.
Allan : Je ne suis pas amoureux de ta sœur Lyam.
Moi : Pour moi vous êtes des âmes-sœurs. Mais vous ne le savez pas encore malheureusement.
Allan : Tu regardes encore tes téléfilms à 14h ?
Moi : Elle m'a dit exactement la même chose. Si ce n'est pas un signe mon dieu.
Il sort de la voiture en se moquant à nouveau de mes théories farfelues concernant ma sœur et lui.
Je suis vraiment sérieuse, au fond je trouve qu'ils se complètent tellement bien malgré leur caractère de cochon à chacun.
Il passe son bras autour de moi et on avance jusqu'à l'intérieur du restaurant où on s'installe à une petite table toute mignonne.
Moi : Je suis invitée au restaurant par le grand Allan ! Je suis flattée.
Allan : T'es vraiment comme ta sœur c'est pas croyable.
Moi : En quoi je lui ressemble ?
Allan : Ta façon de parler, tes provocations et ton sourire moqueur.
Moi : Je suis fière de lui ressembler alors -sourire-
Il sourit légèrement et nous commande notre plat avant de reprendre son air sérieux. Je me calme à mon tour et hésite longuement à lui poser ma question qui me fais cogiter depuis bien longtemps maintenant.
Moi : Allan ?
Allan : Hum ?
Moi : Je peux te poser une question importante ?
Il hoche doucement la tête l'air de comprendre que j'étais vraiment sérieuse pour une fois.
Moi : Quand on était au ski Sohane a dit quelque chose te concernant et je n'ai pas tout compris c'est parti tellement vite...
Il s'installe correctement sur sa chaise et prend une grande inspiration ne s'attendant sûrement pas à cette question.
Allan : Ne fais pas attention à ce que dit ce mec. Un jour je te raconterais la vraie version et tu comprendras.
Moi : ... J'ai eu vraiment peur quand tu t'es énervé. D'habitude t'es calme, un peu trop calme parfois j'avoue...
Allan : Tu me trouves trop calme dans certaines situations ?
Moi : Oui c'est ce qui fait encore plus peur. On ne sait jamais à quoi s'attendre.
Allan : T'as pas peur de moi Lyam hein ?
Moi : Non, non mais t'as pas les mêmes réactions suivant les gens.
Allan : C'est normal Lyam.
Je bouge frénétiquement la jambe sous la table un peu stressée en me remémorant cette atroce scène de violence qui s'était déroulée sous mes yeux. J'avais fais une grosse crise de panique suite à ça et heureusement que ma sœur était là pour me calmer car je ne sais pas comment j'aurais pu réagir avec toutes ces mauvaises émotions.
Allan : Je te ferais jamais rien Lyam alors arrête de paniquer tu veux ?
Moi : ... Ça me stresse juste un peu de repenser à tout ça.
Allan : Pourquoi tu ne m'en a pas parlé plus tôt ?
Moi : J'ai eu peur que tu le prennes mal.
Allan : J'aurais jamais dû perdre mon sang-froid et ce n'était pas de ta faute.
Je hoche la tête un peu plus rassurée et nos plats arrivent au même moment.
Rien de mieux qu'une bonne assiette de pâtes aux fromages pour affronter cette belle journée ensoleillée.
Allan : J'ai pas organisé cette journée avec toi pour que tu me fasses une crise de panique.
Moi : Comment tu sais que je fais des crises de panique ?
Allan : C'est écrit au milieu de ton énorme front.
Je hausse un sourcil face à son culot plus qu'évident.
Moi : J'ai le front parfait, ni trop grand, ni trop petit.
Allan : Pour une gamine de ton âge t'a confiance en toi c'est bien.
Moi : Je suis une jeune adolescente de 14 ans je te rappelle.
Allan : Ouais une gamine.
Je l'ignore complètement et me concentre sur mon délicieux plat. J'ai à peine le temps de prendre une énième bouchée que je vois Delilah m'assaillir de message.
- Tu préfères passer du temps avec lui plutôt que ta sœur qui t'aime plus que tout ?
- Je me sens si seule sans ma tendre et chère petite sœur...
- Il t'a pas ramené dans un endroit chelou hein ? Le connaissant...
Je ris doucement face à son inquiétude et lui réponds rapidement.
- Je suis en très bonne compagnie et en sécurité t'as pas à t'inquiéter ma sœur. Promis je te rejoins vite.
Je relève la tête et sens son regard interrogateur sur moi.
Moi : Bah quoi ?
Allan : C'est Delilah je parie ?
Moi : Elle s'ennuie sans moi. En même temps je peux tout à fait comprendre...
Allan : J'ai l'impression de la voir à travers toi tellement t'es arrogante comme elle j'ai envie de te frapper.
Moi : C'est donc l'effet que te fais ma sœur ?
Allan : Carrément.
Je ris doucement en me rendant compte à quel point Delilah pouvait pousser à bout Allan juste avec son comportement.
Entre la haine et l'amour il n'y a qu'un pas.
Une petite idée vient de m'illuminer et je souris déjà intérieurement de ma future connerie.
Moi : On pourrait rentrer vite fait ? J'avoue que je culpabilise un peu de l'avoir laissé après sa gueule de bois.
Allan : Sa quoi ?
Il se redresse aussitôt et fronce légèrement les sourcils.
Moi : Elle m'a fait un tout petit débriefing ce matin avant que je sorte et elle m'a avoué avoir bu quelques verres de jus où il y avait de l'alcool en fait.
Allan : Et elle a pas remarqué qu'il y avait un goût chelou ? C'est quoi cette meuf putain...
Je hausse simplement des épaules faisant semblant de ne rien savoir.
Allan : Vas-y on bouge.
Quoi de mieux qu'attiser sa curiosité pour le pousser à avoir une discussion avec Delilah ?
Car je sais pertinemment que sa curiosité et l'inquiétude que j'ai vu dans ses yeux le temps d'une petite seconde le poussera à aborder le sujet avec ma sœur.
Voilà ma toute première pierre à l'édifice pour les rapprocher un peu plus.
x
Je rumine silencieusement tout le trajet en pensant à Delilah et cette soirée qui restait un mystère pour moi. Lyam a réussi à piquer ma curiosité et je l'ai bien vu que c'était son objectif.
J'suis pas complètement con, je sais qu'elle me voit avoir un avenir radieux avec sa sœur.
Mais elle est très loin du compte.
Lyam : Je vais faire une petite course à l'épicerie avant de rentrer. Merci pour cette sortie et le magnifique restaurant !
Moi : Fais attention à toi je t'ai à l'œil.
Je jette rapidement un coup d'œil à son cou et me détends légèrement en voyant qu'elle portait toujours le collier. Elle me fait un énorme sourire avant de sortir. Je me gare sur une place libre du parking et descends du véhicule pour me diriger vers le toit en sachant pertinemment qu'elle serait là.
Je monte jusqu'à celui-ci et la vois assise sur une chaise, les yeux fermés. Elle les ouvre brusquement en entendant mon entrée. Elle paraît un peu surprise de me voir là et finit par détourner le regard un peu gênée.
Delilah : T'es censée être avec ma sœur non ?
Moi : On vient de rentrer.
Je m'assois de l'autre côté sur l'autre chaise dépliante et regarde l'horizon sous un silence un peu pesant.
Moi : T'as perdu ta langue ?
Delilah : Non.
Je reporte mon regard vers elle alors qu'elle fuyait toujours le mien.
Moi : C'est ce que je t'ai dis l'autre jour qui te perturbe comme ça ?
Delilah : ... Je ne m'y attendais pas et je ne comprends pas...
Moi : Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
Elle a l'air de légèrement se tendre en entendant ma question.
Delilah : ... Je crois que tu te trompes.
Moi : Que je me trompe ?
Delilah : Je ne peux pas te plaire... Ni plaire à quelqu'un d'autre...
Je la fixe longuement en attendant la suite.
Delilah : « Plaire » c'est devenu un mot vraiment utilisé n'importe comment je trouve.
« Plaire » signifie être agréable à quelqu'un, être une source de satisfaction pour une personne.
- ...
Delilah : Et je ne pense pas que la définition de ce mot puisse correspondre à ce que tu crois « ressentir» à mon égard.
Elle joue longuement avec ses doigts toujours le regard fuyant. Je me déplace pour me mettre juste en face d'elle. Elle replie légèrement les jambes et je vois mieux ses joues légèrement rosées.
Moi : Tu penses que je ne suis pas capable de ressentir ce genre de choses à ton égard ?
- ...
Moi : Delilah ?
- ...
Moi : Dis moi ce qui te passe par la tête.
Delilah : ... Je n'ai jamais plu à qui que ce soit depuis ma plus tendre enfance. Même en maternelle je n'ai jamais eu d'amoureux et j'étais bien la seule. Même pas une seule petite fois j'ai plu à quelqu'un et toi tu...
- ...
Delilah : Tu oses me dire que je plais à un mec comme toi ?
- ...
Delilah : Je ne sais pas si c'est un pari entre potes ou une énième humiliation mais tu peux encore te retirer il n'est pas trop tard.
Elle se tord doucement les doigts en prenant une grande inspiration.
Je sais que c'est le moment ou jamais pour m'ouvrir un peu à elle au risque de la faire douter à tout jamais.
L'homme fier qui est en moi ne penserait jamais à sortir un seul de ces mots que je m'apprête à dire.
Mais je suis toujours obligé de briser chaque jour un peu plus mon gigantesque mur de glace avec Delilah.
Car Delilah est tout aussi imprévisible que moi et c'est ce qui m'effraie au plus haut point.
Moi : T'es une source complète de satisfaction pour moi. Que ce soit sur le plan émotionnel ou physique.
Elle plante immédiatement son regard au mien et semble complètement surprise de ma réponse. Je n'arrive pas à déchiffrer son regard mais l'attention qu'elle me porte à cet instant suffit à me faire voir que je l'ai un minimum touché.
Mon regard s'ancre au sien et je vois ses joues rougir doucement comme d'habitude. Je m'attarde longuement sur elle et tente de rester de marbre pour garder le contrôle sur mes émotions.
Moi : Viens...
Je lui tends ma main sans détourner le regard une seule fois. Elle paraît hésitante et prend prudemment ma main.
Il faut tout un savoir-faire pour ne pas brusquer Delilah. Une erreur et elle se renfermera comme une huître et il faudra tout reprendre à zéro.
Mais je commence à avoir l'habitude...
Je m'installe correctement au fond de ma longue chaise et l'incite à venir sur mes jambes. Elle se tend immédiatement en sentant une de mes mains au niveau de sa taille.
Son odeur vanillée me frappe violemment et je me retiens de peu de l'attirer un peu plus vers moi.
Moi : T'as pas besoin de cette carapace et ces doutes avec moi.
Elle me regarde un instant un peu perdu dans ses pensées et ose finalement un petit geste. Elle entoure ses bras autour de ma nuque et se blottit dans mes bras comme la dernière fois, ici sur ce même toit.
Moi : Parle moi, arrête de tout garder pour toi.
Delilah : ... Je n'arrive pas à m'y faire.
Moi : T'as besoin de quoi pour être rassurée ?
Delilah : C'est juste que... On passe d'ennemis, je te déteste, tu me dégoûtes, t'es ridicule à... « tu me plais ». C'est bizarre un peu.
Je souris doucement et essaye de capter son regard.
Moi : T'es toujours aussi ridicule ça ne change pas.
Delilah : Me voilà rassurée. T'es toujours détestable ne te méprends pas.
Je souris amusée et la laisse dans son délire.
Au fond je sais pertinemment que je l'attire un minimum car elle ne se laisserait jamais toucher de cette manière.
Jamais.
Mais elle ne l'avouera pas par fierté.
Je passe une main dans ses cheveux et caresse du bout des doigts son cou et son menton. Elle frisonne légèrement mais ne dit rien. Je sens sa main me caresser doucement l'arrière du crâne et je me détends immédiatement à ce contact.
Cette facilité qu'elle a pour me détendre c'est fou.
Je profite du moment quelques instants et ne me retiens pas plus pour déposer un petit baiser sur son cou. Je la sens déglutir difficilement et je souris intérieurement.
« T'es toujours aussi détestable »
Ouais c'est ça.
Je réitère le geste et je la sens immédiatement détendue dans mes bras.
Tout ce que je voulais.
Je remonte jusqu'à sa mâchoire puis dévie jusqu'à sa récente cicatrice causée par ma sœur.
Delilah : ... Allan...
Moi : Ça ne va pas ?
Un simple hochement de tête suffit pour que je continue. Je décale ses cheveux vers l'arrière et aspire délicatement sa peau entre mes lèvres. Elle gémit malgré elle et s'agrippe à ma nuque. Elle penche légèrement sa tête en arrière sous la surprise et le plaisir qu'elle ressentait. Je la tiens fermement par la taille pour la maintenir et je me détends complètement en sentant ses courbes sous ma main.
Tout ce que j'aime.
J'aspire à nouveau sa peau un peu plus haut et elle étouffe encore un gémissement de satisfaction.
Delilah : Allan... S'il te plaît...
Elle prend ma tête entre ses mains et me regarde toujours avec ce regard profond en reprenant une respiration normale.
Ce regard pétillant qui me donne littéralement envie de la prendre sur ce toit en pleine journée.
J'ose une main un peu plus bas et m'arrête juste au creux de son dos. Elle sursaute légèrement surprise et me caresse affectueusement la barbe.
Un geste qui me surprend venant d'elle.
Delilah : On n'a pas le droit de faire ça...
Moi : On fait rien de mal Delilah.
- ...
Moi : Ce n'est pas la première fois que ça arrive tu le sais non ?
Delilah : Je le sais mais...
Moi : T'as peur ?
Elle se pince légèrement les lèvres et hausse simplement des épaules.
Moi : La prochaine fois que tu ne veux pas tu me le dis et j'arrête. J'suis pas un chien, je vais jamais te forcer.
Delilah : « La prochaine fois » ?
Moi : Ça pourrait arriver.
Elle rougit à nouveau et elle s'humidifie les lèvres l'air complètement perturbé. Ce simple geste suffit à décupler le désir que je ressens à ce moment précis. Elle se calme et continue de s'amuser un peu avec ma barbe pour tenter d'oublier la présence de ma main un peu plus bas sur son corps et surtout pour assimiler tout ce que je lui dis depuis tout à l'heure.
J'espère sincèrement qu'elle profite bien de cette porte que je lui ai volontairement ouverte car elle ne tardera pas à se refermer.
Moi : Si tu continues de me regarder comme ça ça ne va pas le faire Delilah.
Delilah : ... Désolée...
Elle se lève précipitamment et passe une main dans ses cheveux les joues rouges avant de s'appuyer sur le petit muret du toit pour regarder la vue et prendre l'air. Je baisse le regard vers ses hanches et encore plus bas.
Elle me rend fébrile et ça va mal finir c'est certain.
Je regarde ailleurs et allume ma première cigarette de la journée. Je souffle pour me détendre et me recentrer sur un de mes objectifs avec elle.
Le premier est de la convaincre de me suivre au bal du lycée.
Mais je devais la jouer fine, lui en parler aujourd'hui ça ferait beaucoup trop autant pour elle que pour moi.
Moi : Qu'est-ce que t'as fais hier ?
Elle se retourne face à moi et s'adosse au mur en riant légèrement.
Delilah : Depuis quand tu passes par quatre chemins pour arriver à tes fins ?
Moi : Tu marques un point.
Elle croise les bras et attend patiemment ma réelle question.
Moi : T'étais à quel genre de soirée hier ?
Delilah : On ne s'est pas vu une seule misérable journée et je subis déjà un interrogatoire ? Je ne pensais pas qu'on se devait des choses tous les deux. -rire-
Moi : On ne se doit strictement rien t'as raison. Mais je suis curieux c'est tout.
Delilah : Soit tu mentais mieux avant, soit j'arrive à voir ton mensonge.
Moi : De ?
Delilah : Y'a une question qui te perturbe et je sais que ce n'est pas celle que tu viens de me poser.
J'hausse un sourcil en la voyant me cerner aussi vite.
Moi : Tu bois de l'alcool dans une soirée où tu connais personne ?
Delilah : Tu me fais surveiller maintenant ?
Moi : Je devrais ?
Elle hausse un sourcil et me toise du regard.
Delilah : Ose me faire surveiller comme un détraqué et tu verras.
J'écrase mon mégot et reprends mon sérieux.
Moi : Des menaces Delilah ?
Delilah : Un conseil. Je bois de l'alcool si je veux Allan que tu le veuilles ou non d'ailleurs.
Moi : C'est pas ça qui me dérange. C'est que tu bois en soirée sans te méfier.
Delilah : Je voulais juste boire un jus de fruit c'est pas de ma faute s'ils ont besoin de mettre de l'alcool partout.
Je secoue la tête en voyant qu'elle prenait plus ça à la rigolade qu'autre chose.
Moi : T'as aimé ?
Delilah : Franchement ? C'était degueulasse.
J'hausse les yeux au ciel et passe une main sur ma barbe.
Delilah : Tu bois de l'alcool toi ?
Moi : Non j'suis pas fan du concept.
Delilah : T'es plutôt un grand fumeur en fait.
Moi : C'est ça.
Elle me regarde avec un petit sourire d'affront et je déteste réellement ce sourire car il ne présageait rien de bon.
Delilah : Tu te rappelles ce qu'il s'est passé à l'anniversaire d'Eden ?
Moi : Non dégage.
Delilah : -rire- Mais tu ne sais même pas ce que je vais te dire !
Moi : Tu veux retenter l'expérience de la cigarette spéciale. Tu me prends pour qui ?
Elle ricane légèrement et décroise ses bras.
Delilah : Pourquoi tu ne veux pas ? Si c'est quelque chose que j'aime bien tu ne devrais pas broncher.
Moi : Je ne veux pas c'est pas suffisant comme réponse ?
Delilah : Bah non ?
Je souffle un coup et une idée me vient à l'esprit.
C'était le moment où jamais.
Moi : Ok, je t'autorise à fumer ce truc seulement si j'ai quelque chose en retour.
Delilah : C'est un chantage ?
Moi : Non, une négociation.
Elle semble réfléchir un instant avant de s'approcher doucement jusqu'à s'arrêter pile devant moi.
Delilah : Qu'est-ce que tu veux de moi ?
Moi : Une soirée entière.
Elle se fige et semble un peu perdue.
Moi : Je veux que tu m'accorde une de tes soirées à un moment où je l'aurais décidé. Et ce sera non négociable.
Delilah : Une soirée ? On va faire quoi ? Jouer au Monopoly avec nos petites sœurs ? -rire-
Moi : -sourire- Ce sera encore mieux tu verras.
Elle semble méfiante et fronce légèrement les sourcils en réfléchissant.
Delilah : Si je dois t'accorder une de mes soirées j'ai le droit de fumer ce truc autant de fois que je le veux d'ici la fameuse soirée.
Elle est forte.
Je me lève et la surplombe de ma taille. Elle ne bouge pas d'un poil en ancrant son regard joueur en moi.
Moi : Comme tu le voudras Kevork.
Elle me tend son petit doigt avec un large sourire aux lèvres.
Delilah : Croix de bois...
J'enroule le mien au sien avec un petit rictus moqueur.
Moi : Croix de fer...
Nous : Si je mens je vais en enfer.
Tu pensais sûrement être la gagnante dans l'histoire.
Si tu savais Delilah...
x
J'enfile mon sweat à capuche et descends pour manger avec toute ma famille.
Un dîner en famille présage rarement rien de bon chez moi.
Je remarque que je suis la dernière à m'installer. Lyam m'a chaleureusement gardé une place à ses côtés. Je n'oublie quand même pas qu'elle a préféré passer sa matinée avec Allan plutôt que sa merveilleuse sœur.
Je regarde du coin de l'œil Waël qui avait l'air assez détendu pour mon plus grand étonnement.
Lui qui voulait une discussion avec moi hier eil avait déjà l'air d'avoir oublié...
Papa : Tout se passe bien les enfants ?
Lyam prend évidemment la parole en première pour raconter sa vie encore une fois. Je vois ma mère déposer les dernières assiettes et mon regard s'attarde un peu sur son ventre qui commençait à bien prendre forme. Je me sens immédiatement mal à l'aise en la voyant me faire un faible sourire en remarquant mon regard.
Je ressens immédiatement un pincement au cœur et je regrette de voir à quel point notre relation s'est dégradée pour un seul petit malentendu.
Papa : Delilah ? Ta mère a quelque chose d'important à te dire.
J'avale mon bout de viande et relève doucement mon regard vers mon père qui me regardait d'un air rassurant.
Je reporte furtivement mon regard vers ma mère un peu gênée d'être le centre de l'attention.
Elle passe une main dans ses cheveux et souffle légèrement pour se donner du courage.
J'ai exactement les mêmes tics c'est affolant.
Maman : Je veux te dire ces choses Delilah devant toute notre famille car c'est quelque chose qui me tient à cœur.
Je pose silencieusement ma fourchette et me tends légèrement.
Maman : Je... Je n'ai pas eu le comportement d'une vraie mère envers toi. Je m'en veux d'avoir cru la version des personnes de ton lycée lors de ton altercation avec ton camarade de classe plutôt que toi.
- ...
Maman : Je savais que tu n'aurais jamais été aussi violente envers ton camarade pour une chose futile, tu sais garder ton calme en temps normal et je sais que ça a vraiment dû être la goutte de trop.
Je sens un sentiment de soulagement s'emparer de moi. Elle reconnaissait ses torts devant tout le monde. J'avais attendu ça tellement longtemps que j'avais presque perdu espoir.
Maman : Je suis désolée d'avoir été aussi mauvaise en t'envoyant en Arménie, en ne prenant aucune de tes nouvelles et surtout de t'avoir ignoré autant de temps, même après ton retour. -tristement-
- ...
Maman : Tu es ma fille chérie et je t'aime de tout mon cœur même si mes agissements de ces derniers temps pouvaient porter à confusion.
Une petite larme coule sur sa joue et je ne peux nier ressentir toute sa peine et tous ses regrets juste à travers son regard.
Je ravale mes larmes et détourne légèrement le regard peiné.
Je ne voulais plus lui en vouloir, je l'ai toujours aimé malgré toute la peine et la douleur que j'ai enduré par sa faute.
C'est ma mère après tout et j'aurai toujours besoin d'elle, je le sais.
Lyam pose une main discrète sur ma cuisse pour me réconforter et je la remercie intérieurement de ce geste qui me fait chaud au cœur.
Moi: Je te pardonne maman... Je pensais que tu ne m'aimais plus, je ne comprenais pas pourquoi tu étais devenue comme ça avec moi...
Mes paroles ont l'air de lui briser le cœur. Elle se lève et vient doucement m'enlacer en pleurant contre moi.
Ses bras autour de moi, sa chaleur et son odeur que j'aime tant...
Je l'enlace à mon tour en laissant mes larmes couler.
Moi : Je t'aime maman...
Maman : Je t'aime aussi ma vie...
Au dessus des nuages le soleil brille intensément
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